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SWISS G.I.: Ma Vie. Du rêve à la réalité
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Livre électronique495 pages5 heures

SWISS G.I.: Ma Vie. Du rêve à la réalité

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À propos de ce livre électronique

Gilles Spencer Roserens l’a compris dès son plus jeune âge : il est voué à un destin hors du commun. En proie à de rudes conflits familiaux, le jeune suisse est appelé très tôt à voler de ses propres ailes. En pleine guerre froide, désireux de rejoindre les Etats-Unis pour s’engager dans l’armée, il quitte ainsi ses montagnes suisses pour le pays de l’Oncle Sam et débarque à New-York. Se forge alors son rêve américain, fort, puissant, inébranlable. Sa trajectoire de vie, il l’a doit bien sûr à son talent, mais aussi à sa profonde persévérance. Petit à petit, ses ambitions et son travail portent leurs fruits et sa carrière est à l’image de son tempérament : étonnante. Après avoir servi durant vingt-six ans au sein de l’US Air Force (R) dont treize à la Defense Intelligence Agency (DIA), célèbre agence de renseignements américaine, il intègre le Pentagon dans le département des affaires militaires européennes avant d’être nommé assistant exécutif du commandant en chef militaire de l’OTAN. Une autobiographie riche de références historiques et politiques essentielles, qui traverse les décennies et laisse découvrir en filigrane le cœur d’un homme hors du commun. Véritablement passionnant.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"J’ai toujours été fasciné par les personnalités et destins hors normes. Et comment ne pas admirer l’extraordinaire parcours de vie effectué par Gilles Spencer Roserens. Son récit, passionnant de bout en bout, prouve une fois de plus que pour atteindre ses objectifs, il n’existe pas de moteur plus puissant que celui de la passion. Ils sont tellement rares ceux qui réalisent leurs rêves… eh bien de par sa volonté et ses dons multiples, Gilles a réalisé cet exploit qui ferait un excellent biopic cinématographique. Il en a fait du chemin notre « petit suisse » devenu américain. En nous entraînant dans les coulisses de ses engagements militaires, en nous dévoilant certains aspects des services les plus secrets, il nous plonge dans les rouages d’un univers plus que captivant: hypnotisant ! Que de découvertes insoupçonnables révélées par sa plume précise et habile. On ne peut qu’admirer une aventure humaine aussi surprenante et vivifiante. Son récit est à la fois une leçon d’Histoire et un exemple frappant d’intelligence au service d’un idéal." - Olivier Lejeune (comédien, humoriste, auteur, présentateur, chroniqueur et metteur en scène Françai


À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en Suisse en 1961, il devient Américain en 1989. Il possède un post-Master en études sur la Seconde Guerre Mondiale, un Master en Relation Internationale de la North Georgia University et une licence en Sécurité Nationale de l’American Military Univeristy. Entre autres, il est diplômé avec honneur de l’US Air Force Intelligence Academy et de celle de l’US Air force Security Forces Academy. Il possède également plusieurs certificats d’études de l’Ecole militaire de l’OTAN. Il a servi 26 ans au sein de l’US Air Force (Forces de Sécurité/Renseignements) donc 13 au sein de la Defense Intelligence Agency (Renseignement Humain -HUMINT). Il occupa des mandats aux Ambassades Américaines de Paris, Bruxelles, Luxembourg, Sarajevo ainsi qu’aux quartiers-généraux militaires OTAN et Américains en Allemagne et en Belgique ainsi qu’au Pentagon et au Pacific Command. Il travaille présentement au bureau de coopération de défense auprès l’ambassade des Etats-Unis à Paris.

LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie2 févr. 2023
ISBN9782384545018
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    Aperçu du livre

    SWISS G.I. - Gilles Spencer Roserens

    JE VOUS DEDIE CE LIVRE.

    Je dédie ce livre a tous ceux qui ont construit et façonné l’être que je suis aujourd’hui, par leurs exemples de vie et leurs conseils. Mon épouse Arcadia bien sur qui, au-delà d’une femme remarquable, m’a soutenu dans toutes mes démarches parfois contre ses propres intérêts et représente une âme protectrice quasi maternelle. À mon frère Stéphane dont la sagesse et pureté de cœur sont une voie angélique sur mon épaule interpellant ma bonne conscience lorsque je risque de m’égarer. Je le dédie aussi à tous mes amis qui représentaient, surtout à mon jeune âge formateur une famille sentimentale nécessaire. Je le dédie aussi à cette âme sœur, cette flamme jumelle dont le nom restera dans les étoiles.

