Explorez plus de 1,5 million de livres audio et livres électroniques gratuitement pendant  jours.

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

Retrouver Élise
Retrouver Élise
Retrouver Élise
Livre électronique244 pages3 heures

Retrouver Élise

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Théo est journaliste pour un grand quotidien. Il se noie dans son boulot qu'il adore pour oublier le drame qu'il a vécu huit ans auparavant et dont il n'a jamais parlé à personne. A l'aube de la trentaine, névrosé, solitaire, réalisant qu'il ne pourrait vivre éternellement dans l'ignorance, Théo se décide enfin à résoudre le mystère qui le hante et à retrouver celle qui a disparu, il y a huit ans.

LangueFrançais
ÉditeurPauline SLF
Date de sortie26 août 2010
ISBN9782953769432
Retrouver Élise
Auteur

Pauline SLF

Adepte de la fiction contemporaine et du roman feel-good, j'écris avec passion pour vous offrir de beaux moments de lecture.

En savoir plus sur Pauline Slf

Auteurs associés

Lié à Retrouver Élise

Livres électroniques liés

Romance à suspense pour vous

Voir plus

Catégories liées

Avis sur Retrouver Élise

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Retrouver Élise - Pauline SLF

    Chapitre 1

    Le jour venait à peine de se lever. Comme souvent, Théo rentrait tranquillement chez lui après avoir passé la nuit au bureau, à travailler sur des articles qui ne nécessitaient pourtant pas d’être traités dans l’urgence. En passant la porte de son appartement, il s’attendait à respirer l’odeur du café, à entendre l’eau couler dans la salle de bain, à distinguer les bipbips d’un portable pleins de nouvelles notifications, à trébucher sur une chaussure à talon ou sur un sac à main. Mais non. En rentrant chez lui, après une nuit entièrement dédiée à son travail, Théo trouva Camille dans la chambre, en train de faire sa valise.

    -  Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-il en luttant pour garder les yeux ouverts.

    -  Il me semble que c’est évident, répondit-elle calmement, sans lui adresser un regard.

    -  Tu vas quelque part ?

    -  Oui. Et j’y vais sans toi.

    -  C’est professionnel ?

    -  Non.

    -  Tu me quittes ?

    -  Oui.

    -  Pourquoi ?

    -  Parce que ça ne te fait pas le moindre effet.

    Camille sortit le nez de sa valise et regarda Théo droit dans les yeux, sans amertume, pendant de longues secondes. Il était exactement comme à son habitude : une main dans la poche de son jean, la même chemise depuis le début de la semaine, une barbe de trois jours, des cernes sous les yeux, et pas la moindre expression sur le visage. Elle venait de lui annoncer qu’elle le quittait et, comme elle le prédisait, cela n’avait pas l’air de le perturber plus que ça.

    -  Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça, se défendit-il mollement en se frottant les yeux. Écoute. Euh... J’ai bossé toute la nuit, je ne suis pas au summum de mes capacités de réflexion, donc... Est-ce qu’on pourrait s’asseoir, se faire un café, et discuter ensemble de ce qui te pousse à vouloir me plaquer aussi soudainement ?

    -  Théo, ça fait combien de temps qu’on sort ensemble ? fit-elle sèchement. Non, attends, j’ai une meilleure idée. Je change de question. Théo, ça fait combien de temps qu’on vit ensemble ?

    -  Je ne me souviens plus, marmonna-t-il, épuisé. Deux ? Trois mois ?

    Là, c’en était trop. Furieuse, Camille boucla sa valise et traversa l’appartement d’une traite pour rejoindre la porte d’entrée qui, en l’occurrence, ressemblait plutôt à une porte de sortie. Théo fit l’effort de la suivre en lui demandant une nouvelle fois de prendre le temps de discuter avec lui autour d’un café, au lieu de partir comme une harpie sans s’être clairement exprimée sur son ressenti. Camille se tourna une dernière fois vers lui.

