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D'est en ouest
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Livre électronique90 pages30 minutes

D'est en ouest

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À propos de ce livre électronique

Qu'est-ce qui reste à trouver quand on a tout perdu ?


Un récit inspiré d'une histoire vraie, avec plus de quarante pages illustrées en noir et blanc ou en couleur.

En fin d'ouvrage, un supplément d'une trentaine de pages retrace, photos à l'appui, différents aspects de la genèse de l'oeuvre, à la façon du "making-of" sur les DVD : comment l'auteur et les illustrateurs ont-ils travaillé ensemble ? De quels faits réels s'inspire le récit ? Pourquoi avoir choisi une illustration à plusieurs mains, mélangé les techniques picturales et les cadrages ? Qu'est devenu le double "réel" du personnage principal dans la "vraie vie"?...
LangueFrançais
Date de sortie7 oct. 2011
ISBN9782810614851
D'est en ouest
Auteur

Sylvie Ptitsa

Sylvie Ptitsa ist eine französische Schriftstellerin, die seit 2005 in Luxemburg lebt. Davor hat sie 10 Jahre lang als Schulbibliothekarin an einer französichen Sonderschule gearbeitet. Mehr Informationen über ihr Leben und ihr Werk gibt es auf ihrer Webseite : www.sylvieptitsa.net

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    D'est en ouest - Sylvie Ptitsa

    68

    pour Christina

    Noir.

    Tout était noir.

    L’horizon était noir.

    Le ciel était noir.

    Le sol, alentour, était noir.

    L’avenir était noir.

    Son âme, jusqu’au fond, était noire.

    Dehors, dedans, à perte de vue, à proximité : partout, le noir avait étendu son emprise.

    Sa poix avait englué le monde, figeant les plus infimes détails, asphyxiant les souffles.

    Croûte de ténèbres, épaisse et grasse, où de rares crevasses crachaient encore, en vain.

    Wang-Gû gisait au pied du champ de ruines, face contre terre.

    La vie semblait avoir quitté son corps.

    A quoi bon se battre encore ?

    Tout ce qui pouvait être fait l’avait été au cours de cette nuit de cauchemar.

    Tout était perdu.

    La maison.

    L’écurie.

    Le poulailler.

    Les souvenirs.

    Et, pire que tout : l’atelier.

    L’atelier, avec toutes ses oeuvres, ou presque, chacune en exemplaire unique ; ses carnets bourrés de schémas et d’annotations techniques ; ses outils personnels : ceux qu’elle s’était forgés, ceux qu’elle avait hérités de son grand-père.

    Quelques carcasses noires avaient été retirées des décombres : méconnaissables, inutilisables. Les courbes parfaites avaient éclaté sous les boursouflures ; les couleurs raffinées, issues d’alliages subtils, fruit d’essais innombrables, patiemment répétés et affinés au fil des ans, s’étaient oxydées ; les compositions, les temps de cuisson, les secrets de gravure, de pétrissage, de martèlement, de bosselure… tous étaient partis en fumée avec les pages consumées.

    La cendre elle-même ne vivait plus : les dernières braises s’étaient refroidies, le feu avait rendu l’âme, enfin… mais il ne lui rendrait pas la sienne, qu’il avait emportée dans l’incendie, à moins qu’elle ne soit ensevelie là, peut-être, sous l’écume grise et les décombres dont ne montait même plus le souffle d’une fumée.

    Wang-Gû se sentait rattrapée par la malédiction qui avait marqué sa vie au fer rouge dès sa naissance, semblait-il, puisque son nom signifiait « Celle dont la voie est tordue ».

    Elle n’avait eu de cesse de combattre cette destinée pesante, de faire mentir ce présage sinistre.

    Et voilà qu’elle était punie, comme on le lui avait prédit maintes et maintes fois, pour avoir transgressé ce triple interdit : être une femme artiste ; faire de la céramique ; se spécialiser dans la confection de bols.

    Dans son pays, quand on naissait femme, on se mariait jeune, on fondait une famille, puis on tenait son rang d’épouse et de mère au foyer, jusqu’à sa mort. En aucun cas, on ne consacrait sa vie à l’art, qui était une affaire d’hommes.

    Dans son pays, si une femme s’adonnait à l’art, ce ne pouvait être que par loisir, et non par métier ; encore fallait-il

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