Pas de bébé à bord: Choisir de ne pas avoir d’enfants… envers et contre tous!
Par Gisèle Palancz
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À propos de ce livre électronique
Gisèle Palancz
Après des études en traduction et en scénarisation, Gisèle Palancz touche à toutes les facettes de l’écriture. Elle traduit des documents variés, rédige des textes pour des événements culturels, scénarise un docu fiction diffusé sur les ondes de Radio-Canada et adapte des émissions pour les chaînes spécialisées. Au terme de plusieurs années dans le secteur privé, elle fonde une micro entreprise de services linguistiques.
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Aperçu du livre
Pas de bébé à bord - Gisèle Palancz
Données de catalogage disponibles sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Pour l’aide à la réalisation de son programme éditorial, l’éditeur remercie la Société de Développement des Entreprises Culturelles (SODEC), ainsi que le Conseil des Arts du Canada.
Marcel Broquet Éditeur 55 A, rue de l’Église, Saint-Sauveur (Québec) Canada J0R 1R0
Téléphone : 450 744-1236
marcel@marcelbroquet.com • www.marcelbroquet.com
Révision : Frederick Letia
Illustration de la couverture : Roger Belle-Isle
Mise en page : Roger Belle-Isle
ePub: claudebergeron.com
DISTRIBUTEUR EXCLUSIF:
MESSAGERIES ADP*
2315, rue de la Province
Longueuil, Québec J4G 1G4
Téléphone: 450 640-1237
Télécopieur: 450 674-6237
Internet: www.messageries-adp.com
* filiale du Groupe Sogides inc.,
filiale de Quebecor Media inc.
Distribution pour l’Europe francophone :
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30, rue Gay-Lussac, 75005, Paris
Tél. : 01.42.54.50.24 • Fax : 01.43.54.39.15
Librairie du Québec
30, rue Gay-Lussac, 75005, Paris
Tél. : 01.43.54.49.02
www.librairieduquebec.fr
Diffusion – Promotion :
r.pipar@phoenix3alliance.com
Dépôt légal : 3e trimestre 2010
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives nationales Canada
Bibliothèque nationale de France
© Marcel Broquet Éditeur, 2010
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction interdits sans l’accord de l’auteur et de l’éditeur.
ISBN 978-2-923715-70-4
À toutes celles qui ont exercé un choix non conformiste face à la maternité et qui doivent le défendre jour après jour.
« Mon horloge biologique doit avoir été fabriquée en Chine, car elle n’a jamais sonné… Longtemps j’ai eu les excuses habituelles : pas de partenaire stable, début de carrière, pas assez d’argent, trop de travail, etc. J’ai toujours pensé que la vie déciderait pour moi, car cette décision me semblait trop lourde de conséquences pour être prise de façon rationnelle. Son caractère irrévocable me donnait le vertige, et j’avais l’impression que ce ne serait jamais le bon moment. En fait, je m’imaginais parfaitement comme Miranda, la rousse de Sex and the City, qui un jour se découvre enceinte par le plus grand des hasards. Même si elle ne se sent aucune fibre maternelle, alors que tout le monde autour d’elle est on ne peut plus excité, elle décide de « faire avec ». C’est moi tout craché ! Avec les années toutefois, j’ai dû me rendre à l’évidence et entamer une réflexion. J’ai alors réalisé qu’il y avait beaucoup de femmes sans enfant dans mon entourage, ce qui a piqué ma curiosité sur leur cheminement et leur expérience. »
Gisèle
PRÉAMBULE
« Pourquoi tant de gens se demandent-ils pourquoi je ne veux pas d’enfant, alors que de mon côté je me demande pourquoi tant de gens en ont et ne s’en occupent pas ? »
Sonia, 36 ans
Affirmez, même à vos proches, que vous ne désirez pas d’enfant et vous aurez droit à une myriade de réactions allant de la pitié, « Ton copain n’en veut pas ? », au jugement, « Tu es égoïste », en passant par le commentaire rassurant, « Tu verras, tu vas changer d’idée », et la menace, « Tu vas le regretter ! ». Encore aujourd’hui cette option demeure très largement taboue. Ce n’est tout simplement pas un choix acceptable pour beaucoup de personnes, et ça dérange énormément que ce soit une décision réfléchie. Comme s’il était impossible pour une femme « normale », physiologiquement, psychologiquement et émotionnellement, de ne pas vouloir d’enfant !
Pourquoi n’as-tu pas d’enfants, tu ne les aimes pas?
Pourquoi n’as-tu pas d’enfant, tu n’as pas trouvé le bon père?
Tu n’as pas peur de te retrouver seule un jour?
Donner la vie c’est se sentir tellement femme, pourquoi n’en veux-tu pas?
Tu passes à côté de quelque chose.
Tu ne peux pas en avoir?
Des questions comme celles-ci, les femmes sans enfant en entendent tous les jours. Avons-nous vraiment le choix ? En cette ère de discours nataliste, le manque d’espace social pour s’exprimer sans être jugée est flagrant. Soulignons simplement qu’il n’existe pratiquement aucune donnée statistique sur le nombre de couples, mariés ou non, et de femmes sans enfant volontairement. L’option demeure impensable pour bien des femmes, et la pression sociale difficile à départager du désir réel. Ne pas pouvoir avoir d’enfant suscite la compassion, mais décider de ne pas en avoir déclenche une incompréhension totale, voire de la haine, comme si c’était un crime envers les autres femmes et la société. En fait, je soupçonne encore beaucoup de femmes de devenir mères pour se conformer à la norme sociale, et non en réponse à un besoin profond, car, personnellement, je ne crois pas qu’il faille être mère pour être femme.