    -  Ça fait six mois que je vis ici, grommela-t-elle. Tu te souviens ? Je t’avais invité au restaurant pour fêter nos trois mois de relation. Je suis arrivée en larmes car, une heure avant de te rejoindre, mon propriétaire m’avait appelée pour me dire qu’il nous mettait dehors, ma colocataire et moi, pour une vague histoire de travaux qui ne semblait pas tout à fait légale. Et là, alors que je me demandais comment j’allais réussir à trouver un logement à Paris avec si peu de délais, tu m’as proposé de venir m’installer chez toi. Tu m’as dit que ton appartement était petit mais suffisant pour deux, et que tu serais ravi de le partager avec moi puisque, je cite : « Ça a l’air de bien coller entre nous. ». Donc, j’ai accepté ta proposition, j’ai passé le reste de la soirée à te remercier chaleureusement, et je suis arrivée avec mes affaires le week-end suivant. Je me faisais une joie de vivre avec le garçon dont j’étais follement tombée amoureuse. Je pensais que ça nous rapprocherait encore plus, et qu’on aurait envie de faire des projets d’avenir ensemble. Sauf qu’au lieu d’emménager avec l’homme de ma vie, j’ai emménagé avec un spectre. Une espèce de colocataire-fantôme qui, certes, paye le loyer, les factures et les charges. Mais qui passe ses journées et la plupart de ses nuits au bureau, puis rentre dans son appartement, où il ne prend jamais aucun repas, uniquement pour dormir trois ou quatre heures, prendre une douche, et changer de fringues avant de retourner au boulot. Depuis que je vis avec toi, je ne me suis jamais sentie aussi seule. C’est quand même un comble, non ? Donc, non seulement je déménage, mais en plus, je mets un terme à notre relation qui n’a, de toute façon, plus aucun sens depuis bien longtemps. Au revoir, Théo.

    La porte claqua. Le jeune homme resta sur place, perplexe, partagé entre la tristesse d’avoir visiblement fait du mal à Camille, et la surprise de constater qu’effectivement, cette rupture ne lui faisait pas grand-chose. Alors qu’il réalisait qu’elle ne lui avait même pas dit où elle allait, la porte se rouvrit.

    -  Tu veux que je te dise ? lança-t-elle, amère et triste. Tu ne seras jamais capable de rendre une femme heureuse. Parce que même avec le physique d’un top model, le Q.I d’Einstein et le compte en banque de Bill Gates, quand on bosse vingt heures par jour, on n’est plus un homme. On n’est rien qu’une ombre. Et personne n’aime les ombres.  

    -  Est-ce que je peux au moins te demander si tu as un point de chute ? Où est-ce que tu comptes aller ?

    -  Même si je te répondais, il te suffirait d’une minute pour oublier la réponse. Au fait, j’ai refait le plein de capsules de latte macchiato. C’est mon cadeau d’adieu. Salut.

    Cette fois-ci, la porte claqua pour de bon. Un peu confus, Théo alla dans la cuisine pour se préparer son traditionnel latte macchiato, s’assit dans le canapé, pianota sur son téléphone, programma une alarme qui sonnerait trois heures plus tard, et alla se coucher. Quand la sonnerie retentit, il émergea en douceur, fila sous la douche, constata qu’il était vraiment temps de changer de chemise, se refit un latte macchiato, et quitta l’appartement pour retourner au bureau. Exactement comme Camille l’avait dit.

