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Mémoires de l'Autodidacte du Vieux port
Mémoires de l'Autodidacte du Vieux port
Mémoires de l'Autodidacte du Vieux port
Livre électronique196 pages2 heures

Mémoires de l'Autodidacte du Vieux port

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À propos de ce livre électronique

Maurice Di Nocera a veillé à ce que son livre ne soit pas hyper documenté, seuls quelques faits de l’histoire marseillaise sont retenus. Il s’est bien gardé également de construire une biographie romancée, il s’attache seulement au récit familial de ses parents et de son enfance.
Le livre est un compte rendu de rencontres professionnelles, politiques et artistiques. C’est aussi le témoignage d’une ascension sociale hors norme. Ce garçon d’origine modeste, sans le passage obligé des grandes écoles, s’est retrouvé assigné à des postes à responsabilité : Directeur au journal La Provence, Adjoint au maire de Marseille et Vice Président du département.
Il nous confie les raisons de ce phénomène où, la chance s’accompagne de véritables qualités humaines.
Maurice Di Nocera est animé d’un puissant appétit d’action, d’une énergie et d’une volonté peu communes. Il réussit tout ce qu’il entreprend.
A cette constatation on peut ajouter que ce livre n’a rien d’édifiant, c’est juste un cri de vie mêlé de fierté et de joie.
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie22 mars 2023
ISBN9782384546091
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    Aperçu du livre

    Mémoires de l'Autodidacte du Vieux port - Maurice DI NOCERA

    Avant-propos

    Ce témoignage est celui d’un citoyen qui a été engagé dans la vie politique marseillaise depuis plus de six décennies. En tant que citoyen, militant politique, élu j’ai la prétention d’avoir bien travaillé durant toutes ces longues années pour ma ville et le département. Quand on a le privilège d’atteindre un certain âge les souvenirs vous assaillent, on réalise alors que la vie publique est une sorte de partie de pétanque, il y a toujours des renversements de situation, des carambolages, des tirs inévitables c’est-à-dire des victoires chèrement disputées et des défaites injustes mais si on persévère, qu’on a la certitude d’avoir raison, d’être utile à ses contemporains, fidèle à ses amis et à ses convictions profondes il y a toujours la possibilité de prendre sa revanche car en politique le désespoir est toujours la bêtise suprême. Durant plus de six décennies j’ai vécu au rythme de la vie politique marseillaise, départementale, régionale voire nationale. Durant près de quarante ans j’ai été élu et réélu. Ma principale fierté est de n’avoir jamais été battu lors d’un scrutin local. Durant toute cette période je n’ai jamais été soupçonné d’enrichissement personnel, de favoritisme, de tripatouillage, jamais poursuivi devant aucun tribunal. Bien sûr, je suis certain de n’être pas le seul dans ce cas mais de nos jours où dire qu’un homme politique qu’il est honnête est presque devenu un oxymore il me plait de le souligner. Aujourd’hui où, l’âge venant, je suis devenu davantage observateur qu’acteur, je regarde encore, empreint d’une grande nostalgie, mon parcours. C’est cette aventure d’un enfant de Marseille que j’ai essayé de raconter le plus honnêtement possible, le plus objectivement, sans tricher.

    Voici donc le témoignage d’une partie de ma vie qui m’a comblé tant sur le plan intime que professionnel et politique. Mon tempérament optimiste, caractérisé par une solide confiance en soi, fut un atout majeur pour aborder et réussir dans des domaines auxquels mon éducation, ma formation initiale et mon milieu familial ne me prédestinaient pas contrairement à d’autres nés avec beaucoup plus d’atouts. Les gens que l‘aventure de la vie m’a offert de côtoyer ont contribué à mon émancipation et à mon épanouissement. Fort de l’exemple de mes parents, je suis rentré en politique avec ce souci de probité et ce goût du travail bien fait qui étaient le leur. Mes administrés, dont les plus modestes, ont toujours trouvé en moi, accueil, écoute et aide (ce qui est, hélas, loin d’être le cas avec beaucoup trop de nos élus d’aujourd’hui) car je suis du même terreau qu’eux, le Marseille des petites gens !

    Au terme de ce livre je ne ressens ni amertume, ni regret pour les coups de Trafalgar, les trahisons, les coups de poignard dans le dos qui ont semé mon parcours, dont j’ai été beaucoup plus victime qu’acteur. Au contraire, le sentiment qui est le mien c’est celui d’une certaine fierté mêlée de reconnaissance pour tous ceux qui m’ont apprécié et encouragé. Je leur rends hommage ainsi qu’à la vie que je trouve si passionnante. Je ne me résigne pas à voir le débat démocratique perverti, mon pays s’étiolé, Marseille gérée en dépit du bon sens, je reste disponible pour un redressement qui soit édifié sur l’humanisme, la morale et l’honnêteté et continuerai mon action publique tant que ma santé me l’autorisera. Pour l’instant tout va bien mais comme l’a si bien exprimé le romancier moraliste Jules Romains « la santé est un état précaire qui ne présage rien de bon. » Je ne dis donc pas « Adieu » mais « A bientôt » … si Dieu le veut.

