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Liberté Egalité Chaternité - Journal d'un chat salarié
Liberté Egalité Chaternité - Journal d'un chat salarié
Liberté Egalité Chaternité - Journal d'un chat salarié
Livre électronique218 pages3 heures

Liberté Egalité Chaternité - Journal d'un chat salarié

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À propos de ce livre électronique

Pitié pour votre chat, il a eu une journée compliquée. Entre les attaques de mouches, la piètre qualité de ses croquettes et les misères que lui font les humains, il a besoin de souffler… Lisez-donc ce journal de bord pour vous en convaincre !

Se considérant comme salarié en charge de la sécurité de son appartement, le chat auteur de ces lignes a décidé de se faire le porte-parole de la condition féline. Il consigne jour après jour les événements de son quotidien, et livre, au détour de ses récits, un témoignage tant humoristique que lucide sur nous autres, hommes.

Somme de 365 histoires en une, ce livre se lira d’une traite ou par petites touches, par les petits et les grands, amateurs de chats ou simplement curieux de découvrir l’espère humaine et ses paradoxes sous un autre jour !
LangueFrançais
Date de sortie10 févr. 2016
ISBN9791029004230
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    Aperçu du livre

    Liberté Egalité Chaternité - Journal d'un chat salarié - Un Chat

    cover.jpg

    Liberté Egalité Chaternité

    Un Chat

    Liberté Égalité Chaternité

    Journal d’un chat salarié

    Les Éditions Chapitre.com

    123, boulevard de Grenelle 75015 Paris

    © Les Éditions Chapitre.com, 2016

    ISBN : 979-10-290-0423-0

    1

    Janvier

    1er janvier – Je soupçonne l’espèce humaine d’une facilité d’esprit : faire du chat un animal parmi d’autres. Nous ne serions qu’une vulgaire créature coincée dans l’histoire de l’évolution entre le lapin et le chien. Quelle erreur (humaine, comme toute erreur). Darwin avait ses raisons, certes. Il est parti du présupposé que l’espèce humaine est l’achèvement de la création, par pur orgueil. Son anthropomorphisme est compréhensible, mais il porte affront à la réalité ce faisant. La barrière du langage est sans doute la cause de la méconnaissance de notre vraie nature. Derrière nos miaulements et nos airs effrontés, que d’intelligence et de finesse, que de ruse et de bonté, d’élégance et de beauté. Le chat est le stade suprême de la création, n’ayons pas peur des mots.

    Mes « maîtres », en bons humains, sont aveugles. Je sais tout d’eux, et eux ignorent tout de moi. S’imaginent-ils que je n’ai pas remarqué que les croquettes sont cachées dans la boîte de Ricoré placée en haut de l’armoire de la cuisine ? Je connais le moindre de leurs défauts, comme la propension de Madame à multiplier les petites choses qu’elle met inutilement aux pieds, les heures de palabre inutile de Monsieur avec ses enfants autour d’un repas, ou encore les razzias nocturnes du petit dernier dans la cuisine.

    C’est pourquoi j’ai décidé d’écrire un journal intime, personnel. Au travers des événements que je raconterai au fil des jours et des mois, il faudra y voir un témoignage, un testament exprimé au nom de la condition féline. Ce testament n’engage que moi, mais je sais que tous les félidés en attesteront les principes. J’écris de manière à ce que mes propos puissent s’ériger en principes universels, partagés par tous les autres chats. Sauf des persans, plus proches de la peluche que du chat.

    Cela m’ennuie. Je me voyais nouveau Montesquieu écrivant ses lettres à la cour du roi de Perse, mais j’aurais trop peur de rendre ainsi hommage à ces prétentieux chats de pacotille.

