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Bouche d'Or -seconde édition-: ou caprices du destin
Bouche d'Or -seconde édition-: ou caprices du destin
Bouche d'Or -seconde édition-: ou caprices du destin
Livre électronique190 pages2 heures

Bouche d'Or -seconde édition-: ou caprices du destin

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À propos de ce livre électronique

Enfant déjà belle comme une poupée de carte postale, Jeanne fut victime de tares honteuses que, sournoisement, des adultes pervers savent faire subir à des êtres fragiles.

S’en relèverait-elle ? Traînerait-elle ses stigmates sa vie durant. Ou, en vengeance contre l’infortune, parviendrait-elle à sublimer sa souffrance, la faisant fleurir en œuvres durables ?

L’histoire de Jeanne, dans ce récit, illustre ses combats inconscients contre des racines endommagées de sa prime enfance et son acharnement à rattraper ses tendresses perdues... Son impétuosité la desservira parfois et sa beauté, souvent, lui fut un piège sournois.

Entre France, Afrique et Caraïbes, des personnages de hasard sur son parcours chaotique auront été soit parfois des récifs impitoyables sur lesquels elle aura endommagé son frêle esquif, soit d’autres rencontres inopinées auront, comme par magie, contribué à sa reconstruction, lui tenant la main contre les vents mauvais.

Elle ne pouvait s’empêcher de penser que le futur lui réserverait toujours quelques déconvenues. Elle comprendra un peu mieux son propre rôle dans tout ce qu’elle avait vécu, et que les dangers ne viennent pas de la mer, même en tempête.

Elle en était maintenant persuadée, s’ils devaient à nouveau l’assaillir, les périls naîtraient de ses propres lourdeurs.

Pourra-t-elle les combattre ? Ou bien un irrésistible déterminisme aurait-il raison de son destin ?


À PROPOS DE L'AUTEUR


Jean Paul Vincent lance la seconde édition du roman « Bouche d’or », son troisième ouvrage. Heureux grand-père de six petits-enfants, il vit en Nouvelle Aquitaine, entre mer et montagne, arpenteur gourmand des sentiers de l’existence. De sa carrière dans les ressources humaines il garde cet appétit pour les récits de vie et le goût pour la transmission qu’il utilise pour nourrir ses romans. Par le fil de son écriture il tisse des liens entre les destins de personnages attachants et parfois tourmentés. De sa plume il dénoue des secrets familiaux et redessine le sillage de femmes aux parcours jalonné par la violence ordinaire des mots, mais aussi par la beauté des actes et d’humbles héroïsmes.

LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie9 mars 2022
ISBN9782384541041
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    Aperçu du livre

    Bouche d'Or -seconde édition- - Jean Paul Vincent

    Prologue

    Le destin se surprend lui-même en cheminant parmi les humains…

    Les hommes, trop souvent s’interdisent de le construire, demeurant lourds de leur histoire et sourds aux appels de hasards bienveillants portés par le miracle d’imprévisibles rencontres.

    Un si paisible village.

    Sur cette sage colline du Jura, le village s’étalait mollement autour de son clocher à l’allure robuste et ramassée. Rues et ruelles languissaient entre des maisons sans grand caractère architectural, jusqu’à se perdre dans la campagne alentour au cœur des forêts voisines. Le pays était tapissé de prairies verdoyantes qui nourrissaient généreusement les bovins des nombreux agriculteurs des lieux. Peuplé aussi de forêts riches d’arbres impressionnants par leurs tailles, conifères et feuillus. L’ensemble renvoyait des camaïeux de verts, ponctués, à l’abord de l’automne, de nuages dorés qui émerveillaient les touristes.

    Les maisons aux limites du village, étaient, elles aussi enchâssées ou comme emmitouflées dans cette verdure épaisse que des « gens du Sud » trouveraient menaçante. Les collines, ici, n’osent jamais s’aventurer très haut, demeurant sagement sous la surveillance impérative des Alpes visibles à l’horizon.

    Derrière l’église, la place Saint-Augustin, nom de la paroisse, devenue, par l’usage, « place du marché » tenait lieu de forum hebdomadaire des villageois. Bien qu’elle soit en pente douce, de savants dispositifs étaient imaginés, pour tenir à l’horizontale, véhicules et stands des commerçants.

    Chacun disposait de cales et autres tréteaux de hauteur appropriée pour assurer la présentation sans risque de la marchandise.

