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La maîtresse de mon père
La maîtresse de mon père
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Livre électronique195 pages2 heures

La maîtresse de mon père

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À propos de ce livre électronique

Laurence, femme au foyer, mariée depuis plus de quinze ans avec un homme volage qui la trompe et la délaisse, décide à l'approche de la quarantaine de « refaire » sa vie...Mais pas à n'importe quel prix !... Ex-mannequin qui a tout abandonné pour élever ses enfants, elle sait qu'elle est encore très belle et elle compte bien jouer de ses atouts pour séduire celui qui lui offrira la vie rêvée qu'elle s'estime en droit de mériter. Commence alors pour elle une véritable chasse à l'homme...méthodique, organisée, sans concession. Victor, quinquagénaire séduisant, marié et père de famille, haut-fonctionnaire aux Communautés Européennes croise un jour la route de cette belle inconnue surgie de nulle part et tombe sous le charme. Très rapidemment, il s'installe avec Laurence pour vivre avec elle une longue aventure qui va durer plus de dix ans. Une vie facile faite de voyages en première classe, de cocktails et de mondanités au cours de laquelle Laurence devient le faire-valoir de son statut social et de sa réussite professionnelle. Laurence dépense sans compter et l'argent de Victor coule à flots, jusqu'à ce qu'il réalise qu'il n'a plus les moyens de sa double-vie... Au pied du mur, il met brutalement fin à cette relation en abandonnant à la belle Laurence tout ce qui lui reste...! Mais pour Laurence, ce n'est pas assez et c'est alors que débute pour Victor une longue descente aux enfers où rien ne lui sera épargné : harcèlement, calomnies, mensonges. Laurence met en place une véritable machination machiavélique à l'encontre de l'homme qu'elle avait séduit pour satisfaire les besoins de sa propre cause et dont elle est persuadée qu'elle n'a pas obtenu le maximum... Sur un fond d'histoire européenne, les points de vue narratifs de ce roman s'enchevêtrent. Ils sont à la fois rapportés par une narratrice-personnage qui s'adresse à son père, par Victor qui réalise à postériori les conséquences de sa passion dévastatrice et par une Laurence manipulatrice et calculatrice, prête à tout pour que l'homme qu'elle a délibérément choisi pour assurer son confort matériel continue de lui appartenir. Une intrigue somme toute banale, construite comme une tragédie de la vie ordinaire avec son prologue et son épilogue et qui met en scène une courtisane des temps modernes maniant avec virtuosité la pratique du sentiment comme monnaie d'échange. La quintescence de l'anti-féminisme ....Le jeu de l'amour pour l'amour de l'argent ! A sa façon, Laurence est à l'image de cette nouvelle génération de femmes pour lesquelles l'homme n'a de valeur que pour ce qu'il représente ou ce qu'il possède. Des affranchi
LangueFrançais
Date de sortie16 juil. 2013
ISBN9782312012254
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    Aperçu du livre

    La maîtresse de mon père - Brigitte Pinck

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    La maîtresse

    de

    mon père

    Brigitte Pinck

    La maîtresse

    de

     mon père

    LES ÉDITIONS DU NET

    22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    « Si tu n’as des maîtresses qu’en songe tu es à l’abri des désillusions. »

    Mocharrafoddin Saadi

    « Le jardin des fruits »

    « Il arrive un moment, dans la vie des familles, où les enfants deviennent, soit volontairement, soit involontairement, les juges de leurs parents. »

    Honoré de Balzac

    « La recherche de l’absolu »

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-01225-4

    À ma mère,

    À Jean-François et Chantal, les éternels complices de notre quintet,

    À Delphine et Alexandre, mes enfants que j’aime profondément,

    À Patrice, mon mari, pour son immense patience, son écoute et toute l’affection dont il m’entoure,

    À Aurélia, Axelle, Pascale et Poerava… mes tamahine du bout du monde. Mauruuru roa pour ces merveilleuses années de partage, de rires et d’amitié.

    Ua here vau ia oe…

    Prologue

    Assise au premier rang, je ne savais rien de ce qui se passait derrière moi, mais je sentais la foule et ses imperceptibles murmures entrecoupés de toussotements. De temps en temps un homme en noir s’avançait dans le chœur pour déplacer une couronne et en rajouter une autre, avec son ruban et son message en lettres d’or. Allemand, anglais, français, italien: il n’en manquait pas une de toutes ces langues que tu parlais comme des langues maternelles. Plus hautes, sur des trépieds -façon chevalet-, il y avait d’autres gerbes qui égrénaient des noms de ville : Munich, Luxembourg, Bruxelles, Varese, Culham, tous ces lieux qu’inlassablement tu avais parcourus pendant quarante ans et que tu connaissais par cœur comme des villes natales.

