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Le Livre qui parle de toi
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Livre électronique423 pages5 heures

Le Livre qui parle de toi

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À propos de ce livre électronique

« Ce livre tente de nous faire revenir à l'essentiel, à ce qui est important pour nous afin d'être heureux sans se préoccuper de l'avis des autres, notre essentiel, c'est nous, et tout peut s'arrêter demain ! » (avis de Julie B)
Un soir, alors qu'elle rentre chez elle après sa journée de travail, Aurélie, mère de famille active habituée à la frénésie de la vie parisienne, découvre un livre qui parle… d'elle. Mais qui parle aussi de la recherche de sens et des valeurs que l'on peut si facilement perdre de vue.
Rien ne sera plus comme avant, car ce livre va pousser Aurélie à se réinventer, et, au fil des questionnements, à changer de paradigme pour tracer sa voie vers l'épanouissement.
« Détends-toi, bois un truc si ça t'aide à encaisser le choc, mais surtout, attache ta ceinture. Parce que là où nous allons, crois-moi, aucun bouquin ne t'y a encore emmené... »
LangueFrançais
ÉditeurSAGA Egmont
Date de sortie2 mars 2024
ISBN9788727027678
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    Aperçu du livre

    Le Livre qui parle de toi - Philippe Meisburger

    Philippe Meisburger

    Le Livre qui parle de toi

    Saga

    Le Livre qui parle de toi

    Image de couverture: Shutterstock

    Copyright © 2023 Philippe Meisburger et SAGA Egmont

    Tous droits réservés

    ISBN: 9788727027678

    1ère edition ebook

    Format: EPUB 3.0

    Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée/archivée dans un système de récupération, ou transmise, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, sans l'accord écrit préalable de l'éditeur, ni être autrement diffusée sous une forme de reliure ou de couverture autre que dans laquelle il est publié et sans qu'une condition similaire ne soit imposée à l'acheteur ultérieur.

    www.sagaegmont.com

    Saga est une filiale d'Egmont. Egmont est la plus grande entreprise médiatique du Danemark et appartient exclusivement à la Fondation Egmont, qui fait un don annuel de près de 13,4 millions d'euros aux enfants en difficulté.

    À celles et ceux qui se reconnaîtront en Aurélie, aux amoureux et amoureuses de la liberté qui n’en peuvent plus des « c’est comme ça », à ceux qui espèrent l’avènement d’un courant constructif qui nous permettra de bâtir – enfin – ce monde meilleur qui est à notre portée, si seulement nous avions l’intelligence de nous débarrasser de nos œillères…

    Aux équipes de la réserve naturelle de la Petite Camargue Alsacienne, mes quatorze étangs à moi, en particulier Christelle, Cassandra, Véronique, Galatée, Marion et Léa.

    Toute coïncidence ou ressemblance avec des personnages réels ou imaginaires est involontaire. Ce récit est une œuvre de pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes, œuvres, lieux, événements, entreprises et marques existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

    1.

    « Hé toi!

    Oui toi…

    … toi qui as les yeux rivés sur cette page.

    ’Fais pas comme si t’avais pas pigé, c’est bien à toi que je parle.

    Quoi? T’as pas l’habitude qu’un livre se mette à te causer? T’avais encore jamais lu de bouquin qui te choppe comme ça, direct, à l’improviste, dès les premières lignes? Ben avec moi, faudra t’y faire!

    Ah parce que tu crois qu’on peut ouvrir comme ça, impunément, sans risque, un bouquin qui s’appelle Le livre qui parle de toi? Ça va encore la tête? Tu te trompes grave, là… ce que tu as ouvert, c’est plus qu’un livre.

    C’est ton livre.

    Ta boîte de pandore aussi.

    À présent, impossible de faire marche arrière, je suis comme le génie sorti de sa boîte. ’Va falloir que tu t’y fasses…

    Je sais bien qu’à ce stade, tu crois encore pouvoir m’échapper… Tu crois qu’il te suffira de me refermer et puis voilà? Eh bien essaie voir… vas-y, essaie… j’attends…

    Et voilà le travail! Tu piges le truc maintenant?

