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L’amour de la folie
L’amour de la folie
L’amour de la folie
Livre électronique505 pages6 heures

L’amour de la folie

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À propos de ce livre électronique

Au-delà de l’impudence de déclarer sa flamme à la folie, il est tout aussi délicat d’associer nos folies « douces » ou « ordinaires » aux pathologies les plus douloureuses telles que les psychoses et l’autisme. En référence à « l’Éloge de la folie » d’Érasme, qui se proposait de se moquer de la société anglaise de la Renaissance jusqu’à parler en son nom et la tourner en dérision, il nous est apparu que la folie était toujours aussi méconnue ou moquée sur un mode défensif à l’orée de ce vingt et unième siècle. La folie fait peur en fonction d’un fort attachement à la notion de normalité et nous répugnons à la reconnaître sur un mode mineur en un certain nombre de nos manies, phobies, clivages ou rituels qui entravent cependant notre vie quotidienne.
Cette approche s’intéresse tout autant aux diverses formes de folie et ses symptômes qu’à un certain nombre de créateurs qui ont connu sa morsure au point de nous interroger à propos de l’interaction du génie et de la folie qui demeure toujours sans réponse. Laissons-nous dériver selon le courant de la déraison, sans a priori et avec humour, à la façon d’Érasme, qui nous tend depuis six siècles ce miroir dans lequel il nous invite à nous reconnaître.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Ayant écouté et observé ses patients psychotiques, Jean-Luc Locret s'en est inspiré et a conçu L’amour de la folie. Il nous incite à mieux connaître les arcanes de la folie qui nous reste étrangère, sans répugner à y mêler ce qu’il est convenu d’appeler nos « folies douces » ou « ordinaires », de façon à les reconnaître avec bienveillance et en faire nos alliées à défaut de les résoudre.
LangueFrançais
Date de sortie15 sept. 2022
ISBN9791037764003
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    Aperçu du livre

    L’amour de la folie - Jean-Luc Locret

    Aboulie

    (a/boulé : sans volonté)

    Issu du grec ancien, aboulie signifiait le fait de négliger les morts et de ne pas les enterrer. Il a évolué au fil du temps et il est désormais synonyme de « paresse ». Celle-ci est un des sept péchés capitaux, proche de la luxure et toujours condamnable par l’Église de Rome. Ce mot n’a cependant plus cours et pourrait même faire sourire. Nous connaissons, en effet, des paresseux heureux et bienheureux qu’il nous arrive d’envier tant ils paraissent animés d’une certaine sagesse dans un monde où le temps s’accélère et l’espace se réduit comme peau de chagrin. Il était aussi défini dans le passé comme un manque de « volonté ». Au-delà du « désir de vie » propre à Schopenhauer qui ne mènerait qu’à la souffrance, ce mot est tombé en désuétude tant il transpirait d’une éducation et d’une morale judéo-chrétiennes. Le « désir » est désormais le maître mot et nous ne cessons d’évoquer à tout moment la notion de « motivation » qui en est le substitut.

    À ce propos, vous avez sans doute remarqué depuis plusieurs décennies l’évolution de l’apprentissage de la lecture à savoir l’abandon de la méthode « syllabique » et l’adoption de la méthode « globale ». Celle-ci a généré, avant même la survenue du numérique, nombre d’enfants fâchés avec l’orthographe et maints collectionneurs de fautes. Avec le temps, le choix a été fait d’un panachage des deux méthodes qui était censé faciliter cet apprentissage. Si les enfants s’en portent mieux, il semble que cette stratégie de facilité n’ait pas vraiment porté ses fruits. En souhaitant leur faciliter la tâche en référence au principe de plaisir il est possible que nous ayons ainsi contribué à ce que certains soient moins enclins à une certaine rigueur et puissent connaître une certaine difficulté à s’émanciper par immaturité. L’étymologie du mot « travail » serait, à ce propos, assez éclairante puisque « tripalium » désigne, comme vous le savez, un instrument de torture à trois pieux dont l’image est susceptible de nous glacer d’effroi.

