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Livre électronique295 pages2 heures

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À propos de ce livre électronique

Les mots sont des entités particulières et remarquables, suggérés par les sphères supérieures et appréhendés par les hommes, ils naissent, grandissent et poncés par d'autres dialectes dont ils se nourrissent volontiers au gré des siècles, mutent poussés par la perfection inhérente au Cosmos, se perpétuant avant de parfois disparaître. Très tôt, j'ai su les apprivoiser. Délicieux ou affreux, antinomiques ou complémentaires, élégants ou grossiers, incisifs ou flous, dans notre belle langue française, ils ont su se parfaire et se faire une place à part, rendant celle-ci extrêmement sophistiquée. Liés par le travail d'orfèvre du poète, ils rendent la phrase musicale, transcendant l'âme du lecteur, tel un galet ricochant sur l'onde étale, permettant à celui-ci de connaître des états vibratoires qui sans cela seraient restés inaccessibles. Dans ce recueil, j'ai tenté grâce à la poésie d'évoquer la dualité intrinsèque des choses de ce monde. La beauté terrible et infinie de notre univers. La cruauté et la générosité de la Nature, sa transformation incessante et incorrigible. La cupidité et l'ignorance du genre humain, sa barbarie envers ses congénères et les autres espèces, et parfois la magnanimité bien que rare de son génie. La fragilité de l'existence, son apparente fugacité, ses tourments et ses joies, la probabilité de son éternelle rémanence. L'amour, ce sentiment immuable, capable de polir les âmes les plus endurcies. L'évidence d'un acte créateur et donc l'existence d'un extraordinaire architecte et d'un véritable artiste, à l'oeuvre dans tout ce que nous baignons, que ce soit au niveau de l'infiniment petit ou du macrocosme. Et surtout l'intuition exacerbée par la succession des saisons et des marées, par la course déterminée des astres et de leurs éternels retours, l'évidence de notre éternité. Parfois il suffit de quelques mots intuitivement choisis pour suggérer une image, un visage aimé, un paysage alangui, la tendresse d'une solitude, le murmure singulier des villes et celui presque inaudible des ruines antiques, le souvenir aérien d'un instant de grâce retenu par la jeunesse, la douleur délicieuse d'une âme absorbée par l'embrasement du couchant, la démarche d'un être cher et trop tôt disparu, une adresse, un quartier familier, désormais habités de fantômes, la présence invisible de myriades de créatures étranges qui jouent entre les branches transfigurées par l'éclat souverain d'un chaud soleil d'été... Grâce à la poésie, les sphères célestes deviennent accessibles, et par dessus tout, au delà de n
LangueFrançais
Date de sortie26 nov. 2013
ISBN9782312017990
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    Libellunes - Hadrien Spitz

    cover.jpg

    Libellunes

    Hadrien Spitz

    Libellunes

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-01799-0

    Avant-Propos

    Libellune : Insecte de l'ordre des archiptères, à l'abdomen phosphorescent, dont la singularité est de ne sortir que les nuits chaudes de pleine lune, propices pour s'adonner à leurs amours.