    Qu’on me pardonne cette légère aigreur. Je n’ai pu fermer l’œil cette nuit en raison d’un brouhaha inexplicable. J’ai senti toute la journée d’hier une électricité dans l’air, que je ne sais expliquer. Cela fait désormais une bonne semaine que je sens cette tension dans l’appartement, et je suis grandement fatigué. C’est pourquoi j’inaugure ce journal en y consignant l’activité principale de la journée : la sieste, sur le canapé, au soleil.

    2 janvier – L’essentiel de ma vie s’inscrit dans un appartement composé d’une dizaine de pièces. Il constitue mon territoire. On y trouve une salle où les humains se rassemblent et discutent, une salle où ils mangent, une où ils préparent les repas – et où je prends les miens, quatre où ils dorment, et deux où ils font leur toilette. Je passe le plus clair de mon temps dans la première salle – appelons-la « salon » – ainsi qu’à la porte de la salle de préparation des repas – appelons-la « cuisine ». Mais je ne dédaigne pas les autres pièces, qui fourmillent d’intrigues et de complots qu’il me faut résoudre à longueur de journée. J’ai passé beaucoup de temps aujourd’hui dans la salle de toilette – appelons la « salle de bains », à la recherche d’une odeur qui embaumait la pièce mais dont je n’arrivais pas à discerner l’origine. Après deux heures d’enquête, mes conclusions sont formelles : la bouteille d’eau de javel n’a pas été bien refermée, à mon plus grand plaisir. Qu’on n’aille pas s’imaginer, au terme de ce second jour, que je sniffe régulièrement de l’eau de javel. J’ai même un élément de langage tout prêt au cas où un homme viendrait à me regarder avec désapprobation : je jouis des mille et un parfums de la nature. Au nom de quoi me refuserait-on ce droit ?

    Certes, je pressens qu’il se passe des choses au-delà de l’appartement, puisque j’observe un autre monde à travers les fenêtres, et que j’entends parfois des bruits venant d’au-delà des murs. Mais je suis de nature méfiante : tout cela n’est peut-être qu’un faux-semblant. Tout comme la lucarne animée du salon : il s’y passe des choses, des humains s’y agitent, j’y ai même vu des chats. Mais lorsque je tente d’y mettre ma patte, je me heurte à une surface lisse et légèrement tiède. C’est un bien étrange phénomène. Le monde des hommes est peuplé d’illusions, mais cela ne me concerne pas. Ce ne sont pas les puces des chiens qui font miauler les chats.

    3 janvier – J’allais oublier de vous présenter mes « maîtres », les hommes. L’homme, mal nécessaire qui occupe mon territoire, ou bienheureuse mais déroutante félicité ? J’épouse fréquemment la première opinion à l’approche des repas, ou lorsque le trop faible nombre de croquettes m’indispose. Mais la seconde opinion me sied lorsque je deviens l’objet de leurs caresses ou leur compagnon de jeu favori. Cette dialectique est complexe. J’y reviendrai plus tard. Mes maîtres donc. Cinq personnes, une famille finalement, comme une famille de chat. Le père, la mère, le grand garçon, la fille et le petit garçon. Il me faut tolérer tout ce monde sur mon territoire, supporter leurs incessantes caresses, souffrir qu’ils me prennent dans leurs bras comme un jouet, ou encore les supplier pour qu’ils me servent mes croquettes. J’ai dû faire le siège de la cuisine pendant deux heures ce soir pour obtenir mon bol de croquettes. Et, oh surprise, la ration était plus consistante que d’habitude. Je les aime bien, finalement. Chers Maîtres, n’oubliez pas que celui qui ne nourrit pas le chat nourrit le rat !

    4 janvier – Événement aujourd’hui : de gros morceaux blancs tombent par milliers du ciel. Ils évoluent au gré du vent puis viennent recouvrir le sol. J’ai passé mon après-midi à contempler cette valse silencieuse à travers la vitre froide du salon. Quel spectacle étrange. Je me demande si ça se mange. J’ai néanmoins l’impression, étant donnée l’atmosphère glaciale qui règne depuis dans la maison, que cette matière est froide. Les enfants de la famille sont très excités par cette manne blanche. Je préfère observer pour ma part une réserve prudente. Sait-on jamais, ce phénomène pourrait se produire sur mon territoire.

