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La Ligue des Obscurs: Ou les Obscuranti
La Ligue des Obscurs: Ou les Obscuranti
La Ligue des Obscurs: Ou les Obscuranti
Livre électronique173 pages2 heures

La Ligue des Obscurs: Ou les Obscuranti

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À propos de ce livre électronique

Dans la France de 2018 où les médias font l’objet d’un contrôle sans précédent, Max Veber a été embauché au Petit Parisien à condition de ne plus pratiquer le journalisme d’investigation. Une révélation spontanée sur la mort suspecte d’un haut fonctionnaire va pourtant le précipiter dans le tourbillon d’une étrange machination.
Au cours d’une enquête clandestine, il découvre l’existence d’une société secrète, la Ligue des Obscurs, dont les ramifications s’étendent jusqu’aux plus hautes sphères de l’État et des institutions européennes.
Ces ligueurs veulent favoriser l’avènement d’une caste dirigeante, en détournant à leur profit exclusif les ressources culturelles et éducatives des Etats membres de l’Union européenne.
Pour parvenir à leurs fins, ils sont déterminés et prêts à tout.
LangueFrançais
Date de sortie4 oct. 2017
ISBN9782312055442
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    Aperçu du livre

    La Ligue des Obscurs - Patrick Guichet

    cover.jpg

    La Ligue des Obscurs

    Patrick Guichet

    La Ligue des Obscurs

    Ou les Obscuranti

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2017

    ISBN : 978-2-312-05544-2

    Avant-propos

    La Ligue des Obscurs est à la fois un polar, un roman de politique fiction et un roman d’idées.

    L’intrigue policière y occupe une place de choix, mais les enquêteurs évoluent dans la France de 2018 et l’action s’inscrit dans des problématiques sociétales contemporaines, en particulier dans le domaine de la formation. Presque au terme d’une carrière entièrement consacrée à l’enseignement, je suis persuadé que l’idéal de Jules Ferry ne coïncide pas exactement avec les intérêts de la haute finance internationale… Régulièrement, les gouvernants fustigent l’institution scolaire sous prétexte qu’elle reproduirait les inégalités sociales. Étrange paradoxe : qui décide des programmes et des méthodes, si ce n’est la classe dirigeante ?

    A-t-on véritablement l’ambition de former tous les esprits ? D’émanciper le peuple ?

    Certes, la ligue des Obscurs est totalement imaginaire mais elle constitue une allégorie des puissants qui, dans l’ombre, cherchent à façonner les peuples à leur idée, au besoin en influant sur les politiques éducatives et culturelles. Les démocraties modernes ne sont pas à l’abri des dérives totalitaires ; restons vigilants si nous voulons préserver l’héritage des Lumières.

    Sans prétendre renouveler le genre du roman policier, il m’a enfin semblé qu’on pouvait y saupoudrer un peu de culture, faire coexister dans un même espace romanesque des scènes d’action et des références littéraires ; certains personnages feront d’ailleurs appel à leurs connaissances pour crypter leurs messages ou pour surmonter quelques obstacles.

    Les Lumières se définissent comme la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable.

    Emmanuel KANT

    L’ignorance, la gardienne et la sauvegarde des Etats bien policés.

    VOLTAIRE

    Un appel mystérieux

    Ce matin-là, Max Veber n’avait aucune raison particulière de se presser : la direction du Paris Libre, journal satirique auquel il avait collaboré si longtemps, l’avait remercié en juillet 2017, juste après l’élection du nouveau président de la République ; démotivés par les gesticulations stériles des politiciens de gauche et de droite plus soucieux d’accéder au pouvoir que de résoudre les vrais pro-blèmes, les Français s’étaient tournés vers un homme nouveau. Celui-ci se définissait comme un « pragmatique », indépendant des partis, bien au-dessus des querelles politiciennes ; son éloquence, ses accents gaulliens et son passé d’industriel talentueux avaient fait le reste. Un peu comme les légendes d’outre Atlantique, Jules Daubret était un self-made-man ; il n’avait fréquenté ni les amphis de l’ENA ni les bancs de Sciences-po mais il avait sauvé plusieurs grandes entreprises de la faillite et apparaissait comme un homme providentiel soutenu par de nombreux magnats de la finance internationale.

    Il s’était entouré de collaborateurs habiles, dont certains considéraient qu’un pouvoir digne de ce nom devait maîtriser tous les leviers de l’État, à commencer par les médias… Grâce à des fonds considérables dont l’origine est encore mal connue aujourd’hui, ses plus fervents soutiens avaient réussi, dès 2015, à acheter des parts importantes dans la plupart des entreprises capables de produire et de gérer l’information, en particulier chez EUROSECURINET, une société européenne détenant désormais le monopole de la transmission des données numériques ; ils étaient également majoritaires dans les grands journaux perçus comme indépendants voire libertaires : le Canard enchaîné, Marianne, Libération entre autres.

