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Terazan: Le doudou aux sept clochettes
Terazan: Le doudou aux sept clochettes
Terazan: Le doudou aux sept clochettes
Livre électronique213 pages2 heures

Terazan: Le doudou aux sept clochettes

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À propos de ce livre électronique

Terazan est une petite fille abandonnée en pleine forêt par une maman bien trop jeune et surtout si pauvre. Toutefois, elle laisse derrière elle le meilleur et le plus beau des indices pour retrouver son enfant : un doudou qui renferme dans les clochettes de son chapeau un incroyable pouvoir. Terazan – Le doudou aux sept clochettes est un texte captivant avec pour sujet la défense de l’environnement, la magie et les templiers.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Sensible aux histoires vraies et avec une famille largement touchée par l’autisme, Sébastien Jacob s’appuie sur l’originalité de chacun pour écrire ce livre.
LangueFrançais
Date de sortie28 févr. 2022
ISBN9791037745064
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    Aperçu du livre

    Terazan - Sébastien Jacob

    La forêt de Montaigut le Blanc

    Yumi m’emmena par le bras, sur ma gauche, telle une boussole désorientée, pour nous faire entrer dans la forêt. Avec son petit frère Ismaël, ils ont pris l’habitude de s’aventurer de quelques mètres dans la végétation où le fil barbelé et les ronces semblent s’être volatilisés. Pourtant l’accueil y est assez hostile, sombre. Les oiseaux ne sont pas très réceptifs et s’enfuient à chaque action inhabituelle à leur environnement en piaillant comme si c’était la fin de leur milieu. Seul le bruit du vent persiste et s’invite dans les fentes des troncs d’arbres morts en nous faisant croire que des joueurs de flûte nous enchantent. Nous sommes vite rappelés à voir les feuilles se soulever et tomber autant que l’automne puisse durer toute l’année.

    « C’est ici que vous venez vous promener ? »

    « Oui. »

    Cet endroit ne m’inspirait guère confiance. Il sentait la petite mort. Passer d’un monde de couleurs à un endroit si terne, quelque peu froid et presque effacé vous vide. Je ne savais plus quoi penser.

    « Je ne veux plus vous voir traîner par ici. »

    « Pourquoi ? Donne-moi une raison ! »

    « C’est dangereux par ici. Vous avez pourtant beaucoup d’autres lieux de jeux. »

    Même si je n’avais pas de réelles raisons à m’opposer à leurs petites incursions en forêt, je me sentais le besoin de le leur rappeler. « Je ne veux plus vous voir traîner par ici, c’est clair ! » Ce fut avec un énervement inexpliqué et un manque d’arguments que j’eus répondu à ma fille.

    « Pourquoi tu trembles papa ? Que t’arrive-t-il, veux-tu que j’aille chercher maman ? »

    « Non, je suis inquiet. C’est tout. »

    En vérité, j’étais en véritable crise de tétanie et impossible pour moi de le dire à ma fille pour ne pas l’effrayer. Cette mésaventure m’est déjà arrivée par le passé suite aux dures lois de la vie. Mais cette fois, je ne comprenais pas cette perte de contrôle de moi. L’environnement m’empêchait de respirer convenablement, comme on peut le faire en forêt.

    « T’en fais pas, nous n’avons jamais dépassé le fossé que tu vois là-bas. »

    La vraie crise d’angoisse.

    Ce fut avec les membres tout engourdis et tremblants que je suivis Yumi à la découverte de ce fameux fossé que je ne voyais pas de mes yeux. Mais j’avais oublié que les enfants avaient l’habitude de venir dans cet endroit intrigant et captivant, où il suffit de connaître la végétation pour retrouver son chemin.

    « Où est donc ce gouffre dont toi et ton frère me parlez tant ? »

    Je posai cette question plus par une certaine inquiétude d’origine inconnue que pour avoir une véritable réponse.

    « Il est là, papa ouvre tes yeux, je ne vais pas te faire un dessin ! »

    Nous n’avions fait que dix mètres après avoir quitté la route, la fosse était pourtant là devant mes yeux, et je ne l’avais pas vu, trompé par la magie des arbres peut-être. Pourtant l’espace est sans fin, le trou sans fond. Mieux vaut ne pas tomber. Je n’ai pas le vertige d’habitude mais cette fois j’eus su ce que c’était que d’être au bord du précipice, surtout quand on ne le voit pas arriver.

