Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

CONSTELLATIONS AMÉRICAINES
CONSTELLATIONS AMÉRICAINES
CONSTELLATIONS AMÉRICAINES
Livre électronique213 pages3 heures

CONSTELLATIONS AMÉRICAINES

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Chris Lee et Sarah Wilson, deux enfants du Détroit des années soixante, grandissent côte à côte et sont secrètement épris l’un de l’autre. Leur couleur de peau les oppose et les événements politiques et sociétaux sont autant d’obstacles auxquels se heurte leur idylle.   

La violence explose et les morts s’amoncellent. Ces derniers ne sont pas décidés à laisser les vivants tranquilles.  
Lorsque Kennedy échappe à une tentative d’assassinat le 22 novembre 1963, l’histoire prend un tournant que nul n’aurait pu imaginer.

Les trajectoires de la petite histoire du quartier de Delray et de la grande Histoire américaine vont entrer en collision et faire éclater des vérités invraisemblables. 

Certains passages de ce roman sont violents et peuvent heurter la sensibilité des jeunes lecteurs.



À PROPOS DE L'AUTEUR


Nicolas Dolisy enseigne l’anglais au lycée depuis 2007. Il s’intéresse particulièrement aux États-Unis. Son premier roman, Arizona Bleu Nuit, est paru en 2021.
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie4 juil. 2023
ISBN9782384547692
CONSTELLATIONS AMÉRICAINES

Lié à CONSTELLATIONS AMÉRICAINES

Livres électroniques liés

Romance pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur CONSTELLATIONS AMÉRICAINES

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    CONSTELLATIONS AMÉRICAINES - Nicolas Dolisy

    Avant-propos

    Certains personnages du roman sont des personnes ayant véritablement existé. Toutefois, au regard de la dimension uchronique du récit, on ne saurait leur imputer la responsabilité des actions, intentions, propos qui leur sont prêtés par l’auteur.

    Ce n’est pas la couleur de peau qui détermine le bien ou le mal que l’on fait autour de soi, mais le degré de pureté du cœur.

    Certains passages de ce roman sont violents et peuvent heurter la sensibilité des jeunes lecteurs.

    « Je ne peux pas dire qui je serai demain.

    Chaque jour est neuf et chaque jour je renais. »

    –Paul Auster

    CHAPITRE 1

    Le Petit monde de Chris Lee

    Le Magnolia de Détroit

    Comment ce magnolia peut-il pousser en plein Détroit ? Christopher Lee se le demande. À bientôt onze ans, le jeune garçon arpente les rues de son quartier de Delray, à la faveur d’une délicieuse fin d’après-midi de mai 1960. La ville est une pieuvre obèse et visqueuse qui s’est échouée sur les rives du lac Michigan. Son mucus empêche ses quartiers de se flétrir et le mollusque étend ses tentacules aussi loin que voudraient s’enfuir les autochtones. La pieuvre est exclusive. La pieuvre est sournoise. La pieuvre est laide. C’est la verrue utile de l’Amérique, le fleuron de son industrie automobile, son poumon économique depuis des décennies. Non contente de développer à l’envi la liberté sur quatre roues, elle a également gagné ses galons à la guerre en produisant massivement l’arsenal des forces alliées, contribuant ainsi à l’éradication du mal absolu incarné par les fascismes européens. La mégalopole avait pourtant, elle aussi, avalé les êtres, et en son centre elle arborait fièrement les excroissances verticales manifestant ainsi sa morgue mégalomaniaque : le Fisher Building, le Guardian Building, le Penobscot Building. Détroit avait tout pour réussir. Elle a pourtant tout gâché. Les grèves du lac Michigan étaient défigurées par les usines dont les fumées ne laissaient jamais le soleil s’établir dans la grise capitale de General Motors. Les eaux étaient polluées, l’urbanisme mal pensé. Détroit n’échappait pas à l’ultra-communautarisme qui a toujours gangréné le pays. La ségrégation raciale, appliquée avec particulièrement de zèle dans les États du Sud, a eu pour conséquence, dans les années 1920, un exode sans précédent de la population noire vers les grandes métropoles du Nord. Toutes les villes furent concernées par « la Grande Migration » : que ce soit New York et son quartier de Harlem, Philadelphie, Cincinnati, ou encore Chicago. Détroit fut également prise d’assaut. Le nord du pays, réputé pour être accueillant envers tous les groupes ethniques, a eu pourtant tôt fait de montrer son vrai visage, dès lors que les sombres réalités commencèrent à écorner les considérations idéologiques.

