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Nouvelles ardennaises thanatotractrices: Nouvelles
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Livre électronique107 pages1 heure

Nouvelles ardennaises thanatotractrices: Nouvelles

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À propos de ce livre électronique

Légendes contemporaines.

Un arbre vengeur, les dernières minutes de vie d’un as de l’aviation, une dédicace catastrophique, un crime inavoué, le pacte méphistophélique d’une aïeule, des mains guérisseuses, un crâne qui bouge et une fillette terrorisée... La vallée de la Meuse ou de la Semoy, univille, le Sedanais et l’Argonne sont les décors où l’auteur a boulonné ces étranges récits, comme des légendes contemporaines.

Découvrez un recueil de récits étranges et plongez dans de nombreux décors différents.

EXTRAIT

Je sors de l’église de Mohon et inspire une grande goulée d’air. J’en ai besoin après la sensation d’avoir subi la cérémonie en apnée. L’odeur de cire, d’encens et de cierges éteints, mélangée aux relents de sueur, pas assez couverte par le parfum bon marché des grenouilles, remontant l’allée centrale à petits pas clapotant comme l’eau croupie et sacrée du bénitier m’a donné la nausée. À moins que ce soit la peur de la mort, tout simplement, qui m’effleure de son doigt décharné…
Je prends place à côté de ma mère et serre la main de gens que je ne connais pas. Elle s’arrange pour les appeler par leur nom ce qui m’aide un peu à situer les liens qu’ils entretenaient avec mon père. Je l’ai parfois entendu parler d’eux. Elle m’a toujours dit de ne rien accepter venant d’inconnus… Qu’il en soit ainsi. Je ne veux pas de leur pitié et me réfugie derrière un blindage, froid et indifférent à leur compassion, sincère ou surfaite. Le dernier de la file, cheveux gris plaqués au-dessus d’un visage inconnu m’écrase les métacarpiens, et s’éloigne sans se retourner. Ma mère ne pleure plus et hausse les épaules en grimaçant, signe qu’elle ignore aussi qui il est. Elle me prend le bras, m’incite à avancer vers le parvis en me félicitant pour le petit texte que j’ai eu beaucoup de mal à lire devant l’assemblée de fidèles. J’y ai évoqué mes souvenirs d’enfance, ce que mon père représentait pour moi, ma ressemblance…
— Tu as la même voix que lui et les mêmes expressions, affirme-t-elle. Et plus les années passent, pire c’est.
— Oui, je sais ! Surtout quand je grimaçais en me rasant le matin… C’est bien pour ça que je garde la barbe.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Thierry Dufrenne : Je suis né à Montcy-Notre-Dame, j’ai grandi à Mohon et habité Charleville. Avant de quitter cette ville, j’ai empoché des graines avec l’envie de faire pousser ces courtes histoires. Elles ont germé en donnant de bien tortueux plants. Leur écriture a débuté sans qu’elles soient géographiquement situées dans les lieux où j’avais volé la semence. Puis, j’ai estimé que ce qui appartenait aux Ardennes devait revenir aux Ardennes, dans la terre de mes anciennes racines, avec nostalgie très souvent.
LangueFrançais
ÉditeurEx Aequo
Date de sortie1 juin 2018
ISBN9782378734015
Nouvelles ardennaises thanatotractrices: Nouvelles

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    Aperçu du livre

    Nouvelles ardennaises thanatotractrices - Thierry Dufrenne

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    Table des matières

    Résumé

    Les thanatotractrices ardennaises

    Le Mal-Hêtre

    Nouvelle lune

    L’ange ardennais

    Premier croissant

    Dédicasse

    Gibbeuse

    La malle de tous les diables

    Pleine lune

    La Mariette

    Dernier quartier

    De la terre sous les ongles

    Nouvelle lune

    Avis aux lecteurs

    Notes :

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    Résumé

    Un arbre vengeur, les dernières minutes de vie d’un as de l’aviation, une dédicace catastrophique, un crime inavoué, le pacte méphistophélique d’une aïeule, des mains guérisseuses, un crâne qui bouge et une fillette terrorisée... La vallée de la Meuse ou de la Semoy, univille, le Sedanais et l’Argonne sont les décors où l’auteur a boulonné ces étranges récits, comme des légendes contemporaines.

