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La Parenthèse
La Parenthèse
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Livre électronique179 pages2 heures

La Parenthèse

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À propos de ce livre électronique

Un homme et une femme se rencontrent dans un train.
Rien de plus banal, et pourtant, leur vie va basculer.
Trouveront ils, l'un et l'autre, l'amour, cette chose la plus douce qui soit, mais aussi parfois la plus amère ?
Accéderont ils au bonheur, cet équilibre indispensable dans l'existence, pour tout un chacun ?
LangueFrançais
Date de sortie11 nov. 2022
ISBN9782322499137
La Parenthèse
Auteur

Michel Masméjean

Michel Masméjean vie à Clapiers (proche de Montpellier) il est l'auteur de 10 romans dont trois biographique. Voyageur impénitent il fait partager dans ses ouvrages sa vision du monde. Il est aussi peintre (voir son site : https://www.masmejean-michel.fr) Vous découvrirez ainsi ses livres et ses peintures à l'huile.

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    Aperçu du livre

    La Parenthèse - Michel Masméjean

    Du même auteur :

    La couverture a été réalisée par l'auteur :

    Peinture à l'huile sur toile : H : 0,72 x L 0,62

    copie d'un tableau

    d'Edward Hopper intitulé Automat.

    Quand il voyageait en TGV, Mathieu choisissait toujours les sièges situés en milieu de wagon, ceux qui comportent quatre places.

    Cela lui avait réussi quelquefois et le trajet lui avait paru plus court.

    Aujourd’hui, il n’avait pas dérogé à son habitude et se trouvait assis contre la vitre dans un coin au départ de Paris et en direction de Montpellier.

    L’équipe de rugby qui venait de monter dans le train, menait fort tapage, elle revenait en terre languedocienne après avoir obtenu un titre de champion de France dans la capitale. Une quarantaine de personnes, joueurs, staff et supporters s'étaient groupés à l'intérieur du wagon et faisaient un raffut du diable.

    Deux gaillards sans doute des piliers ou des troisièmes lignes, s’assirent, sur les deux sièges côté couloir.

    Au milieu de ce vacarme, une femme, billet à la main et valise dans l’autre se frayait un chemin dans le couloir central, investi par la troupe de joyeux lurons.

    Elle s’arrêta au niveau des deux costauds qui entamaient un chant guerrier et montra d'un signe de la main la place vacante.

    Un des gars se leva pour la laisser passer. Galant, il lui prit sa valise pour la caser dans le porte-bagages avec une facilité déconcertante.

    Mathieu se trouva coincé, côté fenêtre au milieu du wagon, avec en face de lui une jolie fille.

    Elle possédait de jolis yeux bleus très clairs, transparents même, un nez fin et droit, une petite bouche aux lèvres vermillon, un teint d’une blancheur irréprochable et une gorge à perdre son sang-froid.

    Au départ, il s’était imaginé pouvoir entamer une conversation avec cette femme élégante et souriante. Mais le train partit, les chants de victoire reprirent de plus belle et il lui fut impossible d’adresser la parole à sa voisine.

    Le train, une fois sorti de la capitale et de sa banlieue, entra en pleine vitesse.

    Dépité, Mathieu dégagea un bloc de papier de sa serviette, le posa sur la petite table qui le séparait de la fille et entreprit de faire son courrier. En panne d’imagination, saoulé par les vociférations des joueurs et troublé, il faut bien le dire, par la présence de cette jolie femme, il lui vint une idée.

    Lui écrire un mot et voir si en quelque sorte le poisson mordrait à l’hameçon ! Il suçota son stylo puis finit par écrire en haut de la page de son bloc.

    - Ne trouvez-vous pas nos voisins bruyants ?

    Et il tourna le bloc de papier en direction de la fille, posa dessus son stylo et lui dégaina son plus beau sourire.

    Commença alors un bref dialogue épistolaire.

    Un rien d’étonnement dans le regard de la fille. Elle lut rapidement le mot, rendit le sourire, délaissa le stylo proposé par Mathieu, retira de son sac un crayon papier et répondit :

    Je préfère les gens qui chantent et s’amusent à ceux qui font la gueule ou pleurent !

    En lisant la phrase, Mathieu opina du chef à l’attention de la fille puis, encouragé reprit son stylo :

    Dommage, car j’aurais bien aimé faire la conversation à ma compagne de voyage, dont les yeux, charmant paysage, font paraître court le chemin

    Il avait pris le soin de mettre entre guillemets la dernière phrase et citer l’auteur de ces quelques mots. (Brassens)

    Sans se départir, elle barra le nom du poète et ajouta :

    Brassens ne fut que l’interprète, le poème est d'Antoine Paul !

