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Sagesses d'un peuple en équilibre
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Livre électronique201 pages3 heures

Sagesses d'un peuple en équilibre

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À propos de ce livre électronique

Sagesses d’un peuple en équilibre, roman ponctué de passages philosophiques et de réflexions sur notre rapport au monde, nous amène dans le quotidien des Indiens d’Amazonie. Ici, notre protagoniste participe, avec ces derniers, à leurs activités sociales et spirituelles, et partage leur mode de vie en accord avec la nature. En faisant le parallèle avec nos sociétés occidentales, il nous propose un autre regard sur le monde. En quête d’un idéal, il s’interroge également sur le bonheur et sur notre relation aux esprits…


À PROPOS DE L'AUTEURE


Artiste peintre et art-thérapeute, Corinne Hell écrit Sagesses d’un peuple en équilibre, son premier roman inspiré de ses voyages et de ses parcours initiatiques, en hommage au peuple amazonien. Pour elle, la littérature est un repère et une ouverture vers l’imaginaire, autant qu’elle nous permet d’accéder à la connaissance et à la compréhension du monde.
LangueFrançais
Date de sortie29 juil. 2022
ISBN9791037763587
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    Aperçu du livre

    Sagesses d'un peuple en équilibre - Corinne Hell

    Chapitre 1

    Un rêve qui se dessine…

    C’était un soir chaud en plein mois de juillet. Je m’apprêtais à partir pour la jungle amazonienne du Pérou, en vérifiant ce qui manquait à mon expédition. Il me fallait peu de choses, je souhaitais m’aventurer le plus légèrement possible, dans un état d’ouverture total à ce qui m’attendait. Une lampe torche solaire, des chaussures de marche imperméables, de multiples carnets d’écriture, quelques vêtements adaptés, et un petit équipement de survie. Je glissais également dans mon sac quelques fruits secs, des biscuits, des soupes déshydratées, ainsi qu’une gourde filtrante, des comprimés contre la fièvre, et un flacon à la citronnelle pour éloigner les moustiques. J’emportais aussi mon objet fétiche, une pierre ramassée il y a quelque temps dans les Pyrénées, représentant un visage lorsqu’on la positionne d’une certaine manière. Porté autour du cou, ce caillou énigmatique m’accompagne depuis bien longtemps maintenant, en agissant comme un double, un protecteur. Dans les civilisations animistes, ces objets fétiches, auxquels on attribue un pouvoir magique et bénéfique, font intégralement partie du quotidien. La lumière tamisée qui inondait la pièce de l’appartement et le silence qui y régnait me laissèrent divaguer un instant. J’avais hâte de rejoindre cette communauté emplie de mystère qui n’a cessé d’alimenter mon imaginaire depuis tant d’années. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu cet esprit téméraire empreint de liberté. Enfant, je partais seul des journées entières à travers les collines et les espaces boisés qui entouraient la maison familiale. La forêt était mon refuge, un espace qui me connectait à mon être intérieur, et à l’enfant sauvage qui grandissait en moi. J’avais l’impression de me sentir dans un cocon réconfortant, bien au chaud parmi les forêts de mousse et de fougères. La nature était ma confidente, elle pansait mes blessures, recueillait mes secrets et mes moments les plus intimes. J’observais inlassablement les bourgeons apparaître, les feuilles bouger au gré du vent, les insectes se frayer un passage parmi les amas de branches et les racines apparentes. Rien ne pouvait expliquer cette attirance extrême pour les espaces naturels, et cette passion sauvage que je ne partageais avec personne, si ça n’était quelques amis que j’entraînais parfois dans mes escapades. Contrairement à eux, la nature ne m’ennuyait jamais, et dès que je le pouvais, je lui rendais visite. J’avais aussi un attrait infini pour l’inconnu, et chaque nouveau paysage ou nouvel évènement qui s’offrait à moi devenait un moment d’exaltation. Mes balades, censées être à durée déterminée, se rallongeaient au fil de mes découvertes. Mon goût pour l’exploration s’était révélé très tôt et ravissait mes rêves les plus fous. Aujourd’hui, je ne fais que reproduire ces instants d’enfance. Ils font partie de moi, et m’ont structuré dans ma vision et mon vécu du bonheur. Les espaces naturels m’offrent un moment unique dans la folle cadence du quotidien. Ils me nourrissent de par leur beauté, leur force ou leur douceur. Leur capacité de régénération et d’adaptation est immense. S’en imprégner peut influencer notre propre force vitale.

