Le retour des sorcières: Qu'en disent les chrétiens ?
Par Yohan Picquart
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Yohan Picquart, journaliste, auteur, enseignant, diplômé en sciences des religions et en littérature a publié plusieurs ouvrages consacrés aux questions spirituelles.
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Avis sur Le retour des sorcières
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Aperçu du livre
Le retour des sorcières - Yohan Picquart
Citation
« Naguère, des esprits hantaient chaque village.
Tout hameau consultait sa sorcière ou son devin. »
Jacques Delille
Introduction
Il semble que nous assistions aujourd’hui à une fascination nouvelle pour la figure de la sorcière.
De plus en plus de personnalités n’hésitent pas, de manière décomplexée, à se revendiquer comme telles. Dernièrement, 200 personnalités féminines, dont certaines politiciennes, intellectuelles ou actrices de premier plan, ont signé un appel : « Sorcières de tous les pays, unissons-nous ! ».
Environ un million de personnes aux États-Unis aujourd’hui assument pratiquer une forme de sorcellerie. Le phénomène devenant de plus en plus populaire, nombre de groupes se voient dans l’obligation de refuser de nombreux adeptes.
Les œuvres cinématographiques, séries télévisées, magazines et documentaires consacrés à la question se diffusent comme jamais auparavant. Pour réaliser l’ampleur du phénomène, il suffit de se rendre sur les réseaux sociaux ou dans les grandes librairies.
Un ouvrage à grand succès de Mona Chollet, La puissance invaincue des femmes, va jusqu’à annoncer, avec enthousiasme, que les sorcières sont de retour, et seraient, plus que jamais, parmi nous (il sera régulièrement fait allusion à cette publication au cours de cet ouvrage).
La quasi-totalité des travaux publiés à ce jour sont militants : ils oscillent entre la diabolisation de la figure de la sorcière ou, au contraire, la volonté de faire de celle-ci La figure victime, une icône christique, symbole de toutes les oppressions ou injustices de l’Histoire.
Deux images prédominent : la femme possédée, adepte des messes noires, qui représenterait une menace discrète et sournoise pour la vie temporelle et le salut éternel des personnes. Face à cette image, celle de la femme paisible vivant dans la campagne, innocente et victime, connaisseuse des plantes et des secrets de la nature. Païenne ou semi-païenne, libre, souvent en marge des sociétés, icône de certains mouvements féministes.
Contrairement à une idée reçue, le phénomène de « chasse aux sorcières » est très loin d’être cantonné à l’Occident médiéval : on le retrouve dans les sociétés « païennes », en Afrique subsaharienne (nous pensons au phénomène tristement célèbre des enfants sorciers), en Inde rurale, dans les îles du pacifique, dans le monde arabo-musulman, jusque dans l’Amérique précolombienne… Un certain nombre de pays disposent encore aujourd’hui de législations civiles contre les pratiques de sorcellerie. De même, contrairement à une idée ancrée dans notre imaginaire collectif, ce n’est pas le Moyen Âge qui a connu l’apogée de la chasse aux sorcières en Europe, mais la période de la Renaissance. Plusieurs chapitres de l’ouvrage seront consacrés à un panorama historique du sujet.
Si la réalité de la sorcellerie a également concerné la part masculine de l’humanité (quelques cas « masculins » seront brièvement évoqués), c’est davantage son versant féminin qui habite nos inconscients collectifs en Occident, c’est pour cette raison que cette « enquête » leur sera presque exclusivement dédiée.
Il semble que le mot « sorcière » apparaît en français pour la première fois dans le Roman d’Eneas, un des plus anciens romans français, écrit en 1160 par un auteur dont l’Histoire n’a pas retenu le nom.
Nous pouvons lire dans cette œuvre les mots suivants : « La femme aux pouvoirs occultes et surnaturels se dédouble sous la figure de la Sybille et celle de la sorcière. »
Le dictionnaire Larousse propose, de son côté, deux définitions : « Dans les contes de fées, femme en général laide, qui possède des dons surnaturels, qu’elle utilise pour faire le mal. »
et « Femme laide, déplaisante, voire méchante et malfaisante. »
Selon le professeur Fabrice Clément, de l’université de Neuchâtel, la sorcellerie est « la croyance selon laquelle le malheur inexpliqué est dû à l’intention maléfique d’individus dotés de pouvoirs surnaturels ».
Le christianisme a longuement oscillé entre plusieurs attitudes : il a un temps considéré qu’il s’agissait d’une superstition païenne (aucun être humain n’aurait le pouvoir de commander aux démons), a interdit la répression de la sorcellerie, avant d’adopter une autre approche à la fin du Moyen Âge, puis de revenir à sa doctrine initiale.
Depuis Jules Michelet, qui a réhabilité la figure de la sorcière aux yeux de l’Histoire, à la fin du dix-neuvième siècle, la « sorcière » est devenue un des outils, des arguments les plus efficaces pour diaboliser l’Histoire de l’Église.
Nous relèverons que toutes les sociétés, toutes les grandes traditions philosophiques, historiques, religieuses et politiques ont eu un rapport ambivalent avec cette figure : elle a pu fasciner, mais aussi être crainte, persécutée, ou simplement tolérée, avec parfois un double discours : certaines personnes, des plus hauts niveaux de la société aux gens les plus simples, pouvaient, de façade, la dénigrer, voire la persécuter, tout en n’hésitant pas à avoir recours à ses services lorsque le besoin s’en faisait sentir.
