Les poupées russes du chagrin
I l a fallu s’y reprendre à vingt fois, sans doute davantage, pour aller au bout de ce roman fulgurant. Il a fallu, entre deux plongées en apnée dans les mots de David Grossman, remonter à la surface, reprendre pied sur le sol, dans la vie, regarder le ciel, les étoiles, s’obliger à penser à autre chose qu’à l’abandon, ne pas y parvenir, et revenir au texte. Ce n’est pas que la narration manquerait de fluidité ou de force ; c’est exactement l’inverse : cette lecture est suffocante. Elle nous a coupé le souffle.
L’émotion est dénudée. Comme un fil électrique autour duquel l’isolant aurait été soigneusement retiré. Ça brûle. Pas un mot pour atténuer. Pas d’édredon, pas à jamais (Nina dixit), que lorsqu’elle sera libérée, deux ans et dix mois de travaux forcés après. La maman se prénomme Véra, le papa Milosz.
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