    À Axel

    À Romy

    Aux Invisibles

    EX NIHILO NIHIL

    L'HORLOGE

    Voici la rouge horloge qui égrène un chagrin

    Une nuit bleue découverte à l'entrée d'un jardin

    Parsemé de pampilles et de reflets d'airain

    Où s'allongent les dieux imprégnés de parfums

    La coquille nacrée d'une image se propose

    Un ramage tout habité de feuilles qui causent

    Un frémissement qui court sur la courbure des choses

    Et parfois un chagrin froissé entre les roses

    Des visages envoûtés l'ivresse molle d'un corps

    Se dispersent dans l'envol d'un rêve sans effort

    L'éclosion capiteuse poursuivie de remord

    Le sévère portrait d'une dame au fond d'un corridor

    Les reflets fripés d'un monument bus par la Seine

    Portent fragiles des membranes incertaines

    Et des nuées polymorphes scrutent la scène

    D'une foule radieuse qui applaudit sa reine

    Je me souviens des rues envahies de conquêtes

    Ce drugstore aussi chaud que l'haleine d'une bête

    De cette lumière onctueuse déboulant des fenêtres

    Qui embrasait de joie nos coiffes toujours défaites

    Ma grand-mère est partie pour la Samaritaine

    Chercher quelques aiguilles des pelotes de laine

    Mon grand-père a laissé sur le zinc son haleine

    Dans la rumeur des braves ses humeurs vilaines

    Je répète souvent dans l'asile obsolète

    D'un abri téléphone un numéro qui reste

    Une voix mécanique tristement me déteste

    Me rappelant sans cesse qu'ils ont changé d'adresse

    Je revois cet endroit à l'ombre des tilleuls

    Ce parc où j'étais sûr de n'être jamais seul

    La clarté souveraine d'un ciel tel un linceul

    Où volait l'indolence heureuse des chansons folles

    C'était l'amie penchée au tout dernier étage

    Une copine à son piano rêvant d'être chanteuse

    Cet amant insistant aux yeux de marécage

    Et ce Paris fleuri à la robe prometteuse

    J'ai beau chercher et tenter l'au-revoir

    Sur l'asphalte luisant glissent des fantômes hagards

    Il ne me reste rien que la blessure du soir

    La poussière de la pluie flottant sur le trottoir

    SPLENDEURS

    J'ai perdu tant d'adresses

    Que je n'en n'ai aucune

    Dans la rue des Abbesses

    Monte une lune brune

    Chaque rue chaque pierre

    Rappelle un soir de liesse

    Où la jeunesse altière

    S'enivrait de promesses

    Il n'est pas un faubourg

    Sans qu'il ne mène à toi

    Le parfum de l'amour

    Suspendu sur les toits

    Des ombres s'esclaffaient

    En bousculant leurs verres

    Et l'ascenseur montait

    Comme monte une prière

    Nous avions des idées

    Bien souvent des paresses

    Tout nous semblait relié

    Par la même caresse

    Des ombres des Tuileries

    Aux regrets de la Seine

    J'invoque des amis

    Qui ont quitté la scène

    Ah ! Comme je le maudis

    Ce malicieux venin

    Qui d'une décennie

    Causa tant de chagrins

    J'ai vu partir des frères

    Des instants délicieux

    Souvent je m'en réfère

    Et je m'en trouve heureux

    Voici l'heure de la bise

    Et des fenêtres closes

    Souviens toi des Bee Gees

    De la couleur des choses

    J'ai perdu vos adresses

    Comme un oiseau ses plumes

    Dans la rue des Abbesses

    Monte une lune brune

    MON PAUVRE AMOUR

    Mon pauvre amour

    Tout le monde court après tout le monde

    Et puis personne ne regarde plus personne

    Et nos joies épuisées ne sont plus que des ondes

    Où nos cerveaux viciés se parlent au téléphone

    Mon pauvre amour

    Jadis tant de refrains ondulaient sur les toits

    Comme autant de chagrins souvent imprévisibles

    Mais ces chansons candides adoucissaient l'effroi

    Des amours solitaires que l'on croyait splendides

    Mon pauvre amour

    Te rappelles-tu en dévalant dans le métro

    On recevait la gifle d'un souffle chaud d'ozone

    Des grillons sur les rails grignotaient nos mégots

    Et nous nous immiscions perdus parmi la faune

    Mon pauvre amour

    Bien sûr il y eut le Continental

    Ce dédale où nous cherchions l'amour

    Des hommes mariés ondulaient en sandales

    Et des folles inventaient toutes sortes de calembours

    Mon pauvre amour

    La rue Vivienne la rue Sainte Anne

