Le secret de Lady Barn

Depuis son adolescence, Hélène s’était toujours débrouillée seule pour s’offrir des vacances. Fille unique de parents divorcés, sans cousins de son âge, elle avait vite pris l’habitude des vacances hors famille, financées grâce aux jobs d’été. Elle venait de terminer sa deuxième année de fac de lettres mais elle avait aussi imaginé, avec deux étudiants en informatique, un logiciel d’apprentissage du français auprès des jeunes enfants étrangers par le biais d’un parcours ludique. Pour expérimenter le projet, elle n’avait rien trouvé de mieux que de renouer avec le genre de job qui lui avait servi parfois à financer ses voyages : le baby-sitting.

Elle avait répondu à l’une des agences les plus réputées d’Angleterre qui proposait quatre semaines au pair dans une propriété du Kent pour s’occuper de cinq enfants de 6 à 10 ans et leur parler en français. Bon anglais et parfaite éducation étaient requis.

Renseignements pris, Lord et Lady Barn résidaient habituellement à Londres dans le quartier chic de Mayfair et passaient l’été à Barn Hall, dans le Kent, avec une partie de leurs petits-enfants.

Dès l’arrivée de l’Eurostar, Hélène prit le train pour Staplehurst où l’attendait une voiture aimablement dépêchée par Lady Barn. Le château qu’elle entrevit bientôt au détour des prairies était une vaste demeure de style élisabéthain. La voiture franchit le portail, passa devant le perron mais ne s’arrêta pas. Elle continua jusqu’à une entrée de service, à l’arrière de la demeure.

C’est la secrétaire de Lady Ann qui vint la recevoir, à la porte d’un petit vestibule encombré de jouets et de vêtements pendus aux portemanteaux.

– Lady Ann est très occupée, dit Miss Rose. En l’absence de la gouvernante en congé, je suis chargée de vous accueillir et de vous expliquer quel sera votre rôle auprès des enfants.

Hélène la suivit jusqu’au deuxième étage d’un petit escalier qui ouvrit sur ce qu’elle appela la nursery.