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Les Secrets de famille de Philomena
Les Secrets de famille de Philomena
Les Secrets de famille de Philomena
Livre électronique171 pages2 heures

Les Secrets de famille de Philomena

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À propos de ce livre électronique

Septembre 2020, Philomena décède à Newbury, ville à l'Ouest du comté du Berkshire, en Angleterre, à l'âge de quatre-vingt-seize ans. Rose, sa petite fille, rachète son cottage et entre en possession d'un manuscrit pour le moins singulier. Elle y découvre le récit de trois générations passées fait d'incompréhensions et de non-dits, voire de secrets...
LangueFrançais
Date de sortie4 avr. 2023
ISBN9782322527250
Les Secrets de famille de Philomena
Auteur

Fabienne Ekizian-Dessis

Auteure de "Il était une fois... les Dior" (publié aux éditions OREP), Fabienne Ekizian-Dessis nous livre ici un premier roman. Férue depuis toujours de généalogie, d'histoire, de littérature et de voyages, elle n'a pas hésité à se rendre dans différents endroits, de Pluguffan à Londres, en passant par Newbury, Lodz ou encore Auschwitz pour argumenter ce récit.

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    Aperçu du livre

    Les Secrets de famille de Philomena - Fabienne Ekizian-Dessis

    1

    Prologue

    Nous étions au printemps, c’était un mercredi, avec les enfants nous avions passé notre après-midi au cinéma. En rentrant de la séance, j’avais donné la permission à mes petits amours, Amber et Matthew de jouer dans le jardin avant la douche du soir, profitant de ce moment pour préparer leur repas préféré. Leur père était en déplacement pour son travail. Le moment de se coucher allait tarder un peu, comme chaque fois que nous étions tous les trois.

    Ce soir-là, j’eus du mal à m’endormir. Mille pensées se bousculaient dans ma tête. Ce n’est que vers deux heures du matin que je parvins à tomber dans un mauvais sommeil entrecoupé de cauchemars. À sept heures, mon portable sonna ; la voisine de grand-mère m’apprenait son décès. Patraque depuis deux semaines, elle n’avait pas voulu nous alerter. Grand-mère s’était éteinte comme elle avait vécu, sans faire de bruit, sans déranger nos petites vies. Elle était morte dans la nuit.

    Cette grand-mère qui me surnommait depuis ma plus tendre enfance « mon bouton de rose » avec qui j’avais noué des liens si forts, durant toute ma jeunesse, s’en était allée tranquillement à l’âge de quatre-vingt-seize ans.

    Je devais joindre au plus vite mon mari, trouver quelqu’un pour s’occuper de nos enfants jusqu’à son retour, afin de pouvoir me rendre auprès de ma grand-mère Philomena.

    Grand-mère avait élevé sa fille Victoria et sa nièce Annick (fille de son frère Erwan, décédé dans un accident de voiture avec sa femme). Mon grand-père gagnant suffisamment bien sa vie pour subvenir aux besoins de sa petite famille, Philomena avait eu la chance de rester à la maison pour s’occuper à plein temps de ses petites. Elle n’avait fait aucune différence entre sa propre fille et sa nièce. Victoria considérait sa cousine comme sa propre sœur.

    À la mort de mon grand-père en 1984, Philomena avait décidé de se lancer dans l’écriture. Cette grande lectrice, qui depuis son enfance avalait un livre par semaine, avait pris la plume. Elle était devenue l’auteure d’une quinzaine de livres. Elle s’évadait dans l’écriture comme dans ses lectures. Il lui arrivait parfois de se lever en pleine nuit pour noter une anecdote à propos de l’un de ses personnages. Durant ces moments-là, elle était en totale immersion. Elle refusait toutes les invitations de sa famille ou de ses voisins, mais se planifiait toutefois du temps pour se rendre à des expositions à Londres.

    1984 fut également l’année où Philomena avait décidé de quitter la France pour aller s’installer dans un charmant cottage en Angleterre.