    CHAPITRE I :

    ON A TOUJOURS LA PATRIE

    DE SON ENFANCE

    Je suis né à Marseille il y a plus de trois-quarts de siècle alors que cette ville rayonnant sur la Méditerranée était la vraie capitale économique de l’empire colonial français, un domaine immense s’étalant sur toutes les parties du globe. Marseille est une ville très particulière en France, cette cité est depuis toujours beaucoup plus méditerranéenne que véritablement « française », son peuplement est massivement issu du mare nostrum, le berceau de notre civilisation. A la fin du Premier Empire en 1815 cette cité ne comptait même pas cent mille habitants, au moment de ma venue au monde sept fois plus. D’où proviennent donc tous les Marseillais ? De la Provence pour une toute petite partie mais surtout de l’entier pourtour de la Méditerranée : des Juifs, des Corses, des Grecs, des Hispaniques, des Italiens et aujourd’hui des populations nord-africaines.

    Les Di Nocera, quant à eux, arrivent d’Italie, la porte à côté. Dans ce pays, contrairement à la France, la particule n’est pas forcément un marqueur nobiliaire mais signale le plus souvent la provenance géographique d’un individu, d’une famille. Les Medicis, les Sforza, les Visconti, les Borghese et des milliers d’autres familles italiennes nobles depuis la nuit des temps n’ont jamais porté de patronyme à particule. A l’origine de mon nom se trouve la charmante cité de Nocera dans la Campanie, au sud de Napoli (Naples), l’une des plus antiques et belles provinces de l’Italie. Enfant, je ne connaissais pas cette région mais seulement Marseille, ce n’est qu’en 1992, à près de cinquante ans que j’eus enfin, poussé par une curiosité bien légitime, l’occasion de m’y rendre en villégiature. Après avoir longuement déambulé à travers les rues du vieux Naples, dans la Via San Gregorio Armeno et ses fabuleux santonniers, admiré la richesse en œuvres du musée de Capodimonte et surtout celui archéologique mondialement connu puisqu’il abrite notamment les trésors antiques découverts dans les fouilles de Pompei et d’Herculanum, le palais royal des Bourbons et de Murat, je continuais vers Salerno pour atteindre la ville dont je porte le nom. Sur le chemin m’attendait une surprise pas tout à fait agréable, insolite à tout le moins. Que vois-je sur la route s’étalant sur plusieurs murs en deux mètres de haut ? Mon patronyme couplé à une insulte, Di Nocera = M... . Comme premier contact il y a plus accueillant ! Mon ego n’imagine cependant pas un seul instant que ma toute petite notoriété d’élu marseillais de base ait allégrement franchi les Alpes et les Apennins pour atteindre les pentes du Vésuve. C’est quelques kilomètres plus loin dans une station d’essence où je m’arrête pour étancher la soif de mon véhicule que le pompiste me fournit le sens de cette inscription insultante, un match de football âprement disputé entre les équipes de Salerno et de Nocera au cours duquel cette dernière avait arraché la victoire de façon plus que litigieuse. Dès mon arrivée à Nocera en fin de matinée, mon estomac réclamant je dénichais une trattoria qui par chance s’avéra être un excellent restaurant de pâtes. A la fin du repas en tendant ma carte de crédit le restaurateur s’aperçut avec beaucoup d’étonnement que le francese portait le même nom que sa ville, il me gratifia alors d’une grappa tellement sublime que je doute encore qu’elle ait été distillée en respectant scrupuleusement la législation.

    -A- MON VIEUX-PORT :