    Quand le pasteur a pris la parole et que sa voix n’a pas résonné contre les murs du temple, j’ai compris qu’il était plein et qu’ils étaient tous là. Tous venus du bout du bout de cette Europe que tu avais voulue de toutes tes forces et à laquelle tu avais consacré ta vie. Bien sûr, nous avions pris soin tous les trois que les mots qu’il allait prononcer soient fidèles à ce que nous savions de toi depuis toujours mais que la plupart d’entre-eux ignorait. Il fallait qu’ils sachent tous pourquoi ils se retrouvaient, ici, aujourd’hui, à Metz, sur cette terre de Moselle qui t’avait vu naître et où tu avais voulu revenir pour t’y rendre. Toi, le Lorrain, l’enfant plongé trop tôt dans un imbroglio de l’Histoire à laquelle tu ne comprenais rien et que tu t’es mise à apprendre à toute vitesse, comme une urgence pour survivre. Metz comme un ultime lieu de rendez-vous sur une terre réconciliée avec son passé. Là d’où étaient partis tous tes combats, depuis ce jour où tu avais vu partir ton frère à la guerre, cet oncle mythique que nous n’avions jamais connu mais dont tu nous parlais tout le temps, ce « malgré-nous » fusillé à Stalingrad en chantant la Marseillaise dans un uniforme de l’armée allemande.

    Ce que les autres allaient dire de toi, nous l’ignorions. Nous n’avions fait que de les croiser sur le parvis du temple à notre arrivée, dans leur costume sombre de circonstance avec le petit papier blanc qui dépasse de la poche du veston et annonce des discours. Certains que nous connaissions s’étaient détachés de leur groupe pour venir nous embrasser et nous serrer chaleureusement la main.

    – « On a préparé quelques mots. Vous nous ferez signe quand on pourra parler… »

    Le pasteur aussi l’avait prévu. Alors tout à coup, comme un messager de Dieu qui cède la parole aux mortels, il s’est effacé de son autel pour que tu redeviennes l’homme public que tu n’avais jamais cessé d’être pendant toutes ces années d’absence et que seules la maladie et la mort nous avait rendu. Un à un ils sont montés sur l’estrade, ont ajusté leur voix dans le micro avant de retisser tour à tour le lien qui t’unissait à chacun d’entre eux. Il y avait ceux qu’on connaissait depuis toujours mais qu’on n’avait pas vus depuis des années. C’est à nous qu’ils s’adressaient, nous regardant fixement avec, dans l’intonation de leur voix, toute l’émotion que ces étranges retrouvailles imposaient. Et puis, il y avait les autres, ceux que nous n’avions jamais vus mais qui savaient tout de toi et nous livraient ta vie retranscrite sur des petits papiers qu’ils sortaient de leur poche et effeuillaient un par un.

    De ta carrière qui avait commencé ici à Metz, au tout début des années cinquante, dans les bureaux de l’inspection académique de la Moselle, jusqu’à l’apothéose de ta réussite à Bruxelles où tu as fini Représentant du Conseil Supérieur de l’Éducation Européenne, ils n’en ont oublié aucun de tous ces échelons que tu as gravi un par un, avec passion. Ils t’ont vu tour à tour humaniste, Érasme des temps modernes, polyglotte et diplomate. Oui, pour eux tu redevins ce fils spirituel de Robert Schumann et de Jean Monnet pour qui l’Europe ne se ferait pas sans l’éducation de la jeunesse qui la construira. Tu avais un jour croisé leur route et cet idéal qu’ils t’avaient insufflé ne t’avait jamais quitté depuis. Ils ont dit de toi ce que je savais depuis toujours mais que j’entendais dans la voix des autres pour la première fois. Des discours, tu en avais écrit des centaines. Je les avais parfois relus ou traduits avec toi, reformulant le propos, cherchant le mot juste. Aujourd’hui ce sont eux qui l’ont fait pour toi et sans doute en aurais-tu été fier.