    Depuis quelques années déjà, je songeais à vivre ma passion pour la nature et les espaces vierges de façon encore plus extrême, et à lui donner un sens profond. Aller plus loin dans la découverte, ne pas rester dans le paysage mais vivre avec ceux qui le traversent à chaque instant de leur vie, et qui construisent leur univers autour de lui. M’appuyer sur des critères de vie liés à autre chose, à d’autres valeurs, être dans un état d’esprit minimaliste pour pouvoir m’imprégner au mieux des environnements parcourus. Prendre le temps d’écouter le monde, de comprendre, d’observer les choses qui ne retiennent pas notre attention en temps normal. C’est ainsi que j’ai choisi de rejoindre cette tribu de la jungle amazonienne pendant deux mois, plutôt que de rester statique dans mes livres. Côtoyer une société traditionnelle découle d’un besoin de découverte de populations à la fois semblables à nous-mêmes en termes de physiologie, et très différentes culturellement, avec des aspects parfois difficiles à imaginer et à intégrer dans nos modes de compréhension civilisés. L’une de mes volontés est de saisir l’opposition de nos centres d’intérêt quotidiens étant donné les disparités de nos lieux de vie, mais aussi d’observer ce qui nous rejoint dans le vécu des émotions, tels les liens qui unissent tous les humains. Nos conceptions des choses diffèrent, mais les instants de joies, de colère, de peur ou de chagrin demeurent similaires en termes de ressenti. Je souhaite observer les différences culturelles, comportementales ou visionnaires, tant au niveau de la vie en général que des relations humaines. Mais l’intérêt majeur revient au fait que ces sociétés traditionnelles sont les gardiennes d’un vécu, d’un mode de vie hérité de leurs ancêtres qu’elles ont su maintenir pendant des millénaires. Contrairement aux sociétés occidentales, elles subsistent encore de la chasse et de la cueillette, de petites cultures ou de sommaires élevages. Leur quête est avant tout celle de l’harmonie avec le milieu environnant, en veillant à son maintien et à sa régénération. Je me souviens avoir lu dans un ouvrage un ancien dicton venant de ces peuples amazoniens :

    Chaque fois que vous abattez un arbre, vous devez lui demander pardon, sinon une étoile tombera du ciel.

