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Le droit de vivre
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Livre électronique163 pages2 heures

Le droit de vivre

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À propos de ce livre électronique

Vous vous demandez sûrement pourquoi une fille si jolie a été victime d'intimidation? Après un accident qui lui a occasionné des problèmes de dentition énormes, elle est devenue la risée de toute l'école primaire. Puis elle a passé un an en Afrique où elle Était acceptée par ses pairs comme tous les autres. Au secondaire, malgré une nouvelle dentition, elle a encore été victime d'intimidation, mais pour une toute autre raison. Ses bourreaux, des filles de son âge, la harcelaient sans relâche jusqu'à lui faire des menaces de mort à l'indifférence générale. Aujourd'hui, Jennifer Cyr est une gagnante. C'est une personne équilibrée et saine. Elle fait des conférences dans les écoles pour que cela ne se reproduise plus. Pour y arriver, il faut que tout le monde fasse sa part et brise la loi du silence.
LangueFrançais
ÉditeurCornac
Date de sortie22 avr. 2015
ISBN9782895293125
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    Aperçu du livre

    Le droit de vivre - Cyr Jennifer

    Le droit de vivre

    PRÉFACE

    Rencontrer Jennifer a été une expérience marquante. Sa douceur contraste brillamment avec la dureté de son histoire. Malgré les années d’intimidation qu’elle a vécues, elle est aujourd’hui la personne la plus sage et la plus sereine que je connaisse. Dès notre première rencontre, j’ai eu le sentiment de repartir avec un morceau de sa force et de sa résilience.

    Qu’on le veuille ou non, l’intimidation est un sujet qui nous concerne tous. Le 23 mai 2013, soit six mois après la création d’une loi visant à prévenir et à combattre l’intimidation et la violence à l’école, l’Institut de la statistique du Québec révélait que 37  % des élèves du secondaire avouaient avoir déjà été victimes de violence.

    L’enquête nous informait aussi que les élèves victimes de violence à l’école — incluant la cyberintimidation — étaient proportionnellement plus nombreux que les autres à démontrer de l’agressivité et des conduites imprudentes ou délinquantes. Et pour finir avec les chiffres, 42  % des garçons et 29  % des filles disaient avoir été intimidés à l’école ou sur le chemin entre l’école et la maison. Toujours selon cette étude, les filles seraient plus nombreuses à subir de la cyberintimidation que les garçons. Ces statistiques sont tout simplement alarmantes.

    Jennifer Cyr est l’une de ces nombreuses victimes. La toute première fois qu’elle m’a ouvert les portes de son intimité pour me relater son récit, j’ai pleuré. Ça m’a troublée ; j’y ai pensé pendant des semaines. J’y pense encore.

    Jennifer a choisi de briser le silence. Elle donne des conférences partout à travers le Québec et elle a voulu écrire ce livre pour partager son histoire. Par sa générosité et son talent, Jennifer vous fera vivre un moment unique. Ce récit dévoile une vérité qui nous entoure et qu’il est impératif de reconnaître pour mieux la dénoncer.

    Jennifer est un ange, une fée. Elle saura, par son histoire, vous émouvoir, vous rendre meilleur.

    Katherine Dupont

    Scénariste

    Cette histoire est la transcription de faits vécus. Les noms de la plupart des personnes impliquées ont toutefois été changés afin de préserver l’anonymat.

    Avant-Propos

    L’intimidation m’a fait vivre un véritable enfer et ce n’est que plusieurs années après la fin de ce cauchemar que j’ai choisi de briser le silence. En écrivant mon histoire, j’espère sensibiliser les lecteurs aux nombreuses formes que prend l’intimidation : les actes physiques, le harcèlement psychologique, les agressions à caractère sexuel, la cyberintimidation… Je souhaite aussi faire prendre conscience de ses conséquences à long terme sur les personnes ciblées et aborder les moyens pour reconnaître ce fléau et y mettre fin.

    Avec ce livre, je m’adresse principalement aux victimes afin de leur donner espoir, pour les encourager à refuser toute forme d’intimidation, car elles aussi ont le droit de vivre.

    Jennifer Cyr

    Si je suis aussi fort, c’est grâce à

    toutes mes faiblesses.

    Si je suis aussi brillant, c’est grâce à

    tous ces moments de folie.

    Si je suis aussi courageux, c’est parce que

    j’ai eu tellement peur.

    Si je suis aussi solide, c’est parce qu’on

    m’a brisé si souvent.

    Si je suis aussi beau, c’est grâce à

    toutes ces cicatrices.

    — Guillaume Desparois

    PRIMAIRE

    L’école a longtemps été pour moi un endroit pénible à fréquenter. On dit souvent que les enfants sont cruels, mais je crois surtout qu’ils ne sont pas conscients des conséquences que peuvent avoir des paroles et des gestes en apparence anodins. Surtout, ils ne savent pas que les personnes sur lesquelles ils s’acharnent ne s’en sortiront pas forcément indemnes.

