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Le Baiser du feu et de la glace: Tome I : Un Destin
Le Baiser du feu et de la glace: Tome I : Un Destin
Le Baiser du feu et de la glace: Tome I : Un Destin
Livre électronique588 pages8 heures

Le Baiser du feu et de la glace: Tome I : Un Destin

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À propos de ce livre électronique

Gabie, une jeune fille de dix-sept ans, se lasse peu à peu de sa vie qu'elle juge monotone. Mais sa rencontre avec un ange va tout chambouler. Elle apprend qu'elle est maître d'un fabuleux destin et qu'elle est en possession de pouvoirs prodigieux. Elle va faire la rencontre de Braley avec qui elle est censée accomplir son destin. Très vite, elle tombe éperdument amoureuse de lui. Mais voilà, ils vont se rendre compte que leur destinée n'est pas si facile à vivre. Surtout lorsqu'il croise le chemin d'Alex, un sombre individu aux multiples facettes.
LangueFrançais
Date de sortie18 janv. 2013
ISBN9782312007496
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    Aperçu du livre

    Le Baiser du feu et de la glace - Ivana Laurent

    cover.jpg

    Le Baiser du feu

    et de la glace

    Ivana Laurent

    Le Baiser du feu

    et de la glace

    Tome I

    Un Destin

    LES ÉDITIONS DU NET

    70, quai de Dion Bouton 92800 Puteaux

    À Mme. Fabresse, mon ancienne professeure de français, qui a été la première personne à avoir cru en moi et en mon talent.

    À ma tatie Laurent Judith, car sans son aide jamais ce livre n’aurait vu le jour.

    À mes copines, Julie, Marjorie, Déborah et Christiana,

    À ma nièce, Cerise,

    À mon papa,

    Qui ont chacun contribué à leur façon à la réalisation de ce roman.

    Et à un parfait inconnu qui m’a inspiré cette histoire.

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-00749-6

    « Je rêvais d’une maison,

    Je l’ai trouvé dans tes bras.

    Ce qu’il me reste des saisons,

    Je veux le passer avec toi.

    Comme l’impression d’être né pour ça,

    Comme l’impression d’être né pour toi… »

    Extrait de Né pour toi, M.Pokora.

    1

    Un bruit assourdissant se répétant me tira d’un sublime songe. Je rêvais que j’étais dans un notre monde et que j’avais des pouvoirs magiques. Un rêve très enfantin pour une adolescente de dix-sept ans mais pour je ne savais qu’elle raison, je faisais ce rêve depuis mon plus jeune âge. Mes oreilles ne supportant plus le bruit de la sonnerie m’obligèrent à fouiller sous mon oreiller pour trouver mon téléphone et pouvoir stopper ce stupide réveil. Quand enfin je mis la main sur l’appareil, celui-ci s’arrêta de sonner. Je vis avec mes yeux encore engourdis de sommeil l’écran s’éteindre. Je poussai alors un soupire en repensant que j’avais totalement oublié de recharger mon portable et m’enfouis sous la couverture. Soudain j’entendis quelqu’un frappait brutalement sur ma porte. Je ne tardai pas à reconnaître la charmante façon qu’avait trouvée mon idiot de petit frère pour me dire bonjour.

    « Dylan arrête ça tout de suite ! » m’énervais-je.

    « Maman m’a dit de te réveiller et rappeler que tu as un contrôle de math aujourd’hui. » s’écria-t-il derrière la porte que je prenais toujours soin de verrouillé.

    Depuis hier ce contrôle de math me troublait l’esprit et quand enfin j’avais réussi à le sortir de ma tête, Dylan s’était chargé de me le faire rappeler. J’avais beau être une élève brillante, les maths s’étaient au-dessus de mes forces. En voyant que mon frère continuait à s’acharner sur ma porte, je me résignai à sortir de mon lit. Je jetai ma couette par-dessus bord, posai mes pieds dans mes pantoufles blanches en forme de lapin et marchai jusqu’à ma porte les pas lourds comme un éléphant. Je déverrouillai celle-ci et l’ouvrit fortement.

    « T’as gagné, tu peux arrêter ton cirque ! » m’écriais-je en regardant mon frère d’un regard noir.

    Ses yeux bleus comme le ciel remplit de malice me rendit mon regard. Il portait toujours son pyjama imprimé de centaine de petits ours. Ses cheveux noir encre était en bataille. Alors que Dylan et moi jouons à celui qui baissera le regard en premier, autrement dit le plus faible, une voix douce mais ferme attira notre attention.

    « Dépêchez-vous les enfants, vous allez être en retard à l’école ! » cria maman au rez-de-chaussée.

    Je regardai Dylan et dit en lui donnant une tape innocente à la tête :

    « Avance idiot ! »

    Il frotta l’endroit où j’avais déposé le petit coup en faisant mine d’avoir mal. La minute d’après il était en train de se plaindre à maman. Je descendis les escaliers, exaspérée, et traversai le salon avant d’arriver à la cuisine. La pièce était embaumée de l’odeur des tartines grillées que maman venait tout juste de beurrer. Mais même l’odeur pourtant exquise des tartines ne me réconforta pas. Maman se tenait près de la table à manger et versait le lait chaud de Dylan dans son bol favori. Elle était visiblement prête pour nous emmener à l’école. Ses cheveux châtains étaient retenus par un bandeau. Elle portait un chemisier de couleur parme et une jupe à motifs fleuris. Ses traits de visage, pourtant si sublime, semblaient de plus en plus fatigués ces derniers temps.

    « Voyons Dylan, cesse un peu ton cinéma et dépêche-toi. » le réprimanda-t-elle en mettant son bol de lait remplit de céréale à table.

    Malgré le comportement intolérable de mon frère, elle gardait toujours son sang-froid. Mais je m’apercevais bien qu’elle était dépassée. Sous son grand sourire généreux qui lui ridait le front et son air de mère poule se cachait beaucoup de peine.

    « Je veux manger devant la télé ! » grogna Dylan.

    « Non ! Tu mangeras à table comme tout le monde. » rétorqua-t-elle.

    Fatiguée par tout ce remuement, je remontai dans ma chambre pour me préparer sans prendre mon petit déjeuné.