    Les Indiens participent ainsi au cycle de la vie, au même titre que les végétaux ou les animaux. Ce mode de vie adapté à leur environnement éloigne toute idée d’échanges commerciaux, et propose une relation des plus respectueuse avec la nature. Remonter aux origines, voilà ce qui m’anime essentiellement. Comprendre ce qui nous a façonnés, ce qui a donné une réalité à ce que nous vivons. Les chasseurs-cueilleurs étaient présents sur notre territoire il y a plus de dix mille ans, et aujourd’hui encore, des milliards de gens dans le monde vivent de manière traditionnelle. Ces sociétés humaines se maintiennent sans accéder au monde moderne, de par leur volonté conservatrice, et l’isolement géographique de leur lieu de vie. Ils entretiennent des processus sociaux intacts et réitérés depuis des siècles. Rien ne semble avoir changé ni évolué. Ils vivent ainsi depuis l’âge de pierre, à l’écart de tout ce qui constitue notre monde civilisé. Les mêmes gestes sont perpétrés depuis des centaines d’années, marquant d’autant plus les origines et les traditions. L’autre raison qui me pousse vers cette aventure est ce lien au mystique qui ne me quitte pas depuis l’enfance. J’ai souvent ressenti des choses inexplicables et peu cartésiennes, ne sachant pas toujours comment les aborder. Je m’imaginais l’existence d’autres formes de pensées, de mondes parallèles auxquels seul un petit nombre de personnes auraient accès. J’étais persuadé faire partie de cet échantillon privilégié qui sait naviguer entre inconscient et réalité, et qui sait se relier à d’autres formes de conscience. En partant pour ce coin perdu du grand « paradis vert », je me prépare à faire la connaissance d’une petite communauté vivant de manière isolée depuis toujours, nommée les Maravilloso. Ce nom leur a été donné en mille neuf cent quatre-vingt-deux par les anthropologues ayant parcouru leur territoire, quelque temps après la venue des missionnaires évangélistes qui marqua leur première rencontre avec le monde extérieur. Évidemment, ces derniers ont bien tenté de les convertir au christianisme, mais ils ont su résister avec ferveur, rejetant entièrement l’idéologie proposée. Surpris par la force de leur résistance face aux volontés dogmatiques qu’ils voulaient leur imposer, et leur détermination pour maintenir l’authenticité de leur peuple, les anthropologues ont choisi de les nommer « Les Merveilleux », les Maravilloso en espagnol. Jusque-là, personne encore ne soupçonnait leur présence, alors qu’ils vivaient tranquillement depuis des siècles. Un mystère entoure pourtant cette période où les colonisateurs ont souhaité les convertir et n’y sont pas parvenus. La force de leurs esprits aurait-elle suffi à repousser ce qu’ils ne voulaient pas ? Est-ce de l’ordre de leur destinée que d’avoir pu résister aux tentations proposées par les missionnaires ? Dès lors, le clan n’a plus vraiment eu de véritables contacts avec le monde civilisé, si ça n’est peut-être quelques aventuriers de mon espèce, au passage plutôt discret et respectueux. Heureusement, les peuples habitant la forêt amazonienne sont protégés par le gouvernement, seules quelques personnes peuvent rejoindre ces territoires reculés, à condition d’obtenir les papiers nécessaires, et de fournir de bonnes intentions. Certains membres de la tribu sont plus ou moins conscients de l’existence d’un monde différent de celui qu’ils côtoient. Par l’observation des vols aériens survolant leurs territoires, la possibilité d’un monde inconnu à leurs yeux se présente d’elle-même. Dans leurs têtes, cet oiseau de fer géant qui avance dans le ciel doit relever d’un ailleurs lointain et imperceptible. Repliés dans leur univers, les Indiens sont les premiers humains à avoir vécu dans la forêt amazonienne. Leurs croyances spirituelles et leur connexion à la nature les maintiennent dans une logique de préservation des espèces par une quête respectueuse et pure du vivant. Bien rares sont ceux ayant une démarche similaire dans nos mondes plutôt énergivores. Considérer davantage le milieu naturel dont nous dépendons permet de prendre du recul sur notre propre existence. À l’origine, les Indiens prient le soleil, la lune, l’eau et la forêt. Ils invoquent les esprits de la nature et les esprits divins pour leur demander leur protection. Pour eux, tout ce qui est dans la nature depuis l’être vivant jusqu’à la pierre, participe au lien sacré de la vie, et se situe au même niveau dans la roue de l’existence. L’homme n’est pas un être supérieur, il appartient à la vie et doit accomplir sa mission sur terre, à savoir respecter le monde dans lequel il évolue. Chaque chose, chaque animal sur cette terre est digne d’un respect qui naît d’un amour profond pour l’Univers. Un proverbe amérindien résume en grande partie leur philosophie :

    Traitez bien la terre, elle ne vous a pas été donnée par vos parents, elle vous a été prêtée par vos enfants.

    Tous les peuples indigènes ont profondément intégré la nature dans leur vie, et la considèrent comme leur Mère. Une Mère accueillante, généreuse, merveilleuse de beauté et nourricière. Pour eux, tout ce qui compose le monde est lié et indissociable. Chaque chose ne peut exister que par la relation qu’elle entretient avec les autres choses. Ce rapport étroit entretenu avec l’environnement montre l’importance du maintien de l’harmonie entre les différentes composantes de l’Univers. La rencontre avec les missionnaires dans les années quatre-vingt n’a pas eu d’emprise sur la tribu des Maravilloso. Chose plutôt rare, car en général, les missionnaires redoublent d’idées pour arriver à leurs fins. Ils établissent de premiers contacts à la périphérie des territoires pour apprendre leur langue, puis réalisent des expéditions en hydravion pour gagner la confiance des Indiens en utilisant le même langage qu’eux. Ensuite, ils vont tenter de convaincre les familles par l’utilisation de cadeaux et d’objets facilitant le quotidien (machettes, casseroles, hameçons, vêtements, médicaments…) afin qu’ils adhèrent au christianisme. En chantant les louanges de Dieu, les indigènes abandonnent ainsi tout ce qui relève de leurs cérémonies traditionnelles, et se transforment peu à peu en hommes de foi, en oubliant leur culture. Mais les Maravilloso ne souhaitaient pas voir ces hommes parmi eux, et encore moins se soumettre à leur dogme. Par leur détermination, ils ont refusé ce qui pouvait leur apporter du confort, et ont su vaincre ce qui aurait détruit leur vision pure et magique de la vie. Leur seule volonté était de rester isolés du reste du monde. Depuis ce temps, il apparaît que seules les personnes ayant les autorisations gouvernementales de notre monde civilisé et l’accord des esprits selon leur vision du monde peuvent les approcher. Par leurs rites, les Indiens ont réussi à construire une sorte de bouclier spirituel afin de ne pas bousculer la force et l’harmonie de leur tribu. Peuples peu évolués selon nos critères de confort et nos systèmes de valeur, ils demeurent depuis toujours hermétiques à nos modes de vie extrapolés et irresponsables. Les leurs nous paraissent primitifs, peu évolutifs depuis des millénaires, et illusoires quant à leurs croyances spirituelles. Les peuples premiers peuvent intriguer de par leurs comportements sauvages, leur nudité affichée et leurs mystérieuses peintures corporelles qui les relient aux esprits. Leur principal souhait est de préserver la connaissance de leurs ancêtres, de la forêt, des vertus des plantes. Ils savent se soigner avec la sève des arbres, trouver de multiples remèdes dans cette vaste étendue végétale, et bien entendu, survivre dans ce milieu hostile à nos yeux. Avec l’apparition du progrès social et économique, ce lien évident avec la nature a pratiquement disparu de nos modes de vie. Pourtant ils pourraient être de précieux conseillers, et nous aider à repenser notre relation à l’environnement, nous suggérer la construction d’un monde plus humain et plus solidaire.

