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La souffrance au travail dans la gendarmerie nationale
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La souffrance au travail dans la gendarmerie nationale
Livre électronique404 pages3 heures

La souffrance au travail dans la gendarmerie nationale

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À propos de ce livre électronique

L'ouvrage traite des risques psychosociaux dans la gendarmerie. À l'instar d'autres professions à risques, mais aussi de métiers, qui aujourd'hui, ont révélé des souffrances que personne n'imaginait, (France télécom, la Poste, etc…), la gendarmerie connait des problèmes dont la trentaine de suicides par année est le niveau émergeant. Mais plus qu'un « traité » de psychopathologie, cet ouvrage est le témoignage du vécu « policier » et « militaire » d'un gendarme. Fort d'un constat et riche d'expériences, l'ouvrage apporte des solutions de prévention et des prises en compte de la souffrance si particulière dans la gendarmerie. Il apporte des pistes, des ressources qui ne nécessitent pas de moyens conséquents, mais simplement une volonté d'aider ceux qui sont aujourd'hui « enfermés » dans leur détresse. Il ne s'agit pas d'un ouvrage critique ou polémique. Le métier de gendarme est passionnant, épanouissant mais il a des spécificités très particulières qui le différencie de toutes les autres professions : Son aspect militaire et policier, la vie en caserne (on travaille et on vit sur le même lieu), le port de la tenue jusque chez soi, le port de l'arme jusqu'au domicile, la discipline, le cérémonial, mais aussi la confrontation permanente à toutes les violences, la mort, la haine, les injures et toutes les souffrances de nos concitoyens. S'adressant en particulier aux gendarmes, aux policiers et aux militaires, il intéressera tous ceux qui exercent un métier lié à l'aide (psychologues, psychothérapeutes, médecins, etc…), mais aussi ceux qui simplement souhaitent connaître ce qu'est vraiment le métier de gendarme dans sa réalité souvent douloureuse et parfois cruelle. À priori, aucun ouvrage de ce type sur la gendarmerie n'a été édité.
LangueFrançais
Date de sortie30 nov. 2012
ISBN9782312005881
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    La souffrance au travail dans la gendarmerie nationale - Joël Allou

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    La souffrance au travail

    dans la gendarmerie

    nationale

    Joël Allou

    La souffrance au travail

    dans la gendarmerie

    nationale

    Les risques psychosociaux

    dans la gendarmerie nationale

    LES ÉDITIONS DU NET

    70, quai de Dion Bouton 92800 Puteaux

    Il est difficile au milieu du brouhaha

    de notre « civilisation »

    qui a le vide et le silence en horreur

    d’entendre la petite phrase qui, à elle seule,

    peut faire basculer une vie :

    « où cours-tu ? ».

    (Christiane Singer)

    © Les Éditions du Net, 2012

    ISBN : 978-2-312-00588-1

    Un grand merci à Bénédicte Uyttenhove, psychologue,

    directrice de l’école de psychologie clinique (E.P.C) d’Aix en Provence

    pour son soutien,

    sa patience,

    et son aide,

    à ma sœur pour ses conseils avisés,

    ma nièce Mylène pour les illustrations

    à tous mes camarades gendarmes pour leurs témoignages,

    à ceux auprès desquels je me suis enrichi au fil des rencontres

    et qui se reconnaitront,

    à ma famille,

    en particulier

    mon épouse et mes enfants pour leur soutien indéfectible.

    Préface

    La souffrance au travail dans le milieu de la gendarmerie nationale et, par extension, au sein des forces de polices, qu’elles soient nationales ou municipales, constitue une « nouveauté » dans le sens où la très grande majorité des citoyens n’entrevoient pas cette problématique.

    Pour la plupart, le gendarme est un être froid et distant, formé aux techniques d’interpellations et d’auditions et dont la dimension répressive laisse largement la place à la prévention, au secours ou à la protection des personnes en détresse.

    Toutefois, cette « force humaine » au service de nos concitoyens, dont l’origine remonte aux confins du moyen âge, n’a cessé de faire corps avec la nation française, en partageant les grandeurs et les servitudes de son peuple et en s’engageant pleinement vers la paix publique.

