EN CE LUNDI DE LA FIN MARS, Dublin se réveille groggy après un week-end de folie. La Saint-Patrick le vendredi, le grand chelem rugbystique le samedi, et la fête des mères le dimanche… John Boyne, lui aussi, est fatigué, non pour avoir participé à l’ivresse irlandaise – avec sa mince carrure, il nous avoue se sentir plus footeux que rugbyman – mais en raison du décalage horaire après trois mois à vagabonder en Australie. L’homme n’est pas plus fan de Joyce, l’autre roi dublinois, que du ballon ovale. Il l’avoue alors que nous lui demandons le sens des mots tatoués sur son bras gauche. « “We are terminal cases”, la dernière phrase du Monde selon Garp. John Irving, c’est lui mon mentor, son oeuvre m’inspire depuis mon adolescence, et, par chance, nous sommes devenus très amis. “Nous sommes tous des incurables” est une phrase optimiste à mes yeux, qui signifie, “Ne gâche pas ta vie, profite de chaque jour”. »
Alors, John Boyne, 51 ans, profite de chaque jour pour écrire, écrire. Avec 19 romans à son actif depuis 2000, dont six pour la jeunesse, l’ancien élève de Trinity College s’est imposé sur la scène littéraire irlandaise, accumulant prix) au drame des filles-mères et de l’homosexualité bannie (), il y en a un qui l’a propulsé au hit-parade des phénomènes mondiaux: , émouvant roman sur la Shoah, écrit en 2006 (réédité ces jours-ci par Gallimard Jeunesse), et dont il publie aujourd’hui en France la formidable suite sous le titre .