    Comment ce magnolia peut-il pousser en plein Détroit ? Christopher Lee ne parvient pas à se départir de cette question qui le hante. La tête penchée, il contemple la beauté de ce feuillage éphémère, si fragile, qui s’entête à s’afficher ostensiblement, à la manière d’un paon, chaque saison au milieu des agglos des quartiers sud de la ville. Christopher Lee est un garçon qui passe l’essentiel de son temps seul, à s’inventer des histoires dans sa chambre, à imaginer ce qu’est le monde de l’autre côté de la morosité du Michigan. Il déambule dans son quartier en assimilant toutes les odeurs, que ce soient les rares effluves floraux ou les puanteurs émanant des égouts. Ce jeune garçon est un rêveur. Il scande dans sa tête des bouts de poèmes de Robert Frost, combattant ainsi la médiocrité visuelle du South Detroit. Les poèmes de Frost, il les a appris à l’école. Les vers qu’il connaît par cœur sont couchés dans son cahier de poésie. À la maison, il n’y a aucun livre. Son père, Ron Lee, est ouvrier chez General Motors, et sa mère, Tammy, fait quelques heures de ménage par semaine dans les bureaux de l’entreprise. On ne manque pas d’argent, mais on n’en dépense pas pour le superflu. Chez les Lee, la littérature et l’art c’est du superflu. Les sous font des petits à la banque, et c’est très bien ainsi.

    Le foyer est froid, voire glacial. La mère fume toute la journée. Elle ne parle pas. Les seules fois où elle ouvre la bouche, c’est pour rejeter la fumée de ses Craven A ou pour mâcher du chewing-gum. Jamais un baiser, ni pour Christopher ni pour Ron. Le père, parlons-en justement. Bien bâti, carré, le chef de famille, plutôt expansif, la tchatche, mais pas viril dans l’expression. Et des petits coups sur l’épaule de son fils, d’un air complice, « Hein, fiston ?! ». Un fils qu’il veut façonner à son image. Il le veut gaillard et joueur de baseball. Un Américain comme il faut. Un Américain moyen. Moyen plus, moyen moins, selon les jours. Ron Lee se sent un Américain « moyen plus » les vendredis soir. Pour rien au monde il ne raterait le rendez-vous hebdomadaire du 426 Richmond Street. Il quitte alors la maison vers 19h40, sa cape blanche et son chapeau pointu sous le bras. Ce n’est que quelque temps plus tard que Chris comprendra qu’il est question de rassemblements de membres du Ku Klux Klan. Le Klan a toujours été très actif dans l’État du Michigan. Pour Ron c’est une question de fierté, d’honneur, de culture, d’identité, de race, évidemment. Le sentiment d’appartenir à un groupe et de défendre les intérêts suprêmes de la nation contre ceux qu’ils appellent les « ratons laveurs ». Depuis 1955, la situation est tangente. L’affaire Rosa Parks à Montgomery dans l’Alabama a mis sur orbite le pasteur de l’église baptiste d’Ebenezer : un certain Martin Luther King, et a rebattu les cartes dans une nation qui a inscrit la ségrégation raciale dans sa loi à la fin du dix-neuvième siècle.

