Paris, terre rebelle
ntre le règne de Charles V et celui du dernier roi de France, une vingtaine de mouvements populaires ont fait trembler Paris. Mais, dans leur écrasante majorité, ces insurrections concernent toutefois le XIX siècle. Dans les temps qui précèdent, affirme en effet le médiéviste Boris Bove (université Rouen-Normandie), « ». Cette alliance ne et XIII siècles, les rois ont investi la cité, son principal propriétaire foncier était l’Église (via l’évêque de Paris et une quinzaine de monastères situés à Saint-Martin-des-Champs, Sainte-Geneviève, Saint-Germain-des-Prés, etc.). Face à ces seigneurs ayant droit de justice sur leurs terres, le roi devait s’imposer pour être à même de lever des impôts et rendre « sa bonne ville» plus belle, plus sûre. Or, il ne pouvait compter que sur quelques obligés: un prévôt de Paris défendant ses intérêts aux audiences du Châtelet et un Parlement siégeant au palais de la Cité, cour souveraine jugeant en appel les décisions du prévôt. D’autres soutiens s’avéraient donc nécessaires. Et décision fut prise dès Philippe-Auguste de miser sur « les bourgeois du roi» – de riches contribuables demeurant sur ses terres et fournissant la cour en produits de luxe. Le contrat était le suivant: ils se chargeaient de collecter les impôts royaux et de tenir les remparts de la ville, en échange de quoi le roi faisait leur fortune… De nombreux privilèges leur furent accordés: protection dans tout le royaume, monopole du commerce fluvial, autorisation de saisir les biens parisiens de leurs débiteurs… En contrepartie, la corporation des marchands fluviaux – ou hanse des marchands de l’eau – dut assurer une série de responsabilités, correspondant aux débuts d’une municipalité. En son sein, les notables s’élisent et se cooptent pour désigner un prévôt des marchands et quatre échevins. Lesquels ont pour devoir de percevoir les impôts royaux, contrôler la navigation, entretenir les rues, les quais, les remparts, ou encore tenir des tours de guet pour défendre la ville contre d’éventuels assaillants, en constituant à leurs frais une milice armée.
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