Étienne Marcel, prévôt des marchands: Drame en cinq actes et huit tableaux, en vers
Par Élie Cabrol
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Étienne Marcel, prévôt des marchands - Élie Cabrol
Élie Cabrol
Étienne Marcel, prévôt des marchands
Drame en cinq actes et huit tableaux, en vers
Publié par Good Press, 2022
goodpress@okpublishing.info
EAN 4064066328610
Table des matières
PRÉFACE
I
II
III
IV
ACTE PREMIER
SCÈNE PREMIÈRE
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
ACTE DEUXIÈME
SCÈNE PREMIÈRE
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
SCÈNE V.
SCÈNE VI.
SCÈNE VII.
SCÈNE VIII
SCENE IX
SCÈNE X
SCÈNE XI
SCÈNE XII
ACTE TROISIÈME
PREMIER TABLEAU.
SCÈNE PREMIÈRE.
SCÈNE II.
SCÈNE III.
DEUXIÈME TABLEAU.
SCÈNE PREMIÈRE.
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV.
PREMIER TABLEAU.
DEUXIÈME TABLEAU.
ACTE QUATRIÈME
PREMIER TABLEAU
SCÈNE PREMIÈRE
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
SCÈNE V
SCÈNE VI
DEUXIÈME TABLEAU
SCÈNE PREMIÈRE
SCÈNE II.
SCÈNE III
SCÈNE IV.
SCÈNE V.
SCÈNE VI.
PREMIER TABLEAU.
DEUXIÈME TABLEAU.
ACTE CINQUIÈME
PREMIER TABLEAU.
SCÈNE PREMIÈRE.
SCÈNE II.
DEUXIÈME TABLEAU
SCÈNE PREMIÈRE.
SCÈNE II
PREMIER TABLEAU.
DEUXIÈME TABLEAU.
LIVRES ET DOCUMENTS
AYANT TRAIT AU GRAND MOUVEMENT SUSCITÉ PAR MARCEL
PRÉFACE
Table des matières
I
Table des matières
En publiant ce drame, l’auteur sait à merveille que, si jamais on était tenté de le représenter, les exigences de la scène lui imposeraient certaines modifications; mais, s’il ne les fait pas en ce moment, c’est qu’il suppose que ce qui pourrait être jugé inutile au théâtre devra offrir quelque intérêt à la lecture.
Mettre à la scène un des épisodes les plus étonnants de notre histoire nationale, tel a été son but.
Il a été singulièrement aidé dans cette tâche par les documents authentiques et les nombreux ouvrages dont on trouvera l’énumération à la fin du volume.
Il doit d’abord s’élever contre le jugement rendu par quelques historiens, qui n’ont voulu voir dans Étienne Marcel et ses amis que des révolutionnaires ambitieux.
Il y a certes beaucoup à dire sur le prévôt des marchands, et, sans entrer dans une longue discussion à cet égard, il suffit de mentionner un document d’une importance capitale, «la grande ordonnance votée par les États généraux en 1357», pour mettre à néant le jugement de ces historiens. Non, les hommes qui rédigèrent et promulguèrent cette ordonnance ne furent pas de vulgaires agitateurs. Au surplus, l’opinion d’un maître qui fait autorité en ces matières doit être citée, et voici ce que pense Augustin Thierry des réformes que le célèbre prévôt et ses amis voulurent introduire dans le gouvernement de la France:
«Cet échevin du XIVe siècle a, par une anticipation
«étrange, voulu et tenté des choses
«qui semblent n’appartenir qu’aux révolutions
«les plus modernes. L’unité sociale et l’uniformité
«administrative; les droits politiques étendus
«à l’égal des droits civils; le principe de
«l’autorité publique transféré de la couronne à la
«nation; les États généraux changés, sous l’influence
«du troisième ordre, en représentation
«nationale; la volonté du peuple attestée comme
«souveraine devant le dépositaire du pouvoir
«royal; l’action de Paris sur les provinces, comme
«tête de l’opinion et centre du mouvement général
«; la dictature démocratique et la terreur
«exercées au nom du bien commun; de nouvelles
«couleurs prises et portées comme signe
«d’alliance patriotique et symbole de rénovation;
«le transport de la royauté d’une branche à
«l’autre, en vue de la cause des réformes et pour
«l’intérêt plébéien: voilà les événements et les
«scènes qui ont donné à notre siècle et au précédent
«leur caractère politique. Eh bien, il y a de
«tout cela dans les trois années sur lesquelles domine
«Marcel. Il vécut et mourut pour une idée:
«celle de précipiter par la force des masses roturières
«l’œuvre de nivellement graduel commencée
«par les rois; mais ce fut son malheur et
«son crime d’avoir des convictions impitoyables.
«A une fougue de tribun qui ne recule pas devant
«le meurtre il joignait l’instinct organisateur
«il laissa à Paris des institutions fortes, de
«grands ouvrages et un nom que, deux siècles
«après lui, ses descendants portaient avec orgueil
«comme un titre de noblesse .»