    Certains, depuis la nuit des temps, se sont appliqués à faire l’éloge de la paresse. Comment ne pas nous en faire complices selon le souvenir de siestes sous la ramure, bercées par le ressac, tandis que le chant striduleux des cigales, leur appel des mâles à l’amour nous invitent aux délices d’une régression. Nous ne cessons aujourd’hui de rêver aux vacances, à ces moments de rupture et d’aboulie, comme si cette pratique disruptive était devenue nécessaire à nous recharger en énergie. Cette « aboulie » peut cependant aller bien au-delà de la nonchalance méditerranéenne. Elle peut en effet prendre la forme d’une « procrastination », qui consiste à remettre notre ouvrage au lendemain en fonction d’une difficulté à faire des choix. Si celle-ci peut être le fait d’une grande ambivalence, elle peut être induite par un « manque de désir », c’est-à-dire selon un vécu subdépressif ou dépressif. Elle peut, de la même façon, être liée à un manque de « dopamine », l’hormone cérébrale du plaisir, la clé de nos motivations et de notre réactivité. Cette aboulie peut être aussi le fait d’un état de fatigue ou de surmenage, voire d’un état de « burn out » en fonction d’un vécu de stress et de certaines cadences infernales de travail au sein d’une économie néolibérale et numérisée. L’aboulie, mineure ou majeure, peut donc prendre des formes diverses et ses causes peuvent être de nature biologique ou psychoaffective et d’une interaction fréquente entre celles-ci.

    L’aboulie est la petite sœur de l’acédie. Elle a survécu dans son ombre grâce à la condamnation de l’Église mais n’a plus cours dans notre langage contemporain. Les paresseux sont souvent talentueux ou inventifs et entendent ne pas gaspiller leur énergie. Peut-être sont-ils philosophes alors que tout s’agite et s’accélère autour de nous à tel point qu’une réponse tardive à l’envoi d’un mail ou d’un tweet nous incite à penser que l’autre ait pu être frappé d’un malaise ou nous tienne rigueur d’un manquement ?

    Si ces échanges ont gagné en spontanéité et en rapidité il est indéniable que le temps de la « réflexion » devient péjoratif ou superflu dans un monde numérisé tandis que la langue française paraît se déliter sur un mode de jeu et privilégie une orthographe phonétique ou inclusive en fonction de la croissance invasive des échanges numériques. Il nous vient l’envie de faire l’apologie sinon de l’aboulie, du moins de la réflexion et plus encore de « l’ennui » tellement proscrit par nos contemporains, alors que celui-ci nourrit l’imaginaire de l’enfant et génère ses capacités d’invention.

    Acédie

    (Akedia : négligence/indifférence)

    « L’Acédie » est un mot dont l’usage semble réservé à certains érudits et toujours vécue comme un vice par l’Église de Rome. Étonnante histoire de cette « acédie » qui, dès le Moyen Âge, équivaut au « Démon de midi » et n’a cessé d’évoluer jusqu’à notre époque contemporaine. Inventée au quatrième siècle par des moines égyptiens, elle signifiait un manque de soins pour les défunts puis devint au fil du temps une maladie spirituelle des ermites qui était censée assiéger leur âme de la quatrième à la huitième heure de la journée. Comme si la lumière de l’après-midi les engourdissait et les incitait à une certaine paresse. Étant donné les privilèges et l’influence de la vie monastique, elle est vécue jusqu’au XIIe siècle comme un vice puis devient avec Thomas d’Aquin un des sept péchés capitaux jusqu’au jour où la médecine commence à s’y intéresser. Elle finit progressivement par concerner tous les laïcs au dix-neuvième siècle par l’effet de l’industrialisation naissante et signifie une sorte de « paresse ». Après être tombé en désuétude, sinon pour l’Église, ce « démon de midi » connaît un renouveau au vingtième siècle et, de son signifié monastique initial, s’apparente désormais à une crise de la vie conjugale.

    Alors que le « démon de midi » signifiait le comportement des hommes de la cinquantaine, inquiets de leur vieillissement et de leurs capacités de séduction qui se proposent de vivre une seconde vie avec une compagne plus jeune, ce même syndrome affecte désormais les femmes vieillissantes depuis une vingtaine d’années. On les appelle « Cougars » ou « Pumas » correspondant à une famille de félins originaires d’Amérique du Nord. À moins d’être un effet de mode, ce nouvel usage n’est sans doute pas étranger à une sacralisation de la jeunesse, à un narcissisme exacerbé ainsi qu’à l’évolution du statut de la femme et la maîtrise de sa fécondité.

    Vous remarquerez que ce « démon de midi » laïc est resté fidèle à sa longue histoire dans la mesure où il demeure plus ou moins sulfureux selon une connotation incestuelle ou incestueuse. Si cette étonnante métaphore fait toujours sourire, elle n’est peut-être pas tout à fait étrangère à un certain laxisme qui se traduit actuellement par un nombre croissant de divorces de l’ordre de 55 % au-delà de l’âge de quarante ans.

    « L’acédie » est toujours à la mode et le pape François ne manque pas d’y faire référence. Fidèle à la tradition de l’Église, il la dénonce et l’associe à une indifférence religieuse, une menace grandissante pour le clergé et notre société d’aujourd’hui. Il est pittoresque de se rendre compte que l’Église assimile l’acédie à la paresse, à l’indolence et la dénonce sans la distinguer des états dépressifs dont elle paraît ne pas avoir connaissance. Alors qu’elle ne l’a toujours pas effacée de la liste des péchés capitaux, il faut savoir qu’au-delà d’un cruel manque de désir pour agir ou entreprendre, le vécu de « culpabilité » est un symptôme majeur et douloureux de la maladie dépressive qui est la plus répandue du siècle.

