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Rêve Prémonitoire en Israël
Rêve Prémonitoire en Israël
Rêve Prémonitoire en Israël
Livre électronique279 pages3 heures

Rêve Prémonitoire en Israël

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À propos de ce livre électronique

En centrant sa narration sur le Kikar et en brossant un tableau coloré mais sans concession et parfois même polémique, du microcosme que se sont constitués les Juifs francophones en Israël, à Netanya, Ashdod et Jerusalem, l'auteur Ole Hadash, aborde de nombreux sujets de réflexion dans des mises en scène de débats aux personnages à la faconde aiguisée, dans un style alerte et agréable qui ne manquera pas de retenir l'attention du lecteur jusqu'à son terme et l'inviter à se forger sa propre réflexion sur de nombreux sujets. Singularités et paradoxes, excès et évidences : le peuple juif a-t-il été élu à la majorité absolue? La foi sans raison a-t-elle toujours raison? les Tunisiennes sont-elles de fortes têtes? Le prosélytisme juif a-t-il existé? L'antisémitisme, l'antisionisme, la superstition, la double alliance, les origines berbères... et bien d'autres sujets sont abordés avec verve et non sans délicatesse. Ainsi, la politique se mêle-t-elle à la religion, la raison à la foi, l'influence des Lumières se confronte-t-elle à la place prépondérante des rabbins. Sensibilité et humour s'entremêlent en continu avec un zeste discret de philosophie dans un écheveau de controverses sur le sinueux chemin du "Juif ou Français" : le questionnement succèdera aux phases d'interrogation et de jugement, pour aboutir à celles de l'introspection et du miroir. Ainsi, le "Rêve Prémonitoire" deviendra-t-il réalité "en Israël" au bout d'un chemin initiatique certes chaotique au début, pour déboucher au final en forme d'apothéose sur une Techouva complète, et ce, en conformité avec le souhait de l'Illusionniste, du Magicien, de l'Horloger comme disait Voltaire, du Hasardeux comme disait Cocteau, du Vieux comme disait Einstein...du Divin quoi !
LangueFrançais
Date de sortie30 oct. 2014
ISBN9782312028620
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    Aperçu du livre

    Rêve Prémonitoire en Israël - Marcel Nabeth

    cover.jpg

    Rêve Prémonitoire

    en Israël

    Marcel Nabeth

    Rêve Prémonitoire

    en Israël

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

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    revepremonitoireenisrael@yahoo. fr

    Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle

    © Les Éditions du Net, 2014

    ISBN : 978-2-312-02862-0

    à ma femme, mes enfants

    et petits-enfants,

    Si vous pensez qu’être français est un problème pour être juif,

    vous donnez raison à ceux qui pensent qu’être juif

    est un problème pour être français

    Christophe Barbier

    Directeur de l’Express

    Préface

    Pour notre plus grand bonheur, l’auteur s’est mis, dans un style très attachant, dans la peau d’un véritable metteur en scène, assurant également le scénario, le script et les dialogues, pour faire parler des personnages plus vrais que nature et pour nous faire réfléchir sur des sujets universels et intemporels. On est ainsi transportés, à partir d’une intrigue qui demeure volontairement le sujet secondaire, dans l’univers du fameux Kikar de Netanya, si apprécié des francophones.

    Nombre de sujets sont abordés avec verve et talent par certains personnages, avec mesure et sérénité par d’autres. Les domaines touchant à la religion se disputent à ceux relatifs à la politique, tantôt avec humour, tantôt avec sérieux et réflexion.

    Ce roman ne laisse pas insensible. Bien au contraire. Il interpelle sans cesse le lecteur à se questionner, à mener sa propre analyse puis, à se positionner sur tel ou tel sujet relevant souvent de la foi ou de la raison. La progressivité du questionnement depuis la phase d’interrogation jusqu’à celle de la phase miroir ne manque pas d’intérêt.

    Chacun ne manquera pas de jeter son dévolu sur le chapitre de son choix, à partir de son vécu personnel. ou au gré de son humeur. En ce qui me concerne, la centralité de ce roman se partage indéniablement et à égalité entre les deux chapitres, la « La foi et la raison » et « l’Introspection ». Voilà deux sujets de réflexion qui m’ont enchanté et qui ne manqueront pas d’attirer l’attention du lecteur, tant les idées émises sont particulièrement intéressantes.

