Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

L' APRES-PAYS: prix Walt Whitman 2016
L' APRES-PAYS: prix Walt Whitman 2016
L' APRES-PAYS: prix Walt Whitman 2016
Livre électronique116 pages36 minutes

L' APRES-PAYS: prix Walt Whitman 2016

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

L’après-pays revient sur les traces des Hmong du Laos à travers l’histoire d’une famille de réfugiés. Mai Der Vang lève le voile sur la guerre et ses atrocités. Sa poésie résonne avec les chants chamaniques des ancêtres.

Point de vue de l'autrice
Je n’ai trouvé le titre L’après-pays qu’à la toute fin. J’écrivais toutes ces images, toutes ces descriptions de paysages, et tous ces endroits oubliés, ces lieux de désolation, cette terre tombée en ruine. J’explorais l’idée de l’après-pays dans ses multiples visages. L’après-pays du réfugié qui a dû quitter sa terre natale, et ce qui reste de cette terre. Il y a une sorte d’après-pays propre à ces terres qui ont vécu la guerre. Et il y a bien sûr l’après-pays de l’esprit.
LangueFrançais
Date de sortie31 mai 2021
ISBN9782897127800
L' APRES-PAYS: prix Walt Whitman 2016
Auteur

Mai Der Vang

Née et élevée à Fresno, en Californie, Mai Der Vang est poète et professeure en création littéraire. Afterland (L’après-pays), son premier livre, lui a valu le prix Walt Whitman en 2016.

Auteurs associés

Lié à L' APRES-PAYS

Livres électroniques liés

Poésie pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur L' APRES-PAYS

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    L' APRES-PAYS - Mai Der Vang

    souffrance.

    Cher combattant de la Guerre secrète,

    Laos, 1975

    Tu as déjà senti la main américaine

    exhalant un souffle

    qui attisait les flammes.

    Maintenant, ils ont mis fin à la guerre.

    Les Américains sont rentrés chez eux.

    Ton village hmong est un cimetière.

    Penses-tu à ta femme, disparue,

    comment les Pathet Lao l’ont traînée,

    nue, en sang, en cris, par ses cheveux noirs,

    au creux des ombres de la forêt.

    Ou à la tête de ton fils dans un mortier

    à riz, réduite en miettes de coquille.

    Et à ton frère, le cadet

    qui t’a suivi au combat.

    Tout était scalpel le jour où ils vous ont capturés

    tous les deux. Ils ont tranché

    et fait bouillir sa langue,

    et l’ont enfoncée dans ta gorge.

    Songes-tu à l’Américain qui retourne

    à sa tasse de café,

    à des draps neufs

    dans un lit chaud,

    qui se gare dans son entrée.

    Désolé pour tes montagnes,

    disent-ils,        voici les dernières

    munitions,

    quelques caisses remplies de grenades.

    L’imagines-tu en train de lire

    son journal du matin,

    de regarder le bulletin de nouvelles de fin de soirée.

    Peut-être serres-tu fort ton fusil,

    sangles-tu tes élégies

    dans ton dos,

    comme tu le ferais d’un nouveau-né.

    Tu attendras

    pendant des heures, treillis en loques

    les autres, abandonnés,

    envahissant la piste en terre battue,

    se bousculant devant la porte verrouillée

    de l’avion

    parmi les éparses chaussures,

    chemises, blouses, valises

    jetées dehors.

    Quelle complainte de douleur fait éruption

    quand tu vois le dernier avion

    américain décoller,

    loin au-dessus de Long Cheng.

    Avec quelle force te prend-elle aux tripes,

    cette supplication à un dieu, un ancêtre

    ou un dirigeant inventé :

    nos morts par milliers de votre côté

    pourquoi n’autorisez-vous pas

    un autre avion.

    Lumière de citadelle en flammes

    Jadis cette région montagneuse nous voyait naître.

    Jadis

    nous étions les enfants de rois.

    Aujourd’hui je suis un palissandre siamois

    en flammes.

    Je suis la peau d’un rideau qui s’affaisse.

    Je suis un os de trou de balle.

    Je suis enfermée dans le four à cendres d’une forêt.

    Peb yog et nous serons.

    Le ciel dort, édredonné d’une milice d’étoiles.

    Quelqu’un a plié

    un millier de billets funéraires

    d’or et d’argent en bateaux miniatures.

    Peb yog

    hmoob et nous serons.

    Je suis affamée comme le mendiant qui a ouvert

    une noix de coco et y a trouvé le cœur d’un gaur sauvage.

    Hmoob et nous

    serons.

    L’arbre est plus ancien

    que sa terre natale,

    s’y écoule sa citrine annuelle

    comme du miel qui s’égoutte d’un sablier.

    Peb yeej ib txwm yog

    hmoob.

    Je creuse et creuse racines jusqu’à n’en plus trouver.

    Soldat je persévère, jambes coupées,

    oreille tranchée.

    Je suis devenue l’air strident

    dans un fût de bambou ; le souffle

    d’une armée de cloches.

    Nos larmes oscillant comme un pendule de sel

    Tu dois emprunter la route occultée

    Pour trouver ton chemin

    Hors de ces boisés amers.

    J’emprunterai une autre route.

    Fini le temps où nos doigts berges

    Se reposaient dans l’eau laiteuse.

       Traçons-nous

    Chacun un chemin

    Jusqu’à ce que nous trouvions

    La galerie empoussiérée de nos

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1