    Constituée aujourd’hui de près de cent mille personnes, la Gendarmerie Nationale occupe une place privilégiée dans le tissus sécuritaire et les événements médiatiques récents doivent nous inviter à réfléchir sur la personnalité de ces soldats qui oeuvrent au service de la Nation.

    L’ouvrage de JOËL ALLOU nous plonge dans les méandres psychologiques de ces hommes et femmes qui oeuvrent au quotidien, pour une meilleure sécurité publique et pour que nous puissions continuer à vivre en toute tranquillité.

    Destiné à faire prendre conscience des problématiques psychologiques qui existent au sein de l’institution gendarmique, l’auteur nous fait part de son expérience d’homme de terrain ayant gravi tous les échelons hiérarchiques, depuis le début de sa carrière comme jeune gendarme « mobile » jusqu’au statut d’officier. Cette plongée, en interne, par un gendarme qui parle de la gendarmerie, qui d’autre aurait pu le faire avec autant de conviction, de ferveur et de force ?

    Alors une question demeure :

    Qui sont ces hommes et ces femmes de loi, qui souvent, se sont engagés par honneur et fidélité en recherchant le dépassement de soi, l’abnégation voire l’esprit de sacrifice pour un idéal : celui de la sécurité et de la tranquillité publique ?

    Qui se cachent derrière ces quelques cent mille personnes qui subissent, dans leurs quotidiens, la violence, l’insatisfaction, le stress des opérations diverses et variées, depuis le « simple contrôle routier » jusque l’interpellation d’individus retranchés en passant par le secours aux personnes ?

    Comment réagissent-ils face aux frustrations liées à un métier exigeant et dont, quelques fois, souvent peut être, la reconnaissance de leurs pairs et par extension, de la Nation, n’est pas au rendez-vous ?

    JOËL ALLOU nous invite à réfléchir sur la dimension stressante d’un métier hors du commun et de ses conséquences psychopathologiques.

    Comment une personnalité névrotico-normale devra-t-elle gérer le fait d’auditionner le matin une femme victime de viol, puis, le midi, d’intervenir sur un accident mortel de la circulation routière et enfin, le soir, de partir en patrouille entre 22 heures et 02 heures au cours de laquelle elle risquera de faire, hypothétiquement, usage de son arme, c’est à dire d’ôter la vie à quelqu’un ?

           J’ai, à l’occasion de mes multiples réunions dans le cadre des formations dispensées par l’Association de Langue Française pour l’Étude du Stress et du Trauma, pu discuter avec un général de Gendarmerie qui m’indiqua que le stress n’existait pas au sein de l’institution gendarmique…

    Je n’ai osée abordée la problématique du suicide…

    À la lecture de l’ouvrage de JOËL ALLOU, nous pouvons avoir une autre vision du gendarme sur le terrain.

    En reprenant les travaux du père du Stress, Hans Selyé, qui nous indique que « le stress c’est la vie », force est de constater que nos gendarmes sont soumis, dans leurs quotidiens, aux pressions internes et externes de performances et de réussite et que le stress est particulièrement présent dans leurs missions quotidiennes.

    Cependant, la force de l’auteur est de nous démontrer que le stress n’est qu’une partie visible d’un iceberg dont les souffrances psychiques sont plus présentes mais peu verbalisées. La vérité est que le gendarme ne s’épanche pas, car conditionné tout au long de sa formation mais également au sein de ses différentes unités par le fait que le militaire ne se plaint pas.

    Cette façon de procéder, comme autant de mécanismes de défenses mis en place pour se protéger, laisse la place, au décours d’accidents de la vie comme des divorces, des séparations, des décès mais également des mutations imposées, des sanctions disciplinaires, des remontrances de la hiérarchie à des passages à l’acte auto-agressifs dont le suicide constitue l’ultime solution.

    La force de l’ouvrage de JOËL ALLOU est de nous démontrer que l’accentuation de stress quotidiens laisse souvent la place à des traumatismes psychiques avec, comme corolaire, l’usage de toxiques divers comme l’alcoolo-dépendance, voire la pharmaco-dépendance.

