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Vivre en famille au cœur de la ville
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Livre électronique304 pages3 heures

Vivre en famille au cœur de la ville

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À propos de ce livre électronique

La réinvention de l'habitat familial par le développement de la ville satellite, de la cité jardin et plus largement de la banlieue a suscité (et suscite encore) beaucoup d'enthousiasme ; or, les effets pervers de la prolifération de ces formes urbaines, notamment par la disqualification des quartiers anciens et des espaces publics, puis par la dépendance à l'automobile, sont de plus en plus évidents. Aujourd'hui, le défi de mieux arrimer la vie en famille et la ville reste entier. Il passe par la transformation des milieux aménagés dans les dernières décennies, mais surtout par la requalification des quartiers anciens au coeur de la ville.

Ce livre ne propose pas seulement de revisiter les arguments mettant en opposition ville et banlieue. Il vise à rendre intelligible une réalité complexe et nuancée : celle de la diversité des quartiers, des familles et des perspectives d'intervention dans le but non pas de favoriser une forme d'habitat au détriment d'une autre, mais d'envisager l'environnement urbain comme un ensemble d'espaces complémentaires et, à leur manière, profitables.
LangueFrançais
Date de sortie13 oct. 2015
ISBN9782760635524
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    Aperçu du livre

    Vivre en famille au cœur de la ville - Jean-Philippe Meloche

    Préface

    François Cardinal

    Je peux vous faire un aveu? J’habite en banlieue. Oui, je vis en famille au cœur de la banlieue. Et néanmoins, on m’a demandé d’écrire la préface de ce livre. Et j’ai accepté de le faire. Vous sursautez? Vous ne comprenez pas ce qu’un banlieusard peut bien avoir à nous apprendre sur un sujet aussi urbain? Voilà justement pourquoi ce sujet m’intéresse tant. Voilà, très précisément, pourquoi j’ai écrit des dizaines et des dizaines de textes sur le sujet ces dernières années, pourquoi j’ai accepté de participer au colloque qui a justement précédé la rédaction de cet ouvrage.

    Le sujet est d’une grande importance pour Montréal, pour sa région, et pourtant, les seuls qui semblent avoir le droit de se pencher sur le phénomène, les seuls qui se sentent autorisés à en parler avec autorité, ce sont les citadins. Surtout ceux du centre. Pourtant, il s’agit bien d’un dossier métropolitain, aux répercussions nationales, même. Mais allez comprendre… Les suburbains ne semblent avoir droit de cité que pour se justifier. Comme si leur décision était mauvaise en soi. Il y a le bon choix, la ville. Et il y a le vilain choix, la banlieue. Un sous-entendu qui véhicule un paquet de préjugés, qui fait abstraction de la géographie de l’île de Montréal. Un sous-entendu, surtout, qui empêche de comprendre véritablement le phénomène de migration des familles.

    * * *

    Il faut en venir à l’évidence, les deux solitudes, ce ne sont plus les anglos et les francos. Ce sont les citadins et les banlieusards, qui ne se comprennent pas, ne se parlent pas. Deux solitudes que je cherche bien humblement à rapprocher, par mon travail, en abordant la région comme un tout. Deux solitudes que le colloque Vivre en famille au cœur de la ville a également tenté de rapprocher en avril 2013, à sa façon, en abordant le phénomène avec ouverture, de manière large, objective. Et c’est tant mieux. Car ce n’est pas en montrant du doigt les jeunes parents qui prennent le pont qu’on trouvera une solution au phénomène. Ce n’est pas non plus en traçant une ligne vertueuse entre l’île et la banlieue qu’on réussira à mieux comprendre les interactions qui lient les deux territoires.

    Il faut plutôt nuancer le débat. Il faut l’éclairer, le détailler, le décortiquer afin de mieux comprendre les interactions et migrations qui lient l’urbain au périurbain. Il faut analyser «l’évolution des cycles de vie» (Gill, chapitre 1), comprendre «les modes de vie urbains des jeunes familles» (Germain, chapitre 2), évaluer les «préférences de consommation» (Meloche, chapitre 3), noter la force de la banlieue dans «l’imaginaire social» (Fortin, chapitre 4), soupeser «les préférences résidentielles» des jeunes adultes (Lord et Lotfi, chapitre 5).