    Addiction

    Il serait bon de ne pas oublier les premiers instants de notre existence bien que nous n’en ayons pas la mémoire. Nous nous développons, comme vous le savez, dans un espace liquidien sur un mode parasitaire. Notre vie intra-utérine est proche de celle des amphibiens si ce n’est l’existence du sac et du liquide amniotique qui protègent l’embryon et le fœtus. Si la section du cordon ombilical et le premier cri sont les prémisses d’une future autonomie, ils ne font qu’inaugurer une nouvelle forme de dépendance, à savoir la nécessité vitale d’un échange respiratoire. Une fois mis au monde, notre immaturité physique et psychique est telle qu’elle génère elle-même une dépendance absolue à notre mère. Nous vivons avec celle-ci durant plusieurs années une relation fusionnelle et interactive selon un sentiment océanique initial qui est censé se défaire selon une évolution progressive et programmée dans le temps.

    Cette « défusion » est essentielle à la structuration de la personnalité de l’enfant et doit lui permettre d’accéder à une autonomie suffisante. Elle se résout cependant parfois difficilement et cet écueil est peu identifié. C’est ainsi que nous avons recours sans nous en étonner à toutes sortes de substituts à commencer par le pouce chez le nourrisson puis maints subterfuges ou fétiches qui ont valeur de coucounes et nous permettent de pallier sans fin la mauvaise résolution de ce sevrage au cours de notre vie adulte.

    La toxicomanie correspond officiellement à une appétence morbide pour de nombreux toxiques (alcool, cannabis, cocaïne, héroïne, ecstasy, psychotropes, tabac et bien d’autres) qui se traduit par une dépendance croissante à l’égard de ceux-ci, une accoutumance, à savoir la nécessité d’augmenter progressivement les doses pour obtenir les mêmes effets. Il s’agit généralement de patients mal structurés, fuyant le réel et engagés dans une spirale dramatique de régression et d’autodestruction. Il est difficile de savoir quelle est la part de l’inné et de l’acquis à propos de la genèse de cette dépendance aux toxiques.

    Divers auteurs se sont préoccupés de la relation précoce de l’enfant à sa mère, de son importance à propos de la structuration de sa personnalité et de ses conséquences sur sa vie adulte.

    La théorie de « l’Attachement » de John Bowlby évoque un rôle actif de l’enfant, à savoir, un besoin social, primaire et inné induisant la proximité d’une relation fusionnelle et un contact physique avec sa mère. La continuité de ces liens d’attachement serait essentielle au développement global du petit enfant et toute rupture de ceux-ci serait un évènement traumatique dont les conséquences seraient majeures à court et à long terme. Comme si le nouveau-né était programmé dès la naissance et disposait d’un répertoire de comportements innés tels que sucer, pleurer, sourire ou s’accrocher. C’est dans la mesure où la mère s’applique à y répondre qu’elle devient la principale figure d’attachement et une base de sécurité pour l’enfant. Ce lien a une fonction d’adaptation, de protection et d’exploration. Si celui-ci bénéficie d’une sécurité affective initiale satisfaisante il pourra alors exprimer plus facilement à l’avenir ses émotions et ses affects ainsi que développer au mieux son langage et ses autres acquisitions. À défaut, Bowlby estime que certains enfants ont la possibilité de dépasser ces traumatismes précoces selon un processus de « résilience » dont il est l’inventeur et qui a été remis au goût du jour par Boris Cyrulnik en fonction de son histoire proprement miraculeuse.

    Donald Winnicott, lui-même psychanalyste, estime que la construction des premiers liens entre l’enfant et sa mère répond à un besoin inné et biologique. Il se préoccupe de la façon dont la mère prodigue les soins qui doivent avoir des caractéristiques de continuité, de fidélité et une capacité d’adaptation progressive. Celui-ci pourra alors constituer un capital, un « viatique » qui lui permettra d’affronter à l’avenir divers écueils et notamment des situations de séparation, de perte ou d’abandon et l’angoisse qui va avec. Il estime cependant qu’aucun traumatisme précoce n’est irréparable et peut se résoudre grâce à ce même processus de résilience.

    Alors qu’il éprouve, dès l’âge de trois ans, un sentiment de toute-puissance et l’illusion d’être l’objet unique du désir de sa mère, l’enfant va en effet devoir vivre une profonde désillusion faite de dépossession pour accéder à l’autonomie. Ayant acquis, dans le meilleur des cas, une aire transitionnelle, il fera appel à son pouce et ne quittera plus son « doudou » qu’il pourra animer à sa guise et dont la fonction est de pallier ce vécu de défusion progressive d’avec sa mère qui équivaut à un « sevrage ».