    La jeune Marthe n’avait jamais eu de chance, en amour. Il fallait dire qu’on trouvait difficilement plus timide qu’elle. Elle était incapable de faire le premier pas, d’envoyer des signaux, d’avouer son attirance pour quelqu’un, tout comme elle ne parvenait pas à repousser les crétins qui s’accrochaient à elle. Depuis qu’elle travaillait au standard de la rédaction du journal, Marthe se pensait à l’abri de tout individu malsain. Elle rêvait qu’un jour, un des brillants journalistes à qui elle passait les communications, et pour qui elle recueillait quotidiennement les messages professionnels, l’invite à sortir. Mais ce jour tardait franchement à arriver. Pourtant, Marthe était très jolie, et bourrée de qualités. Elle possédait une belle chevelure brune qu’elle ramenait en chignon, un teint clair sans imperfection, deux petits yeux noisette, une bouche ronde qu’elle adorait peindre en rouge, et une large panoplie de bijoux fantaisie à faire pâlir la page mode d’un magazine féminin. Mais la jeune femme de vingt-trois ans, haute comme trois pommes, ne parvenait pas à se défaire de cette timidité qui la paralysait et la faisait rougir. Depuis son standard, Marthe bénéficiait d’une vue imprenable sur trois bureaux appartenant chacun à ceux qu’elle nommait secrètement ses « fantasmes journalistiques ». Autrement dit, trois des rédacteurs qu’elle trouvait particulièrement à son goût. Mais leurs échanges se résumaient à des phrases comme : « Ici le standard, je vous passe une communication sur la deux. », ou « Bonjour, je vous ai mis en copie de mail pour la confirmation de l’interview de demain matin. », ou bien « Ici Marthe du standard. Votre correspondant est déjà en ligne. Puis-je prendre un message ? ». Elle ne parvenait jamais à entamer de vraies conversations avec eux, à retenir leur attention, à plaisanter, à éveiller leur curiosité. Elle se sentait transparente. Utile, mais transparente. Ce matin-là, alors que Marthe triait le courrier destiné aux membres du service de rédaction, l’un de ses fantasmes fit son apparition. Thomas Léty avait l’habitude de s’installer à son bureau et d’aller ensuite récupérer son courrier au standard, alors que tout le monde faisait l’inverse. En le voyant arriver, Marthe se dépêcha de mettre la pile de lettres destinée à Thomas de côté pour la lui tendre avant même qu’il ait pu la réclamer. Elle espérait l’impressionner, le flatter, le faire sourire, et lui donner envie d’interagir davantage avec elle. Malheureusement, depuis deux ans qu’elle répétait le même manège cinq jours par semaine, rien de palpitant ne s’était produit.

    -  Bonjour, Marthe, dit Thomas en lui adressant un sourire de politesse.

    -  Bonjour, Thomas, fit-elle, toute joyeuse. Vous êtes bien matinal.

    -  Mal dormi. Merci, Marthe. À plus tard.

    -  Bonne journée, Thomas.

    Et voilà. Les relations entre Marthe et ses fantasmes se résumaient à cela. Comme chaque matin, elle observa discrètement Thomas rejoindre son bureau qui se trouvait à quelques mètres seulement du standard, son courrier à la main, et guetterait jusqu’au soir la moindre opportunité de lui adresser un sourire. Ses trois fantasmes journalistiques correspondaient aux critères auxquels l’homme de sa vie devait absolument répondre : entre vingt-cinq et trente ans, de taille moyenne, une garde-robe et une coupe de cheveux classiques, de bonnes manières de garçon bien élevé, un travail passionnant et, si possible, le salaire qui allait avec. Tout comme elle n’aurait jamais envisagé d’être dépendante d’un homme sur le plan financier, elle refusait catégoriquement de devoir entretenir celui qui ferait d’elle l’élue de son cœur. Ce qu’elle aimait chez Thomas, c’était son côté ténébreux. Cheveux châtain foncé légèrement ondulés, regard noir, teint mat, bouche fine et mâchoire carrée. Marthe rêvait de lui dire qu’il était somptueux quand il portait un jean bleu avec une chemise blanche, mais qu’en revanche, il ferait mieux d’éviter le rouge et le pourpre. Une fois que Thomas fut assis devant son écran, Marthe replongea son nez dans le courrier en soupirant d’être, comme toujours, condamnée à passer la journée à quelques mètres d’un homme charmant qui, sauf miracle, ne l’inviterait jamais à dîner.

    -  Bonjour, Marthe.

    La jeune femme sursauta. Ses pensées et son regard étaient tellement focalisés sur Thomas qu’elle ne l’avait pas vu arriver, celui-là.

    -  Bonjour, Théodore, lança-t-elle gaiement. Vous êtes matinal.

    -  Moins que vous, visiblement.  