    Il faut aussi saisir ce qui alimente les perceptions négatives de la ville (Plante, chapitre 6), comprendre pourquoi les jeunes familles choisissent tel ou tel type de logements (Chantal et Wexler, chapitre 7), cerner le type d’environnement qui plaît aux familles (Torres, chapitre 8), s’interroger sur la composition des logements offerts aux familles en ville (Dufresne et Girard, chapitre 9) et se référer à ce qui se fait ailleurs (Thomas, chapitre 10).

    Bref, il faut saisir ce qui pousse les parents à quitter l’île, ce qui les incite à s’installer dans la ville voisine, ce qui motive certains à se rendre en deuxième ou troisième couronne. Il faut, enfin, tenter de comprendre si la plupart des jeunes familles succombent au chant des sirènes de la périphérie ou s’ils fuient carrément la ville.

    * * *

    J’ai posé la question sur mon blogue, il y a quelques années. Les réactions à mon billet de blogue montraient la nécessité d’aborder cet enjeu avec ouverture, sans jugement ni a priori. De mener une réflexion sur le mode de la discussion en incluant tout le monde.

    On retrouvait de tout dans ces nombreux commentaires, mais un fil conducteur s’en dégageait: la plupart des banlieusards disaient avoir quitté la ville plutôt qu’adopté la banlieue avec envie et enthousiasme. Bref, les commentaires étaient davantage contre Montréal que pour la banlieue. On évoquait souvent le coût des propriétés sur l’île, mais aussi les programmes approximatifs d’accès à la propriété de Montréal, la surtaxe à l’immatriculation, l’état de décrépitude des infrastructures, l’absence d’équipements municipaux pour la famille, les hausses à répétition de taxes et tarifs, la baisse de service liée au gel des dotations d’arrondissement, etc. Autant de causes de l’exode qui s’ajoutent à celles évoquées dans les prochaines pages de cet ouvrage, comme le manque de logements de plus de deux chambres et d’environnements urbains conçus pour les familles. Une très longue liste de critiques et de doléances contre la ville. Ce qui est paradoxalement, à mon avis, une bonne nouvelle pour cette même ville…

    * * *

    De toute évidence, Montréal ne répondra pas de la même manière à l’exode si les gens la fuient par dépit… ou s’ils partent parce qu’ils veulent absolument un bungalow. Le jeune couple qui fait ses boîtes et traverse les ponts pour humer l’air de la banlieue, posséder un grand terrain et une énorme maison, la ville peut difficilement le retenir. Le citoyen qui veut à tout prix se rapprocher du DIX30 ou du Carrefour Laval, Montréal doit se résigner à le laisser partir. Le citadin qui a besoin de se rapprocher de ses grands-parents, de fréquenter une école en particulier ou de rejoindre son épouse (comme moi…), la ville doit se résigner à le laisser partir.

    Mais la jeune famille qui part parce que les taxes sont trop élevées, les programmes municipaux d’accès à la propriété trop chiches ou les rues trop cabossées, la ville peut la retenir en limitant la hausse du fardeau fiscal, en bonifiant les programmes d’accès ou en prenant davantage soin de ses infrastructures. «Le problème, a souligné avec justesse un lecteur sur mon blogue, ce n’est pas que certains préfèrent la banlieue à la ville, mais bien que plusieurs voudraient rester en ville… mais en sont incapables.» Voilà ce qui a été le cœur de la réflexion du colloque d’avril 2013. Voilà ce que tentent de mieux comprendre les auteurs des textes contenus dans cet ouvrage qui fera date, à n’en pas douter.

    Bonne lecture!

    Introduction

    La ville et la famille sont deux réalités très vastes, dont les relations ne peuvent être que complexes, en raison non seulement de la diversité des configurations urbaines et sociales possibles, mais aussi de leur dynamisme et leurs constantes transformations. En ce sens, trouver «le bon» arrimage entre l’environnement urbain et la vie en famille constitue un objectif ambitieux, que l’on ne peut pas considérer comme atteint, et ce malgré plus d’un siècle de tentatives. La réinvention de l’habitat familial par le développement de la ville-satellite, de la cité-jardin, et plus largement de la banlieue, a suscité (et suscite encore) beaucoup d’enthousiasme. Or, les effets pervers de la prolifération de ces formes urbaines, notamment en termes de disqualification des quartiers anciens et des espaces publics, puis de dépendance à l’automobile (avec la pression économique et environnementale que cela comporte), sont de plus en plus évidents. Aujourd’hui, l’environnement urbain étant déjà constitué en grande partie par la banlieue dans ses différentes déclinaisons, le défi de mieux arrimer la vie en famille et la ville reste entier. Il passe par la transformation des milieux aménagés dans les dernières décennies, mais aussi par la requalification des quartiers anciens au cœur de la ville.