    Mais je dédie ce livre également à mes détracteurs, à tous ceux qui n’y ont pas cru, à tous ceux qui ont essayé de me mettre des bâtons dans les roues, tous n’étaient pas malveillants d’ailleurs, certains même emplis de bonnes intentions même si erronées ; comme ma mère par exemple, dont je suis très critique dans ce livre, qui croyait me protéger contre ma propre ambition et une vision de vie qu’elle jugeait à tort trop excessive. Je le dédie aussi à eux, car ils m’ont donné la hargne de réussir, je ne pouvais pas leurs donner raison et pour m’en assurer, je me suis promis de ne jamais abandonner…car tant qu’on n’a pas abandonné on n’a pas perdu.

    Alors je dédie ce livre à tous ceux qui m’ont soutenu comme à tous ceux qui n’y ont pas cru…Merci grâce à vous tous j’ai fait mon chemin choisi et je suis arrivé à MA destination. Vous avez tous contribué à l’être que je suis aujourd’hui !

    GR

    PROLOGUE

    Je tiens à rappeler que malgré le fait que j’ai passé près de treize ans à la Defense Intelligence Agency (DIA) et vingt-six ans au sein de l’US Air Force (R) ce livre n’est ni un livre de guerre ni un livre d’espionnage, c’est une œuvre autobiographique !

    Mon roman raconte la vie d’un jeune Suisse anticommuniste, antisoviétique, à l’enfance bouleversée par des conflits familiaux ; il décrit mes émotions, mes amours, mon éducation sexuelle imprégnée par la libération des mœurs des années 1970 ; sans oublier mes succès et mes échecs dans tous les domaines : la liste est loin d’être exhaustive.

    Mon rêve a toujours été de quitter les montagnes suisses pour rejoindre l’armée la plus puissante du monde, afin de prévenir ou de contrer une hypothétique attaque soviétique qui, en pleine guerre froide, était redoutée.

    Un beau jour, comme par enchantement, j’ai voulu prendre mon destin en main en décidant de me rendre au pays de l’Oncle Sam.

    « Il est parfois bien d’avoir un grain de folie. » C’est la possibilité de vivre cette aventure qui m’a permis de me battre avec acharnement au point de transformer mon rêve en réalité.

    Il est vrai que la liberté donne le pouvoir de faire passionnément et paisiblement ce à quoi l’on aspire. Aujourd’hui, je ressens de la gratitude en me souvenant de mon ascension professionnelle fulgurante aussi bien au sein de l’US Air Force que de la DIA. N’est-ce pas merveilleux ?

    Dans la première partie de ce livre, je parle des conflits qui m’opposaient à mes parents, et surtout des conflits avec ma mère, d’une violence verbale inouïe.

    Toutes ces disputes naissaient de son opposition à me voir réaliser mon rêve. Je crois que certains parents n’ont pas conscience du fait que plus ils s’opposent aux idées de leurs enfants, plus ce manque de soutien renforce l’envie de ceux-ci d’aller au bout de leur désir.

    Rassurez-vous, avec le temps, de l’eau a passé sous les ponts. Mon seul souci est de vouloir être authentique en revenant sur ces périodes de grandes disputes entre ma mère et moi, au lieu de maquiller l’histoire. Aujourd’hui, notre entente est plus cordiale et sans animosité.

    Je vous prie cependant de vous montrer indulgents lorsque vous lirez cette partie conflictuelle qui illustre l’état d’esprit dans lequel j’étais durant cette période frustrante. Le lecteur jugera peut-être certains passages trop violents, à l’image d’un adolescent de quatorze ans, à l’âge où les hormones sont en ébullition au point de décider de couper tout lien avec ses parents.

    Comme le disait si bien Gandhi : « La force ne résulte pas des capacités physiques, mais d’une volonté infaillible. » Il vaut mieux laisser le rêve dévorer notre vie sans laisser les obstacles anéantir ses rêves. Cette histoire est la mienne, celle d’un objectif atteint par l’acharnement et la persévérance.