    -  Voilà votre courrier, dit-elle en lui tendant les quelques lettres reçues.

    -  Merci. Bonne journée.

    -  Bonne journée, Théodore.

    Au début, parmi les trois rédacteurs, il avait été son préféré. Lors de son arrivée au standard pour prendre le poste d’une toute nouvelle retraitée, Marthe avait littéralement flashé sur ce gars-là. Un peu dans la lune, le sourire facile, une épaisse chevelure dorée, un regard bleu clair, un goût prononcé pour les vêtements marron et beiges, une voix reconnaissable entre mille. Un homme doux, et mystérieux. Un charme fou. Mais, très vite, Marthe avait changé d’avis. En effet, il lui était facile de réaliser que, chaque jour, Théo arrivait quelques minutes après elle, et demeurait toujours assis à son bureau quand elle quittait son poste. Ce type passait ses journées au boulot, parfois même ses nuits, et ne prenait jamais de vacances. Il semblait clair qu’il n’accordait que très peu de temps à ses loisirs et ses fréquentations, et la vie devait être d’un ennui mortel, avec lui. Théo alla serrer la main de son collègue Thomas. Leurs bureaux formaient un triangle avec celui du troisième fantasme journalistique de Marthe. L’aménagement était pratique. Les trois garçons se voyaient, pouvaient facilement échanger entre eux, mais l’écran d’ordinateur de chacun ne faisait pas partie du champ de vision des autres, ce qui leur permettait d’allier proximité et confidentialité. Pendant que Thomas ouvrait tranquillement son courrier, Théo tenta d’installer ses affaires, et constata que le dessus de son bureau ferait honte à sa mère.

    -  Je ne sais pas comment tu fais pour être aussi bordélique, dit Thomas, l’air consterné. Le personnel de ménage doit te détester.

    -  Je crois que le bazar me rassure, plaisanta Théo. C’est sans doute une façon de me stimuler, intellectuellement. Je suis constamment en train de chercher mes affaires. Ça m’aide à me sentir vivant. 

    -  Tu me fais peur, parfois. Bref. Tu planches sur quoi, aujourd’hui ? Toujours ton article sur les faux bijoux ?

    -  Je l’ai fini cette nuit, déclara Théo en pianotant sur son clavier. J’attends le feu vert du chef.

    -  Cette nuit ? répéta Thomas, en écarquillant les yeux. Tu as bossé jusqu’à quelle heure ?

    -  Cinq heures et demi, je crois. Je suis rentré dormir un peu. Et me revoilà.  

    -  Waouh. Tu bosses jusqu’à cinq heures et demi du matin, tu rentres chez toi, tu dors quelque chose comme... trois heures, et tu reviens ici. Tu as eu le temps de présenter des excuses à Camille, j’espère.

    -  J’ai surtout eu le temps de me faire larguer.

    -  Quoi ?

    -  Elle m’a largué. À six heures du matin. Elle est partie.

    Bouche-bée, Thomas fixa Théo, en silence. Ce dernier continuait de taper sur son clavier, comme si de rien n’était. La nonchalance avec laquelle il venait d’annoncer cet évènement qui, pourtant, n’avait rien d’anodin, laissait penser que ce garçon venait vraiment d’une autre planète. Il était là, à son bureau, les mains soulevant des piles de dossiers dans le but de trouver une feuille égarée, le regard abruti par des heures passées devant l’ordinateur, et rien dans son visage ne laissait penser qu’il puisse être affecté par ce qui venait de lui arriver.

    -  Toi, tu es complètement cinglé, marmonna Thomas avec exaspération.

    -  Pourquoi donc ? demanda Théo en haussant les sourcils, comme s’il ne voyait pas à quoi son collègue faisait allusion.

    -  Parce que Camille est sublime, drôle, intelligente, qu’elle fait un boulot génial, et que des centaines de mecs paieraient pour avoir son numéro de portable. Dis-moi au moins que tu as essayé de la retenir.

    -  Pour quoi faire ? soupira Théo. Elle n’était pas amoureuse de moi.