    Max enfila son par-dessus et s’apprêtait à quitter son trois pièces de la rue des Martyrs lorsque son portable lui joua les quatre premières notes de la 5ème de Beethoven…

    – Max Veber, j’écoute.

    – Vous ne me connaissez pas répondit une voix grave, je m’appelle Pierre-Antoine Beauval, je suis haut fonctionnaire au ministère de l’Éducation nationale et j’ai des révélations à faire sur la mort de Lindmann…

    – Ecoutez mon cher Monsieur Beauval, je ne suis plus qu’un pigiste, un vacataire qui écrit des articles sur les expositions de peinture ou sur les concerts… Alors, même si vous m’apportiez la preuve que le pape est un martien, je ne vois pas ce que j’en ferais !

    – Attendez, je ne sais plus à qui m’adresser ; j’ai eu l’occasion d’apprécier votre engagement et votre audace quand vous étiez au Paris Libre ; les journalistes en place aujourd’hui ne m’inspirent pas confiance, et ce que j’ai découvert, c’est de la dynamite ! Je ne saurais vous en dire davantage au téléphone : il n’est pas impossible que je sois sur écoute…

    – Vous plaisantez, répondit Max, depuis l’affaire des écoutes de l’Élysée les choses ont changé.

    – Parlons-en ! Je vous en dirai plus de vive voix. Passez me voir : j’habite boulevard Malesherbes, au 122, je vous y attends à partir de 14 heures et ce que j’ai à vous communiquer vous redonnera le goût du scoop, croyez-moi.

    Il raccrocha sans rien ajouter, laissant Max circonspect : était-ce un plaisantin ? Était-il sincèrement détenteur d’un secret et se sentait-il en danger ? Et si c’était un piège se dit Max, une mise à l’épreuve pour voir si je suis toujours prêt à dénoncer le moindre scandale – surtout s’il est susceptible d’éclabousser quelques « huiles » ? Max se souvint alors de l’affaire Lindmann, ce directeur de cabinet du ministère des Affaires étrangères renversé par un chauffard jamais identifié en novembre 2017. A cette époque, beaucoup d’automobilistes qui avaient perdu les douze points de leur permis de conduire circulaient quand même et comme on avait durci la législation – en particulier en cas d’accident – il était devenu évident pour l’opinion publique que Lindmann avait été renversé par un délinquant routier qui avait voulu éviter la prison. L’affaire avait été classée… Et si c’était autre chose ! Max était toujours prêt à foncer, surtout s’il sentait se profiler l’énigme du siècle… et les ennuis prévisibles dans ce genre d’enquête.

    Bah ! se dit Max, allons voir ce Beauval, si c’est un canular, je m’en rendrai compte très vite et ce bougre aura de mes nouvelles ! Il ferma sa porte et se dirigea vers la station de métro la plus proche. Il irait voir son mystérieux correspondant après avoir vi-sité la galerie Maubert sur laquelle il avait un article à écrire.

    Un accueil inattendu

    En sortant du bistro italien où il déjeunait tous les lundis, Max consulta ses SMS : ne m’oubliez pas. Beauval… Le message avait été envoyé à 13 h 15 ; par habitude, Max s’empressa d’intégrer le numéro de Beauval à son répertoire. D’un pas décidé, il se dirigea vers l’arrêt de bus où il attendrait le n°6 qui le conduirait au plus près du boulevard Malesherbes. Dix minutes plus tard, il était à bord du véhicule électrique silencieux ; il n’arrivait pas à détacher son regard d’une jeune femme, assise à quelques pas de lui : une véritable gravure de mode ! Son esprit vagabondait car elle lui rappelait une de ses conquêtes ; littéralement fasciné par ces ima-ges féminines qui se superposaient dans son esprit, Max n’avait pas remarqué un homme d’une trentaine d’années à l’allure décontractée, monté au même arrêt que lui, et qui l’observait à la dérobée…

    Lorsque le véhicule s’arrêta et que la porte s’ouvrit, Max fut tiré de sa douce rêverie par la voix synthétique qui annonçait : « arrêt Malesherbes ». Après un dernier regard fugace en direction de la jeune femme qui l’avait subjugué, il descendit ; ce fut pour lui comme un retour au réel. Depuis que Maryline l’avait quitté, il n’éprouvait pas vraiment le besoin de reconstituer un couple mais parfois, certaines femmes l’auraient bien fait changer d’avis ! Il faisait encore frais ; Max remonta le col de son pardessus et se dirigea vers le 122, bien décidé à en savoir plus sur cette affaire : il avait beau prétendre qu’il ne s’intéressait plus aux scandales, quelque chose en lui le poussait à s’intéresser aux événements complexes et à n’avoir de repos que lorsque tout était clair pour lui. A plusieurs reprises, Max s’était mêlé d’affaires ténébreuses qui auraient pu lui coûter cher…