    Mathieu le savait, mais entraîné par le jeu des échanges, il était allé au plus court. Cultivée avec ça ! se dit-il !

    Et les échanges d’écriture continuèrent.

    Mathieu n’était pas en peine. Ragaillardi par les réponses de la fille il s’empressait de trouver matière à échanger.

    - Tant pis, si je me trompe à nouveau, mais n’ai-je pas affaire à une secrétaire de direction ?

    - Pas du tout ! Là aussi, elle barra, secrétaire de direction, et ajouta en dessous traductrice !

    Toujours dans l’impossibilité de communiquer tant le bruit était intense, il reprit le stylo et écrivit :

    - Quelle langue ?

    - Anglais, allemand !

    - Si vous le voulez, je peux vous offrir un café à la voiture-bar ?

    La réponse fut laconique. - Non … merci !

    Elle ne facilitait pas les choses … mais semblait accepter le jeu des questions-réponses.

    Il fallait donc trouver autre chose, car le tintamarre au lieu de se calmer redoublait. Il était hors de question d’entamer une discussion verbale. Il aurait fallu crier et à ce jeu-là poursuivre une conversation avec une dame eut été plus que hasardeux.

    Il souriait, bêtement à l’idée de crier à sa voisine vous avez un joli sourire… hormis la banalité du propos, le hurler pour qu’elle entende lui paraissait d’une extravagance extrême.

    Il convenait donc de trouver un autre artifice pour ne pas couper le lien.

    De bonne humeur, elle attendait.

    - Encore heureux que j’aie ce bloc de papier. Sinon comment aurions-nous pu échanger ?

    Elle sortit un carnet de son sac, le posa sur la tablette, et écrivit sur la première page.

    - Je ne sors jamais sans mon bloc et mon crayon papier !

    Décidément, elle était futée, mais ces réponses sommaires obligeaient Mathieu à se renouveler.

    Derrière lui, il entendit le claquement caractéristique des bouchons de champagne. La troupe de joyeux drilles faisait bien les choses. Des gobelets passèrent de main en main. Mathieu et la fille furent conviés à trinquer.

    Les jeunes gens étaient persuadés qu’ils formaient un couple, les sourires échangés, les mimiques complices et les feuilles de papier faisant des allers-retours entre l'homme et la femme pouvaient le laisser supposer.

    Le sourire aux lèvres, la fille se remit à écrire.

    - Je n’aime pas trop le champagne, mais ils sont si heureux de faire partager leur bonheur !

    Elle avait une dextérité pour écrire, surprenante, dans ses doigts le crayon dansait.

    - Le bruit ne semble pas vous perturber !

    - Je cache bien mon jeu !

    - C’est bien la première fois que j’engage ainsi une conversation.

    - Il faut un début à tout.

    Elle paraissait se réjouir de ce jeu d’écriture. Les rugbymen faisaient toujours autant de bruit, ils entonnèrent un nouveau chant, toute la voiture en profita.

    Le pilier assis à côté de la jeune femme s’époumonait, sa carrure impressionnante tranchait avec celle de sa voisine. Sa voix de stentor raisonnait.

    Stoïque, elle semblait l’ignorer.

    Mathieu avait du mal à relancer la conversation, le stylo en l’air il hésitait. Il la regarda, l’air innocent :

    - Vous faites souvent ce trajet Paris – Montpellier ?

    - Oui, au moins une fois par mois.

    Elle répondait tellement vite qu’il avait du mal à enchaîner. La fille l'observait, amusée par le comportement de cet étrange passager qui insistait à poursuivre ce dialogue épistolaire.

    Il remarqua l’absence d'alliance à sa main gauche, mais était-elle à notre époque une marque de célibat ?

    Il posa toutefois la question :

    - Vous êtes mariée ?

    La réponse ne tarda pas !

    - Non, et vous ?

    - Non, célibataire sans enfant ! crut-il bon de préciser !

    - Vous travaillez dans quoi ?

    Mathieu trouva son attitude positive, à son tour, elle posait des questions.

    - Je suis informaticien.

    C’est elle maintenant qui avait pris la main.

    - Vous écrivez toujours autant ?

    - D’habitude, je parle, c’est plus pratique.

