C’est peut-être un vieux souvenir du systématisme de l’épithète homérique, d’Achille et de son pied toujours léger. Plus sûrement à cause d’une surcharge au fil des siècles dans les écrits à prétention littéraire. Mais c’est ainsi. Dans le politiquement correct du style, l’adjectif est le plus souvent considéré comme un élément décoratif en stuc et en toc, l’allié privilégié du stéréotype, du cliché. Ce jugement est injuste par essenceil évoque des parfums le discutable stylistique n’est pas dans le choix des adjectifs mais bien plutôt dans celui des substantifs, avec cette redoutable « expansion », rendue plus insupportable encore par la diérèse, héritage pesant qui contraint les comédiens jouant aujourd’hui Racine ou Molière à une stratégie qui tient de la gageure: marquer la diérèse sous peine d’être taxés d’inculture et la dissimuler avec une finesse infinitésimale pour éviter le ridicule. Et puis il y a Proust. Parlant de l’odeur du couvre-lit de la tante Léonie, il osera Pour le coup, la théorie baudelairienne des correspondances fonctionne. D’une odeur il fait aussi une sensation tactile traversant les âges pour éterniser dans la mémoire et sous les doigts ces couvre-lits de vieille dame à l’épaisseur à la fois confortable et soyeuse, désirable et agaçante, que nous connaissons tous. Marcel touchera aussi juste avec – c’est par lui que les parfums, les couleurs et les sons se répondront vraiment.
DÉLICIEUX ET GLAÇANT
Mar 28, 2022
2 minutes
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