La vérité rend libre, c’est entendu, mais il en est qui dérangent, notamment toutes celles qui forcent à dévoiler ce que d’aucuns préféreraient laisser dans l’ombre. Ces vérités ébranlent, secouent, scandalisent même, au point que, pour certains, une vérité indifférente, une vérité qui ne mettrait rien en mouvement ou qui conforterait dans ses préjugés et ses habitudes mériterait à peine d’être appelée « vérité ». Bref, toute vérité digne de ce nom devrait au moins être provocante.
Au premier rang des « provocateurs » par souci de la vérité, il y a ce diable de Socrate. LeÀ l’origine, cette dernière était une vertu politique permettant à un citoyen de parler avec franchise à ses concitoyens pour emporter leur adhésion au tribunal ou à l’assemblée. Socrate déplace la sur le plan de la discussion privée, car son fameux démon, sa voix intérieure, l’invitait à se détourner de la politique. Il s’adressait à ses concitoyens en privé afin de les aider à leur faire prendre conscience qu’ils devaient prendre soin d’eux-mêmes. La provocation débouche alors sur un retournement. Les continuateurs les plus radicaux de Socrate furent les cyniques, au premier rang desquels s’impose le fameux Diogène. Avec lui, franc-parler se fait insolence et devient un mode d’existence et de conduite et pour Diogène le Cynique,
