Traces

Par Constance Tigah

La notion de « traces » traverse non seulement le temps mais également l’espace. Comment résister à cette tentation de vouloir fixer l’espace tel un cliché ? ou de figer le temps dans sa dimension historique revisitée par la liberté de l’individu : ses émotions, ses perceptions, son imaginaire ?


À PROPOS DE L'AUTEURE


Pour Constance Tigah, l’observation du monde participe à la construction de soi, dans notre tentative quotidienne de vivre le moment présent avec intensité. Comprendre comment le « je » s’insère dans le trafic intense de l'univers l’a conduite à l’écriture de ce recueil de poèmes.

• Langue: Français
• Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
• Date de sortie: 31 août 2022
• ISBN: 9791037767028

Aperçu du livre

Le conteur

C’était un village aux pages jaunies

Dont l’histoire jamais écrite

était confite de la vie

Et les mots jamais prononcés

en silence se sont affaissés

Et les signes avec la poussière

un instant se sont soulevés

En une ligne d’esthétisme.

L’aventure n’est pas terminée

Le vide est là, sur l’étagère

Moelleuse aux lettres éparpillées

Il ne reste qu’à le remplir

de tout ce qui a débordé.

La voix qui a perdu son trône

perd son essence dans la cour

Où elle jongle de quelques flammes

infatigable troubadour

muse d’un espace de temps

assise sur une fin de vie

Page saoule et incandescente

et qui ira s’abandonner

sur sa tranche d’indifférence

Mais apatride elle vit longtemps

celle qui fermente déjà

et tandis que la cour s’effondre

son ombre n’est déjà plus là

Montolieu, village du livre

Pierres

Des pierres sont posées les unes sur les autres

Et me parlent sans cesse d’un endroit à un autre

Paroles surplombant le ciel de leurs histoires

Nombreuses et chargées à jamais oubliées

Encordée à ce glas, je largue les amarres

Et je passe la roche en enjambant le temps

Une âme traversée telle une catapulte

Une pierre lancée au parcours haletant

Le vent souffle et me pousse

Me voilà tout en haut

Je suis montée d’un trait pour mieux faire le guet

Je me dresse jadis, pour dominer

Et du haut de la tour, de montagnes entourées

Je guette vaillamment les pas dans la forêt

Ce lien te rend unique en chaque lieu

Par ces portes magiques, je te vois mieux

À travers ce vitrail si lumineux

Le souffle de ce monde s’estompe un peu

Des racines ancrées au bas d’un escalier d’un lieu hospitalier

Des pavés tout petits tournoyants et rampants parfois même allongés

Des ruelles étroites et pleines de présences historiques et