L’Algérie dans le cinéma de Merzak Allouache
Par Nabil Boudraa et Ahmed Bedjaoui
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après un parcours universitaire en Algérie et en France, Nabil Boudraa est aujourd’hui professeur d’études françaises et francophones à Oregon State University, aux États-Unis. Il a écrit plusieurs articles et ouvrages, en français et en anglais, sur des thématiques diverses : la poésie d’Idir et d’Aït Menguellet, la figure de Kateb Yacine, la problématique des langues en Algérie, ou celle des cinémas francophones.
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Aperçu du livre
L’Algérie dans le cinéma de Merzak Allouache - Nabil Boudraa
L’Algérie dans le cinéma
de
Merzak Allouache
Nabil Boudraa
L’Algérie dans le cinéma
de
Merzak Allouache
Préfacé et traduit de l’anglais
par Ahmed Bedjaoui
CHIHAB EDITIONS
© Éditions Chihab, 2023.
www.chihab.com
Tél. : 021 97 54 53 / Fax : 021 97 51 91
ISBN : 978-9947-39-693-3
Dépôt légal : septembre 2023
Préface
Omar et ses enfants
Les personnages qu’Allouache met en scène dans son premier long-métrage n’étaient pas beaucoup plus jeunes que lui. Au moment où ce livre est publié, Omar aurait quarante-cinq ans de plus. Entre-temps, que d’événements vécus dans notre pays, que de changements enregistrés avec les nouvelles vagues de jeunes Algériens qui se sont succédé avec des rêves dissemblables et des obstacles toujours nouveaux à affronter…
Omar Gatlato est sorti en 1976, et nous étions encore si proches de la fin de la guerre d’indépendance. Quatorze années au cours desquelles la jeunesse n’avait qu’une idée en tête : la reconstruction du pays, certaine qu’elle était de bâtir un avenir radieux. C’était le temps du Rêve algérien. Le monde entier nous admirait et Alger était devenue le lieu de pèlerinage de tous les révolutionnaires de la planète. Le Festival culturel panafricain de 1969 en Algérie offrait à tous les peuples africains encore sous le joug colonial l’espoir que l’émancipation était leur avenir.
Après des études de cinéma à Alger au lendemain de l’indépendance, Allouache se lance, comme beaucoup de jeunes, à corps perdu dans ce rêve. Il fait campagne pour la révolution agraire portée par d’autres cinéastes qui, contrairement à ce natif de Bab el-Oued, sont, pour la plupart, d’origine rurale. Merzak Allouache observe une jeunesse différente de lui, qui a les yeux fixés sur un ailleurs et qui se pose une question toute simple : y a-t-il, pour eux, un avenir à Bab el-Oued ? La même interrogation et des préoccupations identiques seront affichées sur les murs d’Alger lors des émeutes d’octobre 1988.
Allouache montre des jeunes différents de leurs aînés. Le rêve algérien est déjà derrière eux, malgré la charte nationale et les espoirs que les débats publics avaient suscités. Ils regardent les fenêtres des appartements fermés, tout en sachant qu’ils sont déjà attribués. Exclus aussi des privilèges issus de l’indépendance, ils ont le sentiment d’être des laissés-pour-compte et savent qu’ils le seront pour longtemps. La musique et le culte de la rajla (machisme) sont toute leur vie. En dehors de quelques scènes où l’on voit des femmes sur les terrasses de la Casbah, l’univers que nous dévoile le cinéaste, est totalement masculin, macho ou rajla, comme on voudra. Seule, une jeune fille passe dans le champ comme une ombre. Tel un accident collatéral du vol de cette mini-cassette, une voix de femme fait irruption dans la vie d’Omar. L’enregistrement était censé contenir de la musique chaâbi ou hindie au jeune macho. À la place, c’est une voix de femme qui s’infiltre dans cet outil de communication moderne.