Dans cet ouvrage, la figure de la sorcière sera, par simplification, abordée sous trois figures archétypales : celles que l’on peut qualifier de rationalistes (souvent proche des milieux féministes), les sorcières « diaboliques », et les sorcières que l’on peut qualifier de « naturalistes ». Les trois figures existent, et nombre de personnes s’autodéfinissent elles-mêmes sous ces appellations. Ce monde des sorcières est multiforme.
L’originalité de cet ouvrage est de tenter modestement de donner des clefs d’analyse, de proposer une analyse non militante, la plus objective possible, qui dépasse les clivages idéologiques. Cette étude croisera et confrontera délibérément plusieurs regards, parfois contradictoires, sur un sujet qui fascine nombre de nos contemporains, pour le meilleur et pour le pire.
Préhistoire et Antiquité
Aux origines de l’humanité
L’idée de la sorcellerie apparaît dès la préhistoire.
Il est possible de trouver à ce phénomène des racines spirituelles depuis l’âge de pierre. Dès les cultures « préhistoriques », nous constatons la présence de signes archéologiques de rituels et de cérémonies, liés au culte de la déesse mère et du dieu cornu.
Cette déesse mère, divinité primordiale, pouvait prendre différentes figures : celle d’une vierge, d’une mère ou d’une vieille femme. Son partenaire, le dieu cornu, était identifiable au cycle des récoltes. Ces cultes, qui auraient été pratiqués, presque de manière universelle, depuis l’Aube de l’humanité, auraient consisté en une vénération de la Terre, de la fécondité et de la fertilité.
Nos lointains ancêtres croyaient en la magie, à un « esprit » qui demeurait en toutes choses. Certains collaboraient avec des forces invisibles pour tenter d’influer sur le cours des événements, chercher le succès dans la chasse, influer sur la nature, sur le temps…
Ces tribus étaient conduites par des guides spirituels dotés de « pouvoirs psychiques », liés au monde des esprits et des dieux, avec lesquels ils guidaient ou contrôlaient leurs congénères.
Une grande partie de ces guides étaient des femmes.
Au néolithique, lorsque les « chasseurs cueilleurs » sont devenus peu à peu sédentaires et ont commencé à maîtriser l’agriculture, nombre de ces êtres mystérieux ont créé des temples et sont devenus prêtresses et prêtres.
Ces « mystiques » ont rapidement exercé une forte influence sur les dirigeants des sociétés antiques. Beaucoup restèrent en marge de la société. Ils se transmettaient de génération en génération un « savoir », des « secrets » naturels et surnaturels.
C’est ainsi que les traditions se sont conservées. Les peuples conquérants absorbèrent la culture, les mythes, et la magie des populations en place.
Si ces paganismes anciens ont quelque chose de séduisant, rappelons la part d’ombre de nombre de rites, en particulier sacrificiels : la plupart du temps animaux, mais pouvant être humains.
À titre d’exemple, sur le continent américain, la plupart des peuples « indiens » de l’Amérique centrale précolombienne pratiquaient de manière courante le sacrifice humain. Il semble également attesté que ce genre de sacrifices étaient pratiqués par les druides gaulois.
Le judaïsme ancien pratiquait les offrandes d’animaux, avant que le Christ ne vienne définitivement abolir tous les sacrifices en se donnant lui-même en sacrifice pour tous.
Statut des sorcières dans l’Antiquité
C’est à partir de la fondation des grandes civilisations antiques que les praticiennes de la sorcellerie changent de statut. Si leur présence semblait « aller de soi » au long du néolithique, avec ce que leurs rites pouvaient comporter de bon ou de violent, nous allons voir ici que la manière dont elles sont perçues se « désenchante » et l’attitude à leur encontre se durcit considérablement dès la fondation des grands empires.
Face aux lois civiles
Au cours de l’Antiquité, le rapport entre la magie et les lois civiles oscille entre une rigueur extrême, une persécution, et une certaine tolérance.
Les sorcières inspirent la méfiance, sont interdites, parfois réprimées et persécutées, mais nombre d’individus faisaient usage de leurs services quand les besoins se faisaient sentir.
À certaines périodes, les pratiques sorcières n’ont cessé de s’immiscer dans la vie quotidienne. Certaines étaient anodines, d’autres ont servi à assouvir certaines passions humaines, parfois les plus secrètes. Le personnage de la sorcière puisait dans l’ambiguïté de ces passions une extraordinaire intensité et s’imposait par ses services, parfois par ses maléfices.
Dans l’Antiquité, le monde de la sorcellerie est essentiellement un monde de femmes, comme le sont leurs divinités protectrices et les déesses lunaires : Artémis, Diane, Hécate et Séléné.
Pline l’Ancien (23-79), écrivain romain du premier siècle de notre ère, rapporte dans son « histoire naturelle » (l’équivalent de l’encyclopédie de nos jours) que la sorcellerie était interdite à Rome dans la loi des Douze Tables, acte fondateur du droit romain, écrit vers -450.
La Lex Cornelia, loi romaine écrite en -81 par Sylla, général et homme politique romain, interdit sa pratique et condamne à mort ceux qui s’y adonnent : « Les devins, les enchanteurs et ceux qui font usage de la sorcellerie à de mauvaises fins, ceux qui évoquent les démons, qui utilisent la magie noire, qui bouleversent les éléments, qui, pour nuire, emploient des images de cire, seront punis de mort. »
Le Romain Mécène conseille à l’empereur Auguste de repousser les adeptes des religions des étrangers : « C’est d’eux que naissent la conspiration et les sociétés secrètes, dangereuses pour le règne d’un monarque ».
Dès sa nomination en -184, le consul Caton engagea une répression sans merci afin de mettre un terme aux abus des devins et magiciens.
Pline (un autre consul) condamna « les