    Les Tuileries où chaque dimanche

    Nous allions comme un troupeau d'ânes

    Le désir affamé glaner notre pitance

    Mon pauvre amour

    Chaque faubourg fut le repaire d'un amant

    Des façades éblouies comme les yeux d'un serpent

    Je prenais l'ascenseur aux rondeurs mécaniques

    M'élevant vers des cieux de ferveurs idylliques

    Mon pauvre amour

    Sur le boulevard des Italiens

    Traîne une série de pas offensés

    Le bonheur assoiffé d'un délicieux matin

    Où je me vois courir aussi léger qu'un magicien

    Et me voilà songer à cette grande et muette multitude

    Qui vogue maintenant portée par d'autres voiles

    Dans ma prière s'élève plus qu'une gratitude

    Le berceau mystérieux d'un accouchement d'étoiles

    UNE BELLE JOURNÉE

    Un coquelicot touché en plein cœur

    Saigne en pétales dans le ruisseau

    Et tout là-bas les saules pleureurs

    Tamisent leurs longs cheveux dans l'eau

    Une vache un peu cavalière

    Court gaiement après les oiseaux

    L'onde qui fait trembler la lumière

    A mis dans tes yeux des bateaux

    Des sauterelles vert-translucide

    Sur les hampes des herbes se balancent

    Près de la mare les cantharides

    Au-dessus d'un cadavre de rat dansent

    La plaine gorgée de soleil

    Palpite d'ailes flanelle

    Des papillons au ton pastel

    Un baiser qui sur les fleurs chancelle

    Le ciel étire ses passementeries

    Et le coucou au loin s'étonne

    Les souris grignotent au grenier gris

    Dans la luzerne le chat ronronne

    Un clocher hautain caracole

    Et le bronze égrène midi

    Les enfants sortent de l'école

    Dans le pré saute une pie qui rit

    Tu m'enlaces tendrement par le cou

    Et mon âme dans le bonheur s'ébroue

    Une poule allègrement caquette

    Il traîne dans l'air un goût d'omelette

    J'ai vu la question inscrite au tableau

    L'amour serait-il bien plus fort que la mort ?

    Combien de temps de temps encore

    Avant que ne s'entrouvre le sibyllin rideau ?

    PROCESSION

    Dans la rue des feuilles mortes

    S'avancent des reines éternelles

    Suivies d'une armée de cloportes

    Qui en dansant bruissent des ailes

    Elles arborent en guise de diadème

    Des corolles et des étamines

    Et leurs visages enduits de crème

    Suintent des lèvres d'albumine

    Elles ont aux pieds une fleur de lys

    Et dans leurs chants le décourage

    Une coiffure couleur réglisse

    Un cumulus rempli d'orages

    Des robes dérobent des épaules

    Et les plis glissent sur le marbre

    Leurs mains diaphanes miment l'envol

    Des âmes cachées entre les arbres

    Les doigts écorchent la cithare

    Dans des vapeurs d'encens et de myrrhe

    Des cymbales et des cris d'oiseaux rares

    Ricochent sur l'ombre des menhirs

    Le rocher s'ouvre et l'hiérophante

    Coiffé de narcisses et fardé d'ambre

    S'enfonce suivi par sa procession lente

    Dans les entrailles brouillées de cendres

    Un éclair de soufre cisaille l'horizon

    Les Muses vont battre l'aquilon

    FLORAL

    Il en faut du talent pour dire je t'aime

    Et te laisser entrer où nul ne vient

    Un jardin clos de théorèmes

    Où la rosée s'épouse d'un délicieux chagrin

    La tulipe dans la lueur du soir

    Balbutie des rêves nacrés

    Une bouche enduite de fards

    Susurre des aveux sucrés

    La violette tapie sur l'humus

    Aussi fragile qu'un clitoris

    La pivoine est un gros cumulus

    Qui éclate au milieu des lys

    Et la rose enrobée de plis

    Dévoile des valses folles

    Où tu m'entraînes sans répit

    Vers des vestiges qui m'affolent

    Je sais des premières jonquilles

    Des sommeils froids et étourdis

    Un soleil rond comme une bille

    Qui serpente au milieu des buis

    Je reconnais à la pervenche

    Une paresse toute alanguie

    Et de ces grands roseaux qui penchent

    La sensation claire de l'oubli

    Le coucou vient me réveiller

    Dans le bonheur d'une rainette

    Et mon amour se laisse aller

    En épluchant la pâquerette

    Je t'aime un peu beaucoup

    Le pissenlit est bon facteur

    A la folie par-dessus tout

    Que ses aigrettes portent mon cœur !