    J’ai beau savoir que j’ai des racines italiennes, j’ai beau apprécier la beauté des paysages, l’antiquité de la culture, de la civilisation italiennes, j’ai beau avoir été bercé par la musicalité de la langue de Dante, mon amour c’est Marseille. Comme le dit si justement la pédiatre Françoise Dolto un homme a toujours la patrie de son enfance, et mon enfance à moi c’est Marseille et son Vieux-Port, un monde entier à lui tout seul. Certains le surnomment, pas tout à fait à tort, la « Petite-Naples marseillaise » cœur historique de la ville, à l’atmosphère, à l’identité ô combien savoureusement particulière. Campé juste derrière le Vieux-Port il est un endroit magique, unique en France, bordé d’immeubles typiques emboîtés les uns dans les autres, avec ses étroites ruelles qui serpentent depuis les quais du fort Saint-Jean jusqu’à la montée des Accoules, le quartier Saint-Jean. Ce quartier était à l’origine une ancienne commanderie de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Ses habitants venus pour la plupart d’Italie sont appelés les Sanjanins. Entre ses murs, c’est la langue de Dante qui y a élu domicile, qui s’y est lovée avec bonheur. Près de cent mille Italiens ayant fui la misère ou la justice si ce n’est les deux en même temps y ont tenté et le plus souvent trouvé une nouvelle chance. A la tombée du jour, jusque tard dans la nuit, une musique, devenue au fil du temps franco-italienne, rythme les soirées de ses petites rues et aujourd’hui commence à se mêler aux mélodies d’un autre style musical jouées par les immigrés venus de l’autre côté de la Méditerranée. Dans cette Petite-Naples s’y croisent des voyageurs, des artistes à la recherche d’inspiration, des ouvriers, des commerçants mais ce sont essentiellement les pêcheurs qui prédominent, qui lui impriment son identité dominante. Les patrons-pêcheurs faisaient autrefois régulièrement appel aux immigrés du pays de Dante en manque de travail, après la saison de pêche ces saisonniers très souvent ne repartaient pas chez eux mais venaient augmenter la population du Vieux-Port. La réputation de Marseille et les opportunités de travail que la ville offrait attiraient aussi d’autres Italiens avec d’autres profils professionnels. Ce fut le cas de mes grands-parents paternels, natifs de Naples, qui gagnèrent Marseille à la fin du dix-neuvième siècle pour des raisons économiques. Hélas, une fois installé dans la cité phocéenne, mon grand-père qui exerçait son art d’ébéniste et qui avait réussi à monter une petite fabrique de meubles a vu celle-ci complètement détruite par un incendie. Faute d’assurance il fut complétement ruiné ! Il m’a transmis une anecdote à son sujet, en bon Italien il adorait la musique, aussi fréquentait-il assidument l’opéra, temple du bel canto. Il s’endormait régulièrement dans ces fauteuils profonds mais il suffisait d’une fausse note pour le réveiller, le faire réagir et pointer son doigt vers le malheureux interprète qui selon lui avait failli ! Il n’était pas le seul Italien à aimer le bel canto, en migrant ces derniers mettaient dans leurs valises non seulement leur cuisine, leur histoire, leurs coutumes, leur mode de vie mais aussi leur musique. Ils avaient créé leur fanfare, la Giuseppe Verdi, avec son drapeau, et ses musiciens vêtus d’une éblouissante tenue chamarrée d’or et de galons. Elle se produisait dans toutes les manifestations et notamment lors des offices religieux de l’église des Accoules ou celle de Saint-Laurent. La Marche garibaldienne annonçait son arrivée dans les rues. Mon père m’a confié l’empressement, qui était le sien, de courir à sa rencontre. Son siège social occupait le numéro 9 de la rue de la Guirlande, rue également du berceau des Massarelli ma famille maternelle.

    Si mes grands-parents maternels arrivaient de Gênes pour s’installer à Marseille à la fin du dix-neuvième siècle, c’était pour une tout autre raison que la misère ou la pêche. Mon grand-père, maître cordonnier de son état à la clientèle aisée et réputée, avait fui son pays, en délicatesse avec la justice après un coup de couteau donné à un client trop insistant auprès de sa femme… En Méditerranée la réputation d’une épouse, d’une mère est celle de toute une famille, c’est là un sujet qui ne se prête pas à la plaisanterie car l’honneur c’est comme les allumettes cela ne sert qu’une fois comme l’a si bien exprimé le grand moraliste Marcel Pagnol. A Marseille il reprit avec avantage son métier jusqu’à la première guerre mondiale. Hélas en 1914 l’Histoire le rattrapa comme tous les Européens en état de porter les armes. Il fera partie de ces millions de morts d’un continent devenu fou. Sa fille, Assomption, née en 1916, ne connaîtra pas son père, mort à l’hôpital des suites de ses blessures du front. Pour subvenir à ses charges de famille ma grand-mère, veuve de guerre, réussit à faire l’acquisition d’une pizzeria qu’elle tint avec ses enfants, trois garçons et deux filles lesquelles, suivant les jours et l’importance de l’affluence, servaient, desservaient ou tenaient la caisse. Quelques temps après la naissance de mon père Antoine en 1906, quai du Port, la famille Di Nocera déménagea rue Saint-Laurent où ce dernier, tout jeune homme, exercera le métier de coiffeur avec son frère ainé Nicolas. Non loin de là, dans la même rue, se trouvait la pizzeria des Massarelli. Antoine avait l’habitude d’y prendre assez souvent ses repas, et charmé par la jeune serveuse la demanda avec succès en mariage. Bienheureuse pizzeria puisque c’est grâce à elle que mon père y rencontra celle qui allait devenir ma mère. C’est donc du cœur historique de Marseille dans le plus vieux quartier de France que mes parents sont issus.

    -B- LA GUERRE :

    En 1939 l’Histoire bégaie sinistrement. Mon père mobilisé comme tous les Français part rejoindre son régiment d’artillerie à Bitche en Lorraine. L’offensive allemande le surprend dans cette région quand le 13 mai 1940 les blindés de Guderian enfoncent le front devant Sedan. Le voilà avec ses chevaux manœuvrant un canon 75 quand soudain, sur un tir bien ajusté des Allemands, celui-ci est détruit. Par miracle il n’est pas grièvement blessé,

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