    Comme dans tous les villages du monde, la place du marché était, le samedi, en alternance avec le village voisin, le mercredi, le centre d’échanges d’où s’échappaient, comme vols de moustiques, mille indices de l’atmosphère du village. Pluie ou beau temps, pour ce qui ne voyait rien à dire. Plaintes récurrentes pour ceux qui souffraient de quelques accrocs de santé. Sous-entendus perfides, pour ceux qui ruminaient des comptes à régler. De la surface ou des profondeurs du quotidien de ces gens d’apparence placide, la vraie vie se manifestait ce jour-là au sein de la foule routinière.

    Ce brouhaha du marché contrastait de façon saisissante avec la torpeur ordinaire. Le village que l’on pouvait croire moribond les autres jours de la semaine s’animait soudain : escargots sortant de leurs repaires après la pluie, chacun quittait sa demeure. Seul ce jour-là prouvait que le village abritait bien plus de cinq-cents âmes.

    Tous, alors, étaient pris d’une frénésie de cris, d’interpellations, de mots confidentiels ou vociférés. Certains aussi, se contentaient de déambuler, silencieux, bâclaient leurs emplettes, repartant solitaires. Quand quelques-uns se poussaient à des salutations forcées, d’autres fendaient la foule, feignant l’urgence et disparaissaient. D’autres encore, lançaient ici ou là, des saluts d’apparences banales enveloppant quelques malices ciblées sur des querelles anciennes, des comptes à solder, des menaces voilées, des dénonciations non dites.

    Dans ces cas-là, l’autre, soit pris de court, soit manquant de courage, enregistrait en silence pour mieux préparer son retour de balle, au marché suivant.

    Sortant de son presbytère, Monsieur le Curé passait la matinée, non seulement à ses propres emplettes, mais aussi à échanger avec ses ouailles et les autres, si opportunément rassemblés.

    Cet homme de la quarantaine maintenant, ancien rugbyman, montrait une prestance athlétique qui « en imposait » et le rendait aisément repérable parmi la foule de la place.

    Il tenait toujours dans sa poche son petit carnet à pages carbonées. Quand quelqu’un souhaitait un entretien, il notait sur ce calepin jour et heure, donnant un double à l’intéressé.

    Nulle part ailleurs, il ne pouvait voir tant de monde, entendre autant de nouvelles, bonnes, joyeuses, dramatiques, sournoises, fielleuses, vengeresses.

    Malgré ses provisions de fruits et légumes pour la semaine, son cabas lui semblait toujours moins pesant que le fardeau qu’il partageait avec les villageois. Personne autre qu’un curé de campagne ne peut sentir les rivières sombres et souterraines qui coulent dans ces sous-sols d’un village d’apparence paisible. De retour chez lui, posant comme un rite établi, son sac dans la cuisine, il se dirigeait directement dans le coin de sa chambre qu’il avait aménagé en un modeste « oratoire ». Là, se recueillant après le tintamarre, il « rendait grâce » pour les bonnes nouvelles apprises, les merveilles qu’il découvrait, et suppliait pour les drames qui lui revenaient directement ou non.

    Sa prière parfois l’apaisait de son impuissance, achevant de le convaincre de son indispensable disponibilité. Renaissait alors le sentiment d’utilité humaine dans cette communauté au sein de laquelle croyants et non-croyants l’avaient adopté depuis maintenant cinq ans.

    Personne ne sait les drames qui peuvent se jouer au fond de nos villages tranquilles de la France profonde. Peu se rendent compte des aventures qui se déroulent derrière la porte des voisins de palier. On ne sait jamais trop qui se cache réellement derrière le masque du visage sombre ou joyeux de l’interlocuteur croisé au hasard.

    Le curé connut bien Gildas, le Directeur d’École tristement disparu. Cet homme, pourtant public, semblait plutôt introverti et discret. Seule, le dérida quelque peu la naissance de sa seconde fille, la petite Jeanne. Jamais, pourtant, on ne le vit, s’exhiber avec le landau sur la place, les jours de marché. Scrupuleux, efficace et apprécié des parents, il se tenait reclus dans son école comme dans un gîte.

    Le curé était là, à la naissance de Jeanne. Il baptisa l’enfant, suivit sa croissance chaotique, fut attentif et compatissant à la dépression de Juliette, mère de Jeanne. La transformation physique qui s’en suivit, faisant oublier, par son embonpoint la jeune femme svelte qu’elle avait été. Une fois par semaine, au cours de la réunion et du déjeuner avec ses confrères du diocèse, le curé essayait, avec eux, de comprendre, d’analyser, d’imaginer comment ces secrètes souffrances des hommes pouvaient être colmatées.