    « Mais enfin Gabie, tu ne manges pas ? » s’écria maman au bas de l’escalier.

    « Je n’ai pas très faim, je prendrai une barre de céréale en partant. » lui répondis-je en m’enfermant dans la salle de bain.

    Je soufflai. La routine que nous vivions ma famille et moi était insupportable. J’observai mon visage encore endormi dans le miroir qui était suspendu au-dessus du lavabo. Mes longs cheveux formaient de grosses boucles noires encre comme ceux de mon frère, tombaient au-dessous de ma poitrine. Mon visage me semblait un peu pâle. Comparé à mon frangin, je n’avais pas hérité des beaux yeux bleus de mon père, ils étaient noisettes comme ceux de ma mère. Je me penchai pour mieux me voir. J’avais l’air fatigué mais ce n’était pas une fatigue physique, elle était plutôt morale. Je n’arrivais plus à supporter ma vie. Ces derniers jours j’avais l’impression de vivre en enfer. Je n’aurais absolument pas refusé un peu de changement.

    Après de longues minutes à déprimer devant le miroir je me hâtai pour me préparer. Je pris une douche ce qui m’aida à me remettre un peu les idées en place. Puis, j’enfilai un jean et un top blanc à manches-longues. Je mis des ballerines à mes pieds et laissai mes cheveux tombaient en cascade sur mon dos. Je ne pris même pas le temps de me regarder une seule fois dans le miroir et dévalai les marches de l’escalier en attrapant mon sac à dos en tissu au passage. Il y a quelque temps de cela, je prenais encore soin de mon apparence mais ce détail prit fin le mois dernier. Je trouvais cela complètement inutile maintenant. On n’avait rien à prouver en mettant de beaux vêtements alors je me contentais du minimum.

    Dans le salon maman essayait de mettre ses chaussures à Dylan mais ce dernier ne se laissait pas faire aussi facilement.

    « Encore deux petites minutes ma chérie et je te dépose au lycée. » dit-elle en saisissant le pied de mon frère qui gigotait comme un ver.

    Contrairement aux autres lycéens, je n’allais pas à l’école avec ma propre voiture. De toute façon, je n’avais pas le permis. C’était à cause de maman qui trouvait cela trop dangereux « pour mon âge » alors que j’avais dix-sept ans, autrement dit, l’âge approprié pour conduire. Mais ma mère avait des origines françaises, là-bas en France, on n’avait le droit de passer son permis qu’à partir de dix-huit ans donc elle se croyait toujours dans sa petite banlieue de Paris qu’elle aimait tant. Même si on était en plein cœur de San Francisco.

    « Ce n’est pas la peine maman, j’ai envie de marcher un peu. » lui répondis-je.

    « Tu en es sûre ? Je peux te déposer si tu veux. » insista-t-elle.

    « J’ai vraiment envie de marcher. Je te promets d’aller direct au lycée sans faire de détour. »

    « Très bien alors à ce soir ma chérie. » dit-elle en m’embrassant.

    Je lui fis un sourire, enfilai ma doudoune blanche qui était accrochée au porte manteau et sortis de la maison en mettant le chaperon sur ma tête. Je m’arrêtai un moment sous la véranda. Le quartier était calme, encore plongé dans la fraîcheur de l’aube. J’habitais l’une des résidences modestes parmi les soixante-dix autres semblables qui formaient une petite banlieue au Nord de San Francisco. Notre petite communauté vivait en parfaite harmonie. Tous les gamins du quartier se connaissaient, souvent maman, Dylan et moi étions invités chez les voisins : M et Mme Peterson. C’était un lieu paisible où il faisait bon y vivre. Mais je trouvais encore le moyen de juger ma vie comme ennuyante.

    Je marchai sur les pavés qui traçaient un chemin jusqu’au portail dans le gazon parfaitement taillé du jardin. En le refermant, je le fis grinçait. Tout en fouillant dans mon sac à la recherche de mon iPod Nano, j’avançais en direction du bahut. Des tas de choses traversaient mon esprit, comme mon contrôle de math qui était le cadet de mes soucis. Mais lorsque la musique jaillit de mes écouteurs et que la romance vint chatouiller mes oreilles, je fis le vide en me concentrant sur la chanson. Tout en cheminant, je fredonnais la mélodie que j’écoutais. Soudain alors que j’étais presque sortie de ma rue une personne m’interpella :

    « Gabie ! Gabie attends-moi ! »

    J’enlevai mes écouteurs et me retournai. C’était Brandon, un garçon qui habitait à deux pâtés de maison de la mienne. Il referma son portail en me faisant signe de l’attendre. Nous étions dans le même lycée et partagions la même classe, c’était de loin la seule chose que nous partagions, enfin, pour moi. Il était sympa et il m’appréciait beaucoup, un peu trop même.

    « Salut, comment vas-tu ? » dit-il en arrivant vers moi à grand pas.

    Il était vêtu d’un jean et d’un pull gris. Il portait au pied des baskets blanches et un bonnet blanchit par le temps protégeait sa tête chauve du froid. Son sourire gansait légèrement ses grands yeux noirs.

    « Bonjour Brandon. Je vais bien et toi ? »

    Il se tenait d’un pied à l’autre, l’air de ne pas tenir sur place.

    « Bien merci. Ce n’est pas ta mère qui te dépose au bahut aujourd’hui ? »

    « Comme tu le vois, non. J’avais envie de marcher. »

    « Et bien tu n’as pas choisi le meilleur moment pour faire ta petite balade. » dit-il en faisant allusion au temps.

    Il faisait froid et le ciel était remplit de gros nuages gris qui assombrissaient les couleurs vives du secteur.

    « En effet, avouais-je. La prochaine fois je tâcherai de me promener en de meilleures circonstances. »

    Nous rîmes.

    « Je peux faire un bout de chemin avec toi ? »

    Il semblait être gêné, comme à chaque fois qu’il papotait avec moi.

    « Bien sûr, allons-y. » lui répondis-je.

    Il acquiesça avec un large sourire. Sur le chemin, lui et moi parlions de divers sujets.