    5 janvier – Fait marquant du jour : dispute assez violente entre la fille et le jeune garçon, au sujet d’un magazine qu’ils souhaitaient lire tous les deux, chacun accusant l’autre de l’avoir pris avant. Coups de pied, tirage de cheveux, cris, sanglots, appels alarmés à une instance supérieure. La mère arrive et tente de contraindre les belligérants au calme. La transcendance maternelle ne suffit pas à ramener l’ordre. Les cris continuent, et les jeunes humains sont renvoyés dans leurs chambres.

    Je reste silencieux, mais n’en pense pas moins : j’ai tout vu. Je peux attester sous serment que c’est la jeune fille qui a mis le feu aux poudres en s’emparant du magazine alors que le jeune garçon avait les yeux tournés ailleurs. Elle a fait mine tout du long de l’affaire d’être la victime en jetant de grands cris offusqués. J’admire son aisance. J’ai été élevé de la même manière : arrange-toi pour rendre le chien responsable de tes actes. C’est cependant injuste pour le garçon. Mais la jeune fille étant ma complice lors des repas – elle me fait passer en douce des morceaux de viande sous la table à l’insu de ses parents - je ne dirai rien.

    6 janvier – L’espèce humaine est bien curieuse. Toute la famille est réunie sur le canapé après le repas en sirotant la boisson sombre et fumeuse dont l’odeur m’indispose. Ça discute. L’aîné parle avec virulence et semble négocier quelque chose avec ses parents, qui haussent les épaules. Je les observe de loin en clignant des yeux. Comment puis-je les qualifier : sont-ils mes maîtres ? Mes propriétaires ? Faisons une revue critique et raisonnée des diverses possibilités.

    Sont-ils mes maîtres ? Cette affirmation implique par opposition que je suis leur esclave. Un esclave se définit par trois critères. 1. Un esclave est une personne privée de libre arbitre. 2. Un esclave est totalement dépendant de ses maîtres. 3. Un esclave travaille pour le compte de ses maîtres. Sur le point 2, je concède une dépendance relative au pain quotidien dont je leur suis redevable. Je m’insurge en revanche contre l’idée selon laquelle je serais privé de libre arbitre (point 1). Toutes mes actions prouvent le contraire. Le père se souvient encore d’avoir eu à faire connaissance avec mes griffes quand il a tenté de me lancer de l’eau sous le fallacieux prétexte que je montais sur la table pour chiper un morceau de poulet. Quant au troisième critère, il est en partie vrai : je suis à leur disposition permanente dès qu’il s’agit de me faire jouer. Mais j’en profite un peu tout de même. Conclusion globale : ils ne sont pas mes maîtres.

    Sont-ils mes propriétaires ? Pour étudier cette hypothèse, soyons très rigoureux car le sujet est complexe. La propriété se décompose en trois éléments. 1. Le fructus, soit le droit de recueillir le fruit du bien. Si je suis le bien, je ne vois pas quel est mon fruit – mis à part… une certaine chose quotidienne… dont je ne souhaite pas parler car je suis pudique. 2. L’usus, droit d’utiliser le bien. Je reconnais que je suis parfois utilisé comme jouet, mais ce n’est pas systématique, je peux m’y opposer et bouder leur présence, ce dont ils se repentent bien vite. 3. L’abusus, le droit de disposer du bien. Ils peuvent en effet me vendre. Mais c’est un droit formel dont ils disposent : ils n’oseraient jamais, je leur suis bien trop précieux. Conclusion : ils ne sont pas mes propriétaires.

    7 janvier – Je n’ai pu aboutir à la réflexion sur le qualificatif pour caractériser ma famille humaine. Installons-nous sur le fauteuil de l’entrée et pensons.