    Je suis entré dans ta vie, et crois-moi, à partir de maintenant, je ne vais plus te lâcher les baskets.

    Là, je vois ta mine déconfite, sur laquelle on peut lire quelque chose comme « wah balaise, comment qu’il a fait le bouquin pour piger ce qui se passe là, pile en ce moment, dans ce coin obscur sous mon crâne qu’on appelle mon cerveau? ».

    Tu vois, je lis en toi comme dans un livre ouvert.

    Ça tombe bien, c’est exactement ce que je suis: un livre ouvert face à tes yeux. Je peux voir le moindre détail de tes mirettes qui parcourent mes lignes, je ressens le moindre de tes doigts qui effleure mon papier, et je tiens à te signaler que j’ai aussi entendu là, à l’instant, quand tu as lâché ce petit…

    Non, c’est pas possible…

    Et pourtant si, c’est possible. La preuve.

    Alors détends-toi, bois un truc si ça t’aide à encaisser le choc, mais surtout, attache ta ceinture. Parce que là où nous allons, crois-moi, aucun bouquin ne t’y a encore emmené… »

    2.

    Avril 2019, appartement de la famille Moulin, Paris XVe, l’instant d’après…

    Aurélie ferme les yeux, incrédule.

    Aurélie? Je sais, vous ne la connaissez pas encore, mais croyez-moi, elle va vite devenir votre meilleure amie.

    Pourtant là, au début, c’est loin d’être gagné.

    Alors comment vous dire… Aurélie Moulin, bientôt ex-trentenaire, n’est pas une Parisienne, c’est LA Parisienne. Mais attention, pas la Parisienne romantique qu’on vous vend à l’office du tourisme, une sorte de Parisienne éternelle, qui n’aurait pas bougé depuis Amélie Poulain… non, Aurélie, c’est la Parisienne, la vraie de vraie, celle du monde réel, bien de sa personne quoi que se considérant un peu trop enveloppée, toujours au taquet, toujours dans le mouv’, débordée, stressée, speedée, overbookée, et plein d’autres mots en -ée qui font d’elle la jeune femme active typique de son époque. Une Parisienne type avec le vocabulaire qui va avec, comme hier soir dans le métro:

    – Imbécile!C’est parce que je suis une gonzesse que tu te permets de me pousser comme ça?

    Rassurez-vous, ce n’est pas le seul registre de langue qu’Aurélie maîtrise. La jeune femme est également bilingue Français / Hypocrite. Par exemple, le week-end dernier, alors qu’elle est en club ¹ avec des collègues de travail, l’une d’entre elles vient la voir et lui tient à peu près ce langage:

    – On s’éclate grave, non?

    Dans sa tête, la réponse est claire:

    Non. L’ambiance est nulle, la musique est naze, ce club est pourri…

    Cependant, comme par magie, une fois passée au filtre des convenances sociales, cette même pensée – à peine travestie – donne quelque chose du genre:

    C’est clair. Le DJ assure grave.

    Faut jouer le jeu.Surtout que c’est mon chef de service qui a choisi cet endroit…

    À cet instant précis, au moment même où ces paroles passent le détroit de ses lèvres, Aurélie est, sans le savoir, à quarante heures pile de LA rencontre qui va bouleverser sa vie.

    H-40…

    À H-28 – Soit le lendemain à midi – la voilà à table dans sa cuisine, en compagnie de son fils Lucas – 12 ans – et de Vincent, 31 de plus, qui se trouve accessoirement être son mari.

    Vincent est un homme moderne, mais pas trop. Que sa femme aille travailler? Bien sûr! Qu’elle continue sa journée une fois à la maison où le ménage l’attend? Cela va sans dire… mais quand il s’agit de mettre la main à la pâte, c’est… c’est toujours l’heure des infos, ce qui a le don de faire enrager Aurélie:

    Et la fonction enregistrement, c’est fait pour les chiens?