    La réalité d’un métier hors du commun laisse donc la place à des problématiques psychopathologiques hors du commun.

    Car la confrontation avec le réel de la mort, comme nous le dit FRANÇOIS LEBIGOT, ne laisse personne indemne. Les « débriefings » sont souvent réalisés, en interne, avec quelques fois le sentiment que le gendarme en a été quitte pour la peur alors que le trauma fera effraction dans sa structure psychique.

    Ainsi, même si l’événement potentiellement traumatique n’impliquera pas, de facto, trauma pour une personne et le gendarme n’en est pas exempté, JOEL ALLOU nous montre que la répétition des événements laisse souvent la place à des problématiques péri-traumatiques, comme le repli sur soi, la dépression, les arrêts de travail, les accès de colère qui peuvent conduire le gendarme traumatisé vers des sanctions disciplinaires, statutaires voire pénales ou civiles.

    Le corps médical aujourd’hui est très sensibilisé à ces états de faits et des psychologues ont été recruté par la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale pour faire face à ses problématiques. Cependant ce nombre reste, malheureusement, insuffisant.

    JOËL ALLOU propose donc la mise en place, à l’instar de ce qui peut exister en Suisse, au Canada ou aux États-Unis, de structures de débriefeurs spécialisés, gendarmes d’actives ou réservistes, placés sous l’autorité de psychologues cliniciens ou psychiatres et formés aux problématiques du stress et du trauma avec des connaissances évidentes en psychopathologie et dynamique de groupe.

    Un pompier américain, J. MITCHELL, a dès 1983 proposé une technique de débriefing adapté aux pompiers opérationnels quand leur propre vie a été mise en jeu et qu’ils ont échappé de peu à la mort ou quand ils ont été soumis à des stress psychologiques intenses du fait de circonstances particulières d’intervention.

    Cela existe ailleurs et la France doit pouvoir se doter d’un volume de personnes spécialisées pour pouvoir protéger ceux qui nous protègent.

    En résumé, l’ouvrage que nous propose JOËL ALLOU nous plonge de l’autre côté du miroir. Cette vision réaliste et pragmatique du métier de gendarme ne doit pas laisser la place à la crainte d’embrasser un métier noble et dont la Nation a besoin. Cependant c’est également de reconnaissance et de prise en compte des souffrances inhérentes à ce métier que l’auteur nous fait part.

    Plus de trente années passées au sein de l’institution gendarmique laisse toute la légitimité à son auteur. C’est un gendarme qui parle de la gendarmerie et il nous l’expose de bien belle manière.

    Bénédicte UYTTENHOVE

    Directrice École de Psychologie Clinique

    Analyse jungienne

    Membre Titulaire du SNPPsy

    Avant-Propos

    Soumis à des rythmes effroyables, les ouvriers de la révolution industrielle, faiblement payés et socialement méprisés, travaillaient sans possibilité de se défendre, ni de s’exprimer.

    Des grandes révoltes ont marqué le début du 20ème siècle et ont permis au fil du temps, l’avènement de lois, de règlements, censés améliorer les conditions de travail.

    Pour autant, la souffrance au travail existe toujours et elle s’est même renforcée d’une manière différente et plus sournoise, plus psychique que physique.

    Face à une pression sociale élevée, aux risques de chômage, à la compétitivité exacerbée (objectifs à atteindre, performance) à la précarité des emplois, chaque année, des ouvriers, des employés, des cadres se suicident sur leur lieu d’emploi.

    Ainsi, encore récemment, en 2011, un employé de France-Télécom, âgé de 57 ans, se suicidait devant son entreprise vers Toulouse, en s’immolant.

    Triste destin, d’un homme qui n’avait plus d’autre issue que la mort pour faire cesser son mal de vivre.

    La souffrance au travail n’épargne personne, et a une incidence indéniable sur le suicide qui tue chaque année environ 10000 personnes en France.

    Elle touche tous les milieux socio-professionnels.