    J’ai peut-être été un peu négatif hier. Changeons de perspective et soyons bienveillants. Sont-ils mes bienfaiteurs ? Un bienfaiteur se soucie du bien-être de la personne qu’il protège. Soyons objectif : l’autre jour le petit m’a tiré la queue. Ce qualificatif est de plus un brin paternaliste : moi le pauvre chat, eux les bienfaiteurs gracieux et condescendants. Qualification réfutée.

    Sont-ils mes amis ? « Parce que c’était lui, parce que c’était moi ». La notion d’ami implique un pied d’égalité. Or il est évident que cette égalité n’est pas de mise. Ils disposent de l’accès à la ressource fondamentale de mon existence : la nourriture. Un ami mettrait généreusement à ma disposition des croquettes en permanence. Ce n’est malheureusement pas le cas.

    Sont-ils mes cocontractants ? Il y aurait un contrat implicite entre eux, mettant à ma disposition la nourriture et le logis, et moi, mettant à leur disposition mes talents pour amuser les enfants et assurer une présence rassurante et flatteuse au milieu de la maison. Mais le rapport de force est en réalité nettement à leur avantage. Un tel contrat serait clairement requalifié.

    Sont-ils mes employeurs ? Ils disposent d’une supériorité certaine. Ils mettent à ma disposition des ressources. Je serais un prestataire supposé animer la maison et la garder sauve de toute présence animale autre que la mienne. Je serais le gardien de ces lieux, le cerbère de la maison (quelle affreuse comparaison, un chien !). Oui, ça me va (le statut, pas cette horrible comparaison canine). Ils sont mes employeurs, je suis leur employé.

    Soit. Je les appellerai désormais de la sorte. Mais n’oublions pas que l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que lutte des classes entre employeurs et employés : homme libre contre esclave, seigneur contre serf, bourgeois contre prolétaire, homme contre chat. Je reste donc vigilant.

    À peine ai-je fini de définir cette doctrine que mon employeuse mère passe sous mon nez et s’engouffre dans la cuisine. Je saute sur ses pas et miaule, bouge le bout de ma queue, remue mes oreilles, espérant obtenir les croquettes avant l’heure. Mais rien n’y fait, elle reste imperturbable. Tous ensemble, tous ensemble…

    8 janvier – Rien à signaler ce jour, si ce n’est que la troisième croquette du petit-déjeuner a été plus dure à croquer que les autres. Pourquoi ? Eh bien je n’en sais rien.

    9 janvier – Tous mes employeurs ont passé leur soirée avachis sur le canapé, à observer la lucarne allumée. Je suis assis face à eux, recroquevillé plutôt, dans un demi-sommeil. C’est étrange, il me semble parfois que leurs traits se crispent, qu’ils ressentent de la peine à observer cet écran hypnotiseur. Puis de la joie. Puis du soulagement. Mais chacun à sa manière. Le visage du père est peu expressif, tandis que celui de sa femme est au contraire plus affecté par les injonctions de l’écran. Ceux des enfants sont également très expressifs, mais avec des tons différents. Je perçois de l’ironie chez l’aîné, de l’indifférence ou de la passion chez la seconde, et de la surprise béate chez le dernier. Étudions-les un à un, puisqu’ils sont sous mes yeux et que je n’ai rien d’autre à faire.

    J’aurais pu commencer par le père, mais la mère me paraît plus importante. Pourquoi elle ? Car son territoire est la cuisine. Elle passe du temps à préparer les croquettes humaines pour le reste de sa meute et, par parallélisme je présume, elle me sert mes croquettes. C’est donc une pièce centrale dans ma stratégie d’accès à la nourriture. Et difficile à manipuler : elle a beau être devant la lucarne allumée, elle n’en a pas moins fermé la porte de la cuisine – je viens de vérifier à l’instant. Elle m’a même suivi du coin de l’œil, mine de rien, lorsque je suis sorti de la pièce. J’ai senti son silence désapprobateur peser sur mes épaules.

