Le Monstre du terril
Par Hervé Hernu
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Avis sur Le Monstre du terril
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Aperçu du livre
Le Monstre du terril - Hervé Hernu
LE MONSTRE DU TERRIL
ISBN : 978-2-491750-00-8
Dépôt légal septembre 2020
© Editions Faute de frappe
Tous droits réservés
HERVÉ HERNU
LE MONSTRE DU TERRIL
Collection
QUAI DES CAUCHEMARS
Créée par Hervé Hernu et Gaylord Kemp
À Jules,
Un jeune lecteur impatient,
j’en suis sûr, de le découvrir…
Controleur Train Quai des CauchemarsÀ bord du train
« Voyageur de l’horreur, bienvenue sur le Quai des cauchemars. Ne reste pas comme ça, les bras ballants, et monte plutôt ici, il y a une place juste là !
Attache ta ceinture. Un sac à vomi se trouve juste sur ta droite, au cas où tu aurais un petit cœur et que tu ne supportes pas la vitesse à laquelle le train file. Trois… Deux… Un…
Te voilà sur le chemin. J’en oublie les bonnes manières. Il faut dire que tu as attrapé ce train à la dernière minute. Cela semble être une fâcheuse habitude !
Je me présente : Harold, le contrôleur du train du Quai des Cauchemars. En montant ici, tu acceptes que je t’emmène vers les confins des ténèbres. Sache que tu vas trembler, peut-être même feras-tu des cauchemars des nuits durant. Terroriser les gens, c’est ma spécialité.
Aujourd’hui, je te transporte vers une destination troublante… Dans une petite ville du nord de la France, où les habitants se sont laissé déborder par une sordide histoire. Tu la découvriras au fil des pages. Mais prends garde, un monstre est toujours proche.
Sur ce territoire, de grands cônes jalonnent le paysage. Ici, dans le nord, on les appelle terrils. Dans le Sud, ce sont des crassiers. Il s’agit des déchets de la mine, extraits par les mineurs pendant de longues années. Comme l’amas de terre quand on creuse un trou pour y enterrer un corps, mais en beaucoup plus volumineux. Telle une montagne, en plus petit format.
Tu découvriras bien assez vite que quelque chose s’y cache. Oseras-tu aller jusqu’au bout de cette terrifiante histoire ? Tu y es obligé… À ce stade du voyage, il est impossible de faire marche arrière !
Ah ah ah ah ah ah ah !
Bon voyage.
Le train s’arrête ici. Bienvenue à Avion… »
DIMANCHE
Terreur au terril
1.
Arthur Lesage aurait bientôt 14 ans. Dans une semaine, il fêterait son anniversaire chez lui, en compagnie de ses meilleurs potes du collège. Sa mère avait accepté qu’il puisse enfin faire la teuf, la vraie ! Il avait prévu un grand buffet — uniquement sucré car tout le monde préfère le sucre sur cette terre, sauf les adultes, des sodas du plus simple au plus élaboré, même si sa mère était un peu écolo sur les bords et qu’elle préférait de loin qu’ils consomment des jus de pommes produits à quelques kilomètres de chez lui.
— C’est non seulement meilleur pour la santé, mais en plus cela fait travailler les producteurs locaux, disait-elle sans cesse.
Au fond, Arthur savait qu’elle avait raison. Tous ces trucs sur la fin du monde et surtout, en fait, de l’humanité, il en avait conscience. Mais c’était son anniversaire et il ne voulait surtout pas décevoir les copains. Il savait qu’ils le pointeraient du doigt s’il ne mettait pas à leur disposition tout ce qu’ils aimaient. Un petit écart et c’est tout !
Tout fier, il promenait Pagaille, son Jack Russell Terrier de 7 ans, encore vif et dynamique. Les chiens de cette race pouvaient vivre jusqu’à 16 ans, il était donc presqu’à la moitié de sa vie. Contrairement à Arthur, qui la commençait à peine.