Son ami Moh Smina lui propose de l’aider à rencontrer cette jeune fille fantasmée, mais Omar y renonce et préfère rejoindre le groupe de machos dont il fait partie. En refusant le risque d’aller vers l’autre, notre héros exprime tout le mal vivre de cette génération postindépendance pour laquelle les horizons semblent bouchés. La guerre des sexes a remplacé la lutte des classes et ces jeunes sans amour constituent déjà l’armée de réserve de l’islamisme radical. Quand cette force dormante se manifestera quelques années plus tard, de manière plus politique et plus violente, on peut imaginer que la bande d’Omar la rejoindra. Omar Gatlato nous annonce déjà la jeunesse des émeutes d’octobre 1988, puis de la décennie noire. Désillusion, démographie galopante, brisure du rêve et crise économique : tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette comédie à l’italienne, la tragédie la plus dramatique du cinéma algérien après l’indépendance. Merzak Allouache reviendra sur cette jeunesse tourmentée avec, en particulier, Bab el-Oued City (1994), L’Autre monde (2001) et Le Repenti (2012).
Le cinéma algérien a produit beaucoup de bons premiers films, mais peu de réalisateurs ont réussi à bâtir une filmographie comparable à celle de Merzak Allouache. Cinéaste boulimique, il a signé près de trente films en quarante-cinq ans. Il est à ce titre, et de loin, le plus prolifique des réalisateurs algériens. Quand on connaît la difficulté qu’il y a en Algérie à mener à son terme un projet cinématographique, on ne peut qu’admirer la ténacité de ce créateur qui n’a cessé, depuis son premier long-métrage, d’observer la société algérienne, de la scruter et de l’interroger.
Beaucoup de ses productions sont reconnues mondialement. L’important pour lui est de témoigner des mutations qui se sont opérées au fil des ans et qui se sont soldées pour les personnages par des épreuves tragiques. Merzak avait toutes les qualités pour réussir dans la comédie satirique caractéristique du néoréalisme italien, mais les circonstances l’ont, le plus souvent, conduit à créer des personnages à la dérive, « brûlant » la mer pour fuir la leguia (morosité) et les horizons bouchés, dans un univers de violence et de désespérance. Naviguant lui-même entre les deux rives de la Méditerranée, il n’a pas oublié ceux qui, fuyant leur pays à la recherche d’un avenir meilleur, n’ont jamais renié leurs racines. Même lorsqu’il filme en Europe, l’Algérie reste au centre de son œuvre. L’humanisme profond qui émane de son cinéma, a valu à Allouache des louanges. Des critiques acerbes, cependant, se sont élevées de la part de ses concitoyens, critiques qui ne l’ont pas empêché de continuer à suivre sa voie. Il est resté imperturbable et discret au milieu des tempêtes médiatiques et d’autres zizanies. Peu de travaux ont été consacrés à ce cinéaste majeur que ce soit en France ou en Algérie.
Ce livre de Nabil Boudraa vient combler, non seulement un manque, mais une injustice criante. En universitaire accompli, Boudraa analyse chacune des œuvres de Merzak Allouache et nous livre à ce titre une véritable radiographie de l’Algérie contemporaine. De Omar Gatlato (1976) à Paysages d’automne (2019), chacun des films analysés est replacé dans son contexte historique, social et politique. En clôture de cet ouvrage, le lecteur pourra lire la longue interview que l’auteur a menée avec le réalisateur. À travers ses réponses, le cinéaste valide et corrobore les analyses du chercheur. Ce livre vient à point nommé pour nous rappeler la place prépondérante qu’occupe Merzak Allouache dans le cinéma algérien.
Ahmed Bedjaoui
Avant-Propos
« J’ai avec l’Algérie une longue liaison qui sans doute n’en finira jamais, et qui m’empêche d’être tout à fait clairvoyant à son égard. [L’Algérie] est mon vrai pays ».
Albert Camus, « Petit guide
pour des villes sans passé », L’été (1954).