    Je n’ai pu réunir que quelques connaissances au sujet des Maravilloso, essentiellement celles rapportées par les anthropologues dans les années quatre-vingt et relatives à leurs croyances. Les autorités gouvernementales protégeant les tribus isolées du Pérou m’ont permis d’accéder à ces informations, étant donné les motivations liées à mon travail d’ethnologue. Mais ce sont davantage les nombreuses lectures au cours de mon existence sur l’Amazonie et ses différentes sociétés qui alimentent mes données. Je suis impatient de découvrir ces savoirs ancestraux encore enfouis dans ce petit coin du monde et me sens privilégié. On ne connaît presque rien de cette tribu isolée qui continue de vivre en mode semi-nomade grâce à la chasse, la pêche, la cueillette ou l’agriculture de subsistance. Le temps paraît ne pas les avoir atteints. Les organismes gouvernementaux les protégeant affirment que leur volonté première est de rester isolés du reste de la planète. J’ai obtenu des autorités péruviennes une autorisation de séjour sur leur territoire, afin de pouvoir observer quelque temps leur lieu de vie. Plusieurs tests et papiers ont été nécessaires pour appuyer ma demande d’explorateur en quête d’une vie plus proche de la nature et de l’humain. Cela m’a été accordé assez rapidement, le but étant évidemment de rapporter d’avantage de données les concernant, et de démontrer la richesse du clan au niveau culturel. Leurs modes de vie et leurs croyances spirituelles seront au cœur de mes observations. Le gouvernement contrôle leurs territoires en accordant l’accès vers leur civilisation à un nombre restreint de personnes, et en les considérant comme un peuple à protéger des dangers menaçant leur survie. Cette supervision permet la sauvegarde de leurs modes de vie ancestraux, mais aussi la réduction des risques de transmission de maladies pouvant leur être fatales, telles la grippe ou la rougeole. Du fait de leur isolement, leur système immunitaire n’a pas pu se développer à l’identique du nôtre, et ne peut supporter les maladies même les plus bénignes. Un dossier médical précis est ainsi exigé lors des demandes d’autorisation, ainsi qu’une distanciation physique raisonnable lors du séjour. Contrairement à la majeure partie des tribus primitives, les Maravilloso n’ont pas subi les fréquents phénomènes d’acculturation, les déplacements ou les maladies à répétition. Difficile d’imaginer que par leur volonté mentale ou leurs invocations des esprits, ils puissent repousser ces intrusions néfastes à leur harmonie. Pourtant, de nombreuses croyances et pratiques orientales amènent à considérer de manière naturelle les forces non visibles. Les pratiques d’ordre mystique ou spirituel montrent que l’esprit humain est bien en dessous de ses capacités d’utilisation, et qu’il existe d’autres sphères de perception. Pour ces peuples ancestraux et traditionnels, le chaman est le médiateur entre le monde des hommes et celui des dieux, entre le monde visible et les mondes invisibles. Il relie le monde des hommes à celui des esprits, et a la capacité de voyager dans une sphère impalpable peuplée d’entités surnaturelles. Au sein de la communauté, il est à la fois guérisseur, protecteur, maître spirituel, contrôleur des âmes, mais aussi gardien de l’ordre, et décideur des lieux de chasse et de pêche.

    La rencontre ne s’avère pas facile, mais la soif de découverte qui me pousse avec frénésie vers eux, renforce ma confiance de parvenir

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