    Lors de l’achat du cottage, notre grand-mère n’avait pas réalisé de coûteux travaux. Elle avait simplement demandé à des ouvriers, avant son installation, d’effectuer un rafraîchissement des peintures dans toutes les pièces de la maison. Elle avait décoré sa maison avec des meubles et de la vaisselle anglaise. En quittant la France, elle n’avait rien emporté, excepté ses bibliothèques. Tous les autres meubles avaient été vendus.

    Elle était arrivée dans son nouveau logement avec trois grosses valises contenant des vêtements et quelques effets personnels. Six gros cartons l’avaient rejointe quelques semaines plus tard, comportant tous ses livres, CD et DVD, ainsi qu’un coffre en osier hérité de sa mère, qu’elle n’avait jamais pris le temps d’ouvrir. Elle aimait ce pays, ses paysages, sa nourriture, sa langue, ses us et coutumes et sa famille royale dont elle connaissait l’arbre généalogique par cœur. Elle avait des origines irlandaises par sa mère, ce qui expliquait pourquoi elle maîtrisait si bien la langue de Shakespeare. Elle n’avait rencontré aucune difficulté pour s’installer là-bas.

    Installée à Newbury, ville à l'ouest du comté de Berkshire, Philomena y avait beaucoup d’amis, des Français comme elle, amoureux du pays, mais aussi des voisins originaires de cette ville. Elle vivait avec son chien Dash, un petit épagneul au poil noir et blanc, fidèle compagnon avec qui elle échangeait aussi bien en anglais qu’en français.

    Elle adorait apprendre et débordait de motivation. Je me souviens que lorsque nous regardions un film ensemble, très souvent en rapport avec la famille royale d’Angleterre, elle me racontait l’histoire du personnage, dont elle connaissait la vie par cœur. Elle avait ce don pour me conter de petites anecdotes inédites et toujours drôles qu’elle avait apprises lors de ses lectures.

    Elle possédait une grande bibliothèque regorgeant de romans d’aventures et d’amour, de policiers, de documentaires ou encore de biographies. Lorsqu’elle s’était définitivement installée à Newbury, elle avait reconstitué la même bibliothèque qu’elle avait eue en région parisienne et remis à la même place chacun de ses livres. Elle aimait tricoter, dessiner, écouter de la musique, faire des puzzles, aller visiter des châteaux et des musées, se rendre à des expositions et faire des recherches sur Internet, ce qui faisait sourire son entourage, car elle était très douée pour la technologie malgré son âge. Elle ne partait jamais sans ses notes avant de visiter un lieu. Elle passait toujours plusieurs semaines dans ses livres ou sur le net avant de partir pour ses petits voyages, avec un maximum de renseignements pris. Elle s’appliquait à rechercher les personnages qui y avaient demeuré. Elle passait des heures sur son ordinateur pour trouver le moindre détail. Je me souviens de nos visites de châteaux lors de mon enfance, souvent situés en Angleterre, où elle remplaçait largement un guide. Elle me disait toujours qu’elle adorait les histoires de famille et rajoutait : « Un jour, j’écrirais peut-être une saga avec plein de secrets de famille. »

    Une fois grand-mère disparue, qu’allaient donc devenir son cottage et tous ses objets qu’elle chérissait tant ? Le vendre, pour moi, était inconcevable ! Mon mari Paul-Alain connaissait l’attachement que j’avais pour cette grand-mère, qui avait toujours été là pour moi. Non pas qu’elle eût remplacé ma mère, elle savait être discrète, mais elle avait toujours été présente lorsque j’en avais eu besoin. Tout le monde l’adorait. Elle avait su être mère, tante, grand-mère et arrière-grand-mère, elle était véritablement douée pour ces quatre rôles.