    Oui, mais tu sais, dans le monde actuel, avec Trump d’un côté et les gilets jaunes de l’autre, l’actu file à une de ces vitesse, donc pour comprendre le monde, tu sais, ça fait…

    Ça fait une bonne excuse, oui!

    Juste avant de monter le volume sonore à un niveau clouant le bec à son épouse, Vincent lâche son traditionnel:

    Et vérifie que Lucas ait fait ses devoirs avant de jouer à ses stupides jeux vidéo!

    H-27. Les extraterrestres n’ont qu’à bien se tenir: Lucas est dans la place. Grand héros de l’univers, Lucas vient déjà d’en zigouiller un bon millier, passant avec brio au niveau trois de Star avenger, sur sa PS4.

    Bon, pour faire simple, Star avenger, c’est de la diplomatie interstellaire une fois que les diplomates ont quitté le terrain, et que seuls les phasers à protons ont voix au chapitre. Viril mais correct comme qui dirait…

    Mais alors qu’Arcturor, le grand méchant venu de plus loin que l’univers est sur le point d’être renvoyé manu militari dans sa galaxie d’origine, une alliée inattendue vole à sa rescousse: Aurélie, dans son rôle de bras armé de l’éducation nationale.

    Je t’ai déjà dit Lulu: pas de canons à protons avant d’avoir résolu tes équations…

    La mine de l’enfant passe en un éclair de l’excitation à l’abattement.

    Oui, m’man…

    H-26. X au carré + Y au carré égal…

    H-23. L’heure du dîner. Made in micro-ondes. R.A.S. Pas un mot d’échangé entre les différents protagonistes. Aurélie, Vincent et Lucas se contentent d’avaler le contenu de leurs assiettes, la tête ailleurs.

    ’Sont nuls mes parents… ils croient que Pythagore est plus cool qu’Arcturor…

    ’Est nul ce gosse… s’il continue sur cette voie, il finira à pôle emploi…

    H-18. Tout le monde est au dodo. À cet instant précis, Lucas rêve de mondes étranges, au bout du bout de l’univers, là où nul homme n’est encore allé, à la découverte de planètes lointaines, peuplées de monstres presque aussi terrifiants que le théorème de Thalès…

    Au même moment, Aurélie et son mari font exactement le même rêve: ils ne rêvent de… rien.

    H-11. Petit déjeuner. Idem que la veille. R.A.S.

    H-8. Aurélie est au bureau. Devant elle, une centaine de mails urgents à traiter. La jeune femme prend son courage à deux mains et clique sur le premier.

    À mon tour de jouer aux jeux vidéo… pas sûr que je sauverai le monde grâce à ça…

    H-4. Pause déjeuner. R.A.S.

    H-2. Le son d’une clochette électronique retentit.

    Aurélie, vous avez un e-mail…

    D’un regard rapide, la jeune winner executive en évalue l’importance.

    Aïe. Un client important. À traiter de toute urgence.

    La jeune femme inspire profondément, passe en mode hypocrite et commence à taper sur son clavier:

    « Cher client, je suis ravie d’avoir de vos nouvelles… » Imbécile…

    H-1. Enfin la fin de la journée. Libérée? Délivrée? On verra ça après l’épreuve quotidienne du métro…

    H-30 minutes. Aurélie a rejoint une rame, direction son home sweet home. Autour d’elle, ses compagnons de route se résument à une nuée de Franciliens affichant tous la même mine d’enterrement.

    Les vendeurs d’antidépresseurs ont encore de beaux jours devant eux…

    H-10 minutes. Station Vaugirard. Allez, plus que quelques rues et Aurélie rentre mai-son…

    H-3 minutes. Aurélie est devant chez elle. Bip bip bip bip, digicode, ascenseur… ascenseur…

    Faites qu’il ne soit pas en panne, ce con!

    L’ascenseur arrive. Ouf!