    La psychanalyse se préoccupe spécialement de cette relation précoce de l’enfant à sa mère qui déterminerait son histoire et la succession programmée des divers stades de la structuration de sa personnalité. Elle ne méconnaît pas la part génétique de celle-ci mais privilégie l’importance des facteurs psycho affectifs.

    Mais pourquoi se préoccuper de cette période néonatale et précoce à propos de l’appétence toxicomaniaque ? Bien que cette pathologie soit le fait de nombreux facteurs génétiques, psycho-affectifs et sociaux nous serions tentés de privilégier à son propos l’écueil de cette période archaïque et fusionnelle en fonction de certains symptômes telles que l’existence d’une importante et durable régression, l’extrême dépendance aux toxiques ainsi que la part des pulsions de mort et d’autodestruction qui la caractérisent.

    Le problème d’addiction et des toxicomanies est mondial et concerne au plus haut point l’Occident. Il faut noter qu’à l’ONU les nations ont fait encore récemment le constat de l’échec des politiques de lutte contre le trafic de drogues. Le marché noir est de l’ordre de 500 milliards de dollars au niveau mondial. Le coût humain est non moins important. Il existe actuellement en France plus de 7 millions de consommateurs de cannabis, réguliers ou irréguliers, 800 000 de cocaïne, 600 000 d’ecstasy, 50 millions d’alcool et 40 de tabac. Si ces deux dernières sont en régression en France, les consommations de cannabis, de cocaïne et d’héroïne sont en constante augmentation malgré toutes les stratégies successives déployées par les divers gouvernements pour y remédier depuis des décennies.

    Autant dire qu’il s’agit d’un fléau dont le « sevrage » et le traitement demeurent très difficiles. Celui-ci ne concerne que des patients volontaires, doit être composé d’un déconditionnement accompagné de psychothérapies diverses, individuelles ou collectives et d’une éventuelle prescription à dose décroissante d’ersatz tels que la Méthadone, le Subutex et les divers psychotropes qui sont eux-mêmes des drogues mineures. Ces diverses prises en charge sont malheureusement souvent des échecs dans la mesure où il s’agit d’un reliquat d’une dépendance archaïque qui s’exagère en fonction de l’effet biochimique des toxiques sur les structures cérébrales.

    Nous ne devons pas limiter les conduites d’une dépendance à la consommation de toxiques illicites et manquer d’évoquer celle des toxiques licites : l’alcool, la nourriture, le tabac, le sport, le travail, le jeu, la sexualité compulsive, l’intégrisme religieux ou politique, l’état amoureux ou passionnel, voire l’avarice, peuvent, en effet, induire une dépendance susceptible d’évoluer vers une forme d’addiction plus ou moins invalidante au plan personnel et social. Les dérives d’une dépendance à ces divers toxiques demeurent, comme vous le savez, le plus souvent dans le registre d’une apparente normalité et sont niées et déniées jusqu’au moment où elles deviennent invalidantes. Nous demeurons des nourrissons mal sevrés, livrés à eux-mêmes, en quête d’un paradis perdu, dans un océan de manque et d’incertitude.

    Agoraphobie

    (Agora = place publique)

    (Phobos = crainte, frayeur)

    L’angoisse est certainement le signe ou le symptôme le plus courant de la folie ordinaire. Elle n’est pas toujours identifiée et peut être déniée. Ce n’est pas une peur d’un danger réel à l’image du trac. Lorsqu’elle s’exprime sur un mode majeur, elle peut correspondre à la sensation éventuelle d’une mort imminente, de l’amorce d’un malaise physique, le plus souvent cardiaque, ou d’une peur de perdre la maîtrise de soi. Elle peut générer dans ses formes aiguës de multiples symptômes tels qu’une douleur ou une gêne thoracique, des palpitations, des nausées et vomissements, des vertiges, une sensation d’étouffement, une accélération du rythme cardiaque, une transpiration profuse, des cauchemars et des terreurs nocturnes tant chez l’enfant que chez l’adulte.

    L’angoisse dite « flottante » qui correspond à un mode mineur peut apparaître à tout moment et sans prévenir. Il apparaît que l’angoisse de mort ou d’abandon est, bien souvent, à l’origine de ces malaises. Elle peut prendre des formes multiples et variées et elle est souvent associée à des situations de « stress ». Si l’angoisse flottante peut apparaître à tout moment, il n’en est pas de même pour la phobie qui est déclenchée par une situation ou un objet précis dit phobogène.