Cette épigraphe d’Albert Camus illustre parfaitement ma propre relation avec l’Algérie. Ce qui nous différencie Camus et moi, c’est que sa référence est l’Algérie coloniale et que la mienne est l’Algérie postcoloniale. La société de ce pays est l’une des plus complexes du monde moderne. L’Algérie est connue pour son histoire ancienne, son tissu social multiethnique et multilingue, sa guerre d’indépendance (1954-1962), son leadership des mouvements du Tiers-Monde dans les années 1960, et pour la tragique guerre civile qui l’a ébranlée au cours des années 1990. Cette décennie, connue sous le nom de « décennie noire », a été marquée par une guerre que les islamistes radicaux ont déclenchée contre le gouvernement et la population et qui a fait plus de 200 000 morts.
La société algérienne a changé si rapidement qu’il est devenu presque impossible pour les politiciens, les universitaires et les Algériens ordinaires de comprendre pleinement les fondements de ces transformations rapides. Le fait d’avoir été éloigné de mon pays pendant plus d’un quart de siècle exacerbe à la fois mon angoisse et mon désir de comprendre cette situation complexe. Cette distance me permet toutefois de mieux comprendre la situation, car j’occupe une position à la fois d’initié et d’outsider, tout comme Merzak Allouache.
L’essentiel de l’œuvre cinématographique d’Allouache repose sur sa volonté de répondre à des questions incontournables relatives à l’Algérie : qu’est-ce qui a mal tourné après l’indépendance ? Comment, nous, Algériens, avons-nous rendu possible l’émergence de l’islamisme radical au sein de notre peuple ? Pourquoi avons-nous sombré dans la violence ? Pourquoi les révoltes successives n’ont-elles pas réussi à apporter le moindre changement positif ? Pourquoi le Printemps arabe ne s’est-il pas étendu à l’Algérie ? Comment expliquer que les Algériens soient à la fois de vrais Méditerranéens dans leur célébration de la vie, et qu’ils succombent si facilement à des traditions anachroniques et à une pratique religieuse souvent zélée ? Pourquoi les jeunes Algériens qui déclarent tant aimer leur pays, risquent-ils leur vie en essayant de le quitter ? Pourquoi dans un pays si riche la pauvreté est-elle toujours aussi présente dans la société ? Pourquoi, malgré une histoire si riche et si ancienne, l’historiographie officielle est-elle si lacunaire ? Ces questions ne sont nullement exhaustives. Elles constituent simplement un échantillon des questionnements qui irriguent les films de Merzak Allouache.
Plus que du cinéma ou de Merzak Allouache, le présent ouvrage traite de l’Algérie postindépendance. Il s’agit tout simplement d’une analyse critique de la société algérienne contemporaine à travers le regard du cinéaste le plus talentueux et le plus prolifique que l’Algérie ait connu à ce jour. Mon analyse se concentrera sur les transformations qui ont littéralement transfiguré le tissu social, politique et culturel de ce pays depuis son accession à l’indépendance en 1962. Cependant, ce livre n’a pas la prétention d’élucider l’énigme que constitue pour nous la situation actuelle de l’Algérie, et encore moins d’offrir des réponses ou des solutions à ces questions pressantes. Je vise simplement à aider les lecteurs à mieux comprendre comment la société algérienne s’est retrouvée dans cette situation en passant en revue les grands moments de son histoire depuis l’indépendance. Pour mieux comprendre cette situation si complexe, il est indispensable de se pencher sur l’histoire du pays au cours des soixante dernières années. C’est précisément ce que je propose avec cette lecture subjective sur l’Algérie indépendante à travers la vision cinématographique d’Allouache. Le choix aurait pu se porter sur un autre cinéaste. Cependant, je considère qu’Allouache est le seul cinéaste qui a consacré la plus grande partie, sinon la totalité de son œuvre cinématographique à faire connaître son pays natal. À travers l’analyse de ses films, je tenterai de mettre au jour les traits spécifiques de son évolution dans son contexte historique, sociopolitique, culturel et économique.