    H-1 minute. Aurélie insère les clés de son appartement dans la serrure. La porte s’ouvre, elle retire son écharpe et pose son sac sur la table.

    H-10 secondes. Aurélie s’apprête déjà à prendre sa douche quand elle s’aperçoit de quelque chose…

    Enfin!

    Aurélie se retourne lentement. D’abord sa tête puis le reste de son corps.

    H-5 secondes. Voilà. Elle me fait face. Ses yeux me fixent. Ses lèvres se mettent à remuer:

    Qu’est-ce que…

    Ben c’est moi, ton livre!

    Ses mains s’avancent vers moi.

    3… 2… 1… contact!

    Je sens son épiderme contre ma couverture. Elle m’observe, me tâte, me soupèse, puis finit par me prendre entre ses mains. Enfin je peux voir les alentours. Ma foi, c’est un joli F3 que Madame habite…

    Ses yeux s’arrêtent à présent sur le titre imprimé en grand, occupant la majeure partie de ma couverture. À nouveau, ses lèvres remuent de manière quasi imperceptible.

    Ça y est, elle le lit. Elle me lit.

    – Le livre… le livre qui parle de toi?

    Ses yeux déjà stupéfaits s’écarquillent encore davantage alors qu’elle découvre la mention manuscrite, rajoutée au crayon à papier à la suite de mon titre. Son sang ne fait qu’un tour:

    – Pour… pour Aurélie…

    C’est pas possible…

    Son visage n’est plus qu’étonnement. Elle hésite entre me reposer ou en savoir davantage.

    Ouvre-moi! Ouvre-moi bon sang!

    Aurélie regarde alentour, balayant l’espace de ses yeux étonnés. Personne à la ronde.

    Mais comment ce livre a pu arriver ici?

    Sans même me reposer, voilà soudain qu’elle se décide à me crier dans les oreilles:

    Vincent! Lucas! Vous me faites…

    Vous me faites une blague?

    Seul l’écho de sa voix se plaît à lui répondre. Il n’y a personne d’autre qu’elle dans cet appartement. À nouveau, ses yeux se penchent sur ma couverture. Cette fois, un éclair de curiosité brille dans son regard. Ses mains s’emparent de moi et m’ouvrent brusquement, dévoilant à ses yeux incrédules les premiers mots de mon premier chapitre:

    « Hé toi!

    Oui toi…»

    Son regard me parcourt de gauche à droite, passant d’une ligne à l’autre. La curiosité qui anime ses yeux grandit à vue d’œil.

    Ça y est, elle a plongé…

    3.

    « Enfin! Enfin quelqu’un qui veut bien s’intéresser à moi! Tu ne sais pas comme ça peut être dur pour un livre d’être laissé seul, à traîner dans un coin, pendant que la poussière s’amoncelle sur toi ou – pire encore – quand tes propriétaires te réduisent au vil rôle de cale soutenant un meuble… mais toi, toi qui me lis, je sais que tu ne me feras jamais ça. Alors, pour te récompenser, je vais t’offrir le plus grand des cadeaux. Si si! Mais d’abord, il faudra que tu me fasses une promesse. Une promesse qui nous liera à jamais. Tu ne dois pas, mais alors absolument pas, parler de moi. À personne. Même pas à tes proches, même pas à tes amis. Je serai le secret qui nous lie, le secret que tu garderas au fond de ton cœur.

    Qu’arrivera-t-il si tu parles de moi? En fait, reconnaissons-le tu ne risques… rien! Au pire, on te dira que tu es stupide, que les livres qui parlent de toi ne peuvent pas exister, ou alors juste dans les magasins de farces et attrapes… Bref, personne ne te croira, tu seras la risée des autres tandis que pour moi, commencera alors la tant redoutée carrière de cale de meuble… tu ne veux quand même pas que ça se finisse ainsi, ou bien? Je suis sûr que non, et pour te remercier de ta confiance, je vais te révéler quelque chose… allez, n’aie pas peur, tends l’oreille, approche tes yeux, mets tes lunettes si nécessaire… voilà… allez, je me lance… j’ai… j’ai un trésor à t’offrir! »

    Aurélie repose un instant le livre, regarde par la fenêtre, avant de lâcher d’une voix étonnée:

    Un trésor?!

