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Acadissima
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Livre électronique370 pages4 heures

Acadissima

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À propos de ce livre électronique

Acadie, 1917. Dans un village acadien de bord de mer, où la vie se déploie au fil de ses saisons et de ses luttes, dans sa beauté et son âpreté, Jean-Baptiste, à peine un homme, et la jolie Angelaine s’aiment éperdument. 

Du jour au lendemain, leur monde bascule du tout au tout. Devenu orphelin en temps de guerre, désemparé, le jeune homme s’enrôle dans l’Armée canadienne et quitte les rivages de son Acadie natale et sa bien-aimée. 

Il pense partir au front, mais il se retrouve dans les magnifiques montagnes de la Franche-Comté, à y bûcher rudement le bois à coeur de jour. 

Avec, comme toile de fond, le gigantesque et méconnu travail des soldats canadiens et acadiens durant la Première Guerre mondiale dans le Jura, en Franche- Comté, Acadissima révèle la force de l’amour qui unit deux jeunes Acadiens, malgré la guerre, l’éloignement et la difficulté de vivre. 

Publié en français.

LangueFrançais
Date de sortie24 févr. 2021
ISBN9782760336568
Acadissima
Auteur

Jean-Louis Grosmaire

Jean-Louis Grosmaire est né à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il a étudié au Sénégal, en Franche-Comté et à Paris. Il vit au Québec depuis 1969. Il est titulaire d’un doctorat en géographie sociale de l’Université de Montréal. Professeur de géographie durant de nombreuses années à Gatineau au Québec, il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont plusieurs furent primés.    Jean-Louis Grosmaire was born in Abidjan, Côte d’Ivoire. He has studied in Senegal, Franche-Comté and Paris. He has lived in Quebec since 1969. He holds a PhD in social geography from Université de Montréal. Grosmaire has been a geography professor in Gatineau, Quebec for many years. He is the author of some 20 books, many of which have won awards. 

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    Aperçu du livre

    Acadissima - Jean-Louis Grosmaire

    Le magasin général

    Jean-Baptiste, les raquettes sous le bras, se dirigea vers le magasin général. Les clients et le personnel le dévisagèrent.

    — Ça fait longtemps qu’on t’a vu, lui lança le patron derrière le comptoir.

    — Bonjour, monsieur.

    — Ta mère, on ne l’a point vue non plus depuis un bout. Elle va bien, toujours ?

    — Elle est morte…

    Tous se retournèrent vers Jean-Baptiste.

    — Quand ça ? C’est pas possible ! Elle est venue encore récemment. C’est vrai que je la trouvais pâlotte. Pour moi est morte du chagrin de son mari. Pauvre madame Jeanne. Toujours les meilleurs qui partent les premiers.

    — Merci pour nous, rétorqua une cliente.

    Un homme âgé s’avança, il tendit sa main à Jean-Baptiste, il ôta son chapeau et lui dit :

    — Mes sympathies.

    — Merci, monsieur.

    — Paix à son âme, dit la patronne en servant une cliente et en l’arrosant d’un sourire aussi large que commercial.

    — On est peu de choses, ajouta-t-elle à la cliente.

    — C’est bien vrai ça, peu de choses, affirma la cliente.

    — Au revoir et merci, madame Lachance.

    Et la cliente sortit.

    — Et toi, on te sert quoi aujourd’hui ? demanda le patron.

    — De la farine, un sac moyen, du sucre, de l’huile et un paquet de chandelles.

    Un commis s’empressa d’aller en arrière du magasin et revint avec le sac de farine.

    — Ce sera tout ?

    — Oui, répondit Jean-Baptiste à voix basse.

    — Tu vas trouver le temps long, là-bas tout seul à Fond-des-Brisants.

    — J’sais pas.

    — On a toujours besoin de bras au village, il y a le bois, les travaux, le pelletage, enfin tu sais ce que je veux dire.

    — Oui, monsieur.

    — Bon, tu me règles tout de suite ?

    — Oui.

    La grosse caisse luisante résonna, afficha le total de ses chiffres imposants et sonores.

    Jean-Baptiste rangea le tout dans sa besace, salua et sortit.

    Le froid le saisit. Le ciel était déjà sombre, la neige reprenait.

    Il se hâta.

    À la sortie de Piligan, se dessina devant lui le chemin vers la maison, un chemin de solitude, vers un foyer qu’il aimait et où gisait sa mère.

    Il haussa de nouveau les épaules, croisa une carriole. Le conducteur fit mine de ne pas le voir. À la gauche de Jean-Baptiste, la mer montait et descendait entre blancheur glacée et eaux libres. Les oiseaux migrateurs étaient tous partis. Le vent gelé soufflait sur ses joues. Il hâta le pas, le cœur triste.

    Il n’avait pas peur de la nuit et le chemin, il le connaissait.

    Le vent balayait tout, pas d’arbres pour arrêter sa course. Par endroits, les raquettes calaient et subitement, il se retrouvait sur le chemin glacé, sur la terre nue et dure. Le vent sifflait.

    Jean-Baptiste pensait à sa mère, seule dans la maison froide. Demain, on viendrait la chercher pour conduire le corps à Piligan. Cette nuit serait la dernière qu’il passerait avec elle à la maison.

    Dormir dans la même pièce que sa mère morte, cela ne l’inquiétait pas. Ce serait sa façon de l’accompagner sur l’ultime rive de la vie.

    Le vent mordait. Jean-Baptiste peinait. Malgré la noirceur, il parvenait à se repérer. C’est à bout de souffle qu’il s’engagea dans le chemin qui monte vers la maison. Quand Jean-Baptiste était jeune, ils avaient un cheval, Champion, c’était plus qu’un cheval, un ami de la famille. Avec lui, Alcide ouvrait le chemin. Puis, ils avaient dû le prêter en location, à la grande tristesse de la famille. On n’avait plus assez d’argent pour payer les onguents et autres traitements pour Champion. Alors, le cheval avait été partagé avec Donat à David, le bedeau et fossoyeur, qui adorait l’animal.

    Tout le monde s’était accommodé de cet arrangement, le cheval passait une partie de l’été heureux dans les pâturages des Beausoleil, gambadant autour de la maison. Depuis le décès du père, le cheval venait plus rarement, la mère avait réduit l’ampleur des travaux aux champs, mais l’hiver, pour ouvrir les chemins, Champion manquait, on allait le chercher dès que possible et dès que disponible.

    À Fond-des-Brisants, plus qu’ailleurs, la neige était abondante. En ce moment, Jean-Baptiste en avait à la taille. Cette neige précoce et si fournie surprenait Jean-Baptiste. Les raquettes s’enfonçaient, semblaient couler, il fallait relever les genoux pour s’appuyer sur ce drap qui aussitôt se dérobait sous les pas.

    Angelaine

    Tout en cheminant péniblement dans la neige cotonneuse, Jean-Baptiste se rappelait une rencontre avec Angelaine, sa grande amie d’école.

    C’était il y a un an, par un soir frisquet de fin d’été. Jean-Baptiste nettoyait un bateau de pêche, alors que tout l’équipage était déjà reparti à la

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