Le fait d’enseigner le cinéma d’Allouache à l’université m’a permis de mieux appréhender la société algérienne contemporaine. Mes fréquentes visites en Algérie, ainsi que mes lectures d’ouvrages sur le pays, m’ont permis d’accéder à une bonne connaissance de la société algérienne. C’est en revoyant un certain nombre de films de Merzak Allouache et lisant de nombreux articles et d’études qui lui ont été consacrées que l’idée d’écrire cet ouvrage s’est imposée à moi. Après une première ébauche, j’ai décidé de contacter le cinéaste dans l’espoir de discuter de ce projet avec lui. Lorsque j’ai enfin réussi à le joindre au cours de l’été 2015, nous nous sommes donné rendez-vous pour un premier entretien, dans un café situé à la Place de la République à Paris.
Au début de notre discussion, je lui ai parlé de l’initiative par le gouvernement algérien de la caravane du cinéma¹ qui avait été organisée au cours de l’été dans certaines régions du pays. « Oui, mais ils ont montré L’Algérie vue du ciel de Yann Arthus-Bertrand² ». Sa remarque m’a frappé, et j’ai compris qu’elle résumait assez bien l’esprit de son travail cinématographique et de ce livre également. Les autorités ont tourné le dos aux films de Merzak Allouache, et lorsqu’elles ont fait ce petit effort de refonte du cinéma, elles ont choisi de mettre en avant des films chantant et vantant la beauté des sites naturels de l’Algérie. Le documentaire d’Arthus-Bertrand offre, certes, de magnifiques vues aériennes et panoramiques du paysage algérien, mais il est loin de proposer une analyse critique de la société. Il est évident que les responsables gouvernementaux privilégient les cinéastes qui proposent une représentation idéalisée du paysage en passant sous silence la culture.
Allouache se situe à l’opposé. Sa caméra se concentre sur la société et les problèmes de la vie quotidienne. Dans cette même conversation, j’ai mentionné que ses films semblaient accompagner le peuple algérien dans son existence quotidienne. Il a acquiescé. « Oui, mes films ressemblent à un journal intime ». Curieusement, au départ, le présent ouvrage devait s’intituler Le journal cinématographique intime de Merzak Allouache. Mais comme mon objectif était d’étudier l’Algérie postcoloniale à travers ses films, j’ai finalement opté pour le titre L’Algérie dans le cinéma de Merzak Allouache.
Ce livre s’aligne également sur les films de Merzak Allouache dans la mesure où il n’essaie pas de nier les problèmes que vit l’Algérie. C’est précisément son amour pour son pays qui l’a toujours poussé à adopter un ton critique tout en espérant une sortie de crise. L’anecdote suivante, racontée par Allouache, constitue un exemple typique de l’orgueil mal placé et du patriotisme exacerbé qui nourrit un chauvinisme complaisant. Lorsqu’Allouache a présenté son film, Les Terrasses, à Abu Dhabi en 2013, il a aperçu un petit groupe de femmes dans le public brandissant des drapeaux algériens et lançant quelques youyous avant la projection. Lors de la séance de questions-réponses à la fin du film, une de ces femmes algériennes semblait bouleversée et a accusé le réalisateur d’avoir fait un film basé sur des mensonges, avant de scander, par défi : « Tahya Al-Djazaïr » (« Vive l’Algérie »). Cette anecdote symbolise le clivage entre ceux qui refusent de voir leur pays si mal géré et ceux qui prétendent l’aimer, mais qui pourtant, restent à la fois complaisants et complices, face aux difficultés que vit leur société.
Introduction
« J’appartiens à une génération qui a grandi dans les années qui ont suivi la guerre de libération. Comme beaucoup de mes semblables, j’ai été patient et idéaliste. Je nourrissais de grands espoirs après l’indépendance du pays ; l’avenir semblait prometteur, la nation était en train de se reconstruire. Aujourd’hui, nous devons tout reconsidérer, tout défaire et tout reconstruire à partir de zéro³ ».