    « Oui oui, tu as bien lu. Un trésor. Un vrai trésor, encore mieux que dans les films de pirates. Un trésor que seul TOI pourras trouver, le plus grand de tous les trésors. Je ne peux te dire en quoi il consiste, mais je peux t’affirmer que mes pages en renferment la clé, une clé unique, rien que pour toi, vu que ce livre t’est destiné. Quel est-il? Tu le sauras quand tu l’auras découvert, mais sache dès à présent qu’aucun butin au monde ne pourra rivaliser avec celui que je peux t’offrir. Même certains des plus grands milliardaires qui vivent à la surface de cette planète ne disposent pas d’un trésor comparable à celui que je t’offrirai, un trésor qui n’attend que toi pour enfin briller au grand jour.

    À présent, à toi de jouer! »

    C’est alors qu’un bruit tire Aurélie de sa lecture.

    Retour au réel…

    Aurélie tourne lentement la tête. Aucun doute n’est permis.

    Ce sont des bruits de pas. Deux séries de pas pour être plus précis. Des pas qui s’approchent à grande vitesse…

    La jeune femme balaie frénétiquement sa cuisine du regard. Ses yeux finissent par fixer son sac. C’est la seule solution. Elle n’a plus qu’une seule idée en tête: vite. Cacher le livre.

    Cacher mon secret…

    4.

    Appartement de la famille Moulin, Paris XVe, l’instant d’après.

    À peine Aurélie a-t-elle glissé le livre dans son sac que la porte s’ouvre.

    Maman!

    Mon Lulu’!

    C’est Lucas, de retour de l’école. Une autre voix, plus grave, vient se joindre à celle de son fils. Celle-ci complète:

    … et son papa!

    Voilà. Tout le monde est rentré à la maison.

    Retour à la réalité que je vous disais…

    Une nouvelle fois, le repas est pris à toute vitesse. Microondes, vite fait bien fait, servi brûlant pour un dîner glacial. Et quand vient l’heure de la vaisselle…

    Désolé chérie, les infos…

    La série qui ne s’arrête jamais…

    Lucas s’est quant à lui déjà enfui dans sa chambre, laissant Aurélie seule face aux tâches ménagères.

    Ah merci les féministes… Elles pensaient nous libérer en nous poussant à aller bosser. Résultat on bosse au bureau… avant de se remettre à bosser sous notre propre toit…

    Soudain, venue en direct live du canapé du salon, la voix grave de son homme coupe net son élan ménager:

    Au fait Auré’, va voir si Lucas fait ses devoirs…

    Maman Aurélie lève les yeux au ciel.

    Tu pourrais lever ton cul pour une fois?

    Un regard rapide en direction du salon. Comme chaque soir, monsieur est bien confortablement lové dans le canapé.

    C’est encore moi qui vais devoir jouer la méchante…

    À l’approche de la chambre de Lucas, Aurélie comprend qu’elle devra de nouveau jouer au gendarme: quelques sonorités électroniques montent de derrière la porte close, dissipant ses dernières illusions.

    Mais qu’est-ce qu’on va faire de lui?

    Elle se hasarde à pousser la porte. Sans surprise, Lucassuperhéros-de-l’univers est plus occupé par les aliens que par les théorèmes. Dès que le Capitaine Flam d’appartement aperçoit sa mère par l’entrebâillement de la porte, son expression encore enthousiaste l’instant d’avant rejoint illico la norme des voyageurs du métro: triste et désabusée.

    Quoi m’man?

    Le visage dur de sa mère ne laisse aucune place au doute:

    Et tes maths? Tu sais bien qu’avec papa on veut que tu fasses d’abord tes exos de maths avant de…

    Oh non…

    Allez hop, marre de discuter, Aurélie décide de poser un acte d’autorité: d’un coup sec, elle tire sur le câble et débranche la console.

