Clochemerle-sur-Seine
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À propos de ce livre électronique
Commence alors, pour ces Candides, un voyage initiatique dans les mœurs de la capitale française : influences de personnalités politiques, forces et faiblesses de la démocratie locale, bonne et mauvaise gouvernance de fonds publics…
Un des membres du groupe, Philippe, deviendra vite Président de l’Association, et verra sa vie bouleversée.
Une histoire vécue, qui fait peur sur la capacité de la France à se réformer…
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Aperçu du livre
Clochemerle-sur-Seine - Philippe Steinmetz
Clochemerle-sur-Seine
Philippe Steinmetz
Clochemerle-sur-Seine
Le bénévolat en question…
LES ÉDITIONS DU NET
70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
© Les Éditions du Net, 2012
ISBN : 978-2-312-00675-8
À Côme, mon fils,
cette histoire est aussi la sienne.
img1.jpgÀ Cindy qui a sa part dans l’histoire,
à Merlène pour son aide,
et à Fabrice pour son énergie.
Principaux personnages
Institutionnels
James BERNARD Président de l’Association
Patrick HONNORÉ Trésorier de l’Association
Jean Pierre LECOQ Maire d’arrondissement
Clémentine AUTAIN Adjointe au Maire de PARIS en charge de la Jeunesse et des Sports
Mathieu SOUQUIÈRE Directeur de Cabinet de Clémentine AUTAIN (Adjointe au Maire)
Bénévoles
Philippe STEINMETZ Élève de Théâtre, devenu Président de l’Association.
Stéphane B. Élève de Théâtre
Karen L. Élève de Théâtre, devenue Secrétaire Générale de l’Association
Lorenzo BERGOMI Élève de Yoga, devenu Trésorier de l’Association
Odile SAINT-DENIS Élève de Poterie, devenue Vice-Présidente de l’Association
Odile BARBIER Avocate, maire de famille
Xuan VO Devenue un pilier de l’Association
Mathieu RAAB Rêveur fou, devenu un battant de l’Association
Anaïs ALRIC Membre active, future coordinatrice de la Commission des Activités
Salariés
Fabrice N. Animateur, Professeur de Théâtre
Armelle L. Directrice du Centre d’animation Saint-Michel
Nouredine S. Directeur adjoint du Centre d’animation Saint-Michel
Révolution
2 NOVEMBRE 2004
Je suis entré dans l’arène sans le savoir… Depuis deux ans, chaque semaine, indépendamment de mon travail de cadre financier, je prends des cours de théâtre dans un Centre Culturel du Quartier Latin. Je m’appelle Philippe STEINMETZ, ce qui signifie en allemand, le tailleur de pierre. J’ai 35 ans, et le théâtre est pour moi un loisir qui m’aide à tempérer ma timidité naturelle. Je ne suis pas très assidu, mais je parviens à prendre part dans des créations théâtrales. Ces dernières n’ont qu’un statut amateur, pourtant je leur donne une importance particulière.
L’année dernière, c’était La Mouette de TCHEKHOV, avec ses répétitions en Normandie, dans une ferme au milieu des bocages, qui fleurait si bien l’atmosphère de la datcha décrite dans la pièce… Cette année, c’est L’Annonce faite à Marie, de Paul CLAUDEL. Je ne comprends pas très bien le professeur, Fabrice, qui ne veut pas nous faire jouer de comédies ; mais je constate que je suis là, encore et toujours, participant à ses cours sans trop savoir pourquoi…
Ce soir-là, comme chaque fois, nous répétons dans une annexe du centre, située rue de HAUTEFEUILLE. L’annexe est minuscule. L’entrée est si mal signalée que beaucoup de passants l’empruntent par erreur, croyant arriver au service après-vente d’un magasin informatique, situé juste à côté ! Dans la salle voisine se trouve tout un équipement informatique, qui constitue ce qui a été pompeusement nommé l’« Espace Public Numérique ».