    Dès les premières années du primaire, j’ai été victime des moqueries de mes camarades. On a commencé à rire de moi à cause d’une mal­formation de ma dentition. Suite à un accident pendant mon enfance ayant endommagé ma gencive, mes dents d’adulte avaient poussé vers l’avant et on me surnommait Dents de lapin. C’est à partir de là que tout a commencé, que ma vie a basculé.

    L’été précédant ma 4e année, j’ai supplié mes parents de me payer des appareils d’orthodontie afin d’avoir les dents droites. Je me disais qu’avec une belle dentition, je n’aurais aucun problème à intégrer le groupe. Malheureusement, à cette époque, la technologie n’était pas aussi avancée qu’elle l’est aujourd’hui et j’ai eu droit à une véritable cage métallique. Une grosse tige de métal sortait de ma bouche et s’attachait à une bande élastique à l’arrière de ma nuque. On m’a donc rebaptisée le Lapin Terminator. Alors que je voulais plaire à mes camarades de classe, c’était pire qu’avant. Plus je faisais d’efforts, plus les autres me disaient des choses méchantes. Je les entendais souvent rire de moi dans les corridors, dans la classe et dans la cour de récréation. Parfois, lorsque je me levais dans la classe pour aller au bureau du professeur ou pour demander si je pouvais aller aux toilettes, une jambette furtive me faisait trébucher. J’avais de la peine, mais j’essayais de ne rien laisser paraître. J’ai donc commencé très jeune à me méfier de mes camarades et à être sur le qui-vive.

    Je n’arrivais jamais à maintenir très longtemps mes relations amicales. Sans doute qu’on ne voulait pas être associé à moi, de peur d’attirer les coups et les moqueries.

    Voyant bien que je n’étais pas tout à fait heureuse à l’école, ma mère me posait parfois des questions, auxquelles je répondais vaguement. Elle m’écoutait en silence, ne sachant pas trop s’il fallait intervenir ou non. Les enfants peuvent être si méchants entre eux. Elle me répétait souvent de les ignorer, qu’il finirait bien par se lasser.

    Un jour, mes parents m’ont annoncé que nous déménagions en Afrique, plus précisément à Kamsar, en Guinée. Mon père avait reçu une offre d’emploi intéressante et ne pouvait pas la refuser. Mon frère Sébastien et ma sœur Jade avaient plus ou moins conscience des changements qui nous attendaient. Il faut dire qu’ils n’avaient que cinq et un an et qu’à cet âge-là, on se fiche pas mal du pays dans lequel on vit… Moi, je ne voulais rien savoir de ce déménagement. Ce changement radical me terrorisait, d’autant plus que cela impliquait de fréquenter une école anglaise, réservée aux enfants d’expatriés. Et puis, l’Afrique, c’était à l’autre bout du monde ! Je ne connaissais personne là-bas !

    Lors de ma dernière journée d’école avant le départ, en ramassant mes effets personnels, j’ai trouvé une enveloppe dans mon casier. J’ai eu les jambes coupées en ouvrant cette lettre anonyme : « On ne veut plus revoir ta petite face de lapin. Tu mérites juste de te faire bouffer par un lion. Bon débarras ! » Tout à coup, j’avais très envie de partir. Loin et pour toujours.

    Quel dépaysement ! Les premiers temps, j’étais fascinée par les maisons recouvertes de feuilles de bananier, les chèvres, les poules, les serpents, et puis par les moustiques, insecte pourtant banal pour les Québécois, mais dont il faillait absolument se protéger pour éviter la malaria. J’adorais la couleur de la terre, orangée à cause de la bauxite, un minerai utilisé dans la fabrication de l’aluminium, et la végétation à perte de vue.

    Mon enseignante s’appelait Mimi. Elle était amicale, patiente et douce. Nous n’étions pas beaucoup d’élèves dans la classe et provenions tous de pays différents. Les premiers temps, j’étais nerveuse chaque matin. J’avais appris à me méfier des autres. Mais plus les jours passaient, plus je me détendais. Je réalisais qu’à l’autre bout du monde, dans une autre école, on pouvait m’apprécier et vouloir mon bien. J’arrivais enfin à avoir une relation normale et saine avec ceux qui m’entouraient.

    La Guinée m’a donné une toute autre vision de la vie. Les valeurs et les mentalités étaient tellement différentes de ce que j’avais connu. L’entraide régnait partout et puisque les gens misaient sur l’essentiel (c’est-à-dire un toit, du riz pour nourrir la famille et de quoi se vêtir convenablement), ils ne se préoccupaient pas des choses superficielles. Les Guinéens n’accordaient aucune importance à mes vêtements ou à ma dentition. Non seulement je ne ressentais aucune discrimination à mon endroit, mais le stress n’existait pas. Chacun allait à son rythme, faisait de son mieux et acceptait son sort, tout bonnement.