    Après avoir été promené, baladé, shooté, me voilà maintenant à devoir faire le choix entre le retour en arrière et un monde que je ne côtoyais pas. Tel un ensorcelé, je devenais alors imprévisible et inconscient de tout danger et plus rien ne pouvait m’arrêter dans mes décisions.

    La seule obsession était devenue pour moi de savoir ce qui pouvait se trouver après ce trou béant.

    Pourtant, j’en ai fait des balades en forêt, mais cette fois je partais à la découverte de quelque chose que je ne maîtrisais pas, que je n’étais pas sûr d’en tirer une réalité. Je me sentais attiré par cette aventure hasardeuse. Ma fille Yumi était là, dans l’attente que je lui dise quelque chose, que je prenne une décision, mes responsabilités.

    Comme un ours à la recherche d’un pot de miel, je me suis mis soudainement à descendre les premières pierres de ce qui ressemblait presque à une petite falaise largement suffisante pour se pencher, trébucher et se tuer. Téméraire, ce fut moi cette fois qui attrapai le bras de ma fille à sa grande surprise :

    « Qu’est-ce que tu fais papa ? Tu n’es pas bien ? »

    Aurais-je oublié que le handicap dont souffre ma fille indique d’éviter les imprévus et les décisions prises à la légère. Mais même si j’étais pris d’une certaine folie d’aspiration de je ne sais quoi, j’étais

    assuré de pouvoir protéger ma fille qui à son tour, fut prise naturellement de stress et de peurs.

    « Viens, suis-moi. Restes près de moi. Allons voir ce qui se trouve de l’autre côté ! »

    Essayant de faire preuve de bienveillance, j’étais toujours empreint d’excitation.

    Que m’arrivait-il ? Qu’allait-il se passer ?

    Les branches de houx et les bogues de châtaignier déjà bien formées, une belle couverture d’épines empoisonnées capable de dissuader tout aventurier, animal en mal de proie ou déserteur assoiffé.

    Bien habitué aux intrusions végétatives dans ma peau, j’avais cette fois bien l’intention d’éviter la surdose hallucinatoire, n’étant pas forcément maître de ce qui pouvait nous arriver.

    Le cratère à vue d’œil paraissait énorme et pourtant, en étant en son creux, il me paraissait alors beaucoup moins impressionnant. Néanmoins, j’eus quand même demandé à Yumi de rester au bord de ce style de précipice, non par peur, mais au cas où. Il allait se passer quelque chose d’incroyable, d’exceptionnel pour Yumi, je le sentais.

    Les minutes passant, je voulais en ressortir mais je fus alors pris dans la vase d’un étang que je n’avais pas vu, où qui avait presque disparu. J’en eus perdu une de mes baskets. J’eus senti mes doigts de pied tremblant, se figer, se crisper comme si nous avions fait une excursion au pays du grand froid.

    Quand soudainement :

    « Faisons demi-tour. »

    Un simple doudou

    Alors que je m’apprêtais à remonter en direction de Yumi, quelque chose me passa au-dessus, presque à ras du crâne que j’en hochai la tête, un objet qui traversa le trou dans lequel j’étais.

    Surpris, je regardai ma fille qui agitait les bras comme pour me prévenir de quelque chose, avec comme réponse directe, en lui criant :

    « Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’as-tu jeté, une pierre ? Tu veux ma mort ? »

    J’ai bien cru que j’allais prendre cet objet dans le crâne.

    « Rien ! Rien du tout ! »

    « Pourquoi fais-tu de grands gestes, comme ça ? »

    « Là-bas ! C’est là qu’il est tombé, de l’autre côté ! »

    « Attends-moi, j’arrive ! »

    Après cette séquence inattendue, je suis remonté bien plus vite auprès de Yumi que je n’étais descendu. C’est vrai, je n’étais pas rassuré, encore moins en voyant ma fille surexcitée, je ne l’avais jamais vu dans un tel état, sautillant sur place en me montrant du doigt, la direction de cet OVNI et son impact. Mais en repensant à cet objet, la peur, les frissons de ceux qui vous hérissent les poils des bras m’envahirent le corps, surtout à ce ressenti que la mort ou la vie vous a survolé de si près, le même effet que pourrait vous faire une rencontre avec un fossoyeur où un envoyé.