Merzak Allouache
Cette citation de Merzak Allouache résume, à elle seule, parfaitement l’esprit de son œuvre qui s’étend à présent sur près de cinq décennies. Allouache n’avait que dix ans lorsque la guerre de libération de l’Algérie a débuté en 1954, et seulement dix-huit au moment du recouvrement de l’indépendance. Alors qu’il a été témoin de la dernière décennie de l’ordre colonial, le cinéaste a choisi d’axer l’ensemble de sa production cinéma-tographique sur l’Algérie de l’après-indépendance. Ses documentaires, ses fictions télévisées et ses longs-métrages l’ont consacré comme un cinéaste résolument engagé. Avec l’Algérie chevillée au corps, Merzak Allouache adopte une approche très critique du système social et politique en vigueur. Dans ses films, il aborde les questions essentielles qui touchent le pays depuis son indépendance en 1962, à nos jours. Cette approche l’a parfois placé au centre des débats dans les milieux politiques, la presse et même le monde universitaire. La plupart de ses films (surtout ceux produits au cours des quinze dernières années) ont donné lieu à de nombreuses controverses et lui ont valu de fréquentes attaques dans les médias. Les réactions à ses films, selon qu’elles proviennent de milieux conservateurs ou libéraux, sont diamétralement opposées. Mais son œuvre n’a laissé personne indifférent, que ce soit dans les cercles cinématographiques, politiques ou encore médiatiques.
Certains de ses films abordent la société européenne, en particulier ceux dont l’action se déroule en France, comme Salut cousin ! (1996), Chouchou (2003), Un Amour à Paris (1987), et Tata Bakhta (2011). Ces quatre longs-métrages sont intimement liés à des thématiques ancrées dans les relations entre les deux rives de la Méditerranée. Même s’il s’agit de comédies, ces œuvres comprennent des analyses pertinentes sur l’immigration, l’ethnicité, la religion et l’identité sexuelle, autant de sujets d’intérêt communs aux deux sociétés. Rappelons également que Merzak Allouache a étudié à Paris au début des années 1960 avant de revenir à Alger. Depuis 1993, il navigue entre les deux pays, passant la moitié de son temps à Alger pendant qu’il prépare ou tourne un film, ce qui lui arrive quasiment chaque année, mis à part les quatre films cités plus haut et produits sur le sol français.
Au cours des cinq dernières décennies, Allouache a créé des personnages emblématiques dont les prénoms résonnent encore aux oreilles des cinéphiles, tels que Omar (Omar Gatlato), Boualem (Bab el-Oued City), Alilo (Salut cousin !), Chouchou (Chouchou), et le Omar de Madame Courage. Un des dénominateurs communs à ces personnages est leur statut de « subalterne ». Les héros des films d’Allouache sont pour la plupart issus de milieux populaires et privés de leurs droits. Dans une récente interview relative à Madame Courage, le réalisateur déclarait : « Je ne veux pas faire un film sur la classe moyenne. Ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, parmi lesquels une grande majorité de jeunes, sont nombreux en Algérie. Dans le film, je veux montrer les gens qui ne possèdent rien⁴ ». Dans Chouchou, le personnage principal est un travesti exilé, qui essaie de survivre à Paris. Son alter ego, Alilo, dans Salut cousin ! doit faire face aux mêmes obstacles. Ils découvrent tous deux une ambiance nouvelle à Paris et parviennent tant bien que mal à naviguer dans une nouvelle culture. Dans Bab el-Oued City, un jeune aide boulanger, du nom de Boualem, résiste à l’intimidation des fondamentalistes qui exercent un contrôle sur son quartier, Bab el-Oued et qui prévoient de l’étendre à toute la ville et à tout le pays. Omar dans Madame Courage parvient à survivre grâce à la drogue et aux petits larcins. Les jeunes acteurs de la semi-fiction Normal ! s’efforcent de s’exprimer et de résister à la censure. Le jeune couple dans Le Repenti gagne la sympathie des spectateurs et fait face courageusement à la mort tragique de leur fille, kidnappée puis tuée par les islamistes.
Le cinéma social de Merzak Allouache présente des similitudes avec celui de Sembène Ousmane (Sénégal), de Youssef Chahine (Égypte) de Ken Loach (Royaume-Uni), ou encore avec celui des frères Dardenne