Apocalypse régressive
Caricaturons: il existe deux sortes de lectures d'été. Celles, sérieuses et souvent reportées - lire tout , puisque l'on a enfin du temps à perdre. Et celles, légères et compatibles avec l'usage du, parue en 1987 dans le monde anglophone, inédite chez nous, serait devenue mon roman préféré si je l'avais découverte à l'été de mes 15 ans: non seulement elle est l'œuvre d'un prodigieux conteur, mais tous les ingrédients qui font le sel des fictions apocalyptiques s'y retrouvent à l'état brut. La narration chorale, les scènes dantesques montrant le feu nucléaire s'abattant sur de simples quidams, la lutte contre le bien et le mal menée par ces mêmes quidams devenant peu à peu des figures quasi bibliques (Swan, la petite orpheline capable de faire reverdir les sols supposés morts, Josh, le catcheur qui a juré de la protéger, Sister, l'ex-clocharde tombée en possession d'un objet magique, qui s'affrontent au diable en personne et à des fous de guerre disposés à le suivre)… S'y mêlent de belles inventions personnelles - dans le tome 2, ces nodules qui enserrent comme des casques les têtes des irradiés, ou cette montagne de dieu en haut de laquelle tout se termine. Et très vite, on se laisse aller au plaisir de retomber en adolescence, et de suivre ces schémas narratifs même si on se doute bien de leur destination. C'est que l'écriture de McCammon dépasse souvent ce que l'on attend de ce genre de récit et qu'en littérature comme en amour il suffit de trouver les bons mots pour que ce qui paraît redite nous semble une autre première fois…