Le terril du Pinchonval, à Avion, s’étendait sur deux kilomètres de verdure et d’arbres, principalement de bouleaux. À cette période de l’année, l’automne faisait virer les couleurs au vif et dénudait peu à peu le paysage prêt pour accueillir la neige de l’hiver. Arthur aimait beaucoup ce décor. Se promener avec son compagnon à quatre pattes lui permettait de ne penser à rien et de respirer. Arthur adorait les jeux vidéo mais ils lui filaient toujours des maux de tête insoutenables. Cela le dérangeait mais, au moins, il ne pouvait pas trop en abuser. Il frissonna et tira un peu sur son bonnet de laine pour éviter que le froid ne s’immisce dans sa chevelure brune. Du bruit, sur sa gauche, attira son attention. Au loin devant, Pagaille avait repéré un animal, peut-être un rat ou une souris, qu’il tentait de chasser.
— Pagaille, viens ici !
Un pressentiment s’empara de lui. Il avait la sensation que quelqu’un était juste là, derrière les arbres et les buissons, à l’observer. Ses yeux balayèrent sa droite puis sa gauche. Rien ni personne. Une odeur nauséabonde contrastait avec celle du bois et de la terre. Une odeur d’égout, de pourri.
Un nouveau bruissement retentit.
Le craquement d’une branche résonna. Il n’était pas seul ici et la nuit commençait à tomber. Il ne fallait pas traîner.
— Pagaille, viens, on rentre ! ordonna le garçon.
Le chien court sur pattes s’élança dans sa direction. À sa hauteur, son maître le félicita en lui caressant le crâne jusqu’au museau et entama la marche du retour à la maison. Le ciel s’assombrissait au-dessus de leur tête. La nuit ne tarderait pas à tomber. Le chemin s’enfonçait sous les branches des nombreux bouleaux qui formaient un épais bois aux lignes verticales blanches écaillées de noir. Déjà des milliers de feuilles colorées du rouge au jaune jonchaient le sol, quelques fois en des tas impressionnants. Une odeur de terre mouillée s’élevait, mélangée parfois d’un doux parfum de thym. Alors qu’ils s’éloignaient, Pagaille aboya. D’une manière qu’Arthur n’aimait guère, car elle était le signe d’un danger.
— Qu’y a-t-il, Pagaille ?
Le chien grogna avec hargne. Sans comprendre ce qui se passait, Arthur leva les yeux dans la direction que fixait l’animal. Quelque chose était probablement là, caché dans les bois, comme il l’avait pressenti. Arthur reprit sa marche et avança de quelques pas avant de s’interrompre : Pagaille ne bougeait pas, toujours occupé à gronder.
— Pagaille, viens ici tout de suite, on rentre !
Mais le chien n’obéit pas. Soudain, un étrange et inquiétant grommellement provint des buissons. Arthur en eut la chair de poule, d’autant que Pagaille gémit avant de foncer droit vers la sortie du parc.
— Attends-moi !
Arthur s’élança à sa poursuite, la panique s’emparant rapidement de lui. Il avait compris qu’il courait un danger. Il y avait quelque chose qui rodait dans les feuillages et il préférait ne pas savoir de quoi il s’agissait. Si son chien, qui était d’ordinaire très teigneux, filait si sec, c’était qu’il ne fallait pas zoner plus longtemps. Le compagnon à quatre pattes disparut au virage suivant.
— Pagaille ! hurla Arthur.
Il allait le perdre. Si jamais il traversait la rue et se faisait percuter par une voiture, il s’en voudrait toute sa vie. Pourquoi diable était-il venu tout seul ici avec lui ? Quelle mauvaise idée…
Des pas résonnèrent dans les bois.
Sur la gauche, puis sur la droite. Quelqu’un se déplaçait très vite autour de lui. Il prit ses jambes à son cou. Il devait se sortir de cette impasse et retrouver son compagnon. Ses muscles lui faisaient mal. Il n’était pas prêt à faire du sport, et quel sport !
Un relent pestilentiel s’éleva alors, comme celui du fumier en plein soleil. Des grognements retentirent à nouveau et, alors qu’il jetait un œil derrière lui, il ne vit pas la forme énorme le dépasser à travers bois. En regardant à nouveau devant lui, il s’arrêta net. Les branches d’un arbre se balançaient, ce qui signifiait que quelqu’un s’y était caché.
— Qui est là ?
Sa voix tremblotait, tout comme ses membres.
Lorsque l’individu passa au-delà des feuillages, Arthur lâcha un cri strident qui résonna loin.
Nouveau grognement immonde, menaçant. Et cette horrible odeur. Arthur repartit en sens inverse. Il fallait fuir, mais par où ? Dans cette direction, il s’éloignait plus profond dans les bois