    « Alors prête pour le contrôle de math ? » dit-il en faisant semblant d’être préoccupé par ce maudit examen.

    « Je te jure, ça craint un max ! » dis-je en riant anxieusement.

    Brandon lui, n’était pas inquiet de la note qu’il pourrait avoir. Il faisait partie des élèves qui se satisfaisaient d’avoir la moyenne partout. Moi, en revanche, si je n’avais que dix sur vingt dans un devoir j’avais les boules car je savais bien que j’étais capable de faire beaucoup mieux. Alors j’essayais toujours de me surpasser.

    Sur une fin de conversation nous arrivâmes au lycée. Juste à temps car, dès que nous avions franchi le grand portail en fer forgé, la cloche retentit. Mon lycée ressemblait à tout autre lycée, avec ses grands barreaux qui encadraient l’établissement, des salles de classes basiques, une cour assez large et une cafétéria plutôt chic. Tous les élèves se ruaient vers leurs salles de classe. Brandon et moi nous nous dirigeâmes vers la salle A1. Les classes À étaient ceux où se déroulaient les cours d’histoire et de géographie. Nous entrèrent dans la pièce en saluant M. Astlon notre professeur pour cette matière. Je me séparai de mon ami pour aller à ma place qui se trouvait dans la deuxième rangée de table en commençant par l’avant de la salle. Andréa, celle avec qui je partageais ma table, déballait déjà son matériel. Je la rejoignis. C’était une bonne amie, mais j’étais plutôt de genre solitaire. Ma chaise craqua dans un petit bruit de bois lorsque je m’assis dessus. Je posai mon sac sur mes genoux et sortis mes affaires à mon tour.

    « Salut Gabie. » me salua-t-elle.

    Son mouvement de tête fit virevolter ses cheveux blonds vénitiens qui lui arrivaient à la hauteur de ses épaules.

    « Salut Andréa. » lui répondis-je sans même la regarder.

    Ses petits yeux clairs me toisèrent avec étonnement.

    « Eh bien, quel accueil ! »

    Ce ne fut qu’après que je me rendis compte de mon ton sec.

    « Désolé, je ne suis pas en grande forme. »

    Je priai pour qu’elle ne me demande pas pourquoi.

    « Je vois ça. Qu’est-ce qui t’arrives ? »

    C’est manqué pour cette fois, pensais-je en soupirant intérieurement.

    « La fatigue rien d’autre. Ne t’inquiète pas. » mentis-je.

    Je voulais qu’elle me fiche la paix. Ca semblait plutôt méchant de ma part, mais je n’aimais pas le contact avec les gens, je tenais vraiment à ma solitude. À mon grand bonheur, ça fonctionna car ce fut la dernière phrase que nous échangions pendant le cours.

    M. Astlon passa l’heure entière à parler de l’économie dans le monde, c’était à mourir d’ennui. Deux minutes avant que la cloche sonne, j’avais déjà rangé toutes mes affaires. Pendant ce court temps restant, je pensais à l’heure qui allait suivre. J’allais galérer pour faire mon contrôle. Au pire des cas je n’aurais que la moyenne. Soudain la cloche sonna. Le bruit strident m’annonça le commencement d’une heure interminable.

    Au final ça ne c’était pas si mal passé. J’ai su répondre aux demandes du contrôle, enfin, une bonne partie du moins.

    Le reste de la journée s’écoula comme à son habitude. Quand sonna l’heure du déjeuner, Andréa qui d’habitude prenait la peine de manger avec moi, m’avait dit avec un peu de gêne qu’elle avait promis à Renata et sa bande d’amis de déjeuner avec eux. Elle me proposa de l’accompagner mais je déclinai l’invitation gentiment en prétextant que je voulais être seule. Elle insista encore mais voyant que je n’avais aucune envie de déjeuner avec elle, elle laissa tomber. Au fond, je savais qu’elle en avait marre de moi et je la comprenais. En ce moment je n’étais pas des meilleures compagnies ; toujours de mauvaise humeur et surtout renfermée sur moi-même. Cela devait être une charge pour elle de m’avoir sur le dos. Quand je compris cela, ma journée se dégrada davantage. Je n’avais qu’une seule hâte, c’était de rentrer à la maison. Mais je savais pertinemment qu’à la maison, je n’aurais qu’une seule envie c’est d’être au lendemain pour pouvoir aller à l’école et échapper aux tensions qui régnaient dans mon foyer. Je n’étais bien nulle part. Peu importe l’endroit où je me trouvais, je ne me sentais pas à ma place. Soit j’étais en pleine dépression et il fallait absolument que j’y mette fin ou je n’étais vraiment pas à ma place ici.

    Mais alors où était-elle ?

    Quel était l’endroit où je me sentirai vraiment vivante, où est-ce que j’aurais l’impression de servir à quelque chose, où était ma place ?

    « Mademoiselle Gabriella pouvez-vous répéter ce que je viens de dire ? »

    La voix de Mme Seethy me fit sursauter. Je secouai la tête pour remettre mes idées en place.

    « Désolé, j’avais l’esprit ailleurs. » essayais-je piètrement de me faire pardonner de mon manque de concentration.

    « C’est ce que je constate avec regret, tâchez de suivre maintenant ! » reprit-elle d’un ton sévère.

    Même les profs se mettaient à me réprimander alors qu’au dernier trimestre j’étais la meilleure élève de la classe. Ils avaient peut-être leurs raisons mais parfois ils me blâmaient pour si peu. Je détestais particulièrement ma prof de science. C’était le portrait craché de la sorcière qui était dans le livre de Dylan s’intitulant « La sorcière de mon école. » C’était l’histoire d’un petit garçon qui n’allait plus à l’école car il était terrorisé par sa maîtresse, puis un jour il prouva que cette dernière était en réalité une sorcière. Et oui, cela m’arrivait de lire les contes de fée destinés aux petits ! Bref, Mme Seethy garda un œil sur moi pendant tout le reste du cours et ne manqua pas une occasion pour m’interroger. Et moi qui commençais tout juste à aimer les sciences…