    Peut-être même aurais-tu ri à l’évocation de ce poète irlandais dont tu n’as jamais entendu parler, j’en suis certaine… et qui s’imposait brusquement à l’assistance dans l’hommage en anglais que te rendait ton successeur et auquel tes vieux cousins, venus à cette cérémonie comme on va à l’enterrement d’un proche, ne comprenaient strictement rien.

    Eux aussi, nous les avions croisés sur le parvis du temple, se tenant à l’écart de tout ce qui pouvait ressembler à quelque chose d’officiel, observant le ballet des voitures aux immatriculations étrangères qu’ils essayaient de déchiffrer. Ils restaient entre eux, presque gênés de faire partie de la famille dans ce monde qui n’était pas le leur et qu’ils découvraient pour la première fois. N’osant s’approcher des premiers rangs, là où logiquement ils étaient à leur place. Impressionnés de voir tant de gens ici, eux qui ne s’étaient déplacés que pour ne pas nous laisser seuls en de pareilles circonstances, dans une ville qui était la leur et dans laquelle nous n’avions jamais vécu.

    À côté de moi, sans même qu’on ne les ai invités à le faire, les enfants s’étaient inconsciemment rangés sur le banc par ordre décroissant de leur arrivée dans ta vie et se concentraient dignement sur ce qu’ils apprenaient de toi. C’est vrai que pour eux, tu ne fus pas un grand-père comme les autres. En tout cas pas un de ceux avec qui on va à la pêche ou qui joue aux petits chevaux en trichant pour les laisser gagner. Toi, tu étais toujours ailleurs, en voyage ou en mission. C’est le mot mission qui les amusait beaucoup, parce qu’il évoquait à lui seul toutes les aventures des personnages secrets qu’ils croisaient dans leur littérature enfantine et leurs bandes dessinées. À mi-chemin entre Tintin et James Bond, pour eux, tu parcourais le monde, mais tu étais leur espion personnel et tu leur appartenais. Un peu comme si un indéfectible lien du sang faisait d’eux des héros génétiques. Ils ignoraient tout de ton métier, mais ce n’était pas grave puisque c’est leur imaginaire qui t’en inventait un. Tu leur ramenais des pièces de chacun des pays que tu traversais et qu’ils collectionnaient consciencieusement une par une, avec un soin particulier pour la plus petite d’entre toutes qu’ils considéraient comme la plus précieuse parce qu’elle allait forcément se perdre dans les porte-monnaies des gens. Pour toi, ils mettaient un point d’honneur à apprendre par cœur les unités monétaires de chaque pays, avec une nette préférence pour le « florin », parce qu’ils trouvaient que le nom était joli et que seuls des connaisseurs pouvaient savoir que c’était le nom d’une unité monétaire. Et sans doute en débattaient-ils avec leurs copains, ce qui devait leur conférer une petite supériorité culturelle qu’ils mettaient à ton compte… Et même si tu étais trop souvent absent de nos réunions familiales, ils s’inquiétaient à chaque fois de savoir si tu serais là, la fois suivante. Ce n’étaient pas eux qui venaient en vacances chez toi, mais toi chez eux, quelques rares jours par an qu’ils attendaient avec impatience parce que ta présence était intense, que tu étais drôle et toujours de bonne humeur. Tu étais celui qui leur racontait des histoires vraies à travers lesquelles tu t’efforçais toujours de donner un sens. Pour laisser une trace, pour plus tard. Tu avais l’art d’exploiter les travers de tous ces gens que tu rencontrais pour créer une galerie de personnages réels en forçant parfois le trait du bon ou du méchant. Ta façon à toi de distiller des messages sans jamais rien imposer, un peu comme tu le faisais quand nous étions petits. C’était ta force, celle de bien connaître les gens, de les comprendre à demi-mots et de communiquer avec tout le monde, parce que tu parlais leur langue et que tu savais toujours les rallier à ton point de vue.

    Zaza appelait cela ton « fluide ». C’est le seul mot que nous avions trouvé pour illustrer ton habileté chaque fois que tu réussissais à arbitrer nos querelles et qu’au bout du compte on réalisait qu’il n’y avait ni gagnant, ni perdant.

    De l’autre côté du banc, il y a Maman, dans son tailleur noir d’épouse en deuil. Le regard absent, le visage impassible, l’esprit concentré sur une douleur qu’elle n’est plus capable d’exprimer en mots, parce que dans sa mémoire malade, les mots s’effacent sitôt qu’ils y entrent. Elle n’a pas compris tout de suite que tu étais mort. Il a fallu lui répéter plusieurs fois, même après qu’elle ait pleuré, même après qu’elle ait dormi. Comme si elle se réveillait d’un mauvais rêve.