    Alors là forcément, elle marchera moins bien…

    De triste, le visage de Lucas vire à catastrophé.

    Mais m’man… j’étais sur le point de trouver le trésor!

    Aussitôt les yeux d’Aurélie s’écarquillent.

    Qu’est-ce que tu as dit? Trouver le… trésor?

    L’espace d’une seconde, un millier d’idées se bousculent dans sa tête. Toutes la ramènent au secret qu’elle a enfoui de justesse dans son sac à main.

    Le livre. Ce mystérieux livre qui n’a pas cessé de me trotter dans le crâne…

    Cet instant de flottement n’échappe pas à Lucas.

    Quoi? Qu’est c’qu’il y a, m’man?

    Mince. Grillée. Par mon fils en plus…

    Rien… rien mon ange…

    Lucas fixe sa mère de manière circonspecte.

    Ça fait combien de temps qu’elle ne m’a plus appelé mon ange, surtout au moment de me chopper sur ma console à l’heure des maths?

    Maman… ça va?

    Oui oui, ça va…

    Vite, trouver quelque chose, afin qu’il ne se doute de rien…

    … mais ça ira encore mieux quand tu auras fait tes devoirs…

    Pff…

    Le regard de chien battu que Lucas lui lance atteint sa cible. Droit au cœur. Mais le cœur a ses raisons que la raison n’a pas à comprendre.

    Dans la vie, le cœur, tu l’oublies…

    Ne fais pas cette tête, Lucas. Tu ne veux quand même pas finir comme un raté, non? Alors il faut que tu bosses. Tous les jours. Dur. La vie, ce n’est pas un jeu vidéo. La vie c’est hard, faut être fort, faut se battre, faut gagner, être le meilleur. Toujours. Alors fais ce qu’on te dit, bosse, ne perds pas ton temps à jouer à ces jeux idiots…

    Le garçon baisse les yeux. Des yeux pleins de tristesse…

    Si c’est ça la vie d’adulte, alors moi, j’adulterai pas!

    À bout, et sans doute aussi pour ne pas se laisser envahir par ce sentiment de culpabilité qui la gagne à chaque fois qu’elle est obligée de l’arracher à ses rêves, Aurélie passe la seconde:

    Bon, ça SUFFIT CES ENFANTILLAGES! Tu vas te mettre au boulot, FEIGNASSE!

    L’instant d’après, elle s’en veut déjà.

    Pourquoi suis-je si dure avec lui?

    Elle se pince les lèvres et tourne la tête, pour ne pas avoir à affronter les larmes qui s’invitent dans les yeux de l’enfant.

    Désolée mon Lulu, mais c’est le jeu… le vrai… Péniblement, Lucas range son joystick, qu’il troque d’un geste las pour ses livres, cahiers, règle et stylo. Son sadstick.

    À présent l’enfant est attablé devant ses devoirs. Une expression de satisfaction mêlée de culpabilité se dessine sur le visage de sa mère.

    Voilà. C’est mieux comme ça. Tu as quoi comme leçons à réviser ce soir?

    Ça, m’man…

    La voix de Lucas est pleine d’amertume, semblant comme implorer sa mère.

    T’as jamais été enfant, maman?

    Tentant de se faire pardonner, Aurélie vient s’asseoir à côté de son fils et l’aide à réviser. Au programme ce soir: les triangles, leurs propriétés, les médianes, médiatrices et autres bissectrices que la jeune femme a depuis longtemps oubliées.

    Et là tu vois maman, là où les médianes se coupent, se trouve le centre de gravité du triangle, que l’on appelle aussi le point G…

    Aurélie ne dit mot, le regard perdu dans le vague, laissant échapper un soupir.

    Ah c’est sûr, ça n’aurait pas été un truc pour mon Vincent de mari… parce que lui, trouver le point G, ça fait des lustres que ce n’est plus son fort…

    Une fois les devoirs de son fils terminés, Aurélie le laisse à ses aventures intergalactiques et décide d’aller voir son mari. Une fois pour toutes.

