andra égrène les treize prénoms de la fratrie, à toute vitesse. Treize prénoms qu’elle enchaîne comme un seul et unique vocable, comme un long collier de perles. Elle commence par la cadette : Amanda, puis Chantille, Alexia, Mitchell, puis, elle, Sandra et Karin, Herby, Eileen, Marlene, Gerty, Linda, Gloria, Henry. Tous nés entre 1941 et 1967. Sandra (quatrième photo en partant de la gauche sur la page précédente) est la neuvième, née le 25 juillet 1958. Avec les enfants et les petits-enfants, ils forment une famille de cent cinquante-trois membres.
Tous sont des descendants d’esclaves. Unis par un lien plus fort encore que celui du sang : ils sont citoyens de Pniel. Un village qu’aucun d’entre eux n’a quitté à ce jour, greffés à vie à ce terrain qu’ils chérissent comme leurs ancêtres l’ont chéri et comme leurs enfants y sont ancrés. Niché au pied du massif granitique du Simonsberg, à une soixantaine de kilomètres à l’est du Cap, en Afrique du Sud, cette petite commune porte bien son nom. Elle fut baptisée Pniel à sa création, en 1843, un nom tiré de la Bible et qui veut dire « le visage de Dieu ».
Sandra, toute de feu et d’énergie, un sourire perpétuel sur son visage de cuivre,