    Lorsque le père n’est pas là, la maison s’abrutit de silence. Les mains posées sur ses cuisses, Chris s’assied sur le rebord de la fenêtre de sa chambre en regardant dehors les gouttes de pluie traversées par la lumière du réverbère. Au rez-de-chaussée, la mère est installée à la cuisine, fumant cigarette sur cigarette, tournant les pages du Saturday Evening Post, entre deux gorgées de whisky. De temps à autre, Chris se lève, et, comme dans un musée, il parcourt des yeux les peintures de Rockwell ou de Sargent, les unes des magazines que sa mère consent à ce qu’il découpe pour les épingler aux murs de sa chambre. Derrière chaque illustration se cache une histoire que le garçon imagine et se raconte, inlassablement. Sa préférée est peut-être celle du 14 mai 1960. Le père de famille est au calme dans le salon, installé à son étude, organisant sa collection de timbres. Les cheveux gominés, le nœud papillon impeccable et un gilet couleur caca d’oie. Le calme ambiant est alors balayé par l’arrivée dévastatrice d’un de ses enfants, accompagné par une demi-douzaine de camarades remuants qui ruent dans les brancards, tapotent sur le piano à queue, se battent sur le canapé ou grattent une guitare en chantant à tue-tête. Le père a la mine déconfite, mais n’intervient pas. Il manque manifestement d’autorité. La vague submersive de Bill Haley ou Chuck Berry détrône l’Amérique à papa et les disques rayés de vieux crooners qui s’empierrent sur des gramophones hors d’usage.

    Ron Lee ressemble un peu à ce père désabusé. Un manque d’autorité patenté, bien que Chris n’ait jamais eu l’idée d’en abuser. Ron Lee est un paradoxe ambulant. Sa carrure en impressionne plus d’un, mais sa voix de castra désarçonne. Il joue les gros bras avec ses copains encagoulés, mais s’effraie et panique quand un cafard traverse le sol de la cuisine, tandis que la mère demeure impassible. Les années passant, Chris tâche d’intellectualiser et d’analyser le comportement de son père dont la haine des Noirs est maladive. Le paternel entend bien faire infuser ses poncifs klaniques auprès du fiston. « C’est la plaie de notre pays. D’abord l’esclavage a été aboli et puis ils ont tout retourné, ils ont répandu le crime, la paresse, la sous-culture, le chômage. Ils ont enclenché le processus de dissolution progressive de notre race. Parce que, tu comprends, c’est bien de la survie de la race blanche dont il est question. On leur a fait une fleur en abolissant l’esclavage, et maintenant on voudrait aller plus loin : abolir la ségrégation. Mais les conséquences seront similaires à celles qui ont suivi l’abolition de l’esclavage. Seulement, il n’y aura plus de garde-fou ; toutes les barrières auront sauté. On se fera manger. Si l’esclavage avait été si mauvais, pourquoi George Washington avait-il des centaines d’esclaves ? Personne n’en parle de ça… »

    Christopher écoute attentivement son père, par déférence, politesse, et aussi ce besoin de décrypter sa psyché. Il a cette conviction profonde que comprendre son père c’est déchiffrer la part de ce père qui est tapie en lui. Il peine à trouver cette part, mais parfois il décèle quelques bribes qui lui paraissent sensées, et qui semblent correspondre à ce qu’il est. Cette affirmation au sujet de George Washington est d’un bon sens manifeste. Le père martèle le risque d’extinction de l’Amérique blanche avec une précision millimétrique qui rappelle une récitation sue par cœur par une écolière soucieuse de plaire à son institutrice. Le fond du propos est violent, mais la prosodie est dissonante. La voix est fébrile. La main touche à peine l’épaule du fils comme si, au fond de lui, Ron savait qu’il ne pouvait rien lui imposer, mais son for intérieur l’enjoignait de s’y essayer malgré tout. Ron incarne la pensée de l’Américain moyen WASP (blanc, anglo-saxon, protestant) de son temps. Il est l’héritier des fondateurs du Klan, né en 1865, concomitamment avec la défaite des États confédérés. « N’oublie pas, fils, que nous portons le nom de l’illustre Général Lee. Nous devons nous en montrer dignes. Je suis sûr que nous descendons de lui. Il faudrait qu’un jour on fasse des recherches, là-dessus. »