    Ce livre a été écrit sans aucune prétention littéraire, mais avec le désir de partager une belle leçon de vie. Je regrette si la lecture de certains passages provoque de la peine à quelques-uns, et je les prie d’excuser ma maladresse. Cependant, si c’était à recommencer, je ne changerais rien à ma vie, car ce sont ces péripéties qui ont fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui.

    « Une rivière perce un rocher non par sa force, mais par sa persévérance. »

    Avec mes remerciements.

    Bonne lecture !

    PREFACE

    C’est a l’aurore du nouveau millénaire que j’ai rencontré pour la première fois ce jeune homme, costaud, qui est entré dans mon bureau au deuxième étage de la prestigieuse ambassade des États-Unis à Paris. Son intensité et sa détermination étaient tout à fait visibles et palpables. Sa réputation était forte de compliments et mon prédécesseur ne parlait de lui qu’avec éloges. Il le connaissait d’ailleurs très bien, Gilles ayant travaillé pour lui pendant plus de six mois en tant qu’analyste bilingue du renseignement de la Defence Intelligence Agency (DIA). Gilles s’est alors déguisé en un solutionneur de problèmes tenaces et persistants qui obtenait constamment les résultats qu’il s’était fixé.

    Lorsque, en tant qu’attaché de Défense des Etats Unis en France, je décidai de nommer Gilles comme mon assistant exécutif, je sus que je faisais le bon choix. Il ne cessait de m’impressionner, non seulement par ses performances professionnelles exemplaires, mais aussi par ce que je devais apprendre sur sa vie et sa détermination quant à l’atteinte de ses objectifs. Dès l’adolescence, il s’était fixé une trajectoire de vie que rien ni personne ne pouvait altérer. Rien n’allait le dévier de ses objectifs de vie. Sa vie est une histoire fascinante où il a dû détruire tous les obstacles qui se dressaient sur son chemin visant à devenir Américain, servir vaillamment dans nos forces armées et finalement, faire partie de la communauté des services de renseignement américain.

    Ces traits résolus se sont constamment manifestés dans la façon dont il a abordé sa vie professionnelle et ses fonctions diplomatiques au cours des trois années durant lesquelles nous avons travaillé ensemble, ainsi que dans la façon dont il a géré sa vie personnelle avec ses amis et sa famille.

    Son livre est une vraie histoire de vie, une vraie autobiographie allant bien au-delà du domaine militaire. L’histoire de son enfance et de son environnement familial toxique et obstructive aide le lecteur à comprendre pourquoi et comment Gilles a développé une indépendance précoce vis-à-vis de ses parents et de la vie en général. Ses conflits constants avec les objections de sa mère à son rêve américain ont été des éléments constitutifs profonds de l’histoire de la vie de Gilles.

    Après avoir vu et lu cette histoire fascinante, la puissance de son caractère, la profondeur de sa persévérance inébranlable, on comprend mieux comment la vie a façonné l’homme solide que Gilles est aujourd’hui. C’est une belle et intrigante histoire du passage à l’âge adulte jusqu’à la sagesse qui pourrait servir d’exemple et influencer ceux poursuivant des objectifs hors normes dont les chances de succès sont faibles. Gilles a su démontrer que si l’on y croit, si on persévère, nos rêves nous appartiennent et le succès sera au rendez-vous. Un livre illustrant une vie remarquable de persévérance et d’obstination. À lire absolument !

    Vice-Amiral Larry Lafayette POE

    Ancien Attaché de Defense US en

    France et Sous-Directeur Inspecteur Général pour l’Intelligence (J-2)

    PARTIE I

    CHAPITRE I

    ENFANCE ET FAMILLE

    Je tiens d’abord à rappeler que mon frère et moi étions des enfants très désirés. En effet, ma mère avait fait deux fausses-couches successives avant notre conception. Son désir le plus cher était donc de devenir maman.

    Lorsqu’elle est retombée enceinte, c’était donc une grande bénédiction. Toutefois, sa grossesse n’est pas arrivée à terme, puisque je suis né à sept mois, plus précisément le 6 janvier 1961 à Martigny dans le canton du Valais en Suisse.

    Après ma naissance, ma mère refit une fausse-couche. Miraculeusement, au bout de cinq ans, elle retomba enceinte de mon petit frère. Hélas, mon frangin vint au monde avec un handicap moteur cérébral. Heureusement, avec les progrès de la médecine, il retrouva rapidement toutes ses facultés.