    Pour lui, c’était là, son premier rôle, avant même toute catéchèse. Ces drames humains, dont lui et ses six confrères étaient témoins, seraient-ils des marques indélébiles dans la vie des individus, et des enfants, en particulier. S’ils étaient convaincus que le salut spirituel paraissait possible, ils ne pouvaient pas en dire autant du salut humain : l’homme est-il marqué pour toujours par ses déterminismes. Doté de la voix forte d’homme mûr et massif, le Curé de Saint Augustin, nom du village, était reconnu par ses pairs, comme un homme modeste, sans arrêt en recherches et interrogations. Dans ses explorations des chemins étroits pour imaginer des modes d’action de son domaine, il s’interdisait la confusion des genres, sachant, entre autres, que foi et psychologie se côtoient dans des espaces ténus et trop souvent confondus. Il avait conscience que bien des habitants auraient « mérité » les soins d’un thérapeute. Jalousies, procès d’intentions, tromperies auxquels se rajoutait l’alcool, la panoplie ordinaire des querelles d’un village éclaboussait les rues. Mais finalement pas plus qu’ailleurs.

    Une de ses préoccupations concernait, à juste raison, la petite Jeanne. Il savait que son entrée sur la scène de la vie se fit davantage sous l’égide des démons que des anges. Il en redoutait les conséquences pour l’adolescente, puis la future adulte. Il fut au long des années le témoin des drames pressentis. Son départ pour un autre diocèse l’éloigna du village avant qu’il ne puisse connaître l’épilogue inattendu qu’à trente-cinq ans, vivra sa protégée.

    Une des grandes joies du curé était les bonnes performances du Club de rugby qu’il avait créé depuis cinq ans. Il fallait un événement majeur pour qu’il manque le Match du dimanche après-midi. C’était son bol d’air. Quand il était disponible, il aimait, en survêtement, participer à l’entraînement des jeunes le jeudi soir. C’est là que jeunes et paroissiens les plus audacieux prirent l’habitude de l’appeler André. Dans l’isolement de sa fonction, il savourait de s’entendre prénommer, comme un signe affectueux ou amical. Pour son rôle dans ses paroisses, il ne pouvait, que se convaincre que le premier « instrument » de son action au quotidien, était ses grandes oreilles ouvertes avec bienveillance. Rôle parfois épuisant. Certains événements, même portés dans la prière de cet homme solide, en témoin extérieur, continuaient de l’accabler pour la journée et plus encore. Le « départ » de Gildas, le père de la petite Jeanne, resta à cet égard un choc personnel profond et durable.

    L’apparence lisse et ennuyeuse du village prenait parfois du relief à la fois sonore, joyeux ou dramatique ; tous les processus souterrains jaillissaient le samedi sur le marché et le village vivait alors une accélération et une vigueur soudaines, au travers des échanges débridés ou masqués.

    En fin de marché, des hommes souvent entraînaient Monsieur le Curé à partager « l’apéro » rituel du samedi. Dès lors, il reprenait son prénom d’André, plus compatible avec les libations entre hommes. L’ancien sportif se laissait faire volontiers, renvoyé alors mentalement à la « troisième mi-temps » de sa jeunesse. Il savait même pour la circonstance se laisser aller à quelques grivoiseries subtiles et contrôlées, de nature à choquer, sortant de la bouche d’un homme d’Église, quelques pieuses âmes de la paroisse. La connivence masculine s’installait dans les rires et chacun regagnait son domicile.

    André était parfois invité par l’un ou l’autre pour le déjeuner, puis il s’éclipsait pour un temps de sieste dont il avait l’habitude. Ses nombreuses réunions du soir finissaient, sans cela, par être éprouvantes.

    Un de ces samedis matin, la petite Jeanne avait alors quatre ans, il fut intrigué, apercevant aux abords du marché sans oser s’y aventurer cette femme, Juliette, veuve de Gildas et mère de l’enfant. Il la connaissait bien pour l’avoir soutenue en des moments difficiles.

    Juliette, petite de taille et devenue rondouillarde après son drame, avait naguère la parole facile et un vocabulaire plus élaboré que beaucoup des femmes du village, ce qui lui valait quelques inimitiés. Elle possédait « son baccalauréat » et fut l’épouse du défunt Directeur de l’École communale, disparu trois ans auparavant, quand un promeneur terrorisé le découvrit pendu à un arbre de la forêt voisine. La longue lettre trouvée dans sa poche révélait par une écriture saccadée et des lignes tombantes un état dépressif avancé. Les raisons expliquant son geste évoquaient sans ambiguïtés la situation conjugale qu’il connaissait depuis un an. Il n’en supportait plus, ni la trahison, ni la honte.