    Comme si l’angoisse s’était alors cristallisée sur ces objets ou ces situations. Vous comprendrez facilement que ces phobies peuvent être plus ou moins invalidantes selon ces situations ou ces objets. Il est évident que s’il s’agit par exemple, d’une phobie des serpents, nous ne serons guère menacés de l’apparition d’un malaise si nous vivons au cœur d’une ville.

    Il en est autrement de « l’agoraphobie » pour les citadins. Cette angoisse peut apparaître lorsque nous nous trouvons sur une place ou un site public ou bien encore dans la foule une file d’attente ou au cours d’un spectacle. Comme si l’on perdait soudain ses repères dans l’espace. Peut alors apparaître ce que l’on appelle une « attaque de panique » qui se traduit par une sensation de mort imminente et les symptômes déjà cités mais sur un mode explosif. Ce malaise est très impressionnant bien qu’il ne présente aucun danger vital.

    Le plus souvent le premier réflexe consiste à fuir pour échapper à cette situation. Apparaissent alors des comportements d’évitement qui peuvent générer dans les cas les plus graves une forme de retraite jusqu’à s’enfermer définitivement chez soi. Vous comprendrez que cette agoraphobie peut induire des phobies sociales, une phobie de la relation à l’autre qui peut être invalidante. La pensée magique est alors appelée à l’aide pour mettre en place des stratégies contraphobiques. Cela peut être un objet ou un contre fantasme qui devient fétiche et a pour fonction de conjurer l’angoisse. Le fait de l’imaginer, le porter sur soi ou le toucher peut, dans le meilleur des cas, annuler le déclenchement de la crise d’angoisse.

    L’exemple de Glenn Gould, ce génie de l’interprétation des œuvres de Bach et son fameux « finger tapping » est un cas d’école. Ayant décidé un jour de ne plus jamais se produire en public, soi-disant en quête d’une acoustique parfaite, il s’est enfermé chez lui pour se consacrer uniquement à des enregistrements, assis sur un petit banc fabriqué par son père durant son enfance et se situer au-dessous du clavier.

    Alors que l’ensemble de ses comportements, ses bizarreries et ses rituels avant les concerts pouvaient être signifiants d’une phobie sociale paralysante et d’un certain vécu obsessionnel, les classifications anglo-saxonnes (DSM IV ou V) l’identifiaient à une nouvelle forme de psychose invalidante appelée « Syndrome d’Asperger ».

    Les traitements de l’agoraphobie comportent l’association d’une thérapie comportementaliste par déconditionnement et d’une prescription éventuelle d’anxiolytiques. Il est intéressant de découvrir combien de difficultés de relation à l’autre peuvent être induites par une phobie sociale qui sera masquée ou ne sera jamais diagnostiquée, élucidée, ni résolue. On décrit couramment une cinquantaine de phobies selon les objets ou les situations qui sont en cause.

    Ceci peut aller de l’arachnophobie ou la phobie des araignées jusqu’à celle de la maladie ou nosophobie, de la tocophobie ou peur de l’accouchement en passant par la phobie scolaire et la phobie du « Bonheur » ou « Chérophobie » dont vous conviendrez à quel point celle-ci est susceptible de nous surprendre.

    Althusser Louis

    « Le caïman »

    L’histoire tragique de ce philosophe, le maître à penser du courant structuraliste et maoïste des années 60, dit le « Caïman », directeur de l’École Normale supérieure, entouré de fervents disciples adhérant à ses concepts révisionnistes du marxisme, ne peut être dissociée de l’existence d’une grave maladie maniaco-dépressive. Celle-ci correspond à une succession périodique d’épisodes dépressifs qui pouvaient parfois durer des mois, nécessitant des séries d’électrochocs à l’hôpital Sainte-Anne qui le laissaient pantelant et partiellement amnésique durant plusieurs semaines.

    De façon à éclairer la démarche philosophique de Louis Althusser il est utile de se référer aux concepts de Baruch Spinoza, cet éminent philosophe néerlandais qui n’a cessé de l’inspirer ainsi que ses pairs marxistes qui les empruntèrent pour combler l’ambiguïté de la pensée de Marx et sa difficulté à s’affranchir des concepts de Hegel. Il est un des premiers philosophes à avoir développé au 17e siècle un athéisme au sein de la philosophie qu’il a convertie à la géométrie euclidienne. C’est ainsi qu’il énonce des définitions et des axiomes qui se déduisent les uns des autres de façon mathématique et identifie Dieu à une « substance infinie » dont s’accomplit tout le reste. Dans la mesure où ce Dieu est assimilé au « tout » et à la « nature » et dans la mesure où il n’est plus transcendant, il n’existe donc plus de finalité ou de téléologie fondée sur une création du divin. C’est un siècle plus tard que naît en Allemagne Georg Friedrich Hegel dont la philosophie fait suite à la période des Lumières et à la Révolution française. Il conçoit la réalité sous tous ses aspects comme l’expression d’un mouvement dialectique d’une « totalité » et une dynamique des oppositions et des contradictions qui la constituent. Il élabore dans sa « Phénoménologie de l’Esprit » un système où tous les concepts sont liés à cette « totalité » et dans laquelle l’histoire, la morale, le droit, l’art, la religion et la philosophie ne peuvent être dissociés.