    Monsieur commande, mais quand il s’agit de mettre les mains dans le cambouis…

    D’un pas décidé, elle pénètre dans le salon. Seule la télé l’attend. Mais pas de mari à l’horizon.

    Pourtant c’est bien sa série préférée qui marche, là…

    Vincent… chéri…

    Pas de réponse. Bizarre…

    Malgré tous ses défauts, c’est mon homme. Je l’aime.

    Vincent, chéri, t’es où?

    Toujours rien.

    Personne à la cuisine, dans leur chambre idem. Perplexe, Aurélie tente sa chance chez Lucas…

    Quoi m’man?

    Tu sais où est papa?

    À l’heure qu’il est, il est devant la télé, non?

    Ben non…

    S’en suit l’inspection de la douche. Rien.

    Ne reste alors plus qu’une seule possibilité. La petite porte au fond de l’appart’.

    Les WC.

    D’un pas décidé, Aurélie s’approche de l’endroit fatidique.

    Vincent, t’es là?

    Un petit « oui », étouffé par le bois de la porte, parvient à ses oreilles.

    Chéri, qu’est-ce que tu fous?

    Pas de réponse.

    Ce n’est pas normal…

    Elle décide alors de coller son oreille à la porte. Le son caractéristique de la chasse d’eau vient répondre à toutes ses questions. L’instant d’après, Vincent sort des toilettes, en nage.

    Chéri… Vincent… y a quelque chose qui va pas?

    Si si… ou non… oh, y avait un truc qui est pas passé et… et puis voilà.

    Elle a beau essayer de se convaincre du contraire, elle a la sensation de quelque chose de bizarre dans la réponse de son mari.

    Un manque de sincérité peut-être?

    *

    Minuit. Madame et Monsieur sont au lit, couchés dos à dos. Tandis que son mari s’est endormi comme une souche, Aurélie n’a, quant à elle, pas réussi à trouver le sommeil. Je vous laisse deviner la cause de son insomnie:

    Qui m’a fait parvenir ce livre? Vincent? Ça ne lui ressemble pas, mais alors pas du tout… Lucas? Il aurait la fantaisie pour cela, mais de là à passer de la théorie à la pratique… Quelqu’un du boulot? Non, et de toute façon, comment aurait-il pu rentrer chez moi? Et puis pourquoi moi? Le bouquin s’intitule « le livre qui parle de toi » et la mention manuscrite « Pour Aurélie » ne fait aucun doute: j’en suis bien la destinataire. D’ailleurs l’écriture elle-même disculpe mon mari et mon fils. Ce n’est pas celle de Vincent, et encore moins l’écriture de chat de Lucas… mais alors qui? Je serais volontiers allée à la Police pour en parler, mais non, j’aurais encore eu droit à des rires de machos face à la petite dame qui se fait un film sur un livre qu’on lui a offert pour lui faire une blague… mais qui, qui alors a pu me faire ça?

    Aurélie a beau tourner et retourner la question dans sa tête, aucune réponse satisfaisante ne voit le jour, tandis qu’inexorablement, son précieux temps de sommeil s’envole.

    Et demain, insomnie ou pas, faudra que je sois au top au bureau…

    Elle émet un petit râle, comme si de rien n’était. C’est alors que son Vincent de mari, qu’elle pensait profondément endormi, se manifeste:

    Tu ne dors pas chérie?

    Non…

    ’Y a quelque chose qui va pas?

    Ben oui. J’ai reçu un bouquin bizarre et si je t’en parle tu me prendras pour une dingue. À part ça tout baigne…

    Oh, le boulot…

    Moi aussi… ça fait deux heures que j’essaie de dormir et…

    La jeune femme ouvre grand ses yeux, surprise.

    Et dire que je croyais que tu dormais comme un bienheureux…

    Ah parce que toi aussi tu ne dormais pas?