    Ce qui distingue la souffrance en milieu policier et donc dans la gendarmerie se sont des particularités qui lui sont propres et qui rendent plus difficile sa prise en compte psychopathologique.

    Le but de cet ouvrage est de rassembler certaines études et statistiques, d’étudier la spécificité de la souffrance au travail dans la gendarmerie et d’émettre quelques pistes qui seraient susceptibles d’améliorer une situation préoccupante.

    Introduction

    Je suis né à Drancy en Seine-St-Denis.

    Mon père était gendarme à l’escadron de gendarmerie mobile, et maman mère au foyer.

    Papa a perdu sa mère alors qu’il était adolescent. Son père était resté seul avec ses 8 enfants avant de se remarier plus tard.

    Durant la guerre, encore jeune, mon père a été prisonnier par les allemands à deux reprises vers Dijon et s’est évadé à chaque fois, pour rejoindre finalement le réseau de résistance Buckmaster dans le groupe Henri Bourgogne (Henri Camps) en côte d’or.

    Combattant de l’ombre, puis enrôlé dans le régiment des volontaires de l’Yonne régiment regroupé ensuite au sein de la 1er armée placée sous les ordres du Général De Lattre de Tassigny, il s’est battu jusqu’à la libération.

    Arrivé en Allemagne, il a été démobilisé à la fin de la guerre.

    De retour, dans un pays ravagé par les combats, il était difficile de trouver du travail et il a passé plusieurs concours, pour finalement choisir (est-ce vraiment un choix) de devenir gendarme.

    À l’escadron de Pont-Yblon au Blanc-Mesnil (93) ou il est affecté à l’issue de son stage à Romans sur Isère, il rencontre sa femme qui vit seule avec sa mère et son frère. Son père s’est tué en 1945 dans un accident de moto. Il était lui aussi gendarme.

    Ces deux blessés de la vie se marient en 1947.

    J’ai un grand-frère de 12 ans mon aîné et une petite sœur de 4 ans ma cadette, c’est avec elle que j’ai grandi.

    Mon enfance est insouciante. Je n’ai manqué de rien matériellement, mes parents veillant à ce que nous soyons heureux.

    J’ai surtout souffert en étant petit de l’absence de mon père, d’une forme d’abandon, parce-qu’il était en Algérie, puis ensuite en raison de divers déplacements et en 1968 à cause de problèmes de santé graves qui ont nécessité une longue hospitalisation ; mais aussi de l’angoisse de ma mère véritable pilier de la famille.

    Passionné par la lecture, les romans de Jules Verne ont bercé mes rêves, surtout 20000 lieues sous les mers, les enfants du Capitaine Grant et l’Ile mystérieuse. (Ouvrages que je relis chaque année avec bonheur)

    Ce capitaine Nemo combattant l’injustice, ceux qui avait massacré son peuple, son épouse et ses enfants, m’inspirait beaucoup d’admiration, et les naufragés de l’ile mystérieuse construisant au fil du temps un lieu idyllique, luttant contre les éléments, dominant la nature, fidèles en amitié, respectueux des uns et des autres, étaient pour moi un idéal, une idéalisation de vie et un véritable exemple.

    Probablement est-ce là que se forge déjà ma destinée, construite sur des valeurs assez rigides, mais que je ne renie aucunement parce qu’elles font ce que je suis aujourd’hui, heureusement dans leurs aspects positifs.

    Mon adolescence est beaucoup plus chaotique.

    N’aimant pas l’école, toujours plongé dans mes rêves, cherchant désespérément le beau, l’amitié fidèle, passionné par la nature, idéalisant le respect dans une région parisienne déjà violente. Il a fallut se protéger et renforcer, voire forcer ma personnalité pour grandir en harmonie avec les autres, devenant ainsi excessif dans mes comportements et mes actes.

    J’étais admiratif à cette époque de mon oncle Michel, un frère de mon père, qui vivait une vie de bohème, commerçant sur les marchés, pratiquant la pêche,déjà à l’époque la nuit en douce, et campant pour les vacances avec ses enfants au bord de l’eau.