    -  Évidemment que si, fit-il, exaspéré. Tu imagines, Camille, la nana carriériste par excellence, emménager du jour au lendemain avec un type dont elle n’a que faire ? Elle t’aimait. Elle était dingue de toi, Théo. Bon sang, mais qu’est-ce que tu as fichu ?

    Théo ne répondit pas. Bien sûr que Camille l’avait aimé. Il le savait. Mais ça ne pouvait pas fonctionner, entre eux. Et le jeune homme n’avait rien fait pour que cette relation tienne la route. Parce que lui ne parvenait jamais à s’attacher. Alors, il laissait les choses pourrir, jusqu’à donner de bonnes raisons à l’autre de rompre. Il agissait ainsi depuis des années. Théo ne possédait pas la faculté de laisser une femme entrer dans sa vie pour de bon. Même une merveille comme Camille.

    -  Tu ne penses pas avoir un problème ? osa Thomas.

    -  Du genre ? se moqua Théo.

    -  Du genre, quelque chose qui t’empêche d’avoir une relation normale avec une femme.

    -  Tu penses que je suis gay, et que je n’assume pas ? rigola-t-il.

    -  Non. Je pense que tu as dû vivre quelque chose. Quelque chose d’assez dur, de terrible, pour ruiner ton relationnel amoureux à jamais. Quelque chose qui t’a détruit, et dont tu ne veux pas parler.  

    -  Il faut que je te présente ma mère. Elle va t’adorer.

    -  Je ne plaisante pas, Théo. Depuis qu’on se connait, je te vois volontairement saborder tes histoires d’amour avec des femmes plus extraordinaires les unes que les autres. C’est tellement pathétique que c’en est inquiétant. Tu caches quelque chose. Et pas seulement à moi.

    -  Ça y est, tu as fini ? soupira-t-il, agacé.

    -  Ta façon de prendre ça à la dérision me laisse penser que j’ai raison.

    -  Pense ce que tu veux, Thomas.

    -  Tu sais que si tu as besoin de parler à quelqu’un, je suis là.

    -  Je t’assure que cette rupture n’a rien d’insurmontable pour moi.

    -  C’est justement parce que cette rupture te laisse de glace que je m’inquiète pour toi. Parle-moi, Théo. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond, chez toi ? Qu’est-ce qui a pu t’arriver d’assez horrible pour que tu bouzilles sciemment tout ce qui pourrait t’apporter du bonheur ?

    Excédé, et détestant qu’on se mêle de sa vie privée, Théo se leva de sa chaise, prétextant avoir besoin d’une dose de caféine. D’un pas rapide, comme s’il craignait qu’on le suive, il traversa la salle de rédaction jusqu’aux escaliers qui le mèneraient à la cafétéria du rez-de-chaussée. Perplexe, Thomas resta à son bureau, rangea son courrier et alluma l’ordinateur. Malgré la réaction de Théo, il démarrait sa journée de travail avec la certitude d’avoir effectué le premier coup d’une longue partie d’échecs. Un étage plus bas, en tête-à-tête avec un latte macchiato, sa boisson fétiche depuis l’adolescence, Théo se tenait à l’écart du reste des employés, et ressassait les propos de son ami. Qu’allait-il se passer, maintenant ? Thomas l’avait-il simplement provoqué pour le faire réagir, ou essaierait-il vraiment de savoir ce qui se cachait derrière la déplorable vie sentimentale de son collègue ? Théo détestait qu’on s’intéresse à lui, et qu’on lui pose trop de questions. Il ignorait s’il devait avoir peur de la curiosité de Thomas, et se demandait de quelle manière il pourrait la contourner sans prendre le risque de se fâcher avec lui. Dans quel but Thomas avait-il lancé cette conversation, et ces insinuations ? Voulait-il simplement comprendre pourquoi Théo se trouvait incapable d’entretenir une relation stable sur la durée, ou sentait-il qu’il y avait effectivement quelque chose de plus profond ? Et comment remonter travailler en faisant comme si de rien n’était ? Décidemment, cette journée s’annonçait

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1