Fin de partie pour la monarchie
La foule nombreuse amassée près de la porte Saint-Denis retient son souffle. Voilà des heures qu’elle attend Louis Stanislas Xavier de France, Louis XVIII, frère cadet du roi guillotiné Louis XVI. Ce 3 mai 1814, celui qui avait fui la France en 1791 pour échapper à la vindicte révolutionnaire et erré durant vingt-trois ans à travers l’Europe en guerre retrouve le trône de France. Ce retour, il le doit à la déchéance de Napoléon Ier. Défait par les armées des puissances coalisées, l’empereur a été contraint d’abdiquer le 6 avril. En coulisses, l’ambitieux Charles-Maurice de Talleyrand, son ancien ministre des Relations extérieures, a négocié avec les vainqueurs et le Sénat le retour de l’héritier légitime de la couronne des Bourbons.
Quelques semaines après le retour remarqué de son frère, comte d’Artois, futur Charles X, les Parisiens découvrent ce jour-là un homme marqué par l’âge et « gros comme un tonneau», à mille lieues du fringant Napoléon! Mais lassés par plus de vingt ans de guerre, ils aspirent à la paix et à la modération et l’accueillent avec enthou-siasme. Pragmatique et doté d’une intelligence politique certaine, Louis XVIII sait qu’un retour pur » (art.13) et que « » (art. 57). Les symboles hérités de la Révolution sont supprimés, comme la Marseillaise ou le drapeau tricolore que l’on remplace par le drapeau blanc. La Cour, rétablie, emménage avec Louis XVIII aux Tuileries, au cœur de Paris. Le catholicisme redevient religion d’État.
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