    Quant à la fin du roman, elle est d’un tel enchantement, que je préfère la mettre sous le boisseau, pour laisser le lecteur la découvrir et l’apprécier en toute liberté.

    Apprécier un roman, c’est regretter qu’il se termine aussi rapidement. Apprécier un roman, c’est être tombé sous son charme, et avoir le réflexe, sitôt terminé, de le feuilleter à nouveau, l’air pensif sur nombre de sujets abordés avec la ferme promesse de le relire très bientôt.

    Ce sont exactement les sentiments que j’ai éprouvés à la fin de ma lecture de « Rêve prémonitoire en Israël ».

    Michel Souissa

    Réalisateur

    Avant-Propos

    Netanya. La ville balnéaire israélienne sur laquelle les francophones ont jeté leur dévolu depuis plus d’une génération, fête cette année ses noces de rubis. Trente cinq années de mariage entre elle et ses fidèles francophones !

    Ces francophones s’y sont installés en famille, y ont créé une grande Famille, voire un microcosme, le rendant souvent imperméable aux vicissitudes du monde.

    Sa douceur de vivre serait sa seule particularité si ses habitants ne présentaient pas ce caractère si bigarré et si ses contradictions religieuses ne s’étalaient pas au grand jour.

    Les francophones côtoient les Polonais, les Russes, les Yéménites et les Perses dans une mosaïque teintée d’un degré de religiosité souvent prononcé, excepté pour les Russes si longtemps interdits de religion dans leur pays d’origine ou chrétiens pour beaucoup d’entre eux.

    A la fois béotien et néophyte pour n’avoir jamais vécu à Sarcelles ou Belleville, ce nouveau monde parfois intolérant, codé par ses rites et coutumes, rythmé par les shabbat{1} et les fêtes, et coloré par ses tenues vestimentaires souvent d’un autre temps, se découvre au ole hadash{2} que je suis, dans un étonnement de tous les instants la première année, dans une forme de respect par la suite.

    Car s’ajoutent alors à ce cadre ésotérique, l’humilité et le dévouement, l’empathie et l’affabilité, la générosité et la chaleur, rencontrés chez la majorité de ces francophones pour qui la nostalgie n’est plus ce qu’elle était, regrettant malgré tout, par certains aspects et malgré leurs dénégations insistantes, cette France perdue à jamais.

    Leurs interrogations sur le monde ou la religion s’étalent souvent dans des discussions univoques sans fin, devenues une véritable institution, à l’ombre de terrasses d’un Kikar{3} désuet dans une convivialité de tous les instants. Le charme de cette ville est pourtant là, à portée de main, aidé en cela par une luminosité éclatante.

    La présente peinture de mœurs sans concession heurtera peut-être la sensibilité de certains par quelques clichés volontairement choisis, mais tous authentiques. Quelques anecdotes non moins authentiques distillées avec parcimonie enchanteront peut-être d’autres.

    Mille excuses pour les premiers, mille ravissements pour les seconds.

    Les phases se succèderont au gré de mon évolution. Le jugement et la critique prendront place après la phase d’interrogation, puis viendront celle du questionnement et celle de l’introspection, pour finir sur la phase miroir.

    L’honnêteté n’aura néanmoins eu de cesse de me suivre dans ma démarche, dans le regard dans ce miroir, même si on peut y déceler une sorte de thérapie à bon compte en quelque sorte. Parce que la critique sans nuance de cette bigoterie installée eût été trop facile comme celle d’ailleurs de cette laïcité ostentatoire ou larvée selon les cas.

    Ce roman est une pure fiction. Si certains se reconnaissaient ici ou là, il ne s’agirait que d’un pur hasard ou d’une simple illusion, celle probablement programmée par l’Illusionniste, le Magicien, l’Horloger comme disait Voltaire, le Hasardeux comme disait Cocteau, le Vieux comme disait Einstein… le Divin quoi !

    1 - Le Kikar

    Le Kikar tentait laborieusement de retrouver ses marques au lendemain de Kippour{4}. L’empreinte de la fête se faisait toujours ressentir en ce début d’après-midi.