Une porte s’ouvre, au fond, sur un escalier raide descendant jusqu’au sous-sol… Au bout de l’escalier, une seconde porte donne sur une pièce étrange. La pénombre fait alors place à une lumière très vive, et le bruit de la rue se mue en un silence absolu. C’est là que se déroulent les cours… La pièce n’a aucune fenêtre, mais les murs sont blancs, et de grands miroirs sur trois côtés confèrent à l’atmosphère quelque chose d’irréel.
Sans trop savoir comment, je ressens que l’intense éclairage contribue au bien-être des personnes qui passent du temps dans cet endroit ; et nous sommes une dizaine de participants : Karen, Stéphane, Anaïs… Nous ne nous connaissons pas très bien, en-dehors des cours. Fabrice nous fait souvent commencer la séance par des exercices d’échauffement : des « Boris » que nous crions, des sensations de vide et de poids sur chaque partie du corps, des improvisations de toutes sortes… Ici, toute cette étrangeté prend du sens ; ces exercices seraient bien différents, si nous les faisions dans un autre lieu.
Le sol est composé d’un parquet simple, qui glisse et reste froid, lorsque nous évoluons pieds nus dessus. Parfois, la salle me donne des frissons… Sensation de mort et de disparition. La voix caverneuse du professeur emplit l’espace. Le temps suspend son cours ; la fatigue et l’ivresse du soir nous enveloppent d’une agréable impression de quiétude et de paix. Nous ne faisons plus attention à l’heure, et parfois, tandis que la personne d’accueil a fermé la porte d’entrée à 20h, le cours se poursuit encore…
Ce soir-là, donc, à l’issue de son cours, Fabrice nous réunit pour nous parler de ce qui le préoccupe. Je l’écoute de manière très distante, n’osant partir avant la fin… En fait, il s’adresse surtout à un autre élève, Stéphane ; un gaillard bien bâti, beau garçon et très charismatique, un grand parleur un peu narcissique. Mais il me semble que ce Stéphane, tout jeune professeur de sport qu’il est, ne connait pas grand-chose de la vraie vie ; c’est un grand naïf.
Fabrice nous parle, avec un sérieux et une clarté inhabituelle chez lui, de cette noble Institution dont personne n’a encore entendu parler. Le Centre dans lequel nous exerçons nos activités est en fait géré par une Association, dont le Président est un homme de la Mairie. Le Conseil d’Administration, quant à lui, serait une sorte de club du troisième âge. Ce Président, continue Fabrice, prendrait des décisions incompréhensibles sans que personne n’ose rien lui dire : la Mairie s’en désintéresse, le Conseil d’Administration joue le grand absent, et les salariés ne peuvent s’exprimer sans que leur complaisance soit « achetée ».
Fabrice nous apprend que chacun a le droit d’être membre de cette Association, et c’est pourquoi il nous demande de prendre part à sa prochaine Assemblée Générale, et œuvrer pour que la gestion du Centre soit davantage orientée vers un « dynamisme culturel »…
Il évoque le fait que, peut-être, certains auront la possibilité d’être nommés au Conseil d’Administration ; et il se tourne alors vers Stéphane, le beau parleur, et puis Karen, magistrat de formation et tout aussi capable que lui de manier l’art de la rhétorique.
Prendre part à une Assemblée Générale, pour un motif sur lequel nous n’y entendons rien, et consacrer trois quart d’heures de son temps, lorsqu’on en consacre chaque semaine quatre en répétitions théâtrales ; cela nous apparait tout à fait normal ! C’est pourquoi nous sommes si nombreux à nous porter candidats pour devenir membres de l’Association…
« Se porter candidat »… ? Oui, c’est là que les surprises ont commencé !
Fabrice nous explique rapidement que les statuts dits « démocratiques » de l’Association ne prêtent aucun pouvoir aux membres. Pour commencer à avoir des droits, il faut devenir « membre actif ». Et tout candidat à ce statut doit obtenir l’aval du Président de l’Association, lequel exige de recevoir une lettre de candidature !