    Mais, cette vie là, évidemment n’était pas sérieuse, en tout cas, le petit senseur de mon éducation me le rappelait constamment en particulier par l’intermédiaire de maman qui s’inquiétait de mon absence de sérieux.

    (à la recherche d’un idéal que tu ne trouveras jamais ! disait-elle).

    A 17 ans, travaillant comme manœuvre, je ne voyais pas de réelles perspectives pour mon avenir et mes rêves étaient bien utopiques, en tout cas, non conforme avec mon éducation.

    Cette éducation se résumait en deux points principaux :

    « Il faut travailler et fonder une famille ».

    J’ai donc à 18 ans, décidé de devenir gendarme suivant ainsi la trace de mon père, entrant dans « le moule inconscient » de mon destin… …

    J’ai débuté ma carrière en décembre 1979. À cette époque, ou le service militaire existait encore, j’ai « devancé l’appel » c’est à dire que je suis parti plus tôt que l’âge prévu, à 18 ans et 5 mois.

    Après 2 mois de « classes » à Auxerre, j’ai intégré la gendarmerie maritime à l’Ile Longue, base des sous-marins nucléaire français sur la presqu’ile de Crozon en Bretagne, et ce pendant 12 mois.

    Puis j’ai décidé de poursuivre dans la gendarmerie et à l’issue des 6 mois de formation à l’école de gendarmerie de Maisons-Alfort, j’ai été affecté à l’escadron de gendarmerie mobile d’Annecy où j’ai servi durant 4 années et demi, et connu une période difficile pendant un séjour au Liban en 1985 avec un choc post-traumatique important.

    Je me suis marié en 1983 avec mon épouse Cécile, qui partage toujours ma vie. Nous avons eu trois enfants, une fille et deux garçons.

    À l’issue de la gendarmerie mobile, j’ai servi en gendarmerie départementale à la brigade de Scionzier (74) pendant 3 années et demie, et j’ai rejoint en 1989 la brigade des recherches de Bonneville où je suis resté 8 années.

    Durant cette période j’ai été confronté à de multiples reprises à des morts violentes (homicides, assassinats), à des agressions, et assisté de nombreuses fois à des autopsies en tant que technicien en investigations criminelles.

    Au grade d’adjudant en 1997, j’ai été affecté au commandement de la brigade de Divonne les Bains, puis en 2003 à la communauté de brigades de Marignier où j’ai passé le concours de major et où j’ai été promu lieutenant.

    Le 1er janvier 2010, j’ai été muté à la compagnie de gendarmerie de Gex comme commandant en second et je suis passé capitaine en août de cette même année.

    Au 31 août 2011 après 31 années et 9 mois dans la gendarmerie, j’ai demandé ma retraite anticipée, par choix et pour donner un nouveau sens à mon existence.

    Je n’ai pas quitté ce métier aigri, ou déçu, mais pour profiter de la vie et, si possible, faire profiter de mon expérience ceux que je souhaite aider dans leur souffrance. J’aspire à me réaliser, être (enfin) en harmonie avec moi-même (tout au moins essayer), profiter de mes proches et de ceux que j’aime.

    Mon métier me permet ce choix et c’est une chance.

    Durant toutes ces années, j’ai connu des moments de joie, d’intenses moments de camaraderie, mais aussi des moments de souffrance que je n’ai pas pu verbaliser parce que, pendant longtemps, ça ne se faisait pas. Nous étions militaires donc probablement insensibles aux émotions, il ne fallait pas être faible…

    À force de mettre en place des mécanismes de défense, de résister, à force de lutter, de tenter d’être toujours au niveau qu’on attendait de moi (du moi je le croyais), à force de m’oublier et d’oublier ceux que j’aime pour mon métier je me suis effondré en juin 2008.

    J’ai fait ce qu’on appelle un burnout, un syndrome d’épuisement professionnel.

    Cette épreuve, qui aurait pu me détruire, (j’ai souvent pensé à la mort de façon précise, restant plusieurs minutes avec mon arme de service dans les mains) m’a sauvé, parce qu’elle

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