    Alors que l’on conçoit habituellement la vérité selon un mode hors du temps, à savoir que si une idée est vraie elle devrait l’être de toute éternité, Hegel prétend, au contraire, que s’il existe une vérité universelle celle-ci n’est qu’un « tout » en « devenir ». C’est ainsi que, selon lui, les différents systèmes philosophiques ne peuvent prétendre à la vérité sinon à un moment donné du développement de l’histoire de la philosophie.

    C’est en référence à Hegel que Karl Marx élabore cinquante ans plus tard son « Matérialisme dialectique » et conteste ses concepts pour mieux s’en différencier. Dans son « Idéologie allemande » conçue avec Engels et publiée après sa mort dont Lénine n’avait pu avoir connaissance, il énonce une critique radicale de la philosophie de son époque et évoque un double rapport du vécu idéologique. Comme si les hommes exprimaient, selon lui, non leur rapport à la réalité de leurs conditions d’existence mais la façon dont ils la vivent en fonction de leur imaginaire. C’est ainsi qu’il identifie le vécu idéologique à une « fausse conscience » du réel propre à l’imaginaire de chaque classe sociale. En définitive, alors qu’il reproche à Hegel d’avoir une pensée abstraite et étrangère au monde du réel, alors qu’il propose, pour sa part, une conception matérialiste de l’Histoire et s’applique à s’affranchir de la part métaphysique des concepts et de l’idéalisme de la « Phénoménologie de l’Esprit », tout signifie qu’il ne pourra cependant jamais s’en défaire.

    Cette évocation succincte des concepts de Spinoza, Hegel et Marx nous permet d’illustrer, selon une filiation, l’approche d’Althusser qui propose à la fin du 20e siècle une nouvelle lecture de Marx sur des bases non idéologiques. Pour ce faire, il ne conserve de la dialectique hégélienne que le concept de contradiction et l’applique aux formations économiques et sociales.

    Son rapprochement entre les concepts psychanalytiques et marxistes l’amène, par ailleurs, à concevoir une « surdétermination du sujet » en fonction de son inconscient mais plus encore de la situation historique dans laquelle il se trouve. C’est ainsi que le « Caïman » choisit de concevoir l’idéologie en l’absence de « sujet » tant il estime qu’elle est éloignée du réel et fonction de la virtualité de notre imaginaire.

    Au-delà de l’évocation de sa démarche philosophique, l’histoire de Louis Althusser pourrait paraître relativement normale, voire réussie, si ce n’est la gravité et la périodicité des états dépressifs dont il est victime alors qu’il est l’un des plus célèbres philosophes des années soixante. Il s’applique avec ses disciples à réécrire Marx, se définit comme structuraliste puis maoïste, est traduit dans le monde entier jusqu’au jour où il étrangle sa femme bien-aimée, Hélène Rytmann, un matin de novembre 1980 dans sa résidence de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Le monde et les adeptes du structuralisme et du maoïsme sont stupéfaits face à ce drame inexplicable en fonction de l’aura de Louis Althusser et de son image au plan international mais beaucoup ignorent l’histoire de ce philosophe, de sa filiation peu commune et source de maints secrets et malentendus.

    Louis naît en 1918 en Algérie d’une famille alsacienne très catholique, vit tour à tour à Marseille et à Lyon puis est reçu à l’École Normale Supérieure avant d’être fait prisonnier durant cinq ans dans le stalag de Schleswig où il présente pour la première fois les signes d’une psychose maniaco-dépressive. Il perd sa foi catholique à cette époque et s’inscrit au Parti communiste en 1948 avec lequel il sera toujours plus ou moins en querelle. Il a rencontré deux ans auparavant Hélène Rytmann, plus âgée que lui, juive, ancienne responsable d’un réseau de résistance sous le nom de Legotien qui l’initie à la sexualité et aux concepts marxistes alors qu’il est toujours vierge à vingt-huit ans.