    AU SOIR

    Belle Vénus suspendue sur l'arête des toits

    Diamant brisé comme une moire de soie

    Amants brouillés et qui n'ont plus la foi

    A l'angélus quand la brume étreint les dunes

    Sous le brame de grandes bêtes nocturnes

    Vient s'immoler la douceur d'être soi

    D'un baiser bref ou d'un élan d'effroi

    Breveté par l'étoile ensorcelée de froid

    J'attends ton aile se prolonger sur moi

    Cette brûlure que j'héberge tel un refuge

    Déposant sur mes lèvres le ressac de douze mois

    Beauté bergère d'une capiteuse effluve

    Brunes marbrées toutes envoûtées de brumes

    Soirées sucrées dans le parfum des prunes

    Fruits enrobés d'une crème de lune

    Mais cet amour irrésolu qu'en vas-tu faire ?

    L'emporter dans un bois où meurt la lumière

    Ou bien le calfeutrer sous un lit de poussières

    Il y a des forêts embrasées par des rêves

    Et des rêves piétinés par l'ignorance des rois

    Une belle certitude dont je me meurs de toi

    Un tressaillement furtif que tu ne connais pas

    La franchise hésitante et belle du premier pas

    L'étourdissement plausible de l'au-delà

    Tout recroquevillé il attend ton secours

    Telle une pomme diaprée d'un noir velours

    La vapeur embaumée d'un amour sans secours

    Brise embaumée

    La chaleur de l'humus

    Sur un lit de mucus

    Pétrie d'éternelles beautés

    Monte Vénus

    A MARIA

    Son regard est un archipel

    Où volent des plumes de corbeau

    Et sa voix fragile froissée d'ailes

    Ricoche comme le rire d'un ruisseau

    Parfois la force du chêne

    Pénètre déjà dans le tombeau

    D'autres fois couleur sienne

    Le mâle s'unit dans le beau

    Rien n'est plus fugitif

    Que le violon d'un concerto

    Et de saisir l'instant furtif

    D'un musicien prit de sanglots

    Rutilant sur l'ombre l'orchestre

    Un grand piano redoutable

    Et devant le micro le ciselé de quelques gestes

    Dévoile le pur inconsolable

    Dans la nuit tressaille une star

    Réfugiée derrière les velours

    D'une longue voiture noire

    Qui glisse entre les faubourgs

    Des cils humectés d'écume

    Un visage posé sur la paume

    Des diamants en guise de lune

    Un sourire aussi las qu'un psaume

    Tant de villes autant de naufrages

    Se bercer et se relever

    Chanter perforer davantage

    D'un claquement bref les nuées

    La voix est devenue silhouette

    Et la lumière du jour un secret bien fragile

    Le cœur n'est plus qu'une amulette

    Et la gloire un instrument fragile

    Courir pourquoi pas vers la mer

    Ce bel assaut épris de vagues

    Tout comme la cinquième de Mahler

    S'unir à l'océan plein de vagues

    Alors refermer les paupières

    Sous le cri vif des goélands

    En laissant monter de la Terre

    Ce beau mugissement de naguère

    D'un ultime applaudissement

    L'ALCHIMISTE

    C'est une petite maison coiffée de tuiles brunes

    Le long desquelles le vent poivré vient s'écorcher

    Une colline blonde où roule l'odeur des prunes

    Un chemin creux qui descend vers la marée

    Une porte est bien sûr restée entrouverte

    Sur un feu qui crépite de flammes langoureuses

    Une fugue de Bach d'une méprise svelte

    Dessine sur les murs des ombres bienheureuses

    Une chèvre rumine en se goinfrant d'été

    Et des poules en grattant vont retrouver leur gîte

    Un orage pulpeux se suspend aux sommets

    Et l'herbe se dandine de ballets insolites

    Une table de guingois propose du fromage

    Une cruche de vin une miche de pain

    Le vent du large agite un froissement de pages

    Les pensées de Pascal et de Saint Augustin

    Une cloche résonne dans l'haleine des foins

    Une lumière indigo vient tamiser les lieux

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