    *

    Quand le doux son de la sonnerie arriva à mes oreilles se fut un soulagement. J’étais la première à sortir de la classe et me dirigeai à grands pas vers le portail du bahut. Une fois en dehors de l’enceinte du lycée, je lançai un message à maman sur mon téléphone en lui disant de ne pas se déranger pour venir me chercher, que je rentrai à pied. Puis, je marchai le plus lentement possible en ayant toujours mes écouteurs aux oreilles. En chemin, voyant que le parc se trouvait sur ma route je décidai d’y faire un petit tour. Beaucoup d’élèves sortant de l’école venait se décontracter dans cet endroit. Il y en avait des jeunes et des moins jeunes comme un vieillard qui marchait avec difficulté à l’aide de sa canne ou encore cet étudiant surfant sur le net à l’aide de son ordinateur portable de marque Apple sur un banc. C’était aussi l’endroit idéal pour donner rendez-vous à son petit-ami ou sa petite-amie. Des parents y emmenaient leurs enfants à la sortie de l’école pour quelques minutes de relaxation avant de reprendre une routine inébranlable. Et moi, je cheminais en solo parmi tout ce petit monde. En avançant sur l’allée en gravillon, j’observais les alentours avec attention. Les personnes qui m’entouraient semblés être heureux. Le papa ouvrant les bras pour rattraper sa fillette à la fin du toboggan semblait heureux, les tourtereaux qui gravaient leurs noms dans un cœur sur un arbre semblaient eux aussi heureux. Alors pourquoi moi je n’étais pas heureuse ? Où se trouvait le bonheur qui m’était dû ?

    En continuant à m’aventurer dans le parc, j’arrivai à un endroit dont j’ignorais totalement l’existence. Il y avait une végétation dense autour de moi et un rayon de soleil tout droit sorti des cieux inondait un petit ruisseau coulait paisiblement. Je m’assis sur un rocher et posai ma tête sur mes genoux en écoutant l’eau ruisseler. Je pensai à ma piètre vie, alors tout un tas de sentiments se mélangèrent en moi. J’en voulais à mon père ou plutôt à ce bel inconnu que j’avais comme père ! C’était de sa faute si aujourd’hui ma vie était devenue un enfer. Il était parti à l’âge de mes dix ans, juste la veille de mon anniversaire. Cette douleur ressentie ce jour-là, était encore bien présente en moi. Papa nous avait abandonnés alors que maman venait tout juste de mettre Dylan au monde. Mon petit frère n’avait même pas connu son père. Il avait grandi avec le manque d’affection d’un paternel. Cet événement avait chamboulé notre vie, j’ai vu maman souffrir pendant ces sept dernières années. Elle ne le montrait pas, mais le soir alors qu’elle nous croyait tous endormis, j’entendais ses sanglots. Je pouvais presque imaginer ses yeux remplis de larmes à cause de lui. Parfois sa douleur me faisait tellement mal que moi aussi je me mettais à pleurer. J’espérais ne plus jamais revoir ce salaud car si par malheur cela se produisait, je ferais comme si je ne le connaissais pas. Il nous a perdu maman, Dylan et moi le jour même où il nous a abandonnés. Une larme roula sur ma joue.

    « Que fais-tu donc ici Gabriella ? » dit-une voix féminine.

    Je sursautai, j’aurais pourtant parié qu’il n’y avait personne d’autre que moi dans cet endroit du parc. Je levai la tête et vis une femme debout de l’autre côté du ruisseau. Je crus voir un mirage alors j’essuyai ma larme du revers de ma main et l’observai plus minutieusement. Elle était aussi belle que l’éclat de soleil dans laquelle elle demeurait. Sa peau luisait comme de l’ivoire. Et sa chevelure étincelant comme de l’or tombait tel de la soie sur son dos. Je n’avais jamais vu auparavant un aussi beau visage que le sien, ses traits étaient parfaits. Elle semblait avoir des émeraudes à la place de ses yeux. Ses lèvres d’un rose naturel paraissaient douces comme du miel. Elle portait une robe brodait blanche. Soudain mes yeux stoppèrent sur un détail imposant mais que j’avais pourtant loupé au premier regard : de son dos dépassait une grande paire d’aile. Je fis saisie de frayeur.

    « Si c’est une plaisanterie elle est de mauvais goût ! » bredouillais-je en me mettant debout et en reculant de quelques pas.

    La divinité ouvrit la bouche et dit :

    « Tu n’as aucune raison d’avoir peur de moi Gabriella. »

    Sa voix sortait comme une mélodie de sa bouche.

    « Qui êtes-vous et comment connaissez-vous mon nom ? » demandais-je en plissant les sourcils.

    La femme fit un saut et atterrit près de moi. Son mouvement fit d’une délicatesse absolue. Je reculai de deux grands pas, à la fois effrayée et intriguée par elle.

    « Je t’ai dit que tu n’avais aucune raison d’avoir peur de moi. » répéta-t-elle.

    J’avalai une gorgée de salive qui faillit m’étrangler en restant coincé dans ma gorge. Qui était cette créature que j’avais en face de moi ? Une chose était sûre, elle n’était pas humaine. Elle m’adressa un sourire angélique et déclara :

    « Je m’appelle Luna et je fais partie des douze gardiens. »

    Je comprenais encore moins.

    « Des gardiens ? » m’étonnais-je

    « Exact. J’ai été envoyé sur Terre pour te chercher. »

    De plus en plus étrange, pensais-je.

    « Pour me chercher ? Moi ? Vous avez dû faire une erreur. »

    J’avais maintenant véritablement peur.

    « Non, tu es Gabriella. »

    « Et cela prouve quoi ? » dis-je sur la défensive.

    « Cela prouve que tu es la personne que je cherche. »

    « Mais qui cherchez-vous ? »

    Je commençais à perdre patience.

    « Je cherche la jeune fille digne de recevoir le don. »

    « Le don. Et qu’est-ce que c’est ? Une sorte de pouvoir magique. » dis-je sur un ton moqueur.