    Mon père Guy et ma mère Monique avaient des caractères opposés, chacun avec sa personnalité plus ou moins trempée. Ce qui eut pour conséquence d’engendrer des mésententes, puis plus tard une rupture inévitable. Je crois d’ailleurs que ce sont ces conflits qui ont influencé mes choix futurs.

    Mon père est né à Riddes, un village valaisan situé entre Martigny et Sion. C’était un enfant illégitime : il était le fruit d’une liaison entre ma grand-mère Agnès et un certain Roserens que ma grand-mère quitta plus tard pour épouser Paul Claivaz, un homme rustre et brutal surtout envers mon père à qui il réservait de mauvais traitements. Il l’élevait à coups de poing, alors qu’un traitement de faveur était réservé à ses deux demi-frères Luc et Pierre-André Claivaz.

    Ma mère Monique, orpheline de père, est née dans le petit village de Saxon à quelques kilomètres à l’ouest de Riddes. Elle grandit dans un contexte familial exclusivement féminin avec sa sœur aînée Janette et son autre sœur Gisèle.

    Je ne saurai vous dire comment mes parents se sont rencontrés, ils ne m’en ont jamais parlé. J’ai néanmoins ouï dire que ma mère avait quitté son cocon familial afin de fonder sa propre famille, c’est-à-dire d’avoir son propre foyer équilibré.

    Mes plus vieux souvenirs remontent à l’âge de quatre ans lorsque je vivais à Collombey près de Monthey, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Riddes et Saxon. Mon père exerçait la profession de cheminot au sein des Chemins de fer fédéraux (CFF), tandis que ma mère était femme au foyer.

    Avec le temps, mon père était devenu garde barrière, mais avec l’automatisation des barrières, et le nombre de postes restant de plus en plus limités, nous dûmes déménager pour quelques mois d’abord à Estavayer-le-Lac, une petite ville tranquille près du lac de Neuchâtel, puis à Twann, un petit village suisse-allemand situé à la frontière suisse-alémanique proche de la ville bilingue de Bienne.

    Ces souvenirs sont ceux d’une enfance heureuse, voire insouciante, lorsque j’allais marauder des choux de Bruxelles que je dévorais crus, ou encore quand je reçus ma première locomotive électrique. Mes parents semblaient heureux, d’autant plus que mon petit frère venait de naître le 18 août 1965.

    C’est également à Estavayer-le-Lac que j’eus mes premiers contacts avec des soldats suisses : ils avaient la gentillesse de me lancer des biscuits lorsqu’ils passaient en camion devant le poste de garde-barrière de mon père.

    1. TWANN

    La mobilité était la principale caractéristique du travail de mon père. Ses affectations nous obligeaient donc à souvent déménager. Il venait d’être affecté d’Estavayer-le-Lac à Twann. Notre déménagement se fit dans la 2 CV d’un ami. Il faut savoir qu’à l’époque, rouler en automobile était un privilège réservé aux personnes relativement riches.

    C’est à Twann qu’un nouveau chapitre de ma vie s’ouvrit. Le mode de vie y était totalement différent tant sur le plan social que culturel.

    Nous dûmes d’abord nous installer dans un hôtel au centre du village avant d’emménager dans une maison des CFF rattachée au poste de garde-barrière à quelques pas du lac, à moins d’un kilomètre à l’extérieur du village sur la route de Bienne. Notre nouveau logement était immense. C’était un labyrinthe dont la superficie et le sous-sol m’effrayaient, tout comme la cave d’Estavayer-le-Lac. À l’extérieur, il y avait suffisamment d’espace pour des lapins et des poules. Malgré son immensité, c’était une maison modeste.

    Le souvenir le plus douloureux de cette époque est la perte de notre chien Bobbi qui se trouvait sur les rails au moment où un train passa. J’étais très attaché à Bobbi. Afin d’atténuer mon chagrin, mes parents nous ont offert un nouveau chien que nous avons baptisé Nicky.

    Twann évoque pour moi les souvenirs d’une petite enfance, dont mon entrée à l’école, les plaisirs de la détente sur la plage située à proximité de la maison. C’est aussi là que j’eus ma première trottinette, une première télévision en noir et blanc recevant les trois chaînes nationales : suisse romande, allemande et italienne.