    Depuis, le lieu était surnommé « forêt du pendu ». Beaucoup montraient de la réticence à s’y aventurer. Chaque fois que ce terme était prononcé, c’était une meurtrissure pour Juliette, mais aussi pour André et bien d’autres anciens amis de Gildas.

    L’homme était estimé au village, et en un premier temps après le drame, peu comprirent son geste insensé. Sauf Juliette et le curé, seuls à connaître le contenu de la lettre.

    Les démons qui avaient saisi la jeune femme des mois auparavant avaient eu raison de sa tenue jusque-là rangée et exemplaire de femme du Directeur d’École.

    Le temps passa. Un an plus tard, Jeanne devant entrer en maternelle fut inscrite dans le bourg voisin. Même à cet âge-là, les enfants sont naïvement impitoyables. Certains rapportent fièrement des propos parentaux captés autour de la table familiale. Il était préférable de l’éloigner de ses petits voisins.

    Son instruction et sa position dans le village dotaient Juliette d’une aura à laquelle les mâles alentours ne pouvaient être indifférents. Son statut de veuve, lui-même, était perçu par certains comme une auréole de martyre vulnérable à protéger.

    Vint le temps des convoitises ici, ou des sarcasmes jaloux ailleurs. Certains, sans vergogne, tournaient autour d’elle comme des abeilles au-dessus d’un pot de confiture.

    Quand elle recouvra sa santé et reprit son travail deux ans après la mort de son mari, il parut évident aux obscurs observateurs des ruelles qu’il y avait, et depuis longtemps, une certaine coïncidence entre les déplacements de Juliette à la Sous-préfecture voisine. D’abord, sans en deviner les motifs, les absences simultanées de Marcellin du magasin de cycles, tronçonneuses et autres tondeuses qu’il tenait sur la place du village, finirent par lever des soupçons.

    Le commerçant, sachant les bonnes relations que Juliette entretenait avec son « confesseur », déployait de multiples manœuvres pour ouvrir le débat avec « Monsieur le Curé », l’appelait-il, de manière obséquieuse. Il espérait bien soutirer quelques lumières sur les intentions que Juliette se faisait de son avenir. Le curé, de son côté, était étonné, mais pas dupe, de cette brutale assiduité de la part d’un homme radical de gauche qui n’avait, par culture familiale, jamais assez d’allusions perfides envers le clergé.

    Le curé avait eu vent de certains comportements de Juliette dont soudain, la tondeuse tombait en panne à des fréquences accélérées. Tandis que l’apprenti « mécano » était consigné à la recherche de « pseudo » défaillances de la machine, le profond dépôt, à l’arrière du magasin, donnait lieu, dans la pénombre à d’inavouables rapprochements des deux amants. Le curé avait depuis longtemps décelé la duplicité dans le regard de Marcellin, marchand de tronçonneuses. Il évitait, par de trop nombreuses fréquentations publiques, de le gratifier d’une quelconque caution. Puis, le suicide fit, à l’époque, exploser dans le village la bombe de l’omerta. Comme si la sidération avait jeté le virus d’une culpabilité collective.

    Aux dires des fins limiers locaux, le stratagème était déjà ancien. La rumeur courut qu’il était à l’origine du désastre. Dans un village, tout finit par se savoir, la fiction enrichissant la réalité. L’on n’arrête pas le son du tam-tam !

    Beaucoup, en secret, stigmatisaient le forcing que ce Marcellin, depuis longtemps déjà, faisait subir à Juliette, qui, prise au piège et embarquée dans le tourbillon, lâcha prise à la fin.

    Au travers de quelques allusions faites à de proches relations féminines et au Curé, il était dit qu’elle n’aimait pas vraiment son amant, mais qu’elle avait besoin d’un homme.

    Elle était connue pour sa gentillesse, mais sans caractère bien trempé.

    Quand la situation apparût évidente, les langues se délièrent. Homme de cœur et spécialement attentif aux soucis des villageois, le Curé sentait redoubler sa compassion pour Juliette, sa fille aînée et la petite, si tendre à son âge.

    Certes, la mère avait cédé à la première tentation, et dans ce microcosme plus qu’ailleurs, ces aventures coincent souvent le doigt dans un engrenage irréversible. Le curé se souvenait que son « Maître » avait pardonné même à la « femme adultère ». Depuis « l’événement », au cours de ses homélies du dimanche, le curé ne

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