    « C’est exactement cela. Une magie qui t’es destinée. »

    J’étais confuse. J’aurais voulu croire à ce qu’elle me disait mais c’était impossible. Je soufflai un bon coup pour remettre mes idées en ordre et dis ;

    « Écoutez, je peux vous assurer que je ne suis pas cette fille que vous recherchiez et ça fait longtemps que je ne crois plus aux histoires de magie. »

    « Ce n’est pas une histoire, laissez-moi vous le prouver. »

    Et si j’étais véritablement cette fille dont-elle parlait… Quelque chose au fond de moi bouillonnait, un sentiment que je n’aurais pu expliquer. J’étais confuse mais en même temps soulagée que cet ange soit devant moi à ce moment précis.

    « Très bien, allez-y. Prouvez-moi que ce que vous dites est sincère. » dis-je décidée.

    Elle me tendit sa main fine. J’hésitai un moment, puis, je finis par y mettre la mienne en me rendant compte qu’elle était d’une douceur irréelle.

    « Sachez qu’il n’y aura pas de retour possible. » me prévint-elle.

    « Je suis prête à courir le risque, de toute façon je sais très bien que ma vie n’est pas ici. »

    Je ne savais pas pourquoi, mais depuis que j’avais posé ma main dans la sienne, je m’étais sentie proche d’elle, comme si je l’avais toujours connu. Elle acquiesça en souriant et posa sa main libre sur la mienne et dit :

    « Prête pour le voyage ? »

    Je n’eus même pas le temps de répondre quand soudain une lumière si luisante jaillit des mains de la femme que je me trouvai dans l’obligation de fléchir mes paupières. Je sentis une chaleur insupportable envahir ma main qui était entre ceux de Luna comme si elle était en train de s’incendier. J’avais envie de la retirer pour ne plus sentir la douleur mais elle était prisonnière des mains de l’ange.

    « Ça suffit ! Arrêtez-ça tout de suite ! » m’écriais-je.

    Mais c’était trop tard, le temps d’un flash et j’étais déjà ailleurs.

    2

    À mon réveil j’étais toute chamboulée, j’avais l’impression que toute l’énergie d’un éclair s’était déversée sur moi. J’ouvris mes yeux qui me semblaient si lourds. Au début, ma vision n’était pas nette mais les formes se précisaient petits à petits jusqu’à ce que je voie pleinement. J’étais allongée sur un lit fort confortable, une magnifique moustiquaire argentée tombait au-dessus de celui-ci. Je me sentais toute morose mais des forces regagnaient mes muscles au fur et à mesure. Lorsque je m’en sentis capable, je me redressai afin de voir où est-ce que j’étais. En regardant autour de moi, Je vis que je me trouvais dans une pièce tout à fait charmante avec des couleurs neutre comme le parme, le rose clair ou encore le gris cendre. Apparemment j’étais dans une chambre. Toutes sortes de fleurs étaient reproduis à l’encre noire sur le fond rose clair du mur. Le soleil venait se perdre dans de beaux rideaux parme qui virevoltaient sous l’effet du vent. En face du lit se trouvait un dressing. Un grand miroir en forme de cœur était accroché au-dessus d’une coiffeuse bien équipée. Il y avait aussi un bureau accompagné de sa chaise, une table de chevet et une mini bibliothèque garnit de livres. Les meubles avaient chacun une décoration particulière mais toujours avec le code couleur rose clair, parme et gris. Cette chambre ressemblait étrangement à celle de mes rêves. Soudain la serrure de la porte grinça et quelqu’un entra.

    « Tu t’es réveillée. »

    Luna fit son apparition sur le seuil.

    « Où suis-je ? » lui demandais-je abasourdie.

    « Dans ce monde magique dont tu refusais de croire l’existence il y a quelques secondes. »

    « C’est impossible ! »

    Je me levai et me dirigeai vers la baie-vitrée cachée par les rideaux parme. Je les poussai et restai bouche-bée face à ce que je voyais. Je n’étais plus du tout chez moi ! Le paysage était tout à fait différent. Ce que je voyais était indescriptible tellement c’était beau. Des bâtiments magnifiques aux couleurs brillantes sculptés avec beaucoup de précision formaient un arc de cercle et ma chambre se situait au milieu de cet arc. En face, une forêt verdoyante s’étendait à perte de vue. Un soleil rayonnant resplendissait dans le ciel bleu dépourvu de tout nuage.

    « Bienvenue à Crylium. On se trouve à l’école de magie » dit Luna en regardant elle aussi le paysage.

    Je n’en croyais pas mes oreilles.

    « L’école de magie ! » m’exclamai-je.

    « Et encore, ce que tu vois là ce n’est que les dortoirs. »

    « Quoi ? »

    Cela ressemblait à la cour d’un bâtiment réservé aux premiers ministres et elle me déclarait que ce n’était que des chambrées !

    « Oui, ici c’est la cour des dortoirs, à l’arrière il y a les salles de classe ainsi que la cour principale et enfin, la cour secondaire où se trouve une salle d’étude et le réfectoire. »

    Que dire face à ça ? Je me croyais en plein rêve.

    « C’est incroyable. »

    Soudain j’aperçus une lumière au milieu de la cour, en regardant mieux je vis des personnes autour d’un homme qui faisait jaillir de la lumière de ses mains !

    « Vous avez vu ça ! » criais-je en montrant du doigt ce spectacle ahurissant.

    « Oui c’est le cours de M. Crumb, dit-elle en rigolant apparemment amusée par mon comportement. Lui et ses élèves ont eu pour idée de faire pousser toutes sortes de fleurs magiques dans la cour des dortoirs. »

    « C’est totalement hallucinant ! »

    Je n’arrivais pas à croire ce qui se passait. Etait-ce un rêve ? Si oui, alors pourquoi je ne me réveillais pas ? J’avais l’impression que c’était bien plus qu’un rêve, ce que je vivais était absolument dément.

    « Alors tu viens ? »

    Je me retournai et regardai Luna qui s’apprêtait à sortir de la chambre.

    « Où donc ? »

    « Tu verras bien. »

    Maintenant que j’étais là, pourquoi pas ? Je la rejoignis. Nous sortîmes de la chambre. Un grand couloir traçait un chemin sur notre droite et sur notre gauche. Je ne voyais le bout d’aucun des bouts des passages. Ils étaient remplis de portes donnant sûrement dans des autres chambres.

    « Suis-moi. » dit-elle en se dirigeant dans celui de gauche.