    2. MES PREMIERS PAS À L’ÉCOLE…

    C’est la première fois que j’allais à l’école. J’étais inquiet de l’immersion dans un environnement nouveau, loin de mon foyer familial protecteur. C’est pourquoi j’étais en pleurs le premier jour d’école. Je ne voulais pas y aller, comme de nombreux autres enfants. Il fallut me traîner de force dans ce lieu d’apprentissage.

    À ma grande surprise, ce n’était pas du tout un environnement hostile comme je le craignais. J’étais plutôt content d’y être, d’autant plus que je m’étais attaché à ma première institutrice, Mme Pfeller, une femme blonde d’une cinquantaine d’années, douce et bienveillante. C’est durant mes deux premières années d’école que j’appris l’allemand. Par chance, mon ancienne institutrice, Mme Perrot, habitait en face de chez nous et m’aidait à faire mes devoirs plusieurs soirs par semaine.

    3. LES ANNÉES MAGRI

    Personne ne mérite davantage ma gratitude que mes premières institutrices. C’est grâce à la douceur de Mme Pfeller que je me suis senti en confiance dès mon premier jour d’école. Ce qui prouve que la femme incarne vraiment la douceur.

    J’en pris conscience entre la troisième et la quatrième année de ma scolarité avec mon instituteur M. Magri. Il était mon pire cauchemar ! Vous allez comprendre pourquoi.

    C’était un barbu, à l’image de ces « hussards de l’enseignement », particulièrement dur et brutal. Il aimait se mettre derrière les élèves, leur caresser la tête tout en leur posant des questions. Chaque mauvaise réponse s’accompagnait d’une gifle retentissante ou d’un violent crêpage de cheveux. Il était d’un sadisme hallucinant. Je le craignais comme la peste.

    De nature craintive, je ne voulais plus aller à l’école, ni au camp de ski à la Lenk pendant l’hiver 1972. Afin de me soustraire à sa brutalité, j’inventais toutes sortes de stratagèmes.

    D’ailleurs et jusqu’à présent, plusieurs mauvais souvenirs des séjours au camp de ski de Lenk m’ont traumatisé au point de nuire à ma vie en collectivité. Un jour, il m’obligea à danser alors que je suis un grand timide. J’étais indigné ! Cette expérience humiliante me poursuit jusqu’à aujourd’hui, de sorte que je n’ose pas esquisser un pas de danse en public. Depuis cette époque, je reste paralysé à l’idée de devoir danser.

    Dès mon arrivée dans la nouvelle école, mes camarades suisses-allemands me donnèrent le surnom de « Shucou ». Je n’ai jamais compris ce que cela signifiait. Deux clans s’étaient formés dans ma classe : un groupe constitué des élèves des montagnes et l’autre de ceux du village. Je faisais partie du clan du village.

    Une fois la journée d’école terminée, nous empruntions le chemin des élèves de la montagne afin de les frapper à coups de sacs à dos. Certes, j’étais petit et peureux, mais néanmoins courageux. Je ne m’étais fait qu’un seul ami durant ma scolarité à Twann. C’était un Italien du nom de Gabriel Forti.

    Comme le dit si bien l’adage : qui se ressemble s’assemble. Gabriel Forti était aussi timide que moi ! Mais malgré sa petite taille, il m’impressionnait par sa force. J’étais son Poulidor dans la plupart des activités sportives. En effet, il était le seul de la classe à me battre en gymnastique et quasiment dans toutes les autres disciplines, à l’exception d’une seule : grimper à la perche de 5 mètres, où j’étais invincible. Nous étions inséparables à l’école tout comme en dehors, y compris durant les week-ends.

    4. LES MAYENS : DÉBUT DE LA DÉGRADATION

    ENTRE MES PARENTS

    J’ai déjà mentionné que mes parents avaient des caractères opposés. Néanmoins, jusqu’ici, mon frère et moi n’avions jamais été témoins de leurs disputes ! Je ne saurais dire si leur mésentente a commencé bien avant notre arrivée à Twann, ou alors Twann a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase en raison d’une vie sociale limitée !

    Certes, la barrière linguistique avec les Suisses-Allemands était un véritable obstacle qui ne permettait pas de nouer de nouvelles relations et les empêchait d’être socialement épanouis. Mais pour autant, ça n’explique pas le pourquoi de la dégradation du lien conjugal !