    – « J’ai fait un cauchemar, les enfants, j’ai rêvé que Papa était mort. »

    Et pourtant, après qu’on ait laissé ton corps sans vie dans cette sinistre chambre d’hôpital, Chantal et moi, nous sommes venues lui expliquer lentement que tu ne rentrerais plus jamais à la maison. Nous avons pleuré, ensemble, toutes les trois. Elle nous a regardées, l’air effrayé. Puis elle a pris sa tête entre ses mains et son esprit est reparti dans les méandres de ses souvenirs confus auquel plus aucun de nous n’a accès. Ou alors si peu et à de rares occasions. Un peu comme si sa mémoire s’était figée le jour où tu l’avais quittée et qu’à force d’attendre ton retour, elle s’était mise à remonter le temps pour retrouver le bonheur. Depuis ce jour lointain d’il y a vingt ans où tu as décidé d’aller habiter ailleurs, sa nouvelle vie d’épouse délaissée s’est réduite aux souvenirs d’une époque révolue dans lequel tu as continué d’exister comme si rien ne s’était passé. Jusqu’à ce que tout se brouille et que le présent s’efface.

    Oui, aujourd’hui Maman est là, bien vivante dans son apparence. Elle écoute, elle regarde. Mais elle n’est plus Maman, la compagne de ta jeunesse, ta femme, la mère de tes enfants. La complice de tout ce qui t’as construit et permis de devenir celui que tu es aujourd’hui au milieu de cette allée pleine de fleurs et de discours. Pour le reste, je ne t’ai jamais jugé. J’ai respecté tes choix, comme tu avais toujours respecté les miens. N’est-ce pas ainsi que tu m’avais appris à grandir ? … La rancune et le ressentiment, la jalousie d’une femme trompée et bafouée, je n’ai pas voulu les entendre.

    Pardon Maman, c’était comme ça. J’avais trente ans quand il t’a quittée. Ce n’était plus mon histoire et je n’étais pas en mesure de continuer la tienne. J’avais ma vie, mes enfants, mon métier. J’habitais loin, trop loin. En Afrique. J’ai écouté, c’est tout. Compatis parfois. Essayé de détester autant que toi cette femme qui t’avait volé ta vie en entrant dans celle de ton mari, mais sans jamais vraiment y arriver. Chaque fois que je l’ai pu, je suis venue partager avec toi tes longues journées de solitude où, prostrée dans le fauteuil du salon de ta maison de Bruxelles, tu ressassais ta haine dans une logorrhée sans fin qui te ramenait sans cesse à ton point de départ : il n’y est pour rien. C’est Elle qui a tout fait. Au fil des années ton vocabulaire s’est enrichi de termes que je ne t’avais jamais entendu prononcer auparavant et à travers lesquels tu ne te voyais plus qu’en innocente victime d’une grande manipulation machiavélique. Toi qui nous avais toujours appris à manier la langue avec élégance et même repris à chacun de nos dérapages enfantins, je t’observais sombrer dans le langage bas de gamme de la vulgarité populaire. Pour toi, Elle n’était qu’une « poule » qui s’était trouvé un pigeon. Une femme entretenue, comme tu disais, … « une maîtresse »… selon les canons de ta moralité bien pensante et ton éducation bourgeoise. Un être sans foi ni loi qui déroulait le fil d’Ariane de ta vie avec un gant de velours pendant que toi, tel Harpagon dormant sur sa cassette, tu gardais ta maison de peur qu’elle ne se vide de sa substance. Tes mots se heurtaient à l’impuissance de ton désespoir.

    Le carré de ton salon, fermé par la télévision, était devenu ton unique espace vital d’où tu guettais le bruit des voitures dans la rue et celui des clés dans la serrure de la porte d’entrée. C’est vrai qu’il avait gardé les siennes et qu’il lui arrivait de temps en temps de passer à l’improviste, surtout quand l’un ou l’autre de nous trois était à la maison. On entendait sa voix résonner dans la cage d’escalier :

    – « Coucou, il y a quelqu’un ? … Je monte cinq minutes prendre un café… »

    Et il s’asseyait à sa place de toujours, se servait son café, parlait de tout et de

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