    Ce Kikar, malgré les critiques et réprobations en tout genre, continuait d’offrir sous son charme suranné cette particularité si singulière, qui renvoyait dos à dos ses adeptes et ses détracteurs, au terme de débats sans fin.

    Je lui accordais, pour ma part, après être passé du côté de ses partisans, un rôle social indéniable et ce n’était pas la moindre de ses qualités. Les rendez-vous se donnaient généralement là, les amitiés se nouaient et se dénouaient sur ces pavés irréguliers et crasseux, si souvent décriés, dans cette douceur et cette convivialité, que l’on ne retrouvait nulle part ailleurs. Cette huitième merveille du monde était autant visitée que le Kotel{5} ou Yad Vashem{6}. Ce Kikar, avait-il peut-être besoin d’un coup de toilettage, histoire de le rendre plus attrayant.

    Probablement. Assurément. Au risque de perdre son âme.

    En fait, ce Kikar n’était qu’une grande place piétonne que jouxtaient d’un côté, un jardin aux rares fleurs, bordé d’immenses arbres à l’ombre desquels de nombreuses personnes âgées et moins âgées venaient passer leurs journées sur les multiples bancs installés à cet effet et au centre de laquelle, tentait tant bien que mal d’attirer leur attention, un immense jet d’eau à l’allure et à l’eau décrépies, et de l’autre, une large rue également piétonne bordée de terrasses de café et de boutiques, qui débouchait sur la fameuse rue Herzl.

    Le vent de la mer proche, à quelques encablures, passait son temps à se jeter sur le parc par bourrasques régulières à la grande satisfaction de ces retraités, tout au moins en plein été.

    Je me prélassais ce jour là, à la terrasse d’un café, connu de tous, au centre de la place. Le soleil se croyait encore en plein été et continuait d’imposer sa prédominance, ne laissant en rien présager avant longtemps un quelconque changement de temps. Des tubulures posées négligemment à même le sol, ici et là, laissaient deviner le montage imminent des cabanes en prévision de Souccot{7}.

    Je me prélassais à la terrasse du Tel Ad, à l’ombre d’un large parasol.

    Toujours le même bistrot. J’avais mes préférences, mes habitudes, mes manies.

    Le journal Le Monde acheté à la librairie Steimatzky un quart d’heure plus tôt, occupait mon temps et mon esprit. Il continuait non sans complexes de débattre de la poursuite des implantations en Judée-Samarie. Les années s’égrenaient et la ligne éditoriale de ce journal restait inchangée. A ne rien y comprendre. Cette ligne éditoriale s’en donnait toujours à cœur joie dans le même schéma unipolaire, manquant de la plus simple des élégances, en ne laissant pas la moindre miette d’empathie à notre petit Etat.

    Peu étonné et plutôt agacé par cette lecture d’articles inconséquents, je me surpris à regarder ma montre toutes les deux minutes : elle devait revenir au bout d’une demi-heure. Elle était une nouvelle fois en retard. Il est vrai que les femmes ont un rapport au temps bien différent du nôtre. Probablement une histoire d’horloge biologique. A croire qu’elles se mettent à l’heure d’hiver tous les matins, tout au long de l’année… même en plein été.

    – Le plus virulent, c’est le Monde Diplomatique ! me fit mon voisin de tablée.

    Récemment arrivé, il s’adressa à moi me donnant l’impression de vouloir engager la conversation. Il me parut sympathique et avenant.

    – Oui, j’ai déjà eu l’occasion de le lire par pure curiosité et c’est vrai que je n’ai pas été déçu !

    – Ah bon ? me fit-il surpris.

    – Non, je suis au second degré !

    – Ah, oui, je préfère ça ! reprit-il. Le Monde à côté est une pâle copie. Si vous lisiez l’éditorial du Monde Diplomatique de la semaine dernière, vous feriez probablement des bonds de deux mètres ! Je pourrais vous le passer si vous le souhaitez !

    – Volontiers !

    A ma grande satisfaction, mon voisin semblait partager mes points de vue. Il ne m’en fallut pas plus pour poursuivre.

    – Oh, vous savez, il doit y avoir une explication freudienne, une sorte d’effet miroir auquel se rajoute le besoin de se montrer, de se démarquer, et puis voilà, on croit avoir trouvé LA vérité !

