À son apogée, il allait de l’Èbre au sud jusqu’à l’Elbe à l’est, couvrant les territoires actuels de la France, du Benelux, de l’Allemagne, de la Suisse, de l’Autriche, et d’une moitié de l’Italie – en bref tout l’Occident chrétien à l’exception bien sûr des îles Britanniques. Ce domaine-là n’était pas celui de Napoléon, mais d’un autre empereur: Charlemagne, roi des Francs à partir de 768, a repris à son compte en 800 l’ancien titre des maîtres de Rome. Mais les grands empires survivent rarement longtemps à leur créateur et celui de Charlemagne en est un remarquable exemple. Pressentant bien les difficultés que présente la coutume franque du partage successoral, le souverain prend soin, quelques mois avant sa mort, de faire sacrer son fils Louis, son troisième et dernier fils vivant. Las… Le règne presque entier de Louis Ier, bientôt surnommé le Débonnaire ou le Pieux, sera marqué jusqu’à sa mort en 840 par des luttes fratricides.
Ermengarde de Hesbaye, sa première épouse, lui donne trois fils : Lothaire, né en 795, Pépin, né en 797 et Louis, né en 806. En 817, Louis le Pieux choisit de diviser de son vivant l’empire en trois royaumes. Pépin reçoit ainsi l’Aquitaine, Louis la Bavière et Lothaire tout le reste, selon le principe de l’ qui confère la primauté à l’aîné et permet de maintenir un fragile compromis entre l’idée d’unité et le partage traditionnel. Ce fractionnement déjà compliqué est aggravé en 818 par la mort d’Ermengarde, suivi du remariage de Louis avec Judith de Bavière. Cette dernière lui donne en effet en 823 un quatrième fils, Charles. Très rapidement, la nouvelle