3 NOVEMBRE 2004
Soit. Nous envoyons donc plusieurs lettres de candidatures, la mienne est particulièrement soignée ; je m’applique à y faire ressortir mon enthousiasme pour les valeurs associatives, notions qui, à cette époque, me semblent un peu abstraites.
Notre démarche est tellement surprenante… qu’elle n’attire presque aucune attention. Apparemment, le Président de l’Association n’y prête pas garde, et donne lascivement l’ordre d’envoyer une convocation à ces gens qui, doit-il penser, ne viendront même pas…
Et c’est ainsi, pourtant, que huit d’entre nous reçoivent un courrier simple, avec une invitation pour participer à l’Assemblée Générale du 26 novembre 2004.
Cette bonne chose étant faite, nous profitons du prochain cours de théâtre pour réfléchir au propos que nous soutiendrons lors de l’Assemblée ; et nous comprenons bien vite qu’il serait préférable de mieux connaître l’Association. Une rencontre avec le Trésorier, par exemple, pourrait nous aider à y voir plus clair.
C’est là que les choses se compliquent un peu : les volontaires ne sont pas légions, cette fois-ci, car cela implique de prendre du temps. Stéphane, pressenti futur administrateur par son charisme, est de la partie. Mais pour parler à un Trésorier, il faut également une personne qui comprenne les chiffres… Bingo, c’est là qu’on se tourne vers moi : le discret personnage que je suis, toujours en retrait, a cette douce caractéristique… d’être un financier. Volontaire désigné d’office !
Nous prenons donc rendez-vous avec le Trésorier, M. HONNORÉ, une semaine avant l’Assemblée. Lorsque nous arrivons, Stéphane et moi, il est en réunion au troisième étage du bâtiment, où il tient son bureau. J’avais entendu dire qu’il y passait tout son temps à scanner les factures… Il nous accueille avec un sourire forcé, et nous installe au premier étage, dans un bureau exigu. Là, il nous laisse quelques documents comptables et repart.
Stéphane ne fait rien, il attend simplement le retour du bonhomme. De mon côté, je commence à regarder les papiers… Le financier que je suis n’y comprend pas grand-chose ! D’ailleurs, que faut-il comprendre ? Que fait cette Association ? Est-ce qu’à la lecture de ces documents, son activité m’apparaitra plus claire ?…
Lorsque je me retrouve face aux quelques pages d’états financiers que j’ai sous les yeux, c’est comme si je me retrouvais devant un énorme volume de pages noircies par des chiffres et des symboles incompréhensibles. Ma « culture générale », acquise avec mes années d’études à l’Institut d’Études Politiques de PARIS, ne m’a jamais confronté à ce qu’est une Association ; sans compter mon peu de sens pratique…
Je me tourne vers Stéphane : il a déjà décroché. Je reviens sur les documents… Je me définis des indicateurs de lecture, tels que le « besoin de fonds de roulement » pour la Trésorerie, qui pourraient m’aider à comprendre la situation… À nouveau, je ne vois rien d’exceptionnel. Cela me laisse perplexe. Je commence à croire que la réalité est ailleurs, d’un autre ordre. En même temps, je me vois mal retourner vers mes « compagnons de révolte » pour leur dire que je n’ai rien trouvé… Je me sens honteux.
« Plus assez d’argent (…), pas suffisamment rentable (…), trop de charges »… Je suis arrivé au bout de la lecture de ces documents financiers sur l’Association. Stéphane discute dans le couloir avec une personne, je l’entends au loin. Je ne vois pas ce que je pourrais obtenir de plus de ces papiers… Alors, dans l’attente du retour du Trésorier, je laisse aller un peu mes pensées, et je m’attarde sur ces différents ressorts qui font ma personnalité, dont je retrouve l’empreinte.
Je me remémore mes années de travail, et trouve que le temps passe vite. Ces quinze dernières années ont été mouvementées, avec des expériences professionnelles passionnantes, qui