    En effet, les relations de mes parents se limitaient au cercle familial, ainsi qu’à quelques collègues de travail de mon père. En particulier, un de ses collègues était la cause de scènes de jalousie incroyables entre mes parents.

    Ces disputes étaient de plus en plus violentes et effroyables au point de nous provoquer une boule à l’estomac. Lorsque j’y repense aujourd’hui, je crois qu’il y eut des conflits similaires à la suite des visites d’amis de la famille lorsque nous étions encore à Twann. Ces scènes se reproduisaient en permanence lors de nos vacances aux Mayens-de-Riddes dans notre Valais natal, dans « Le Pampinel », un petit chalet de deux étages rustique et modeste appartenant à mon oncle Pierre-André que nous appelions affectueusement « Pampi ».

    Ce chalet était dépourvu d’eau courante, comme d’électricité et de commodités. Pourtant, cette absence de confort n’affectait ni mon petit frère ni moi.

    Au contraire, chaque année nous attendions impatiemment de nous rendre aux Mayens. Nous avions mis au point un petit jeu sur le principe du calendrier de l’Avent. Nous jetions autant de petits cailloux dans un sceau que de jours restant avant le grand départ. Chaque jour, nous en retirions un, exactement comme avec le calendrier de l’Avent qui permet aux enfants de faire un compte à rebours à l’approche de Noël.

    Avant que mes parents ne s’offrent leur première voiture, une Simca bleue à l’intérieur blanc, nous nous rendions à Riddes par le train ; nous empruntions ensuite le petit téléphérique orange jusqu’à Isérables, un petit village accroché à la paroi de la montagne. De là, nous montions dans l’une des navettes de Range Rover orange qui desservaient les Mayens-de-Riddes. Nous arrivions généralement très tard à destination. Il fallait ensuite gravir un petit chemin sinueux avant d’atteindre le chalet dans le calme et la profondeur de la nuit.

    Le matin, nous étions réveillés par le tintement des cloches des vaches. Dès que les volets étaient ouverts, les odeurs propres à cet endroit pénétraient nos narines : un véritable enchantement !

    Les Mayens ont profondément marqué mon enfance. C’est là qu’est né mon amour de la nature. C’est aussi aux Mayens que se sont manifestées mes premières aspirations militaires, notamment en jouant aux petits soldats avec mon ami Pierre. Pierre incarnait le rôle d’un soldat américain et moi celui d’un soldat anglais. Chaque jour, nous gravissions la montagne en jouant que nous étions des commandos infiltrés en territoire ennemi. Nous supposions que chaque avion qui passait au-dessus de nos têtes examinait la montagne à la loupe en tentant de nous repérer.

    C’était exaltant d’imaginer des voitures blindées, des troupes ennemies à nos trousses… Les pommes de pin étaient nos grenades. Lors de nos escapades en montagne, Pierre apportait aussi souvent des pistolets et des fusils factices… Dans notre scénario imaginaire, nous avions établi une sorte de quartier général près d’une mare située derrière l’hôtel des Beaux Sites, un endroit calme, sous un grand arbre voûté qui nous protégeait aussi bien de la pluie que de la vue des passants. La petite chapelle en forêt, sise en dessous du dernier virage avant l’entrée des Mayens-de-Riddes et entourée d’immenses blocs de pierre, était une sorte de citadelle représentant le monde libre assiégé chaque dimanche par les Soviétiques.

    Je dois cependant avouer que nous n’avions à notre âge aucune connaissance géopolitique ni géostratégique du monde. Les informations parlaient juste de l’Union soviétique et d’une possible invasion. Ainsi, même n’étant encore que des enfants, nous étions déterminés à nous battre dans l’éventualité d’une invasion communiste de la Suisse, prêts à récupérer les armes des soldats tombés au combat et à défendre nos montagnes. Croyez-moi, nous étions intimement convaincus et prenions notre mission future très au sérieux !