    J’étais stupéfaite par cette ange que j’avais devant moi, elle avait une démarche on ne peut plus élégante. Ses pas paraissaient à peine effleurer le sol.

    « Alors t’as chambre te plaît-elle ? » demanda-t-elle.

    Je crus avoir mal entendu ce qu’elle avait dit.

    « Ma chambre ? » répétai-je fortement étonnée.

    « Mais oui, la pièce que nous venons de quitter est ta nouvelle chambre. »

    Mais bon sang, où avais-je atterri ?

    « Ouah, alors là vraiment je ne sais pas quoi dire. Elle est comme… »

    « Comme dans tes rêves, je sais. »

    « Et comment le savez-vous ? »

    « C’est grâce à Paola qui est l’une des douze gardiens, elle est dotée d’un pouvoir assez surprenant. »

    « Lequel ? » demandais-je très curieuse.

    « Elle est capable de voir tes rêves même ceux les plus enfouis et de les rendre réels. »

    Je ne dis rien car j’étais en manque de mot. Plus je découvrais, plus j’étais impressionnée par toutes ces choses complètement dingues !

    Nous arrivâmes devant une grande porte en bois, des symboles indescriptibles alignés sur un cercle étaient gravés sur celle-ci. Luna l’ouvrit et m’invita à y pénétrer. J’entrai sans discuter.

    « Attends-là. » dit-elle en refermant la porte.

    J’étais dans une grande pièce remplie d’étagères en bois et chaque planche débordait de livres anciens. Un salon était aménagé dans un coin avec des fauteuils qui paraissaient avoir cent ans malgré l’éclat du cuir qui les recouvrait. J’étais dans une sorte de bibliothèque. Quatre rangées d’étagères se trouvaient au milieu de la pièce. Je m’aventurai dans l’une d’elle. Je fis glisser mes doigts sur les côtes des livres. Ils s’arrêtèrent sur un ouvrage intitulé La magie noire. Je pris le livre et quand l’espace encadrant celui-ci se libéra, je vis un visage. Je poussai un cri terrifié et reculai. En régressant, je me cognai contre une autre étagère. Ma respiration s’accéléra. J’inspirais profondément quand cet individu se montra à moi. Alors, il se passa une chose inexplicable avec des mots. C’était comme découvrir le soleil pour la première fois. Ses cheveux châtains parsemés de mèches blondes couvraient sa nuque. Ses grands yeux verts me toisaient à la fois avec étonnements et tendresses. Sa chemise bleu nuit retombait sur son pantalon noir. C’était un jeune homme, le plus beau que j’aie rencontré de toute ma vie. Mais il avait beau avoir l’air d’un ange, il n’était pas comme eux. Il semblait… normal. Il s’approcha de moi en souriant angéliquement.

    « Désolé, je n’ai pas voulu te faire peur. »

    Sa voix me parut pure comme l’eau de roche. Je restais sans voix devant une telle beauté. Cet apollon était-il réel ? Je me ressaisis et dis, intimidée :

    « Qui es-tu ? »

    « Je m’appelle Braley. » répondit-il poliment.

    En plus d’être surprenant, il avait un très joli prénom.

    « Moi, c’est Gabie. »

    Il parut soudainement inquiet.

    « Dis-moi Gabie, es-tu un ange ou une guerrière ou une chose comme ça ? »

    Je fronçai les sourcils.

    « Non ! Je suis une humaine. »

    Il eut l’air rassuré et poussa un soupir

    « Enfin une personne comme moi. » s’écria-t-il.

    J’étais sûre qu’il était humain, même si sa beauté ne restait pas moindre.

    « Où sommes-nous exactement ? » demandai-je.

    Juste à ce moment deux individus firent leur entrée dans la pièce. Le premier était de grande taille et mince, ses cheveux châtains et lisses étaient retenus par un nœud noir dans son dos. Sa peau était pâle comme celle d’un vampire. Il semblait être quelqu’un de très posé. Le deuxième était grand également mais un peu plus costaud, il avait des cheveux noirs mi longs coiffés en arrière. Tous deux avaient une cape en soie bordeaux qui cachait leurs vêtements.

    « C’est donc vous. » s’exprima le premier.

    « Ils n’ont pas l’air très impressionnants. » dit l’autre.

    « Ne sous-estimons pas le don. » reprit son ami.

    « Tu as raison. »

    Le premier s’avança et dit :

    « Tu dois être Braley, dit-il en regardant l’intéressé d’une façon très étrange. Et toi tu es Gabriella. »

    Il prononça mon nom avec tant de ferveur que j’en fus gênée.

    « Juste Gabie. » précisai-je timidement.

    Il sourit et dit en reprenant place près de son compère :

    « Je me nomme Alexander et voici Aron. » présenta-t-il aimablement.

    Puis il consulta son ami du regard, comme si ces deux-là pouvaient communiquer par la pensée.

    « Tu es prêt ? » demanda-t-il.

    L’autre acquiesça et tous deux fermèrent les yeux. Une fumée grisâtre les enveloppa soudainement. Braley et moi régressâmes d’un pas. Il mit sa main devant moi comme pour me protéger. Ce geste me surprit car nous nous connaissions à peine, mais il ne me déplut pas. Après quelques minutes, la fumée se dissipa et les deux hommes ouvrirent les yeux.

    « La fille sera mienne ! » s’exclama Alexander.

    « Le garçon est à moi. » dit Aron.

    Braley et moi étions pris d’affolement.

    « Désolé de vous contredire mais je suis hétéro à deux cents pour cent. » plaisanta-t-il sur un ton paniqué.

    « Et vous n’êtes pas mon genre. » dis-je en regardant Alexander.

    Ils s’esclaffèrent puis reprirent leur sérieux. Alexander mit sa main dans sa cape et en sortit une petite sphère bleue qui planait au-dessus de sa main. Je ne savais ce que c’était, cette étrange petite boule formait d’une substance qui m’échappait totalement. La seule chose que je savais c’était qu’elle m’attirait inexorablement. Aron fit le même geste et une petite sphère rouge cette fois-ci plana sur sa main. Ils avancèrent vers nous. Voyant notre méfiance le premier prit la parole :

    « Ceci est le don de la glace, il te revient de droit, Gabriella. »

    « Ceci est le don du feu, il te revient de droit, Braley. » dit Aron.