    L’auteur : Je suis né à Montcy-Notre-Dame, j’ai grandi à Mohon et habité Charleville. Avant de quitter cette ville, j’ai empoché des graines avec l’envie de faire pousser ces courtes histoires. Elles ont germé en donnant de bien tortueux plants. Leur écriture a débuté sans qu’elles soient géographiquement situées dans les lieux où j’avais volé la semence. Puis, j’ai estimé que ce qui appartenait aux Ardennes devait revenir aux Ardennes, dans la terre de mes anciennes racines, avec nostalgie très souvent.

    Thierry Dufrenne

    Nouvelles ardennaises thanatotractrices

    Nouvelles

    ISBN : 978-2-37-873-401-5

    Collection Atlantéïs : 2265-2728

    Dépôt légal mai 2018

    © couverture Ex Aequo

    © 2018 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de

    traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.

    Toute modification interdite.

    Éditions Ex Aequo

    6 rue des Sybilles

    88370 Plombières les bains

    www.editions-exaequo.fr

    Les thanatotractrices ardennaises

    Je suis né à Montcy-Notre-Dame, j’ai grandi à Mohon et habité Charleville. Avant de quitter cette ville, j’ai empoché des graines avec l’envie de faire pousser ces courtes histoires. Elles ont germé en donnant de bien tortueux plants. Leur écriture a débuté sans qu’elles soient géographiquement situées dans les lieux où j’avais volé la semence. Puis, j’ai estimé que ce qui appartenait aux Ardennes devait revenir aux Ardennes, dans la terre de mes anciennes racines, avec nostalgie très souvent.

    Enfin, la vérité s’est mêlée à la fiction{1}, car il m’est ennuyeux de décrire la vie et les problèmes de mes congénères dans leur cuisine, ou ailleurs, sans y ajouter des épices ou les passer eux-mêmes à la casserole. Pour qu’un récit prenne, il faut augmenter la température, faire mijoter, saupoudrer des levures, du piment, afin que d’un mot à un autre, le lecteur franchisse une frontière vers l’imaginaire, l’étrange, l’invisible, sans trop de douleur, si possible avec plaisir. Parfois, j’ai laissé le Diable s’occuper lui-même de la friture…

    Donc, ne comptez pas sur moi pour vous décrire la beauté du vieux massif, ni ses admirables forêts, la rudesse du climat, et encore moins l’odeur des galettes au sucre ou de la salade au lard. Pour tout ceci, il y a des professionnels. Enfilez un gros pull, passez chez votre boulanger, puis le charcutier. Vous trouverez sans peine des recettes et de beaux livres qui vous aideront pour le reste.

    Tournez la page et je vous emmène vers d’autres gourmandises, avec Thanatos au programme.

    Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire. Fils de Nyx (la nuit), frère d’Hypnos (le sommeil), de Moros (la fatalité) et des Kères (certaines Furies), il est le dieu de la mort chez les Grecs. Mais, comme les divinités n’ont pas pour habitude de rester en place sur leur territoire, il se pourrait bien que Thanatos soit venu faire un tour dans les Ardennes. Pour Freud, les thanatos sont des pulsions de mort, visant à réduire les tensions pour ramener l’être vivant à un état inorganique proche du repos absolu… Je n’ai vraiment compris que les premiers et les derniers mots de sa phrase, ils me suffiront pour mes nouvelles. Le féminin, thanatose, désigne le simulacre de mort de certains animaux consistant à se raidir et rester immobiles, allant parfois jusqu’à expulser un liquide nauséabond, pour décourager les prédateurs qui ne se nourrissent pas de cadavres… Le subterfuge ne marche pas toujours. Bon appétit !

