C’est le matin, le plus difficile. Ce bref instant où il est encore seul, au lit, presque nu sans son chapeau, son cigare et le grade qu’il s’est inventé pour mettre une distance, une frontière entre les autres et lui qui ne peut plus les franchir. Dans quelques minutes, il va se lever, enfiler son déguisement de Colonel de pacotille, s’asperger de patchouli, ajuster son feutre, ouvrir une porte et retrouver les jeunes gars qui entourent l’élu, un adolescent de Memphis qui lui aussi se déguise, maquillage de fille, fringues d’Afro-Américain. Les boutonneux feront semblant de ne pas prêter attention au croulant, mais il n’est pas dupe, si sur scène Elvis donne le tempo, en coulisse c’est Tom Parker qui prend soin du business.
Ça commence comme un roman de Simenon, ciel bas aux Pays-Bas, brouillard sur les canaux et mystère à tous les étages. Andreas Cornelis van Kuijk naît au début du XX siècle, à Breda, ville autrefois