    CHAPITRE II

    L’ADOLESCENCE ET LA NAISSANCE

    DE MON AMÉRICANISME

    5. BIENNE MA VILLE FORMATRICE

    Le poste de « garde barrières » de mon père à Twann fut supprimé au cours de ma quatrième année de scolarité allemande. Il fut muté aux ateliers CFF à Bienne à sept kilomètres du village Suisse Allemand où j’avais vécu la majorité de ma petite enfance. Nous connaissions bien la ville de Bienne, car nous y faisions nos courses hebdomadaires tandis que nos parents, souvent avec notre aide, y distribuaient des prospectus publicitaires dans les boites aux lettres pour arrondir leurs fins de mois. 

    Notre nouvel appartement, situé au dernier étage de la rue du Général Dufour 98 me permit d’avoir enfin ma propre chambre, qui devint très vite mon sanctuaire et un refuge salutaire lors des conflits de plus en plus violents entre mes parents.

    Une fois installé à Bienne, les autorités scolaires Suisse romande m’obligèrent à refaire ma 4e année scolaire en français alors que je l’avais faite en allemand. Ce redoublement explique la raison pour laquelle l’on me refusa deux ans plus tard aux examens d’entrée d’école secondaire et par la même aux études supérieures nécessaires à réaliser mon rêve de l’époque de devenir pilote militaire dans la chasse helvétique. Acculé mais très nationaliste, je considérai alors une perspective de carrière en qualité d’instructeur militaire afin de servir mon pays.

    Mon entrée au collège Dufour à Bienne pour y refaire ma 4e en Français, changea radicalement par rapport à mes deux dernières années de scolarité avec Monsieur Magri à Twann. L’instituteur, Monsieur Gyger était une personne bienveillante et ouverte. Aller à l’école devint alors un plaisir. J’y fis la connaissance d’Aurelio qui devint l’un de mes meilleurs amis, tandis que sa famille devint une sorte de famille de substitution où je trouvais paix et réconfort lors des violences conjugales au sein de ma propre famille.

    Mes cinquième et sixième années de scolarité se déroulèrent au Collège du Marché Neuf. D’abord avec Monsieur René Rebetez, un homme portant une blouse blanche, à l’allure stricte, encore un de ses « hussards de l’enseignement » vieille école, mais un homme de principes qui m’inspirait le plus profond respect. Robert Jourdain, fit son apparition en qualité de stagiaire avant de devenir mon professeur de 7e et 8e. Ses conseils, son assistance, mais surtout ses encouragements allaient jouer un rôle fondamental dans la mise en œuvre de mon rêve Américain. La 6e fut une année terne avec Monsieur Bourquin, un écrivain, souvent malade, remplacé par son épouse que la plupart des élèves ne supportaient pas.

    6. ROBERT JOURDAIN, « UN MAÎTRE UN AMI »

    « La vocation de l’élève est de dépasser le maître » écrivait Friedrich Nietzsche. Nul doute que les deux années suivantes, en 7è et 8è, j’ai rencontré un de mes plus remarquable maitre, au sens des Anciens. Il a su aller au-delà de sa mission de transmission de connaissances et de méthode, et m’a édifié sur le plan personnel, comme savent le faire les grands « maîtres ». Ces années furent de loin les plus fascinantes et les plus riches et formatrices de ma scolarité. Mon nationalisme helvétique s’estompa progressivement tandis que je commençais à vouloir servir dans l’armée d’une nation qui correspondait à mes idéaux politiques naissants ; je n’étais plus neutre, comme le sont habituellement et par définition, les Suisses. Je commençais à appréhender la neutralité comme un signe de faiblesse de caractère national.

    Robert était un professeur moderne, engagé, ouvert et proche de ses élèves. Il était de ces maîtres, qui édifient les individus. Il m’a marqué à jamais dans ma vie personnelle et professionnelle. Il n’était pas franchement proaméricain bien au contraire préconisant souvent son déclin, mais il joua un rôle important dans la poursuite de mes choix.

    Un jour qu’il s’emporta contre nous en classe, il déclara : « Puisque vous ne voulez pas suivre mon programme, vous n’avez qu’à faire le vôtre » !! Paroles en l’air pour tous les autres de la classe peut-être, mais pas pour moi. Le lendemain, je revenais à l’école avec un programme complet, structuré y compris sur le plan de la méthode. Ce programme portait essentiellement sur la revue de l’actualité internationale, l’étude du parti communiste Bulgare, la structure des forces de l’OTAN, le pacte de Varsovie etc. Mon « maître », impressionné par le sérieux et la structure de mon programme, m’autorisa à suivre celui-ci au détriment des autres cours tels que de l’algèbre, des dictées à l’exception de la gymnastique. Chaque matin, j’arrivais en classe armé d’une pile de journaux et de livres afin de lire, de commenter et d’écrire sur la situation internationale du moment ou sur certaines idées géostratégiques. Le dernier jour de ma scolarité, nous prîmes un verre qui allait nous faire passer de maitre a AMI, confirmant ouvertement un sentiment existant déjà depuis longtemps.