    Passons à la tractrice. C’est une courbe, que Newton et Huygens ont étudiée. Elle est la ligne incurvée suivie par un bateau, tiré par des chevaux sur un chemin de halage. Un autre exemple, plus approprié, est le tracé que laisserait une montre à gousset posée sur une table et dont on ferait glisser l’extrémité de la chaîne parallèlement au bord de celle-ci. Inexorablement, le boîtier va se rapprocher du vide, vite au début, puis plus lentement. Le cadran ira-t-il se fracasser au sol ? En théorie, il faudrait un plateau d’une infinie longueur pour que l’objet tiré atteigne un point d’équilibre parfait. Une force infime suffirait alors à le faire basculer (une goutte de pluie, la brise, le poids d’une plume, une vibration…) ou à le laisser intact sur le bord. S’il tombe sans explication, arrivent ensuite les convictions, les superstitions, le souffle de Dieu, la flamme d’un démon, l’attraction du néant.

    Il faut se méfier des tractrices, entre courbes et fourbes, il n’y a qu’une lettre de différence. Les formules sont compliquées, nourries de logarithmes et de racines qui s’enfoncent dans le sol à la recherche des Enfers. Les courbes, ce sont les seins d’Ève, la rondeur de la pomme, l’arc de Cupidon, la sinuosité du serpent, une inflexion entre deux univers parallèles.

    Regardez autour de vous, souvenez-vous. Comptez ces situations, ces objets, ces sentiments, qui furent capables, qui peuvent encore, vous attirer vers la mort, vous pousser vers la Faucheuse plus rapidement qu’en suivant les pointillés de votre propre courbe, celle que nous possédons tous. Vous l’avez échappé belle ? Plusieurs fois dans votre vie ? Chacune de ces forces est un vecteur thanatotracteur, tangent au tracé. En mathématique, le vecteur s’écrit avec une flèche au-dessus de son nom. Sa longueur détermine sa puissance, sa facilité à percer une armure, sa précision, sa résistance aux vents.

    Mes personnages n’ont pas tous eu votre chance… Promenez-vous avec eux jusqu’à un point d’équilibre, celui où vous pourriez basculer. Funambule à mi-chemin sur un fil, il ne serait alors pas prudent de vous retourner

    Le Mal-Hêtre

    Je m’appelle Jean, les villageois aux alentours m’ont surnommé « l’Ermite ».

    Je vis seul dans ma cabane sous un bosquet d’arbres, séparé de la forêt par une route autrefois goudronnée, comme un Robinson qui verrait revenir un éternel jeudi, sans jamais parvenir au vendredi.

    « Cabane » et « Ermite » sont très exagérés. J’ai des amis et de la famille dans les villages de Sommauthe, Belval, Vaux en Dieulet, l’électricité, l’eau courante, le téléphone et la télévision.

    Je ne manque de rien. Avant de prendre cette retraite champêtre, j’ai fait prospérer mon entreprise de papeterie. J’ai amassé de quoi vivre confortablement le reste de mes jours en fabriquant et en vendant des cahiers de brouillon, des centaines puis des millions de cahiers de brouillon… Des feuilles de papier blanchâtre de mauvaise qualité, aux lignes baveuses qui se remplissaient avec l’encre de milliers d’écoliers.

    J’ai pris Boileau à contre-pied : ce qui ne se conçoit pas bien s’énonce malproprement et les mots pour le dire vous viennent difficilement… Griffonnez, barbouillez, composez, grattez, crayonnez, gribouillez, tartinez, esquissez, croquez ! Le cahier d’essai a un avenir certain. Le brouillon, c’est le papier hygiénique de l’âme.

    J’ai transformé des milliers d’arbres en pâte avant de revendre ma fabrique à un groupe industriel international.

    J’ai une

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