J’ai eu l’idée d’un essai la journée où une femme de mon entourage, mère de deux enfants en santé, m’a avoué qu’elle pouvait maintenant affirmer, sans hésitation et en toute connaissance de cause, qu’on peut très certainement bien vivre sa vie et être heureuse sans enfants. Ça m’a sciée, moi à qui on avait toujours rabâché que les enfants sont la plus belle chose qui puisse arriver à une femme, qu’ils sont sa plus belle réalisation et que toute femme se doit de connaître ce bonheur. J’ai alors réalisé que si on parle beaucoup des gens qui regrettent de ne pas avoir eu d’enfants, on entend rarement parler de ceux qui regrettent d’en avoir eu. Pourtant, selon des sondages récents auprès de parents, c’est le cas d’un bon nombre d’entre eux. Et, à voir les innombrables cas d’abus et de négligence qui font la manchette, il est assez évident que tout le monde ne vit pas bien la parentalité. D’ailleurs, ce témoignage paru dans un journal que j’ai retrouvé confirme celui que j’ai entendu :
« Si on me donnait le choix, aujourd’hui, je n’aurais pas d’enfant. Je ne regrette rien, j’aime ma fille plus que tout au monde, mais avoir su, avoir su entièrement tout, je ne l’aurais pas eue. Il m’a fallu 11 ans avant d’admettre cela et je sais que la plupart des gens doivent me trouver profondément dégénérée. Mais je suis certaine que plusieurs femmes pensent secrètement la même chose que moi. Et je ne veux plus me sentir coupable. »
Anonyme[1]
En France ou aux États-Unis, même si on sait que l’environnement socio-économique et démographique peut entraver le développement d’un enfant et hypothéquer son avenir, avoir un enfant cela va de soi. Ça semble moins évident au Canada, plus particulièrement au Québec, et probablement davantage dans les villes que les régions. Ici, les jeunes couples ont souvent plus de parents que d’enfants.
En fait, en prenant du recul et en regardant autour de moi, j’ai réalisé que beaucoup de femmes de mon entourage sont sans enfant. Évidemment, elles ne s’en vantent jamais et évitent la question dans la mesure du possible. En effet, comme elles peuvent toutes le confirmer, le plus difficile n’est pas de décider de ne pas avoir d’enfant, mais plutôt de l’assumer en ayant sans cesse à le justifier. Ce n’est vraiment pas une sinécure que d’aller à l’encontre des idées traditionnelles.
Encore aujourd’hui, remettre la maternité en question peut provoquer des réactions très violentes, surtout de la part de parents. Pourtant, ne sont-ils pas censés transmettre des valeurs d’ouverture à leurs enfants ? Pourquoi alors cette réaction plutôt paradoxale envers des gens qui se respectent et refusent de suivre les idées reçues ? La différence a toujours dérangé - parlez-en aux homosexuels -, et c’est peut-être une des raisons pour lesquelles le pas à franchir entre penser ne pas vouloir d’enfant et le dire sans ambages est si grand.
Selon les psychologues, il faut avoir atteint un certain degré d’affirmation de soi pour prendre une telle décision, faire preuve d’assurance et ne pas rechercher la valorisation extérieure. J’ajouterais aussi avoir une bonne dose de courage pour affronter les préjugés et le regard des autres. Une seule des femmes de mon entourage est stérile, pour les autres c’est un choix exercé en pleine connaissance de cause pour diverses raisons. Mais, alors que les médias parlent de sexualité, de couple, d’éducation des enfants, de fertilisation in-vitro, etc. ad nauseam, l’alternative de ne pas avoir d’enfant fait l’objet de très peu de débats et de chroniques. J’ai donc décidé d’explorer un peu le sujet pour confirmer que je n’étais pas la seule à ne pas ressentir l’appel pressant de la maternité, et mieux comprendre une réalité trop souvent occultée.
INTRODUCTION
« Je ne vis pas la culpabilité d’être une mauvaise mère et l’impossibilité d’en être une bonne. »
Anonyme[2]
La maternité est-elle un choix, une obligation sociale ou un fait de la vie comme la vieillesse ? Dans nos sociétés occidentales modernes, la maternité est, en principe, un choix. Les contraceptifs sont plus accessibles que jamais, et les filles se font répéter sans cesse qu’elles peuvent faire ce qu’elles veulent de leur vie. Néanmoins, si elles n’optent pas pour le rôle de mère, la société sera moins conciliante et elles devront sans cesse se justifier. Dans l’imaginaire collectif, il n’est pas normal qu’une femme ne veuille pas d’enfant, c’est une déviance à son comportement « naturel ». Ainsi, beaucoup de femmes sont encore gênées d’affirmer leur choix et contournent la question. On ne demande pourtant jamais aux mères d’expliquer pourquoi elles ont décidé d’avoir des enfants !
En fait, s’agit-il de ne pas désirer faire un enfant ou bien de désirer ne pas en faire un ? Dans un article que j’ai lu, on résume cette nuance ainsi : « Ne pas désirer faire un enfant peut signifier déplacer son désir vers autre chose, ce n’est pas forcément un désir « normal » qui serait nié, refusé, voire anéanti, ce peut toujours être une énergie qui se place ailleurs, dans un choix conscient ou pas. Désirer ne pas faire d’enfant c’est toujours désirer, cela peut donc être pensé comme un acte positif de vie et non simplement une négation d’un problème antérieur, une