    « LA TIMIDITE CHEZ UN HOMME EST UNE FAIBLESSE CHARMANTE » écrivait Philippe Besson dans Se résoudre aux adieux.

    La timidité a certes marqué mon enfance, mon métier m’a aidé à la combattre. La récitation devant la classe était un vrai calvaire, c’était rédhibitoire avec les filles, où en groupes. Faute de pouvoir m’imposer, je me retranchais plutôt dans la lecture, surtout de l’histoire, ou la fabrication de modèles réduits d’avions, chars et bateaux de guerre qui remplissaient ma chambre. J’aimais les discussions politiques avec les adultes. A 14 ans, je commençais à sortir dîner au restaurant comme le font les adultes. Ma mère m’a toujours dit que j’étais né vieux et trouvait mon retranchement anormal méritant une évaluation psychologique professionnelle.

    C’est à Bienne lors de ma première classe française que je me suis vraiment lié d’amitié avec plusieurs camarades : Aurelio Citro, un autre italien, fut aussi mon meilleur ami à cette époque. Il n’habitait pas loin de chez moi et tous les jours, j’allais le chercher chez lui avant que tous deux nous nous rendions à l’école. J’étais proche également de son frère Pietro. Leur famille devint comme je l’expliquais plus haut, une famille-refuge dans laquelle je trouvais un réconfort sur le plan affectif faute de pouvoir le trouver à la maison. Il représentait le couple et la famille idéale, il y avait une harmonie entre eux et une paix, une sérénité qui me servait de refuge dans les moments d’angoisse lors de grandes tensions dans ma propre famille.

    Lorsque j’allais chercher Aurelio, je montais dans sa mansarde au 2e étage de sa maison, je le saluais en lui serrant le pied… Nous étions convenus de nous saluer ainsi, cultivant notre différence ; puis nous nous rendions à l’école, Aurelio assis sur son vélo tandis que je le poussais tout en discutant avec lui en traversant le parc public de Bienne pour nous rendre à notre école du Marché-Neuf. Devant l’école, nous jouions au football. Il était plus tacticien et moi davantage une force brute, mais nous étions complices.

    7. LA 2nd GUERRE MONDIALE - ÉVEIL DE MON AMÉRICANISME

    Le tout premier livre que je me suis offert avec mes deniers personnels portait sur « les armes et uniforme de la Seconde Guerre mondiale ». Je me découvris progressivement une passion pour ce sujet historique ainsi que sur la période de crise des années Trente, dont le conflit mondial fut l’épilogue. Mon deuxième livre s’intitulait « Overlord » celui-ci relatait les grands préparatifs et moment que fut la préparation et l’exécution du débarquement de Normandie le 6 juin 1944. Je me découvris pro-américain. Je rêvais de plus en plus de devenir un Américain, plus encore un GI américain et de servir la bannière étoilée. Ce rêve se révéla être une émulation dans ma vie durant les dix années suivantes (de 14 à 24 ans).

    8. UNE FAMILLE RÉFRACTAIRE

    Comme je me passionnais pour l’armée et la guerre, ma chambre ressemblait à un magasin de jouets militaires ; remplie de modèles réduits d’avions en plastique, que je construisais et que je peignais. Il y avait des chars, des avions de combat, des canons, je devais bien avoir plusieurs centaines de soldats des pays belligérants de la Deuxième guerre. Lorsque j’arrivai à la fin de la construction d’un porte-avions, ou autre grand navire de guerre, j’invitais mes amis, et notamment Aurelio, son frère Pietro, Eric et François, mes meilleurs camarades de classe… Nous commencions par l’inauguration du navire avec fanfare militaire, sur des 44 et 75 tours sur mon premier tourne-disque rouge et blanc de Lenco. Tous ces soldats et tous ces équipements étaient alignés sur l’étagère avec une

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