    Chris opine du chef. Le père rabâche toujours les mêmes choses, mais n’agit pas. « On va déménager dans le Sud, là où sont nos racines. » Le Sud, c’est en fait Tammy qui en est originaire. Tuscaloosa, en Alabama, où elle a vu le jour en 1921. Fille unique d’un mariage de convenance, les sentiments n’étaient pas de rigueur, les épanchements d’affection encore moins. À vingt-huit ans, elle a tiré un trait définitif sur cette famille taiseuse. Elle a alors claqué la porte sans prévenir, sans état d’âme ni regret. Elle a pris une succession de bus de la compagnie Greyhound et a atterri un peu par hasard à Détroit, où elle fut immédiatement embauchée par General Motors pour des heures de ménage. C’est là qu’elle rencontra Ron alors qu’il prenait sa pause cigarette. Elle détestait ça, le tabac. Mais l’amour, ou du moins ce qu’elle identifiait comme tel, a fait naître chez elle une dépendance à la cigarette, qu’elle ne quittera plus de sa vie. Christopher est né dans l’année, au milieu des fumées de clopes. Les parents de Tammy n’ont jamais cherché à savoir ce qu’il était advenu de leur fille, pas plus que cette dernière n’a daigné prendre de leurs nouvelles.

    À l’école publique McKinley, sur Oak Street, Christopher est assis près de la fenêtre et regarde les feuilles qui frissonnent dans les arbres. L’algèbre ce n’est pas son truc. Il se passionne en revanche pour l’histoire, la géographie, et la littérature. Le reste des leçons et les mots de Mademoiselle Quimby deviennent ensuite évanescents. Il rêve des grandes plaines déroulées depuis les contreforts des Montagnes Rocheuses. Il rêve des chiens de prairie et de leurs galeries, il rêve des grands espaces sauvages du Montana, de leurs ours, et des milliards d’insectes qui pollinisent la flore locale. Mademoiselle Quimby l’interrompt dans sa rêverie et le réprimande pour sa nonchalance devant la leçon d’algèbre. Elle lui confisque alors les trois images qu’il tient en main, et qui ont récompensé ses belles réussites de rédaction. La jeune institutrice aime beaucoup Christopher et c’est à contrecœur, consciente de devoir assumer sa figure d’autorité, qu’elle le punit et lui fait recopier des lignes. Christopher ne lui en veut pas et s’exécute. Confuse et chamboulée, l’institutrice n’en laisse rien paraître, mais y songera toute la soirée avec une boule qui lui serrera la gorge.

    À la fin des cours, le garçon erre dans le quartier, préférant se passer d’une collation que, du reste, personne ne lui a préparée à la maison. Ses parents ne l’attendent pas, d’ailleurs. La seule règle est d’être rentré pour 18h. La brise de mai lui chatouille les joues et il finit par se planter devant l’arbre. Bon sang, Chris Lee, comment ce magnolia peut-il pousser en plein Détroit ? Le jeune garçon se gargarise de longues minutes en dévorant des yeux les fleurs rose pâle qu’il arbore. Si le paradis existe bien, des magnolias doivent y pousser, se dit-il. Une vieille dame qui nourrit des chats sur un banc voisin l’approche, et, s’amusant de la fascination du garçon pour l’arbre, lui explique que la floraison est très éphémère, et qu’elle prendra fin tout au plus dans dix jours. « Mais ne t’inquiète pas, gamin, chaque année, les fleurs reviendront. » La nature est opiniâtre, surtout quand elle est belle. L’optimisme des paroles de la vieille dame a commencé à germer chez Chris et il ne s’interdit pas de penser qu’à la manière dont il attendra la floraison de l’arbre l’année suivante, les chats attendront la vieille dame tous les jours, à la même heure, car ils savent qu’elle viendra chaque jour sans jamais faire défection. Ils ignorent pourtant encore qu’un jour elle ne viendra pas, et qu’à partir de ce jour, elle ne viendra plus jamais.