    La dégradation de certains quartiers centraux et l’émergence de la classe moyenne ont généré une sorte de refoulement vers la périphérie des familles à la recherche d’un milieu de vie plus sain, garant d’intimité, d’un contact direct avec les éléments naturels, de sécurité, de calme, etc. Considérer à nouveau les espaces délaissés au centre de la ville comme potentiellement appropriés pour les familles revient à remettre en question cette quête d’habitat idéalisé. L’objectif de ce livre ne se limite toutefois pas à revisiter les arguments où s’opposent ville et banlieue ou centre et périphérie. Il vise plutôt à attirer l’attention sur les transformations actuelles du milieu urbain, notamment en raison du départ de plusieurs activités économiques des quartiers centraux (industrielles, commerciales), et sur les occasions que ces transformations génèrent. Plusieurs nuisances se sont atténuées dans ces quartiers au cours des dernières années. Les bénéfices de cette localisation se sont aussi accrus, nourris par la présence de moyens de transport diversifiés et par l’accessibilité à une offre relativement dense d’activités commerciales, culturelles, éducatives et de loisir.

    Mais ce regain d’intérêt pour certains quartiers centraux ne se traduit pas nécessairement par une mobilité résidentielle des familles vers le centre, du moins dans la région métropolitaine de Montréal. Les initiatives de la Ville pour attirer ou retenir les familles témoignent de la difficulté de faire profiter les ménages avec enfants des transformations urbaines dans les quartiers centraux. Le cas de Griffintown est illustratif à cet égard.

    À l’automne 2012, l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) a mené une consultation dans le cadre de l’élaboration du Programme particulier d’urbanisme (PPU) du quartier Griffintown, secteur fondateur du développement industriel du Canada au 19e siècle, dont le réaménagement a suscité des projets controversés depuis les années 2000. Le PPU constitue un outil d’encadrement du développement de ce secteur et, pour les Montréalais, il représente une occasion d’articuler la mise en valeur du patrimoine industriel dans un secteur délaissé à plusieurs égards et la création d’un milieu de vie animé et convivial. De telles qualités sont généralement associées à la présence de familles, et c’est dans cette perspective que le réaménagement de Griffintown soulève un grand défi: comment faire de ce secteur central de Montréal un quartier familial?

    Lors de la consultation publique, les Montréalais devaient se prononcer sur la capacité anticipée du PPU proposé par la Ville d’orienter le développement du quartier vers la construction d’espaces publics et privés adaptés et attractifs pour les familles. Mais qu’est-ce qu’un quartier adapté aux familles? Dans le but d’outiller le public avec des éléments de lecture pour l’examen du PPU, les commissaires de l’OCPM ont invité les directeurs de cet ouvrage à effectuer une courte présentation lors des séances d’information en novembre 2012. La réflexion s’est ainsi amorcée sur les qualités d’un quartier attrayant pour les familles. Il faut dire que notre intérêt pour le sujet était à la fois professionnel et personnel: comme chercheurs et comme enseignants, nous nous intéressions à la relation entre la ville et les enfants, au transport actif, à la mobilité résidentielle, etc.; et puis nous sommes aussi parents de jeunes enfants et avons choisi d’habiter dans des quartiers centraux de Montréal, non sans compromis! Une réflexion sur la place des familles dans les quartiers centraux de la ville devenait ainsi, d’une certaine manière, une invitation à l’introspection, qui vite s’est transformée en un dialogue riche entre nous et plusieurs collègues du milieu universitaire, des praticiens et des élus. La création d’une commission ministérielle penchée sur la rétention et l’attraction des familles à Montréal nous a fait constater l’importance et l’actualité du sujet; formaliser cette discussion dans le cadre d’un colloque s’est avéré une idée porteuse et tout à fait opportune.

    Le colloque «Vivre en famille au cœur de la ville: une journée de réflexion sur Montréal» a eu lieu le 19 avril 2013 à l’Université de Montréal. Une centaine de participants ont pu alors interagir avec des conférenciers qui, en séance magistrale ou en table ronde, ont tour à tour mis en évidence l’une ou l’autre des facettes du sujet. Financé par l’Observatoire Ivanhoé-Cambridge du développement urbain et immobilier et par le réseau interuniversitaire Villes, Régions, Monde, le colloque a été un franc succès, réunissant des acteurs des milieux universitaire, professionnel, entrepreneurial, politique et journalistique.