    Une bonne demi-heure déjà qu’ils s’échangeaient des petits mots. Il avait tourné deux fois les pages de son calepin. Son écriture tranchait avec celle de la jeune femme. Beaucoup plus nerveuse, elle prenait toute la largeur de la page.

    À l’arrêt en gare de la Part Dieu, il y eut dans le wagon un calme relatif. Il tenta de lui adresser la parole en s’efforçant de bien articuler, la voix assez forte et audible.

    Peine perdue, ses yeux s’écarquillèrent, sa bouche se fendit pour montrer une double rangée de dents blanches.

    Elle reprit son bloc de papier et son crayon.

    - Désolée, je n’entends pas, lui signifia-t-elle, en poussant le bloc vers Mathieu.

    Surpris, il ne renouvela pas sa demande. Et écrit sous cette phrase :

    - Croyez-vous au destin ?

    La réponse fut plus longue à venir, le train redémarra elle n’avait toujours pas fini d'écrire.

    Par contre, les sportifs avaient repris leur sérénade et redoublaient de puissance.

    - Je pense, comme pour toute croyance, que l’on choisit la version qui nous convient le mieux. Pour ma part, il me serait insupportable de croire que tout est écrit à l’avance et que quoique je fasse je n’y peux rien changer, tout en ne sachant pas (et heureusement !) quel est ce destin. Si je pensais ainsi, je me mettrais tout de suite, dans mon lit en attendant que se joue ce destin qui ne me demande pas mon avis ni mon intervention.

    - J’ai moi aussi une idée, qui est un peu différente de la vôtre, mais il me paraît difficile de l’exprimer sur une feuille de papier.

    Il y eut ensuite plusieurs questions générales, de part et d’autre. Le temps passa, les regards entre eux devinrent plus chaleureux, leur jeu d’écriture avait bien pris, l’un et l’autre y prenaient réellement du plaisir.

    * * *

    Arrivés à Montpellier, ils descendirent du train, suivis par l’équipe de rugby. Sur le quai, il fallut bien se séparer. Le bras tendu, Mathieu montra les escaliers roulants qui permettaient d’accéder au buffet de la gare et proposa à nouveau, à la jeune femme de prendre une collation. Elle se contenta de lui sourire, mais ne répondit pas. Lui crut comprendre qu’elle acceptait. Au bas des escaliers, il lui fit signe de passer devant, elle hésita, étonnée, comme si elle avait mal compris, puis s’engagea.

    À l'intérieur du buffet, le garçon les plaça proche de l’entrée, ils avaient sous leurs yeux l’immense salle des pas perdus, une vraie fourmilière, les gens se croisaient, s’entrecroisaient.

    Manifestement certains savaient où ils allaient d’autres temporisaient et se plantaient sous le panneau des horaires des trains, la tête levée l’air dubitatif. Tout en retenant son attention sur le hall de la gare, Mathieu se mit à parler.

    La femme le dévisageait, fixait sa bouche. Il racontait l’histoire un peu fantasque de cette gare construite au beau milieu des champs et qui pendant longtemps n’avait accueilli aucun train et pour cause, la voie ferrée n’existait pas.

    Il se rendit compte de son long bavardage et lui dit :

    - Je suis désolé, je parle, je parle et je ne me suis même pas présenté. Je m’appelle Melville, Mathieu Melville.

    Il s’arrêta net et attendit, pensant qu’elle allait en faire de même.

    Les yeux de la jeune femme restaient figés sur la bouche de Mathieu. Elle releva la tête, sourit et retira de son sac une carte d’invalidité où étaient indiqués, sous son portrait, son nom, prénom, sa date de naissance et son handicap Je suis sourde et muette.

    La tête de Mathieu allait de la carte à la jeune femme. Au sourd, l’œil sert d’oreille … voilà pourquoi elle ne quittait pas ses yeux ma bouche, se dit-il !

    Il articula péniblement :

    - Je suis désolé …

    Elle s’empressa de ressortir son carnet et son crayon et écrivit en grosses lettres :

    - Vous n’avez pas à vous excuser !

    Il chercha autour de lui du secours, puis dit en détachant bien les mots :

    - Comment aurais-je pu me douter …

    Elle fit une moue, leva ses épaules, le tout accompagné d’un magnifique sourire.

    Il ne savait plus quoi dire. Cela ne changeait pas grand-chose puisqu’elle n’entendait rien.

    Ils restèrent ainsi les yeux dans les yeux quelques secondes puis Mathieu, tout en montrant la tasse de café posée devant elle, se mit à

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