    – Vous habitez Netanya ? lui lançai-je pour changer de sujet.

    – En quelque sorte, oui.

    – Cela veut dire quoi, « en quelque sorte » ?

    – Eh bien, j’habite Netanya depuis peu et je pense y rester deux ou trois mois au plus. Drôle de pays, n’est-ce pas ?

    – Pourquoi « drôle » ?

    – Oh, je ne voulais pas vous choquer !

    – Qu’est-ce que vous entendez par « drôle » ?

    – Bien au contraire ! Je voulais dire fascinant ! Vraiment fascinant ce pays !

    – Oui, fascinant, accueillant, lumineux !

    Il se leva et fit mine de s’asseoir à ma table

    – Vous permettez ? me fit-il en tirant une chaise vers lui et en me tendant prestement une main.

    – Je vous en prie.

    – Bond !…James Bond !

    —… ?

    – Non, je plaisante ! Michel Contassot ! Enchanté !

    – Marc Vidal ! Très heureux !

    La main était ferme, le regard franc et le sourire enjoué.

    – Je vous en prie, asseyez-vous ! Vous prenez quelque chose ? continuai-je sur ma lancée.

    – Oh, un coca bien frais, comme vous ! Avec cette chaleur, si on ne boit pas… ?!

    – Il va falloir que je retienne votre blague ! Bond…James Bond ! Elle n’est pas mal !

    – Vous habitez Israël depuis longtemps ? s’aventura Michel.

    – Oh, seulement depuis quelques mois, je viens de faire mon alyah{8} avec ma petite famille !

    – S’il vous plaît, un coca ! enchaînai-je en interpellant le serveur.

    – Avec des glaçons et une tranche de citron, s’il vous plaît ! précisa Michel.

    Puis il reprit :

    – Eh bien, Mazal Tov{9} ! Vous habitiez Paris ?

    – La banlieue parisienne, Poissy, très précisément ! lui répondis-je.

    – Ah oui, Poissy-Saint-Léger, dans le Val de Marne, je connais !

    – Euh, non, vous confondez avec Boissy-Saint-Léger, nous habitions Poissy, en banlieue ouest, près de Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines.

    – Ah, oui, bien sûr, oui, jolie banlieue, n’est-ce pas ?!

    – Par certains côtés !

    – Et par les autres ?

    – Disons que l’environnement laissait à désirer !

    – Ah, oui, je comprends ! Dites moi, le souk est loin d’ici ? Il est intéressant ?

    – Ah, le souk de Netanya, non, il n’est pas très loin et il est très intéressant, et puis, il est magnifique ! C’est probablement la neuvième merveille du monde !

    – Ah oui ? Et c’est quoi la huitième ?

    – Eh bien, vous y êtes ! C’est le Kikar !

    – Vous êtes devenu un adepte de Netanya !

    – Ecoutez, vous verrez que vous tomberez d’ici peu sous le charme de cette ville ! Il y règne une quiétude sans égal !

    – Je m’en suis déjà rendu compte !

    Le garçon servit le coca. Michel le but goulûment.

    – Hello, désolée de t’avoir fait attendre, j’ai rencontré une amie et je ne savais plus comment m’en défaire, qu’est-ce qu’elle est bavarde ! me surprit Jenifer en arrivant par derrière moi.

    – Je n’ai pas vu le temps passer, tiens, je te présente Michel !

    – Enchanté !

    – Enchantée ! Il ne faut pas que l’on tarde, on a rendez-vous à seize heures !

    – Bon, j’ai été heureux de faire votre connaissance, dis-je en prenant congé, j’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir !

    – Eh bien, le plaisir était partagé, et je tiens le fameux journal à votre disposition !

    – Ah, oui, j’oubliais, eh bien, laissez-moi votre numéro de portable et on se prendra un apéritif cette fois ! lui rétorquai-je en signe d’amitié.

    – Avec plaisir mais à condition que vous soyez mon invité !

    – Tu donnes ton numéro de téléphone à un inconnu, comme ça ? me fit Jenifer, une fois partis.

    – Quel est le problème ? Il a l’air sympa, ce type ! Il va me passer le Monde Diplomatique de la semaine dernière.

    – Oui, mais c’est un Goy {10} !