    Un vrai mystère, cet objet. Que faire ?

    « Il n’y a que toi qui aies pu le jeter. »

    « Non papa, ce n’est pas moi ! Je te jure. »

    J’étais pourtant sûr que l’objet s’était envolé des pieds de Yumi, même si j’étais incapable de dire si elle avait quelque chose dans les mains, ses mains que je ne voyais plus à ce moment.

    Qui alors ? C’était quoi ce… Je commençais à m’embrouiller, l’émotion peut-être. Et mon cœur battait encore un peu vite. « Un oiseau peut-être ? »

    « Impossible, je ne l’ai pas bien vu mais il n’avait pas d’ailes, c’est sûr. »

    Un oiseau sans ailes, ça sent la mort tout ça d’autant que nous étions incapables d’en déterminer la couleur, ni noir, ni blanc. Mais assurément mystérieux.

    Ma fille toujours impatiente mais tout aussi téméraire me poussait :

    « Allez, papa, on y va ? On va voir ce que c’est ? »

    L’aventure ne m’inspirait guère et pourtant j’étais moi aussi aspiré par cette envie de savoir.

    Me voilà reparti alors dans ce trou mystérieux, à redescendre à travers les rochers, mais cette fois accompagné de ma fille, en prenant toutes les précautions.

    « Reste derrière moi et regarde bien où tu mets les pieds. »

    Malgré la sécheresse qui sévissait depuis quelques mois, il y avait encore un peu d’humidité dans cette forêt qui rendait les pierres recouvertes de mousse, glissantes ainsi que quelques petites failles bien suffisantes pour se tordre une cheville. Et puis cette vase présente dans le fond qui en faisait une mare aux aspects étranges dont on ne pouvait deviner si de l’eau s’y trouvait.

    « Il va falloir traverser. Ça n’a pas l’air profond. »

    « Maman ne va pas être contente. »

    C’est vrai qu’en nous voyant passer la porte d’entrée de la maison, avec de la boue jusqu’aux genoux :

    « Elle va nous faire les grands yeux, c’est sûr » les mêmes que ceux que font les parents qui regardent leur enfant sauter à pieds joints dans les flaques d’eau. Elle allait surtout nous inonder de questions à notre retour, d’autant que nous étions déjà largement en retard pour le souper.

    Mais il y avait bien longtemps que j’avais oublié la notion de temps avec cette histoire.

    « Je lui dirais que c’est ma faute. Monte donc sur mon dos. »

    Du haut de ses 14 ans et son poids bien porté, elle ne s’était pas fait prier. Je me sentais plus fort que d’accoutumées, j’aurais pu la faire voyager pendant des kilomètres sans trébucher, les pieds dans cette mare où une légère brume me traversait le ventre. Je ressentais une certaine magie aux pouvoirs bienveillants, l’atmosphère était bonne, l’air était pur. J’eus rarement aussi bien respiré. C’était quand même surprenant de passer du mystère à l’envie, de la mort à la vie, en un instant.

    « Et si on restait là ? »

    « Je ne crois pas non ! » Même si elle semblait bien avec ses bras autour de mes épaules, en

    sécurité, Yumi ne pouvait pas rester en place. Elle avait l’œil partout et allait me le prouver. Moi je gardais un œil sur elle et bien que l’environnement demeurait calme et apaisant, je restais sur mes gardes au cas où un nouvel objet nous survolerait la tête. Quand soudain :

    « Regarde papa ! Regarde ! De l’autre côté ! » En tendant ses bras, seules ses épaules la raccrochant à moi.

    « Qu’est-ce qu’il y a ? Arrête de te pencher comme ça à l’avant ! Tu vas nous faire chavirer ! »

    « Regarde ! Là devant toi ! »

    « Je ne vois rien ! Pourquoi tu gesticules comme ça ! »

    Mais contrairement à ce que je croyais, la mare me paraissait plus grande que prévu, interminable même. Nous avions fait pas mal de pas déjà. Je n’apercevais toujours pas ce que ma fille voyait depuis quelques mètres. Tout avait changé, j’avais l’impression d’avancer tel dans le noir, dans l’inconnu. Mais je continuais.