    Le présent ouvrage reprend les idées échangées lors de ce colloque. Il réunit des chapitres produits par des auteurs issus de différents milieux, mais, surtout, porteurs de perspectives variées pour appréhender la relation entre la vie en famille et les quartiers centraux. Il vise à rendre intelligible une réalité complexe et nuancée: celle de la diversité des quartiers, des familles et des perspectives d’intervention, dans le but non pas de favoriser une forme d’habitat au détriment d’une autre, mais d’envisager l’environnement urbain comme un ensemble d’espaces complémentaires et, chacun à leur manière, profitables.

    L’ouvrage comporte deux parties. La première dresse l’état de la situation quant aux choix résidentiels des familles dans l’espace métropolitain. Le regard est d’abord porté sur la région métropolitaine de Montréal. Le chapitre de Daniel Gill (chapitre 1) présente un portrait de la migration des ménages dans l’espace métropolitain à l’aide de données sur les soldes migratoires. Son constat est clair: les familles des quartiers centraux ont tendance à quitter la ville pour les banlieues. Ce phénomène perdure depuis plusieurs décennies, sans montrer de signes de ralentissement. Le chapitre d’Annick Germain (chapitre 2) nuance toutefois ce constat. Il met l’accent sur les transformations dans les modes de vie des jeunes familles, plus tournées vers la ville que celles des générations qui les ont précédées. La ville demeure l’endroit où se créent les familles et certains quartiers centraux connaissent des hausses positives du nombre d’enfants sur leur territoire. Autrement dit, il se crée plus de familles dans les quartiers centraux de Montréal aujourd’hui qu’il ne s’en perd. Quoi qu’il en soit, l’arrivée des enfants dans le ménage peut être vue comme un déclencheur de mobilité résidentielle, dont la rationalité économique est expliquée par Jean-Philippe Meloche (chapitre 3). L’auteur met en évidence l’importance de l’offre de logement dans la migration des familles vers les quartiers périphériques.

    Au-delà de cette rationalité économique, la compréhension du phénomène de l’exode des familles vers la banlieue peut se faire également à travers une lecture des perceptions et des représentations de la ville chez les familles. Selon Andrée Fortin (chapitre 4), il existerait dans l’imaginaire collectif québécois une sorte d’idéalisation de la banlieue. Cet idéal se projette notamment dans notre cinéma où le mode de vie des familles est surtout représenté dans un univers ancré autour de la maison unifamiliale détachée (le bungalow). Le même constat ressort du chapitre de Sébastien Lord et Simin Lotfi (chapitre 5). Ces derniers y analysent les commentaires tirés d’un blogue publié par le journaliste François Cardinal en marge du colloque «Vivre en famille au cœur de la ville». Les participants au blogue se sont prononcés sur les moyens à mettre en place pour attirer ou retenir les jeunes familles à Montréal. L’aménagement et l’urbanisme sont identifiés comme des outils permettant de créer des milieux de vie ou des expériences de vie positives dans la ville, expériences qui ne sont jamais bien loin de l’idéal représenté par la banlieue.

    La deuxième partie de cet ouvrage s’intéresse à la mise en œuvre des politiques qui visent à attirer ou retenir les jeunes familles dans les quartiers centraux de la ville. Le chapitre de Marc-André Plante (chapitre 6) passe en revue l’histoire des politiques familiales municipales au Québec en examinant en particulier le cas de la Ville de Montréal. Ces politiques familiales représentent selon lui des outils de premier plan pour créer des milieux de vie propices aux familles dans la ville. Le chapitre de Suzanne Chantal et Martin Wexler (chapitre 7) souligne quant à lui l’importance du logement dans les politiques familiales. En s’appuyant sur des informations tirées de sondages, les auteurs présentent une lecture des besoins et des critères qui guident le choix résidentiel des familles à Montréal. Les enjeux soulevés par ces enquêtes ont notamment alimenté les réflexions qui ont permis d’élaborer le Plan de fidélisation des familles de Montréal.

    En aval des politiques publiques, les actions visant à retenir ou attirer des familles dans les quartiers centraux prennent souvent la forme

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