    Hélène est à la fois sa muse, son initiatrice et plus ou moins l’inspiratrice de sa philosophie « sans Sujet ». Cette femme de caractère refuse de porter l’étoile jaune pendant la guerre et milite dans la Résistance. Âgée de 13 ans, elle a « suicidé », du moins, hâté la fin de vie de son père atteint d’un cancer et de sa mère un an plus tard atteinte elle-même d’un mal incurable selon les conseils de leur médecin. Elle sera toujours près de « lui » malgré ses infidélités et « Louis » y est très attaché. C’est ainsi qu’étant hospitalisé pour un épisode dépressif le soir des premières barricades de mai 68, il pouvait lui écrire ce vibrant message d’amour : « Tu es mon seul point fixe dans cette mer sans horizon ».

    L’expression « d’un coup de tonnerre dans un ciel serein » pourrait au mieux illustrer ce moment où Louis, massant le cou d’Hélène, l’étrangle soudainement en fonction d’une impulsion qu’il ne peut réprimer alors que le ciel n’était pas toujours serein dans leur couple en fonction de leurs deux personnalités et de ces épisodes dépressifs. À l’issue de ce passage à l’acte, en ce matin du 16 novembre 1980, il est immédiatement interné en psychiatrie pour un état délirant.

    Pour tenter d’éclairer cette énigme il est utile de préciser l’histoire étonnante de sa famille génitrice telle que lui-même la conçoit :

    Louis est le fils de Charles Althusser que sa mère, prénommée Lucienne, a épousé par défaut alors qu’elle n’a jamais cessé d’aimer son frère Louis, mort à la guerre 14/18. Alors qu’elle n’a pas pu faire le deuil de Louis, et qu’elle a prénommé son fils de la même façon, voici ce que celui-ci imagine à propos de ses difficultés d’existence et de ses tendances suicidaires : « Depuis toujours, écrit-il, je n’existais pas. Je voulais à tout prix me détruire parce que je n’étais rien d’autre qu’une existence d’artifices, d’impostures, c’est-à-dire proprement rien d’authentique, donc rien de vrai, de réel. La mort était inscrite dès le début en moi ».

    Le caïman se vit en définitive comme un être sans père tant Charles, son géniteur, ce substitut, n’a pu être un modèle d’identification, tant il était jouisseur, autoritaire et impulsif à l’égard de son épouse et de ses deux enfants.

    Dans « L’Avenir dure longtemps », cet ouvrage autobiographique rédigé au cours de son hospitalisation à l’issue de son forfait, Althusser nous livre une interprétation d’inspiration lacanienne que certains ne se priveront pas de contester et estimeront qu’il s’est ainsi appliqué à démontrer son absence de culpabilité.

    « Lui, c’était Louis, mon oncle que ma mère aimait, pas moi, sans compter l’oui au désir de la mère et ce prénom de la troisième personne contre lequel je me révoltais et qui se substituait au mien. » Comme si tout était imposture dans cette constellation familiale. À commencer par Charles qui avait pris la place de Louis, sa mère Lucienne qui avait pris la place de sa sœur Juliette, initialement sa fiancée, lui-même se substituant dans le cœur de sa mère à Louis le bien aimé dont, encore une fois, elle n’avait jamais pu faire le deuil.

    Tout était « imposture », selon lui, dans cette constellation familiale au sens où chacun était le substitut, le double de l’autre. En « suicidant » Hélène, ce substitut, ce double, par cet éventuel homicide altruiste, il aurait ainsi emprunté la seule issue de cette aporie, de cette impasse incestuelle.

    Alors qu’il écrivait dans ce même livre posthume « J’avais toujours été en deuil de moi-même », le 23 janvier 1981 le Juge d’Instruction conclut à un non-lieu dans la mesure où il était admis qu’il avait agi ce crime en état de démence.

    Alors qu’il s’était appliqué, selon ses concepts, à abolir la notion de « sujet », cette décision de justice signifiait qu’il ne pouvait décidément être tenu pour responsable, ni l’auteur de son désir ni de son destin. Il existe d’autres facteurs qui auraient pu contribuer à ce passage à l’acte dans la mesure où son psychiatre et thérapeute l’avait admis en psychanalyse malgré cette psychose maniaco-dépressive et avait en charge de la même façon Hélène malgré une contre-indication formelle des règles psychanalytiques.

    Les féministes et leurs associations ne se sont pas privées de dénoncer au nom des violences faites aux femmes une complicité de la part de la mouvance psychiatrique ou psychanalytique de façon à permettre à ce philosophe éminent, à l’auteur de ce féminicide, d’échapper à la justice. On peut en effet remettre en cause cette décision judiciaire mais demeure cette interprétation saisissante et lacanienne d’Althusser à propos du cheminement inconscient de la mise en acte de cette pulsion de mort et l’éventuelle impossibilité de la réprimer.

