Entre nous soit dit, voyageur

Par Jean-Pierre Bréchet

« C’est au lieu-dit la Hacienda
La mer côtoie les orangers
Direction Larache et Tanger
Quand on arrive de Rabat
C’est une auberge de là-bas
Qu’affectionnent les étrangers
Les dames viennent sans danger
Promouvoir ici leurs appâts
Le soir de préférence à l’heure
Où l’on savoure la fraîcheur
Elles vont sur les balançoires
Et vous sachant sous leur empire
À jamais en votre mémoire
Impriment leurs éclats de rire »

À PROPOS DE L'AUTEUR

Entre l'armée et les langues, la vie professionnelle de Jean-Pierre Bréchet a dû s'adapter à l'influence que les muses ont eue sur lui. Entre nous soit dit, voyageur est sa création originale en vers libres ou classiques, le plus souvent octosyllabiques. Ce recueil fait l'apologie de l'attraction féminine, du goût de l'aventure et, surtout, du « vivre ailleurs ».

• Langue: Français
• Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
• Date de sortie: 21 oct. 2022
• ISBN: 9791037765598

Aperçu du livre

Retour

Un jour les chiens qu’on a lâchés

Reviennent

Le plus souvent le soir

Un soir de fin d’été

Les troupeaux sont rentrés mais leur odeur s’acharne

Au bord de la route qui s’engage

Entre les premières maisons

Ils ont perdu la trace du maraudeur

Du braconnier ou du jeteur de sort

Et sur le chemin du retour

Avaient sévi tant de saisons

De semailles et de moissons

Qu’ils ne se reconnaissaient plus

De pitance rare en mauvais sommeil

Ils ont partagé les errances

Du bohémien

Du vagabond

Ils ont pris surtout

Des avalanches de coups

De pied de pierre de gourdin

Venus les surprendre en quelque larcin

Ou les distraire du piège apaisant

De la femelle en chaleur

Ils ont aussi dormi dans les fleurs

L’oreille et la truffe en alerte

Au moindre signe originaire des contrées

De la voix familière

De la caresse gratifiante

Du pas rassurant

Franchissant ainsi dans leur quête instinctive

Autant d’autres saisons

Autant d’autres semailles

Autant d’autres moissons

Et puis un jour les éléments

Délivrent enfin des messages

Qui semblent se faire l’écho

Des tout premiers apprentissages

Le sol enfin le sol argileux par endroits

L’air enfin l’air chargé de poussière

De la pierre qu’on pulvérise

Dans le bourdonnement lointain du concasseur

Et cette résonnance particulière

De l’heure qui sonne au clocher voisin

Les chiens lâchés

Sont de retour

Ils ont fait escale en équilibre

Sur le bord de l’abreuvoir où dansent

Les gris et les bleus de la tombée du jour

Le déroutant chassé-croisé des chauves-souris

Les accompagne tout au long

Du chemin qui grimpe entre les murets éboulés

Jusqu’au chant métallique ou fragile des couverts

Contre la table de pierre à peine taillée

La cadence indécise