    Comment ce magnolia peut-il pousser en plein Détroit ? Il posera la question à la vieille dame demain. En attendant, il se penche et ramasse une des feuilles déjà tombées. Il y en a cinquante, peut-être cent déjà au sol, mais c’est une feuille en particulier sur laquelle il a jeté son dévolu. Veloutée au toucher, sensuelle et encore odorante, il la range dans la poche de sa veste. Il la conservera jusqu’à son dernier souffle.

    CHAPITRE 2

    Les Arcanes du pouvoir

    Merci pour tout, Dwight Eisenhower

    Dwight Eisenhower, que l’on surnomme affectueusement « Ike », a bien travaillé. Il a été une figure paternelle, rassurante. Petit à petit il s’est efforcé d’estomper le traumatisme de Pearl Harbor, a chassé les « sorcières » communistes, a emblématisé les années cinquante, une décennie économiquement prospère. Mais les deux mandats se terminent et Elvis est passé par là. L’Amérique veut son renouveau qu’elle sent incarné par le Sénateur John Kennedy. « Jack », comme on l’appelle, est un catholique issu d’une famille irlandaise cossue de Boston. Sa fougue et son énergie contagieuses n’ont d’égales que sa coiffure parfaite et son insolente jeunesse. Joe, le père, a placé tous ses espoirs et tout son argent dans la carrière de son poulain de fils. Comme Joe Jackson plus tard, le patriarche considère sa descendance comme une entreprise qu’il veut rentable. L’aîné doit être président, sinon rien. Lui-même se targue d’avoir obtenu le poste prestigieux d’ambassadeur des États-Unis à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale, avant d’être, moins glorieusement, rappelé par Roosevelt, qui tenait Joe Kennedy en mépris eu égard à son incompétence et son arrogance. Qu’importe. Il faut sauver les apparences. La ménagère devant son poste de télévision n’a d’yeux que pour John Kennedy. L’époux, d’abord jaloux, contrarié, et regrettant d’avoir fait l’acquisition du téléviseur, est à son tour hypnotisé par le jeune candidat. La (seule) force de Jack, c’est son pouvoir de séduction sur les femmes aussi bien que sur les hommes. Quelques formules bien pensées telles que « ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays » et la promesse de la conquête de la lune d’ici la fin de la décennie achèvent de convaincre les téléspectateurs.

    Son adversaire républicain, Richard Nixon, ne manque toutefois pas de qualités. Son bilan, pourtant sous-estimé au poste de vice-président de Eisenhower, peut faire pâlir n’importe quel homme politique. Nixon est un homme de l’ombre, un besogneux qui connaît ses dossiers par cœur. Eisenhower n’éprouvait pas de sympathie particulière pour « Dick » Nixon en qui il voyait un roquet qui lui servirait de pare-feu. Eisenhower l’envoyait sur la scène internationale afin de représenter la bannière étoilée. Il en acquit une expérience extraordinaire. Que ce soit en Asie, en Afrique, ou en Amérique du Sud où il essuya jets de projectiles et crachats de manifestants hostiles à la politique étrangère des États-Unis, Nixon se montra digne de la mission qui lui avait été confiée, essuyant au passage une condescendance à peine voilée de la part du général, désagréablement surpris des succès de son second. Nixon assura même le rôle de président — sans en récolter les lauriers — quand « Ike » était trop souffrant pour l’exercer (la constitution n’avait pas encore statué sur ce cas de figure). Enfin, « Dick » Nixon accepta de rencontrer successivement Castro et Khrouchtchev, qu’Eisenhower refusait de voir. Nixon a le curriculum vitae bien rempli, mais il n’a ni la classe ni le charisme de Kennedy. Lors du dernier débat, Nixon convainc majoritairement les auditeurs de la radio par son assurance et son expertise alors que ceux qui suivent le débat télévisé voient plus qu’ils n’écoutent. Et, en l’occurrence, ils voient le costume, la posture, le sourire, la coiffure de « Jack » Kennedy.

    « Jack » l’emporte le 8 novembre 1960 bien qu’il n’ait pas remporté la majorité des États. Cela s’est joué à rien. Quelques milliers de voix… Ou de

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1