    Aucun membre de la famille n’était intéressé par ce cottage situé en Angleterre. Mes parents étaient morts dans un attentat à Londres, en 2005. La cousine Annick était une Parisienne célibataire qui aimait l’Angleterre certes, mais pas au point d’y avoir une maison. Le cousin Yann-Yakub donnait très peu de ses nouvelles et vivait loin de nous, en Israël, avec sa famille. Quant à mon frère Guillaume, il venait tout juste de s’installer au Canada. C’est donc tout naturellement que Paul-Alain, mon mari, me proposa de racheter ce cottage.

    Profitant des vacances scolaires de mes enfants, je partis donc avec eux pour ranger la petite maison. Amber et Matthew étaient aux anges, tout comme moi, ils adoraient l’Angleterre.

    À la mort de grand-mère, Dash l’épagneul avait été recueilli par la voisine, mais il n’avait survécu que quelques mois à Philomena ; sans doute, mourut-il de chagrin.

    L’empreinte de grand-mère était partout dans la maison. Après son départ, chaque membre de la famille qui était venu aux obsèques avait récupéré un petit quelque chose en souvenir de notre Philomena. Je pouvais donc disposer de tout ce qui restait dans le cottage. Le tri allait être difficile, car cet endroit avait été meublé et décoré avec beaucoup de goût.

    Le cottage se situait au bord d’une route. Dans le garage attenant à la maison était garée une vieille auto dont elle se servait uniquement pour faire ses courses. La conduite n’était pas son fort. En face de son cottage, un arrêt de bus lui permettait de se rendre à la gare de Newbury pour rejoindre Londres. En effet, elle aimait aller à des expositions à la National Portrait Gallery, au Victoria & Albert Museum, entre autres, dans des châteaux royaux ou tout simplement dans des quartiers de Londres où elle adorait faire ses emplettes. Pour les expositions à Paris ou pour les voyages en Bretagne, au début de son installation en Angleterre, elle prenait l’avion, puis l’Eurostar à partir de 1994. Elle préférait de loin voyager en train, car l’avion n’était pas un plaisir. Elle se sentait oppressée et angoissée pendant le vol.

    Son cottage était entouré de petites barrières en bois, vieillies par le temps, qui donnaient du charme à la maison. Une petite porte menait directement dans un joli jardinet, recouvert d’un gazon bien entretenu par James, son voisin jardinier. Quelques massifs de fleurs, aux effluves délicieux, complétaient ce cadre idyllique.

    La maison était blanche avec des volets et une porte d’entrée bleus. Le toit en ardoise était coiffé d’une cheminée qui servait de décoration, car Philomena, très frileuse, préférait se chauffer avec des radiateurs.

    À gauche de l’entrée se trouvait la cuisine. Une table ronde était disposée au milieu de la pièce, sur laquelle étaient placés une belle théière blanche et un petit panier rempli de sachets de thé achetés dans le quartier de Piccadilly à Londres, à la prestigieuse enseigne de Fortnum & Mason. Quatre chaises entouraient la table.

    Face à la cuisine, une salle de bains comportait une baignoire avec une douche, un lavabo, un petit bidet ancien de couleur bleue qui avait un charme fou, mais dont Philomena ne se servait jamais, et au fond de la pièce, des toilettes.

    Un peu plus loin se trouvait la salle à manger, pièce principale de la maison. On y trouvait un vieux canapé en cuir noir. Aux extrémités de celui-ci, deux coussins écossais rappelaient l’amour de grand-mère pour les pays anglosaxons. En face du canapé, une bibliothèque, et tout en haut de celle-ci, une grande carte postale encadrée représentant la reine Victoria, en 1843, peinture de Franz Xaver Winterhalter, un des portraits préférés de grand-mère.

    La dernière pièce du rez-de-chaussée était aménagée en bureau, dans lequel se trouvait une table en bois avec une chaise, un vieux fauteuil et un ordinateur qui lui permettait de faire toutes sortes de recherches et d’écrire ses romans policiers. Sans oublier le téléphone fixe qui, avec le temps, était devenu silencieux, puisque Philomena s’était vite acheté un téléphone portable, qu’elle avait très rapidement su utiliser.