En 1358, Marcel et les siens voulurent donc, dans une certaine mesure, doter leur pays des réformesque — 431 ans plus tard! — les fameux cahiers des États généraux de 1789 furent unanimes à demander. Avant-coureurs de la liberté, ces hommes devançaient les temps, et, malgré leur génie, ne pouvaient pas être compris. Ayant tenté l’impossible, ils devaient fatalement succomber. Cependant nombre de villes, Rouen, Beauvais, Senlis, Amiens, Meaux, Laon, Corbie, etc., etc., et même les villes d’Auvergne et de Languedoc, jusqu’à la dernière heure, marchèrent avec eux; on ne voit guère que Compiègne qui refuse de participer, par ses députés, au gouvernement du royaume. Et enfin, en dehors de ces réformes politiques que, par une anticipation étrange, comme dit Augustin Thierry, ces bourgeois tentèrent d’accomplir, on est frappé encore de l’analogie étroite qui existe entre d’autres événements de cette époque et du siècle dernier, et même de plus récents, survenus, hélas! depuis que ce drame a été écrit!... Ainsi, après 1358, de 1789 à 1793 et en 1870, l’histoire, en plusieurs points, s’est en quelque sorte répétée.
II
Table des matières
Lorsque le mouvement des Jacques se produisit, Marcel s’éleva hautement contre les excès de cette horrible guerre, et, dans une lettre adressée aux bonnes villes de France et de Flandre alliées de Paris, il disait:
Plaife vous savoir que lesdites choses furent en Beauvoifis commencées et faictes sens notre sceu et volenté, et mieuls ameriens estre mort que avoir apprové ses fais par la maniere qu’il furent commencié par aucuns des gens du plat paiis de Beauvoifis, mais envoiafines bien trois cens combatans de nos gens et lettres de credance pour euls faire desister de grans mauls qu’il faisoient, et pour ce qu’ils voudrent desister des choses qu’il faisoient, ne encliner à nostre requeste, nos gens fe departirent d’euls et de nosttre commandement, firent crier bien en soivante billes sur paine de perdre la teste que nuls ne tuast femmes, ne enfans de gentil homme, ne gentil femme se il n’estoit ennemi de la bonne ville de Paris, ne ne robast, pillastt, ardeist, ne abatistt maisons qu’il eussent... 00003.jpg ...
Cependant Marcel était trop politique pour ne pas profiter d’une diversion si opportune, et, quand il vit les efforts intelligents de Guillaume Calle pour couper court aux cruautés et former un faisceau de tant de bandes dispersées, il crut pouvoir réglementer cette force nouvelle et en tirer parti.
En ceci il se trompa, car il n’y avait rien à attendre de ces grossiers paysans.
III
Table des matières
Un mot maintenant sur l’allié puissant que les réformateurs trouvèrent dans la famille royale: Charles, dit le Mauvais, roi de Navarre et gendre du roi Jean.
Charles était fils de Jeanne de France, fille unique de Louis le Hutin. Celui-ci étant mort, le trône se trouva sans héritier mâle, — son fils posthume n’ayant vécu que peu de jours, — et, contrairement à l’avis de plusieurs princes du sang qui ne reconnaissaient pas l’exclusion des femmes et voulaient placer Jeanne sur le trône, Philippe le Long, frère de Louis le Hutin, fut proclamé roi. La loi salique, en effet, avait bien déjà reçu trois fois son application; mais elle n’était pas encore assez profondément enracinée pour qu’on ne pût en contester la convenance. Les États généraux de 1317, saisis de la question, sanctionnèrent l’avénement de Philippe, qui régna six ans.
Or, bien qu’à sa mort, Charles le Bel, en qui s’éteignit la branche des Capétiens directs, lui eût succédé, et malgré l’intronisation de la maison de Valois dans la personne de Philippe VI et le règne de Jean le Bon, Charles le Mauvais, devenu homme, se regarda comme frustré de longue date, et une expression pittoresque trahissait son ambition. Il disait que, «sans la loi salique ou si sa mère avait été homme, il serait roi de France». Les luttes sourdes ou ouvertes qu’il eut à soutenir contre le roi Jean, son beau-père, ont là leur origine. Plein d’esprit et de feu, soucieux et réfléchi, attrayant de manières et d’une figure agréable, il possédait plus que personne l’art de se faire aimer Chacun le préférait au roi et à ses fils, et seul de tous les princes il jouissait en France d’une véritable popularité ; mais, artisan d’intrigues et ambitieux, sa parole n’était pas sûre. Il était donc fait pour s’entendre avec le prévôt: c’est ce qui arriva.
D’un autre côté, il s’assura également l’appui des Anglais; mais aurait-il, à leur égard, tenu ses promesses? On peut, sans conteste, affirmer le contraire.
Et lorsque tout espoir de rapprochement entre Marcel et le dauphin fut anéanti, qu’il fut avéré que celui-ci n’accepterait jamais les résolutions contenues dans la grande ordonnance, les réformateurs se tournèrent vers le roi de Navarre et lui offrirent la couronne. Que serait-il advenu cependant si ce projet avait réussi? où en serait la France moderne?... Déjà, en Angleterre, Jean sans Terre avait, dès 1215, octroyé la grande Charte, — fondement encore aujourd’hui de la Constitution anglaise, — et, à ce même instant, en jetant les yeux de l’autre côté du détroit, sous Édouard III, contemporain d’Étienne Marcel, on voit que, par la convocation annuelle du Parlement pour le vote des subsides et le droit dévolu à cette assemblée de mettre les ministres en accusation, le gouvernement de la nation par elle-même (self-government) commence à fonctionner régulièrement. Que penser alors du coup de hache qui abattit le prévôt? Fut-il un acte de justice