    Oui. Mais je crois que je vais me relever. ’Y a sans doute quelque chose de bien à la télé… ça sera toujours mieux que d’attendre bêtement dans mon lit que le sommeil se pointe…

    Aussitôt dit, aussitôt fait, Vincent se lève, enfile ses charentaises et va se lover dans son canapé fétiche, en face de la télé, zappette au poing.

    Mets pas trop fort, Lucas dort…

    OK.

    Alors que le son de la télé perd en intensité, Aurélie en profite pour discrètement ouvrir son sac. Elle en tire l’objet qui se dresse entre elle et son sommeil: son livre.

    Moi…

    Elle s’installe alors doucement au sol, dos à la porte de sa chambre, afin d’empêcher toute intrusion inopinée. Armée de son smartphone en mode lampe torche, elle cède à la tentation qui la ronge depuis le retour de sa petite famille:

    Continuer la lecture de ce fichu livre

    Elle m’ouvre à la page où elle m’avait laissé et, dès les premières lignes, ses yeux s’illuminent.

    C’est incroyable!

    5.

    « Tiens tiens, qui revoilà… mais c’est toi! Je te reconnais, oh toi à qui j’ai promis mon trésor… pourtant, honnêtement, entre nous, tu n’es pas du genre à croire aux trésors cachés ou aux livres qui apparaissent comme par magie, pour te parler de toi et du secret inestimable que je compte bien te révéler… ou bien? Toi, tu es une personne sérieuse, équilibrée, rationnelle, qui connaît la vie, et tu sais très bien que des livres comme celui que tu tiens entre tes mains, ça ne peut pas exister. C’est im-possible. Et pourtant, hein, honnêtement, dis-moi… tu n’aurais pas envie d’y croire? Tu n’aurais pas envie que ce ne soit pas une mauvaise blague, et qu’au bout se trouve réellement un trésor qui changera ta vie? Eh bien je vais te révéler la première partie de mon secret: c’est parce que des livres comme moi ne peuvent pas exister qu’ils existent!

    Je sais, c’est bizarre. On n’en parle pas dans les journaux, et encore moins autour de la machine à café… mais je vais même aller plus loin: c’est parce que les chasses au trésor comme celle à laquelle je te convie ne peuvent pas exister que tu as envie d’y croire. Y croire pour trouver ton trésor, celui qui t’attend quelque part… peut-être moins loin que tu ne le crois…

    Alors comme je suis gentil et qu’on est entre nous, je vais te donner les premiers indices qui te permettront d’entamer ta quête. Ces trois indices sont trois mots. Trois mots simples, des mots de tous les jours, rien de compliqué qui nécessite un doctorat en lettres machin bidule, des mots basiques que même les candidats de télé-réalité utilisent, c’est dire… allez, je ne te fais pas languir davantage: ces trois mots qui te permettront de te lancer sur la piste de ton trésor, ces trois mots dont il te faudra comprendre et interpréter le sens, ces trois mots qui te donneront accès à plus que tu ne pourrais imaginer sont REVENIR, COPIE et…

    6.

    Dans le métro, station Vaugirard, Paris XVe, le lendemain, 08h05.

    … BRÛLER ».

    Aurélie vient d’arriver sur le quai de la station Vaugirard, essoufflée, plus ou moins prête à affronter une nouvelle journée au bureau. Elle a pourtant couru aussi vite que possible pour l’attraper, ce fichu métro… peine perdue, les portes s’étaient fermées devant elle, à son nez et à sa barbe.

    Foutues chaussures à talons…

    La jeune femme laisse échapper un juron. Elle a toujours détesté cette situation. Elle aime que tout aille vite, que tout marche comme sur des roulettes, alors que là, la voilà coincée pour de longues minutes, plantée face à l’affiche publicitaire dont est affublé le mur du quai d’en face.

    Soudain, ses yeux s’écarquillent.

    C’est pas possible…

    Aurélie n’en revient pas. Sur l’affiche, un jeune couple en maillot de bain, heureux et bronzé, prend du bon temps sur une plage de rêve,

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