    « Emparez-vous des sphères simultanément et vous deviendrez les maîtres du feu et de la glace. »

    Je consultai Braley du regard. Il semblait aussi perplexe que moi.

    Ce pourrait-il que tout ceci soit vrai ? Ces deux bougres disaient-ils la vérité ou étaient-ils complètement givrés ? Malgré ma forte attirance envers cette sphère, j’hésitai.

    « Vous vous rendez compte que c’est complètement ouf ce que vous nous dites-là ! » dit Braley en ne pouvant détacher son regard de la sphère écarlate.

    « Écoutez ce que vous dicte votre instinct. » répondit Aron.

    Mon instinct et la raison se livraient une bataille sans merci. La raison me disait catégoriquement que je rêvais, ce qui, vu la situation, était fort probable. Alors que mon instinct m’inspirait tout autre chose. J’avais l’impression indéniable que mon destin se trouvait là, devant moi, et que je n’avais plus qu’à tendre la main et le saisir.

    « Très bien. » dis-je sans prendre le temps de réfléchir davantage.

    D’un geste décidé, je m’emparai de la sphère. Celle-ci roula dans le creux de ma main. Une sensation douce et fraîche se fit sentir contre ma peau. Puis soudain, elle pénétra en moi. Tout s’était déroulé si promptement, je n’avais absolument rien senti. Il s’était produit la même chose pour Braley.

    « Et c’est tout ? » demandais-je ahurie.

    Les deux hommes reculèrent de quelques pas.

    « Ça risque de faire un tout petit peu mal. » nous prévint-il.

    À peine eus-je le temps de penser à ce qui allait se passer qu’une douleur atroce s’empara de moi. Je tombai à genoux. J’avais l’impression que mes veines allaient éclater d’un moment à l’autre et ne pus m’empêcher de crier. Une aura bleue se mit tourbillonner autour de mon corps qui gisait à même le sol. Je me pliai de douleurs insupportables. Un bruit rugissant résonnait dans ma tête. Qu’est-ce qu’il m’arrivait ? C’était comme si l’on m’avait jeté dans un volcan et que les laves me réduisaient en cendre. L’aura qui virevoltait autour de moi se concentra au-dessus de mon visage. Cela me fit souffrir deux fois plus qu’auparavant. Je voulus me tourner vers Braley mais j’étais comme paralysée. Brusquement, mon corps se raidit et un cri strident à glacer le sang s’échappa de ma bouche. Je sentais que cette souffrance allait avoir raison de moi quand soudain l’aura pénétra dans ma bouche qui s’ouvrit automatiquement. C’était comme si j’avais avalé une grande goulée d’air frais et, alors, mon corps se remplit d’une sensation, curieuse mais agréable, de fraîcheur. La douleur s’estompa peu à peu. Je me sentis reposée et je fermai les yeux. Dans les vapes, j’entendis une infime partie d’une conversation.

    « Ne les laissons pas ici, ils vont bientôt se réveiller. » dit une voix.

    Je reconnus tout de suite la voix d’Alexander. Mais j’étais bien trop faible pour me réveiller alors je ne luttai pas et laissai le sommeille m’envahir.

    *

    Des doigts caressaient délicatement ma joue. Ils laissaient une sensation chaude sur celle-ci après leurs doux passages. Je n’ouvris pas les yeux, de peur que ce ne soit qu’un rêve. Après de longues minutes, une personne se racla la gorge et dit d’une voix faible et veloutée :

    « Gabie réveille-toi. »

    Je ne la reconnus pas mais elle avait l’empreinte du ténor de Braley. J’ouvris lentement les paupières. J’avais la drôle d’impression de naître pour la première fois. La première chose que je vis fut son visage. Je ne m’étais pas trompée, c’était bien lui mais sans vraiment être lui. Je me rappelais très bien de ses yeux d’avant, ce vert prairie qui m’avait fait frémir. Maintenant, ils avaient les teintes d’un coucher de soleil. Ses habits aussi avaient changé. Il portait une chemise en satin et un pantalon blanc. Il était devenu encore plus admirable qu’il l’était déjà. Les traits de son visage étaient aussi parfaits que ceux d’un ange. Il était assis près de moi. Je me redressai maladroitement.

    « Braley, tu es… magnifique. » soufflais-je.

    Je me surpris moi-même, non pas à cause de la beauté invraisemblable de Braley mais à cause de ma voix. Je portai ma main à ma gorge et dit :

    « Ma voix. »

    Je fus encore abasourdie de l’entendre. Elle était devenue mélodieuse mais en gardant ma marque tout comme celle de Braley. Un sourire plissa ses lèvres et je crus que j’allais à nouveau tomber dans les vapes.

    « Si tu penses cela de moi, c’est que tu ne t’es pas encore vue. »

    Je ne saisis pas bien le sens de sa phrase mais c’était sûrement un compliment. Puis, lorsque je pus me concentrer sur autre chose que lui, je vis que nous étions dans une pièce totalement différente des autres. Elle n’était ni meublée, ni décorée. Tout était blanc, on se serait cru dans un rêve. J’étais sur un lit recouvert d’un tissu doux comme la soie. Sur moi était posée une couverture légère toujours de couleur blanche. Puis, je remarquai que je ne me sentais plus moi-même, mon propre corps m’était étranger, comme si on m’avait mis dans une toute autre enveloppe charnelle.

    « Qu’est-ce que tu sous-entends par « tu ne t’es pas encore vue » ? » lui demandais-je maintenant intéressée par sa déclaration.

    Il posa une main hésitante sur la couverture et l’ôta lentement de moi. Quand il me tendit sa main droite je perçus un tatouage sur son poignet. C’était une rose dont les contours étincelaient de rouge. J’aurais juré que ce tatouage n’était pas là avant. En lui donnant ma main droite je vis que moi aussi j’avais le même mais de couleur bleue.

    « Qu’est-ce que c’est ? » dis-je en désignant nos deux poignets.

    « Je n’en sais absolument rien. » me répondit-il.