    Il n’avait pourtant pas l’étoffe d’un héros : de taille moyenne, il était plutôt robuste mais pas athlétique ; certes il pratiquait un art martial depuis plusieurs années mais il ne s’était jamais imposé un entraînement intensif. D’un naturel précautionneux, il aurait même pu passer pour quelqu’un de frileux mais lorsqu’une affaire le motivait, il pouvait faire preuve de persévérance et même de courage – pas de témérité, simplement de courage. En fait, il incarnait assez bien cet aphorisme de Cocteau : « le tact dans l’audace c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin ». Enfin, Max était doté d’une intelligence remarquable qui lui permettait de discerner rapidement l’essentiel, en particulier quand il devait démêler l’écheveau d’une affaire compliquée. Ce n’est pas sans raisons qu’au Paris Libre, on l’avait surnommé « le détective ». Confronté à la ligue des Obscurs, il allait en avoir besoin, de toutes ces qualités…

    Devant le 122 du boulevard Malesherbes, il eut un pressentiment : le calme lui parut inhabituel ; devant lui, l’interphone. Max effleura la touche « Beauval » sur l’écran digital… Deux minutes et huit coups de sonnette plus tard, aucune réponse ! Curieux : Beauval l’avait appelé, lui avait envoyé un rappel par SMS et il ne serait pas au rendez-vous ? Et s’il avait dû quitter son domicile précipitamment ? Comment savoir ? Max décida de guetter une opportunité pour pénétrer dans l’immeuble. L’occasion ne se fit pas attendre : un homme s’avança, tapota sur le digicode et fit pression sur la porte ; courtois, il se tourna vers Max.

    – Voulez-vous voir quelqu’un dans l’immeuble, Monsieur ?

    – Oui, je suis attendu par Monsieur Beauval mais il ne répond pas…

    – Quel heureux hasard, Monsieur Beauval est un voisin mais aussi un collègue et je dois lui apporter un document urgent, allons-y ensemble.

    L’inconnu n’était autre que l’homme du bus, celui qui l’avait suivi depuis le bistro italien. Il avait reçu la consigne de favoriser son accès à l’immeuble… Arrivés au second étage, les deux hommes marquèrent un temps d’arrêt ; le jeune homme si serviable s’avança pour sonner ; la porte s’ouvrit et une jeune femme reçut les deux visiteurs. Vêtue d’un élégant tailleur sombre, elle pouvait avoir trente cinq ans et arborait un sourire d’hôtesse.

    – Monsieur Beauval est sorti, je suis sa cousine ; je vous en prie, Messieurs, entrez, vous l’attendrez en ma compagnie.

    Méfiant, Max avait observé le mouvement discret de son aimable accompagnateur qui s’était subrepticement déplacé pour se trouver derrière lui ; dans le même temps, la jeune femme avait esquissé un léger retrait pour les laisser passer. Max sentit alors l’homme lui poser la main sur l’épaule comme s’il voulait l’obliger à avancer, amicalement mais fermement. Pratiquant expérimenté, Max avait appliqué un principe bien connu des adeptes d’arts martiaux japonais : au lieu de s’opposer à la poussée qui s’exerçait sur lui, il pivota sur lui-même et amplifia le mouvement de son accompagnateur un peu trop zélé ; celui-ci fut légèrement déséquilibré et fit une embardée vers l’avant, juste ce qu’il fallait pour permettre à Max de se libérer. N’étant plus pris en tenailles, Max s’échappa sans demander son reste et descendit les marches à toute vitesse. Il entendit derrière lui la femme, qui, sur le ton du reproche, disait : « dommage, j’aurais aimé savoir ce qu’il venait chercher, cet ostrogoth ! ». Personne n’avait songé à le poursuivre mais il est vrai que Max avait bondi et littéralement détalé. Sa pratique de l’aïkido ne lui avait jamais donné une quelconque impression d’invulnérabilité, bien au contraire, mais elle lui avait procuré une vraie stratégie et des réflexes dans l’art de se dégager : « esquiver et quitter le lieu du combat » lui avait dit un jour un grand maître…

    Une fois dans le boulevard, Max adopta d’emblée une démarche naturelle, au cas où des complices du couple auraient eu la magnifique idée de constituer un comité de réception. Aux aguets, le cœur battant la chamade, Max s’efforça de respirer calmement et chercha une allure qui lui permettrait d’arriver rapidement à la station de métro la plus proche sans avoir l’air de fuir. Mais curieusement, personne ne l’avait suivi : peut-être ne constituait-il pas un enjeu

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