    À la maison, nous étions traités comme des rois. Étant donné que mon père occupait un bon poste dans l’entreprise pour laquelle il travaillait, on faisait tout pour nous faciliter l’existence. Nous profitions d’un rythme de vie que nous n’avions jamais connu auparavant. Nous avions droit aux services d’un jardinier, d’une nounou et de domestiques. Tous ces gens étaient chaleureux et généreux avec nous. Ils faisaient plus que leur simple travail, et nous les considérions comme des membres de la famille.

    Un des plus beaux souvenirs que j’ai conservés de mon séjour en Afrique est celui d’Aboubacar, un de nos domestiques. J’avais remarqué qu’il traînait tout le temps autour de Sébastien et moi quand nous faisions nos devoirs et nos leçons. Il semblait toujours intéressé par nos livres et nos cahiers, particulièrement par ceux de Sébastien, qui apprenait alors à lire et écrire. Provenant d’un milieu très pauvre, Aboubacar n’avait jamais pu aller à l’école. Ma mère a donc commencé à lui apprendre les lettres et les syllabes, puis des mots. C’est ainsi que j’ai compris que l’entraide n’a pas de prix, que l’affection et l’amitié n’ont ni couleur ni classe sociale, et que les petits gestes des uns peuvent changer la vie des autres.

    Pour toute la famille, l’Afrique s’est avérée être une oasis de paix et l’occasion d’échanges culturels d’une richesse incroyable. Nous avons finalement passé un an et demi en Guinée. Quand le contrat de mon père s’est terminé, je ne voulais plus revenir. Je ne voulais pas quitter ces gens qui m’acceptaient et m’aimaient telle que j’étais. Et surtout, j’avais peur de retrouver les mauvais traitements dont j’avais été victime ici.

    Notre retour au Québec a coïncidé avec mon entrée au secondaire. Je ne savais pas du tout comment gérer le stress lié au changement d’école. Je ne me sentais pas outillée pour affronter cette épreuve. Même les choses les plus simples m’angoissaient : prendre l’autobus, avoir un nouveau casier, fréquenter une école beaucoup plus grande. Et puis je ne voulais pas revoir ceux et celles qui m’avaient empoisonné la vie au primaire. Mes parents ne pouvaient pas deviner l’ampleur de mon appréhension, puisque je ne leur avais jamais parlé sérieusement de ce qui se passait à l’intérieur des murs de l’école.

    Déjà à ce moment-là, j’avais peur que l’intimidation se perpétue à l’école secondaire. Par contre, jamais je n’aurais pu imaginer que les choses allaient dégénérer à ce point.

    PREMIÈRE ANNÉE DU SECONDAIRE

    L’entrée au secondaire

    En pénétrant dans ma nouvelle école, la première chose qui me frappe, c’est la longueur des corridors. Il faut tellement marcher entre les locaux, la section des casiers et la cafétéria, que j’ai peur de me perdre. Dès les premiers jours, j’apprends mon horaire par cœur et me rends le plus rapidement possible d’un cours à l’autre pour m’assurer de ne pas être en retard. Je ne sais pas comment les autres font pour se détendre pendant les pauses : j’ai l’impression que je ne fais que courir !

    J’arrive souvent dans mes locaux avant que la cloche sonne, ce que j’aime bien puisque je risque moins d’attirer l’attention sur moi. J’ai gardé de vieux réflexes de ces années du primaire où j’étais la cible de mes camarades de classe. Je suis aussi réservée que possible. Pour moi, la discrétion est une question de survie.

    Je me lie rapidement d’amitié avec Sarah, une fille dont le casier est à quelques pas du mien. Nous partageons également la plupart de nos cours, ce qui contribue à nous rapprocher. On se ressemble beaucoup. Depuis quelques mois, je n’ai plus d’appareils orthodontiques, mais Sarah, elle, en porte un. C’est déjà un gros point commun, nous savons toutes deux ce qu’il en coûte pour redresser une mauvaise dentition. Nous sommes aussi studieuses l’une que l’autre et nous adorons la danse. Ensemble, nous nous sommes inscrites à un cours de hip-hop. La danse m’a toujours inspirée. Cela m’aide à décrocher. Quand je bouge au rythme de la musique, je ne pense plus à rien, je me défoule et me libère. J’ai l’impression de renaître à chaque pas.

    Les premières amours

    Dès la rentrée des classes, des garçons ont commencé à s’intéresser à moi. Pour la première fois de ma vie, je me sens désirée. Cela me semble surprenant. Moi qui me croyais moche et sans le moindre intérêt, j’ai plus de prétendants qu’il ne m’en faut. Il naît en moi un malaise que je ne peux pas nommer, que je ne peux surtout pas gérer. Je suis très flattée de l’intérêt que me portent les garçons, mais tout arrive tellement vite ! Autant j’ai

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