    Au premier étage, dans la chambre à coucher de Philomena, quelques photos de Londres décoraient les murs, quelques DVD étaient rangés dans une bibliothèque bien à l’abri des visiteurs, car grand-mère détestait prêter ses affaires. Je me souviens du jour où je lui avais demandé pourquoi elle ne mettait pas en valeur tous ses films et documentaires qui racontaient la vie de grands rois et reines d’Angleterre. Elle m’avait répondu : « Crois-tu qu’à mon âge il me reste du temps pour courir après des emprunteurs qui font semblant de ne pas se souvenir d’avoir gardé mes trésors ? » Pour elle, il s’agissait en effet de véritables trésors.

    Une chambre d’amis juste à côté de celle de Philomena était décorée avec de vieux objets anglais, d’autres trésors achetés à Covent Garden. Une autre bibliothèque se trouvait au fond de cette pièce.

    Puis au dernier étage, un grenier rempli de souvenirs et tout au fond, au-dessous d’une lucarne, un vieux coffre en osier.

    Il me semblait évident de commencer par la bibliothèque principale, celle de la salle à manger, car je partageais le même intérêt que ma grand-mère pour la lecture. Sur la première étagère étaient classés tous les livres concernant les vies des rois et reines britanniques. Il y avait des livres en français et aussi en anglais. Sur la seconde, tous les guides de châteaux et musées. Un peu plus bas, des romans, des documentaires, des polars et des biographies étaient classés par auteur. Enfin, sur la dernière rangée trônaient de très beaux livres sur des peintres et des grands couturiers, achetés dans des expositions.

    Je n’avais pas le cœur à me séparer des livres de grand-mère. Le choix était trop difficile. Philomena les avait achetés durant toute sa vie, attendant parfois plusieurs années pour dénicher chez un bouquiniste une édition qui n’existait plus à la vente. Je décidai donc de tout conserver.

    La bibliothèque rendait de magnifiques couleurs, je la connaissais par cœur. Toute petite déjà, je restais des heures en admiration devant ce meuble. Passant mon temps à compter les livres par genre, par couleur ou par taille, feuilletant encore et encore ceux dont j’avais la préférence, tournant avec précaution les pages une à une comme me l’avait appris Philomena, reniflant leurs odeurs comme un élixir. C’était l’une de mes distractions préférées lorsque je me rendais chez grand-mère. Philomena disait toujours qu’il suffisait d’ouvrir un livre pour partir en voyage.

    Mon œil fut soudain attiré par la troisième étagère. Au milieu de celle-ci était rangé un livre étrange, qui ressemblait plus à un gros cahier. Il me semblait que ce livre, qui n’en était pas un, n’était pas à sa place. Je n’avais aucun souvenir de sa présence. Je le saisis, il était rose et mauve et sur le milieu était inscrit « Notebook » en lettres d’or. Sans doute un achat effectué dans une boutique anglaise, où Philomena passait beaucoup de temps lorsqu’elle se rendait à Londres. De ce cahier, une lettre s’échappa. Elle était adressée à sa nièce, son neveu, ses petits-enfants et arrière-petits-enfants.

    Chers tous,

    Voici notre histoire de famille. Je devrais dire nos histoires de familles. Je ne peux pas vous quitter sans vous dévoiler tout ce que j’ai découvert ces dernières années.

    À la mort de « ma mère », j’ai récupéré un vieux coffre en osier que j’ai laissé de côté pendant de nombreuses années ; il était rempli de papiers et d’objets de notre enfance. Des richesses que ma mère avait soigneusement gardées. J’étais loin de m’imaginer que toutes ces vieilleries entassées dans ce coffre étaient, en fait, des trésors, véritables vestiges, témoins de la traversée du temps, qui allaient me replonger dans une enfance bien loin de moi et me faire comprendre bien des choses sur notre vie d’antan.

    Il y a quatre ans, je ne sais pas pourquoi, j’ai eu envie de ranger mon grenier. J’étais loin de me douter que ce coffre en

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