    Cette méfiance endémique est paradoxale, car elle me parle beaucoup. Je ne comprends rien à ses propos, si ce n’est ses variations de ton. Elle est très affectueuse, très maternelle, parfois collante. Elle me désigne souvent dans ses conversations en me pointant du doigt, et me présente aux humains de passage en me serrant dans ses bras. C’est certainement pour louer mon rôle infaillible de protecteur du territoire.

    Autre trait caractéristique : elle file une parfaite relation amoureuse avec elle-même (son mari le sait-il ?). Elle se regarde en effet des heures le matin dans un objet tout lisse qui lui renvoie son image. À voir le nombre de sourires qu’elle se fait et de poses qu’elle prend, la relation est profondément passionnelle. Elle doit s’aimer plus qu’Éloïse aime Abélard, ou Julien Sorel, Mathilde de la Mole. J’ai de la peine pour son mari.

    10 janvier – Le père mon équivalent dans le monde humain, est un Janus à deux faces. Sa caractéristique principale est d’être la plupart du temps absent. Il va sans dire que je considère cette absence comme un abandon de territoire : oserais-je m’aventurer au-delà de mon domaine et le laisser sans protection face à toutes ces bestioles ailées ou sur pattes qui n’attendent que ça ? Ce qui est étonnant, c’est qu’il revêt, comme ce matin, un costume, une cravate, et qu’il sent bon. Il se lève dès potron-minet, me donne mes croquettes ainsi qu’une caresse, petit-déjeune seul (il mange des croquettes pour homme avec du lait) puis s’en va. Il revient plutôt tard le soir (après mon dîner), et dîne seul en écoutant sa femme lui parler – je me demande si comme moi il prête attention à ce galimatias. J’assiste parfois à ce dîner digne de Louis XIV en profitant des miettes qui viendraient à tomber de la table. Ma présence n’a évidemment rien à voir avec cette éventualité.

    Inversement, lorsqu’il reste à la maison, il passe de longues heures avachi dans le canapé en regardant la lucarne allumée. J’ai droit à une place de choix à ses côtés ainsi qu’à quelques caresses. J’apprécie cette solide présence, franche, appuyée, pesante : il inspire confiance. Il ne viendrait à l’esprit de personne de vouloir le déloger. J’en suis admiratif. J’évite en revanche de l’approcher lorsqu’il revient parfois tout suant, haletant, avec des chaussures qui sentent la terre et d’autres odeurs de moi inconnues. Il est tout transpirant et semble avoir couru, comme une souris poursuivie par un chat.

    11 janvier – L’aîné des garçons est d’un tout autre genre. Absent également une bonne partie de la journée, il partage son temps, une fois rentré, entre lecture et écriture à son bureau, et maniement frénétique de manettes devant un écran allumé. C’est devant cet écran qu’il semble s’épanouir le plus si j’en juge le regard passionné et les sautes d’humeur qui le caractérisent lorsque sa mère le presse de rejoindre le reste de la famille pour dîner. Ce rapport de force se reproduit quasiment tous les soirs, le jeune tentant systématiquement de grappiller quelques secondes.

    C’est également celui qui m’embête le plus. En sa présence, je ne suis pas un chat disposant de ses droits pleins et entiers, mais, selon les jours, un ballon, un punching-ball, une boule antistress, une serviette, une brouette, un grattoir, un objet supposé volant ou tout autre objet quelconque. Il m’arrive parfois de devoir sortir mes griffes pour m’en défaire, mais cela semble l’exciter encore plus. La seule solution que je trouve alors est de fuir au loin, non sans avoir usé de mes griffes pour lui labourer la main. Cette façon de me prendre pour un objet me révulse. Encore un sale coup de Descartes, pour qui les animaux sont dénués d’âme et d’esprit. Ce sombre personnage ne devait pas avoir de chat. Le chat n’est pas une chose mais un animal comme l’homme, en mieux. La

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