    « Honni soit qui mal y pense. »

    Alzheimer

    (Schrödinger)

    Vieillir s’accompagne toujours de problèmes de mémoire plus ou moins précoces par une altération progressive de l’Hippocampe parmi les autres structures cérébrales. Vous connaissez peut-être le fait d’oublier ses clés, ses lunettes, ses rendez-vous chez le dentiste et ces mots qui n’arrivent pas et spécialement les patronymes, un souvenir de plus en plus aigu de son passé et des oublis de plus en plus fréquents du temps présent ou récent. Au point de se trouver dans une pièce, un objet dans la main et ne plus se souvenir de ce que l’on vient y faire. Si tout ceci est signifiant d’un vieillissement cérébral, ces difficultés ne présagent pas fatalement de l’apparition future d’une maladie d’Alzheimer.

    Identifiée en 1907 par l’allemand Alois Alzheimer, celle-ci est vécue comme la maladie du vingtième siècle. La protéine bêta amyloïde qui en est responsable a été identifiée en 1980 et l’on a désormais les moyens de faire le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer par des tests et la possibilité d’observer ses images cérébrales spécifiques au moyen de l’IRM (Imagerie par résonance magnétique). Nous en ignorons cependant toujours les causes et la genèse et ne disposons pour l’instant d’aucun traitement curatif. Si plus d’un million de personnes en sont atteintes en France à l’orée de ce vingt et unième siècle, il en existerait plus de 50 millions dans le monde.

    La maladie d’Alzheimer représente actuellement 65 % des états de démence chez les personnes âgées. L’âge est un facteur primordial de son apparition. Les femmes sont plus atteintes que les hommes dans la mesure où, au-delà de l’importance de certains autres facteurs, leur durée de vie est plus longue.

    Il s’agit d’une maladie chronique évolutive et dégénérative qui se traduit par une altération progressive des fonctions cognitives. La mémoire est la première atteinte, puis les mots et les phrases viennent à manquer, apparaît ensuite une désorientation dans le temps et dans l’espace.

    L’angoisse est fréquente ainsi qu’un vécu dépressif, une irritabilité, des accès de colère ou des rires sans objet, une tendance à la répétition et à la stéréotypie de certains gestes. Au cours de la phase tardive apparaissent un moindre désir de se soucier de son corps, un refus de s’habiller, de s’alimenter, une indifférence croissante à la vie et à ses proches jusqu’à ne plus les reconnaître.

    Les symptômes de cette maladie sont fonction d’un dépôt de plaques de ces protéines bêta amyloïdes et une dégénérescence neurofibrillaire qui génèrent une destruction des neurones. Alors qu’il s’agit d’un état de démence parmi d’autres dont les images à l’IRM sont spécifiques, on ne cesse d’en parler en fonction du vieillissement de la population et du nombre croissant de patients qui en sont atteints. Selon des statistiques récentes plus de 25 % des Français de plus de 65 ans en sont victimes. Les cliniciens et les chercheurs s’échinent à en faire un diagnostic précoce alors qu’il n’existe toujours aucun traitement. Vous conviendrez sans doute que s’y efforcer pour l’annoncer parfois à des patients âgés seulement de quarante ans et au-delà pourrait procéder d’un certain cynisme médical.

    En bref, il s’agit d’un enfer spécialement vécu par les proches et peut être moindre par le patient qui, mis à part certains éclairs de lucidité lors des premiers temps, s’enfonce sans rémission dans un vécu progressif d’indifférence et de profonde régression cognitive.

    Mais que vient faire l’évocation d’un pareil enfer dans un ouvrage tel que celui-ci ? Sans doute est-ce par nécessité d’évoquer le phénomène « d’entropie » qui ne peut être dissocié de la vie, de ses délices et de ses drames et paraît s’en nourrir. Vous souvenez-vous du fameux chat de Schrödinger à propos de l’énigme de la physique quantique et des particules atomiques qui pourraient se trouver au même moment à trois endroits différents en fonction de l’existence d’univers parallèles ? Erwin Schrödinger écrivait en 1944 « Qu’est-ce que la vie ? » (1946/« What is life » ? Ed. Mac Millan) et inventait le concept de néguentropie avant même de connaître les notions d’ADN et de génome et ouvrait ainsi la voie de la physique quantique en imaginant la notion d’onde associée à celle de particule.

    L’entropie qui signifie « changement » ou « qui se transforme » correspond à la dégradation permanente du vivant selon une tendance naturelle à la désorganisation et au désordre. Comme si la vie ne se maintenait à un ordre élevé qu’au prix de ce désordre permanent.

    L’entropie est, en fait, une notion de thermodynamique. Alors qu’elle ne fait que croître dans les circuits fermés, Schrödinger eut l’idée de l’appliquer de façon visionnaire aux êtres vivants qui sont des systèmes ouverts et n’existent que par des échanges avec le milieu extérieur. Apparaît alors la notion

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