HISTOIRES CRAQUANTES: 14 courtes histoires amusantes et sérieuses

Par Ginette Lareault, Anne-Marie Quesnel et Stefano Di Lollo

À partir de 10 ans. 14 histoires craquantes! Du suspense, des anecdotes, des faits cocasses, des situations inspirées de la réalité! Chaque histoire a une saveur fantaisiste ou dramatique et est suivie d’un supplément avec des informations, des jeux, des recettes... tout pour prolonger le plaisir!

• Langue: Français
• Éditeur: Éditions Caramello
• Date de sortie: 13 nov. 2014
• ISBN: 9782924421123

Ginette Lareault

Toute jeune, elle est attirée par le monde de la création, elle est rêveuse. Elle fait ses études primaires et secondaires à Pointe-aux-Trembles. Elle aime écouter des histoires, en raconter à l'école. Elle poursuit ses études collégiales avec option latin et littérature. Elle obtient son baccalauréat en pédagogie spécialisation français. Enseignante au secondaire, elle travaille plus particulièrement en deuxième et troisième secondaire. Elle bifurque quelques années en faisant du journalisme et en travaillant comme recherchiste. Elle revient à l'enseignement où elle enseigne le français dont le conte pendant quelques années. Elle consacre de longues périodes de sa vie à l'écriture sous plusieurs formes tels le roman, la poésie après avoir fait des chroniques, des articles de journaux. Elle décide d'écrire enfin des contes pour enfants. Elle s'amuse à dire que c'est à son tour de faire ses devoirs. Elle s'inspire de ses petits-enfants. Elle commence l'écriture des livres de la collection Les Larcyberda en 2009. En 2012, elle travaille avec l'illustratrice Diane Girard. Elles publient le premier volume de la collection avec les Éditions Caramello en octobre de la même année. Le deuxième est publié en décembre. En 2013, le troisième parait en mars. Deux autres contes sont attendus pour la fin de l'été 2013. La collection prévoit publier 12 volumes.

Aperçu du livre

Gabrielle ouvre la porte de la chambre de sa fille Zoé, qui dort encore profondément : « Zoé, nous partons !

Lève-toi !

— Oh, non ! C’est congé et je veux dormir sous ma couette toute chaude. Encore cinq minutes... »

Zoé a toujours eu de la difficulté à se réveiller. Heureusement que sa mère est patiente... et qu’elle a le sens de l’humour. S’emparant d’un coin de la douillette, elle la soulève brusquement en déclamant, sur un ton théâtral : « Vlan ! Le rideau se lève. »

Habituée aux mises en scène de sa mère, Zoé ronchonne tout de même un peu : « On se croirait au théâtre dans une pièce où il y a des supplices... La mère machiavélique et ses ordres malveillants.

— C’est très bien dit ! Allez, ma grande, le départ est dans trente minutes. Ton frère Mathieu est déjà prêt. La familia sera au rendez-vous annuel au Verger du loup... »

C’est ainsi que l’expédition traditionnelle de la famille débute. Le propriétaire du verger les accueillera certainement avec bonne humeur, heureux de les revoir. Fidèle à son habitude, il taquinera une fois de plus les jeunes en leur parlant d’un loup qui avait jadis l’habitude de venir manger sa récolte. Celui-ci a disparu à l’arrivée des visiteurs. « Pomme de reinette et pomme d’api, tapis, tapis rouge... », chantonne Mathieu, le frère cadet de Zoé.

Le garçon de neuf ans est tellement heureux de pouvoir enfin étrenner ses souliers de course. Quant à Zoé, elle se lève lentement et s’étire comme un chat. Elle sourit du coin des lèvres en pensant aux plaisirs qui l’attendent. Pourtant, avant de quitter sa chambre, elle efface son sourire. Pas besoin que toute la famille voie ça ! Elle descend enfin à la cuisine, l’air de bougonner un peu. Elle a douze ans, après tout ; un petit moment d’impatience est normal...

C’est une splendide journée de septembre. Le soleil s’est mis de la partie. Zoé, Mathieu et Gabrielle sillonnent les routes de campagne qui les conduisent dans les vergers où cousins et cousines, avec leurs parents, se sont donné rendez-vous.

Au fur et à mesure qu’ils approchent, ils reconnaissent l’endroit qui longe une longue rivière bordée de pommiers. On baisse les fenêtres de l’automobile pour laisser pénétrer cet air frais de la campagne, un air sucré à l’odeur de pommes.

On a des traditions, disent-ils ! En effet. Comme chaque année, ils s’arrêtent sur le bord de la route près du verger. Ils sont heureux de constater que le marchand de citrouilles est au poste. Il tient également commerce au sous-sol, une vieille cave aménagée en épicerie. Les trois descendent les marches usées. Ils se procurent du bon pain de campagne, du fromage cheddar, du jus de pomme et des citrouilles. Tous ces achats complètent les aliments bien au frais dans la glacière placée dans le coffre de l’auto. Les citrouilles joufflues feront l’affaire pour décorer leur maison.