    Je fis quelques pas que je crus maladroits mais je n’avais jamais marché aussi gracieusement. Mes habits avaient également changé. Je portais une robe qui avait l’air très belle. En levant la tête, je vis qu’au bout de la pièce se trouvait un miroir.

    « Pourquoi ont-ils mis un miroir ici ? »

    « Sûrement parce qu’ils veulent que nous nous habituions à notre nouvel aspect. »

    « Notre nouvel aspect ? »

    Tout en prononçant ces mots, j’arrivai devant la glace.

    « Ce n’est pas possible ! » m’exclamai-je en voyant mon reflet.

    La fille que je voyais dans le miroir ne pouvait être moi. Elle était dotée d’une beauté hallucinante. Ses yeux étaient d’un bleu glace perçant. Son visage était aussi beau que celui de Luna. Et sa robe dos nu couleur ivoire épousait ses formes étourdissantes. Elle avait de belles chaussures blanches aux talons aiguilles.

    « Ca ne peut être possible. » répétais-je.

    Braley se mit derrière moi et dit en me regardant dans le miroir :

    « Je te trouvais déjà belle avant mais maintenant il n’y a pas de mot pour décrire ta beauté. »

    Son compliment me fit rougir, si seulement j’arrivais à lui dire que j’en pensais autant de lui. Alors pour faire diversion, je dis pauvrement :

    « Tu as vu la couleur de nos yeux ? »

    « Ce n’est pas le plus fascinant. » dit-il.

    « Et qu’est-ce qui est le plus fascinant d’après toi ? »

    Il ouvrit sa main et la mit entre nous deux. Soudain une flamme jaillit d’elle. je restai bouche-bée un moment puis, je dis :

    « Comment arrives-tu à faire ça ? »

    Il pinça les lèvres, déconcerté il dit :

    « Je ne saurais te le dire mais une chose est sûre c’est que tu peux en faire autant. »

    « Tu crois ? »

    « Essaie-donc ! »

    Je me concentrai. Une énergie rafraîchissante parcourra mon corps, alla jusqu’à ma main ouverte et soudain de l’eau en gicla. Quand je voulus stopper, le liquide se transforma en glace.

    « Ouah ! »

    Je n’arrivais pas à croire ce que je venais de faire. Cela s’était manifesté presque tout seul, sans que je le contrôle.

    « Nous sommes en possession de pouvoir ! » m’exclamai-je toute excitée.

    « Je suis le feu et toi la glace. » dit-il en souffle.

    « Ah ! Ravi de voir que vous en êtes enfin conscients. »

    Je regardai par-dessus l’épaule de Braley et vis Alexander et Aron. Mais comment diable étaient-ils arrivés là ? Braley se retourna pour les voir.

    « C’est parfait, vous n’avez même pas eu besoin de notre aide pour la première leçon ! » dit Aron.

    « Oui mais maintenant il faut passer aux choses sérieuses. » continua Alexander sur un ton inquiétant.

    « Que voulez-vous dire par « chose sérieuse « ? ».

    « Et bien vois-tu Gabriella, ce que vous venez de faire n’est absolument rien comparé à ce que vous êtes vraiment capable de faire ! » me répondit-il.

    Cela paraissait impossible.

    « Concentrez-vous et impressionnez-nous. »

    Quel défi ! Nous qui ne savions même pas comment faire fonctionner cette magie.

    « On peut y arriver ! » m’encouragea Braley.

    Ses mots me redonnèrent foi en moi, j’avais une confiance totale en lui. Malgré mon anxiété, j’acquiesçai. Il ferma les yeux, je l’imitai. Je n’avais aucune idée de la procédure qu’il fallait employer. Mais à ma grande surprise les pouvoirs se manifestèrent sans que j’aie besoin de faire quelque chose de spécial. Je sentis cette même sensation rafraîchissante m’envahir comme lors de ma transformation. Quand je sentis qu’il y avait suffisamment d’énergie réunie, je laissai le tout se déverser hors de mon enveloppe charnelle. Tout se passa très rapidement et je n’eus guère le temps de comprendre. Soudain tout redevint normal et je tombai à genoux, un peu épuisée. En observant autour de moi, je remarquai que nous étions dans la bibliothèque où tout avait commencé. Bizarrement la pièce, elle aussi avait changé d’aspect. Tout était chamboulé ! Les livres et les étagères étaient sens dessus dessous. Je me relevai avec l’aide de Braley.

    « Mais que s’est-il passé ici ? » dit-il aussi étonné par cette pagaille que moi.

    Soudain une pile de livre se souleva et Alexander en ressortit. Un peu plus loin, Aron éleva une étagère qui était tombée sur lui.

    « C’est fascinant ! » s’exclama Alexander en écrasant mes joues avec ses paumes.

    J’avais les lèvres déformées à cause de la pression qu’il exerçait sur mes pommettes. Il me regarda tout souriant et je remarquai une forme d’admiration dans ses yeux.

    « Qu’est-ce qui est incroyable ? » dit Braley en se mettant presque entre l’homme pâle et moi, semblant exaspéré par son attitude adulatrice.

    Ce comportement me fit sourire. Je savais que ce qui fascinait autant Alexander était mes pouvoirs mais Braley, lui, semblait le voir autrement. En fantasmant un peu, je crus même à de la jalousie. Alexander retira ses mains de mes joues et je fis une grimace pour décontracter ma mâchoire. Il ne s’en rendait peut-être pas compte mais il avait une force impressionnante sous ses airs d’homme placide.

    « Vous avez déversé une telle source de magie que vous avez réussi à sortir de la quatrième dimension. » dit-il enthousiaste.

    « La quatrième dimension ? » demanda Braley.

    Aron nous rejoignit en disant :

    « La quatrième dimension est une sorte de monde irréel que nous avons créé. »

    « Un monde où beaucoup de personne savent comment y pénétrer mais dont seules les plus expérimentées savent en sortir. » rajouta Alexander en pointant son index vers le haut.

    « Et on l’a fait disparaître. » soufflai-je épatée.

    « C’est exactement ça, votre magie était si forte que vous nous avez fait revenir dans la réalité. »

    Braley

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