    « Allez, papa ! On y presque ! Je le vois ! »

    Yumi était captivée parce qu’elle était en train de voir de plus en plus près. Car j’arrivais à m’en rapprocher ; Yumi était devenue mes yeux et moi son cheval respectueux.

    « Je le veux, papa ! Je le veux ! »

    « Je gère… » Même si je ne voyais pas grand-chose ; à vrai dire, je ne voyais pas du tout ce que ma fille semblait voir. Mais malgré tout : « Tu peux avoir confiance. » Tel un croisé. 

    « Penche-toi un peu, papa. Il est là. » À quelques centimètres, nous allions enfin connaître cet objet qui nous a attirés à tant d’imprudences.

    « Je l’ai… Je l’ai ! »

    « Reste calme ! Arrête de bouger ! »

    « Qu’est-ce qu’il est beau ! »

    « C’est quoi ? »

    Tout ça pour un doudou.

    « Qu’est-ce qu’il est moche. Et il est surtout très sale ! » Pour moi, il paraissait tellement simple.

    « Touches comment il est doux ! »

    Comme d’habitude, Yumi à défaut de me montrer, m’attrape la main comme pour confirmer ses dires. « Alors ? »

    « Super. » Il a surtout le poil très raide et surtout bon à brosser ; »

    « Je peux le garder ? S’il te plaît ? »

    Encore un confident sorti de nulle part. « Tu vas avoir quinze ans ? »

    « Ça ferait plaisir à Nilaja. »

    Yumi pense très souvent à sa petite sœur. Elle lui offrirait n’importe quoi sous couvert de son cœur.

    Aussi Nilaja qui porte le même syndrome que sa grande sœur, aime collectionner les figurines, les poupées, les bébés et les doudous. Nul doute qu’il y aura une place pour ce nouvel arrivant et qu’il trouvera amour et bienveillance.

    J’étais plus que méfiant et pourtant le fait d’avoir trouvé ce « doudou » me laissait dans un esprit rassurant, une sorte de bulle protectrice.

    « Bon, vas-y, prends-le. »

    « Merci, papa ! »

    « Mets-le dans la machine dès qu’on est rentré, ça ne sera pas du luxe. »

    Dès qu’on eut mis la main sur ce doudou, l’atmosphère était redevenue si calme, trop calme peut-être. Plus rien d’anormal à noter, bien étonnant. Nous fûmes retournés à la maison comme si de rien n’était.

    Le soir même, le dîner terminé après une tournée de pâtes, on sentit que les nuits prochaines allaient être mouvementées. Aussitôt dit, aussitôt fait : le doudou passa au lavage immédiat, quasi express. Pas de séchage prévu, il rejoignit la chambre de Nilaja au premier étage. Il allait bientôt se perdre dans la foule de personnages présents. Mais avant cette réalité, le doudou allait avoir droit comme tout nouvel arrivant à de nombreux câlins, questions et mots de réconfort.

    Nilaja, petite dernière de notre fratrie de quatre enfants, et la chance de porter le syndrome d’Asperger. Du haut de ses cinq ans, c’est sa façon de se rassurer, elle communique mieux avec les animaux et les poupées, qu’avec les personnes.

    Le doudou était déjà étrangement sec et d’une douceur telle sortie d’un emballage. Les clochettes au nombre de sept, qui ornaient sa tête, étincelaient d’un or brillant et ne laissaient couler aucune larme du précédent voyage. Au moindre mouvement du doudou, les clochettes laissaient entendre quelques petites notes agréables comme celles que l’on peut sortir d’un xylophone, nul doute que l’ensemble pouvait aisément en créer de jolies mélodies. Entre quelques dialogues, Nilaja ne résistait pas au charme et agitait sans hésitation son nouveau compagnon qui l’aidera à s’endormir bien plus vite qu’à l’accoutumée.

    Contrairement aux nombreux pensionnaires de la chambre, le doudou va avoir une place privilégiée dans les bras de Nilaja. Bien sûr, il rejoindra les autres bébés, poupées mais sans jamais se perdre : Ce fut le premier à se montrer dans la foule de par ses couleurs vives et ses clochettes rayonnantes. Mais surtout, il eut droit à un traitement de faveur : il ne fut plus que le seul à accompagner Nilaja le soir, dans son lit

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