Autour du soleil - Tome II: Recueil
Par Xavier Aragau
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
L’écriture poétique est l’exercice qui donne un son et un rythme à la parole au cours d’un périple. Pour Xavier Aragau, artiste-musicien, le lyrisme est un élément constitutif du langage et de l’expression humaine.
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Autour du soleil Hommage à Monsieur de La Fontaine Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
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Avis sur Autour du soleil - Tome II
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Aperçu du livre
Autour du soleil - Tome II - Xavier Aragau
Troisième livre
Partie VII
183
Paradis guerriers
Héros, grecs ou latins, celtes ou germaniques
Dans la plaine ou les monts de ces pays antiques
Ils avaient établi empires et légendes
Et avaient parcouru les fleuves et les landes.
Montés sur des chevaux, ou se battant à pied,
Poitrine découverte ou recouverts d’acier
Ils faisaient de la guerre un art, une épopée
Ne craignant que la honte ou bien la lâcheté.
Ils ont semé la peur la mort et la misère
Affronté des guerriers, mais aussi massacré
Des femmes, des enfants et n’ont pas regretté.
Puis ils s’en sont allés, ont péri par le fer,
Immortels, criminels, au-delà des prairies
Ont rejoint des contrées appelées paradis.
184
Mouvement des eaux
La belle eau des lacs, les rivières enchantées,
Limpides et nues, au sortir des profondeurs,
Courant à la mer par des routes serpentées ;
Parfois aux marais, cesse la course et se meurt.
Mais s’élève aussi vers les sommets azurés
Allant au soleil et se dilue en vapeurs
Pour former enfin, montagnes accumulées
Mouvantes Babel, et grands palais de blancheur.
Puis zébrée d’éclair transmute son énergie
En orage mauve et déverse une colère
S’abattant sur nous, en hurlant par le tonnerre.
C’est la fin des Temps, de notre existence aussi ;
La tourmente est là mais bientôt finit la guerre
Et reviennent bientôt les rayons de lumière.
185
Soir
Au moment vespéral, la nature apaisée,
Vers l’horizon violet des ombres allongées
Dansent à contre-jour les grands oiseaux nerveux
Et battant de leur aile le grand ciel lumineux.
Caché sous le feuillage on prend comme une offrande
Les ultimes parfums des graines de lavande,
Le dernier rayon vert venu de l’occident
Où la soirée se meurt dans un lent mouvement.
La paupière se ferme au cri des hirondelles
Qui passent en filant, acrobates des airs ;
Le chant de la colombe est un dernier appel.
À la cime de l’arbre on voit briller encore
Balancée par le vent la couronne légère
Vibrant comme un plumet ses quelques feuilles d’or.
186
Destin (1)
Quand je me suis assis auprès de ma maison,
Je voyais le rosier accroché sur le mur,
Le vol de ces oiseaux qui passaient sans façons
Filant dans le jardin en sillonnant l’air pur.
J’ai vu les contrevents que l’on ferme le soir
Et me suis rappelé les jours frais de l’automne
Les matins gris d’hiver, les parfums du terroir
Portés par l’océan que la brise moutonne.
La tranquille torpeur des arbres immobiles
Veillaient sur le repos de ceux qui sont absents
Et qui nous ont quittés, sans un bruit, doucement.
Alors j’ai cru savoir qu’en sa langue subtile
Le destin me disait pourquoi j’étais ici
Et ce que je devais à son œuvre accomplie.
187
Destin (2)
Dans le siècle vingtième, après la Grande Guerre
Mon père s’en alla du pays de ses pères ;
Il s’en fut loin de France en cet Extrême-Orient
Selon ce que j’ai su il n’en fut pas content.
Il préféra l’Afrique aux plaines rocailleuses,
Et le peuple berbère et son âme orgueilleuse.
Il y vécut longtemps, s’établit, y prit femme ;
Nous autres ses enfants y vécurent sans drame.
Comme des végétaux, poussèrent nos racines
Dans la terre étrangère où nous étions plantés
Sans savoir qu’un matin nous en serions chassés.
Mais dans notre insouciance aux choses palatines
Nous ne sûmes pas voir le jour où il faudrait
Irrémédiablement nous enfuir à jamais.
188
Destin (3)
Au pays des Santons, au bord de la Charente
Mes aïeux, installés, vivaient paisiblement.
Mais leurs enfants déjà d’une vie différente
Préparaient l’avenir en œuvrant patiemment
Et tournant le regard au-delà de l’Espagne,
Puis passant Gibraltar, ils allèrent tout droit
À leur destination, après cette montagne.
Ils s’arrêtèrent là, pour vivre en cet endroit.
À l’horizon déjà l’avenir noircissait
Et partout en Europe et dans le monde entier
On entendait gronder l’horrible bruit guerrier.
Lors, l’ouragan passa ; après lui on voyait
La ruine et la misère, et ma mère fut veuve ;
Pourtant chacun voulut une existence neuve.
189
Destin (4)
Au bord de l’océan, malgré tous les canons
On pouvait encore vivre au soleil africain.
Pourtant par précaution, on loua un camion
Et on alla plus loin dans l’Atlas marocain.
Et à l’ombre du cèdre, on mena la vie saine
D’ancêtres d’autrefois, au milieu des Berbères,
Sans oublier la France et la vieille Aquitaine.
Et des enfants naissaient du ventre de ma mère…
Puis un jour on revint, à la fin de la guerre,
Dans la ville moderne et ses encombrements ;
Mais toujours aussi loin du pays de nos pères.
Lors on vécut ainsi et sans réaliser
Qu’il faudrait revenir vers les contrées d’antan,
Et que nos souvenirs, il faudrait les quitter.
190
Destin (5)
Dans la paix retrouvée, nous vécûmes tranquilles
Nous allions chaque année vers la mère patrie
Pour en garder le lien à toutes fins utiles
Car on voyait déjà où était l’utopie.
Et l’on entrevoyait le projet du retour
Sous les cieux d’origine, où nous serions poussés.
Il fallait préparer le moment et le jour
Et aussi cet endroit de notre ancien passé.
C’est pourquoi chaque été, sorte de migrateurs,
Nous allions visiter les régions ancestrales
Et comme un rituel d’un mouvement égal.
Nous retrouvions en juin l’agréable fraîcheur
De la Gaule sortie du verdoyant printemps,
Nous la quittions plus tard, avant le mauvais temps.
191
Destin (6)
Ce que nous pressentions devint une évidence
Ce séjour africain ne pouvant plus durer
Nous dûmes pour toujours retourner vers la France,
Et, nous le savions bien, sans rien d’autre espérer.
Mes parents revenaient à leur prime jeunesse
Et riche d’une vie, quasiment achevée
Ainsi qu’un épilogue à d’anciennes promesses
Pleins d’usage et raison, et au port accostés.
Mais nous autres enfants d’un passé différent
Nous quittions notre sol définitivement,
Ne laissant qu’un sillage au revers du bateau.
Et pourtant nous voulions garder notre confiance
Emportant devers nous des quantités d’images
Que nous avons serrées au sein de nos bagages.
192
Destin (7)
Dans ce pays connu seulement en été,
J’ai découvert enfin le véritable hiver
Dans lequel on s’enfonce ainsi qu’un naufragé ;
On y trouve pourtant un charme nécessaire.
Mais j’avais déroulé