« On arrive au Verger du loup, dit Mathieu, tout excité, les joues déjà rouges comme les belles pommes qu’ils cueilleront sous peu. Je vois Arthur, Théo, Corinne, Antoine, les tantes et les oncles ! »

Dès qu’ils descendent de la voiture, cousins et cousines se retrouvent avec joie. Éric, le plus jeune, est émerveillé. Il s’écrie : « Elles sont plus juteuses que jamais ! Viens, vite ! Il y en a partout, partout ! Viens ! »

Ensemble, toute la famille se rend auprès des arbres qui tapissent un champ presque magique.

De nombreuses échelles sont appuyées un peu partout sur les pommiers. Les pommes choisies judicieusement remplissent les sacs jusqu’au bord. Tous marchent avec une pomme en main, qu’ils savourent. Ils vont à la recherche du pommier le plus garni de fruits.

« Pas de loup encore cette année ! » disent-ils en rigolant.

Les enfants se font compétition pour découvrir toutes les variétés de pommes du verger. Il y a des fruits mûrs et d’autres qui le sont moins. Ils découvrent des pommes sucrées, d’autres acidulées, des croquantes, des juteuses à déguster. Il y a des mcIntosh, des lobos, des spartans, des goldens... On choisit des variétés plus appropriées pour manger en collation, d’autres pour cuire.

Ils constatent que les pommiers en fleurs, si enivrants au printemps, s’offrent maintenant à eux comme des cadeaux de la nature.

***

Zoé essaie de garder son air d’adolescente, mais un brin d’inquiétude la ronge. Avec autant de retenue que possible, elle lève les yeux au ciel en disant : « Maman, les petits n’arrêtent pas de dire que Mathieu est disparu.

— Voyons donc ! Lui, avec ses nouveaux souliers de course, dit Gabrielle avec une légère impatience. Il s’est peut-être trop éloigné. »

Tous se mettent à le chercher partout en criant son nom : « Mathieu, Mathieu !

— C’est peut-être le loup qui l’a mangé, dit Zoé en voulant détendre l’atmosphère.

— Tu n’es pas drôle », dit Corinne, la petite cousine.

Quelques minutes s’écoulent jusqu’à ce que l’oncle Jean annonce, de sa voix forte : « Mathieu est tombé dans les pommes, je le vois !

— Vite ! Apportez de l’eau », dit la mère, en courant vers son fils.

Un silence s’ensuit. Un nuage les accompagne.

Gabrielle se penche vivement. Elle observe son fils, qui entrouvre les yeux et lui dit : « Je pense que j’ai perdu pied dans l’échelle. Je suis tombé dans les pommes...

— Un peu d’eau fraîche te fera du bien. »

En peu de temps, la vedette aux espadrilles toutes neuves reprend ses couleurs.

L’oncle Jean en profite pour dispenser un peu de culture : « Quelqu’un sait ce que veut dire tomber dans les pommes ? Ça veut dire perdre connaissance. Mathieu a fait un double exploit : en tombant dans les pommes, il est... tombé dans les pommes ! » Puis il éclate de son grand rire, en ajoutant tout de même que le garçon leur a tous foutu la trouille.

La petite Corinne s’inquiète et demande si Mathieu a vu le loup. Celui-ci, un peu coquin, fait mine de réfléchir et dit : « Hum ! J’ai pensé le voir. En vérité, ce n’était pas lui. C’est que j’ai observé un garçon qui chantait la pomme à une demoiselle. Trop curieux, je me suis étiré le cou et je suis tombé... dans les pommes. »

Tous se mettent à rire, l’oncle Jean plus fort que les autres : « Excellent jeu de mots, jeune homme !

— C’était Blanche-Neige, voyons », dit Zoé pour se moquer de son frère.

D’un bond, Mathieu se lève pour courir après sa sœur. Il la fait trébucher et les cousins éclatent de rire.

***

Enfin, l’heure du lunch arrive. « À table ! » s’écrie tante Nathalie pour rassembler tous les enfants.

La nappe à carreaux installée sur une table de pique-nique, des pommes étalées sur la table, le repas semble prêt à être dégusté. La marmaille a faim. Tous ont apporté une part de ce délectable repas. Certains mangent assis sur les bancs, d’autres s’installent confortablement, appuyés contre les pommiers tout près. Zoé, Mathieu et Gabrielle ont leur couverture qu’ils étendent près de la table, sous un arbre.

Le ventre plein, ils font une randonnée pour profiter de l’occasion d’observer ce beau coin de pays. Le plaisir de la cueillette, doublé de la rencontre de leur parenté, les remplit d’un souffle de bonheur.

***

Au retour, dans l’auto, Zoé met ses écouteurs, fidèle à ses habitudes. Peu de temps s’écoule avant qu’elle ne se mette à ronfler tout doucement.