    – Et cela change quoi ? Arrête, je t’en prie avec ces appellations de Goy ! Tu sais bien que je ne supporte pas ce qualificatif !

    – Mais c’est un Goy quand même !

    – Mais tu ne comprends pas qu’en traitant les gens de goy, tu participes à la séparation Goy/Juif ? Ne t’étonne pas après qu’on nous traite de Juifs !

    Vaste sujet de discorde avec Jenifer qui s’appliquait à marquer sa différence tout en ne supportant pas la moindre marque d’ostracisme de la part des Autres. On dit pourtant bien « charité bien ordonnée commence par soi-même » ! Mais il est vrai, ce n’est pas un proverbe juif.

    Les terrasses clairsemées, les boutiques plutôt vides, l’ambiance était encore empreinte de cette lassitude bien connue en ce lendemain de fêtes. Les pavés s’évanouissaient sous nos pas en direction de la rue Herzl. J’aperçus mon ami Charly au loin. J’étais prêt à le héler quand je me fis interpeller :

    – Oh, Marc, comment vas-tu ? Tu as passé de bonnes fêtes ?

    Julien était accompagné de sa femme Rose. Un couple de jeunes retraités qui dégageait une sympathie peu commune.

    – Chana Tova{11} ! Comment allez-vous ? Je vous croyais chez vos enfants à Paris ! lançai-je à Julien.

    – Non, c’est eux qui sont venus mais ils repartent ce soir !

    – Pas trop dur ?

    – Oh que si ! On est tellement contents de les recevoir et tellement déçus de les voir repartir !

    Les retrouvailles d’une semaine pendant les différentes fêtes étaient le lot de beaucoup de familles, celles qui n’avaient pas la chance d’être venues au complet en Israël. Ainsi se partageaient-elles les obligations de voyage une, deux ou trois fois par an, histoire de garder le contact, de voir grandir les petits-enfants ; les enfants dans l’espoir un jour de venir s’installer définitivement ici, les grands-parents dans la nostalgie si rarement avouée d’une France perdue à jamais.

    – Cela vous dirait de passer prendre l’apéro la semaine prochaine ? fis-je à Julien pour le sortir de sa mélancolie.

    – Avec plaisir, on dit mardi ?

    – Parfait, mardi !

    La rue Herzl, la rue la plus commerçante de Netanya, commençait à connaître un regain d’activité. Les boutiques rouvraient à seize heures, après l’heure de la sieste.

    Une majorité de femmes déambulaient, pour la plupart coiffées d’un foulard, pour certaines mal ajusté, pour les plus jeunes, tiré à cinq voire six épingles, enveloppées souvent dans une jupe trop longue voire trop large et les bras couverts jusqu’aux poignets malgré la chaleur étouffante, comme pour se donner une allure de pureté.

    Les hommes quant à eux, observaient majoritairement le port de la kippa mais s’autorisaient pour beaucoup d’entre eux une tenue vestimentaire nettement moins stricte, la décontraction du bermuda ou de la chemisette à carreaux, parfois des deux, venant se substituer allègrement à la rigueur du pantalon noir et de la chemise blanche dans une posture religieuse qui était loin des canons de Mea Shearim{12} ou Bnei Brak{13} !

    2 - Cahier rouge

    Chapitre 1

    Il était matin, il était soir, je ne savais pas vraiment. Peu m’importait. Le ciel était noir. Il pleuvait des cordes. Le silence était total.

    Comme dans un rêve, comme si le temps s’était arrêté, l’atmosphère ambiante était floue et confinée. Les objets qui m’entouraient, semblaient mal définis, vagues et impalpables.

    Je me déplaçais dans ma maison, mes pieds survolant le ras du sol. Puis, seul dans mon bureau, assis devant ma table de travail, je réalisai à cet instant que mon ordinateur avait été déménagé. Probablement que Jenifer l’avait déplacé. Il est vrai que tout paraissait propre et rangé. Je ressentis à cet instant un sentiment de culpabilité à lui laisser régulièrement cette tâche.

    Les volutes que formait ma cigarette récemment allumée, occupèrent mon attention un long moment, se cherchant dans une volupté manifeste à attirer mon regard, une porte de sortie dans l’interstice de mon Velux mal fermé.

    Une étrange et inhabituelle sensation de trouble

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