L' Asie du Sud-Est contemporaine
Par Barthélémy Courmont et Éric Mottet
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À propos de ce livre électronique
Le présent ouvrage brosse un tableau des différentes dynamiques de l’Asie du Sud-Est. Sans être exhaustif, ce portrait prend appui sur les trajectoires suivies depuis un demi-siècle et fournit des clés de compréhension des problématiques actuelles. Il consiste en une analyse pluridisciplinaire de l’Asie du Sud-Est contemporaine dans sa globalité. Si chaque thème abordé offre l’occasion de se pencher plus particulièrement sur un des pays de la zone (car d’importantes disparités subsistent parfois entre les pays), c’est l’approche régionale et transversale qui reste privilégiée, afin de mettre en relief les réalités qui sont celles de l’Asie du Sud-Est.
Cet ouvrage s’adresse aussi bien aux chercheurs et aux étudiants qu’aux journalistes, ainsi qu’à toute personne curieuse de découvrir l’Asie du Sud-Est d’aujourd’hui.
Barthélémy Courmont est maître de conférences à l’Université catholique de Lille, où il est responsable du master d’histoire – relations internationales, et directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques, où il s’occupe du pôle Asie-Pacifique. Il est corédacteur en chef d’Asia Focus.
Éric Mottet est professeur de géopolitique au Département de géographie de l’Université du Québec à Montréal, codirecteur de l’Observatoire de l’Asie de l’Est, directeur adjoint du Conseil québécois d’études géopolitiques ainsi que chercheur associé à l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine.
Barthélémy Courmont
Barthélémy Courmont est maître de conférences à l’Université catholique de Lille, où il est responsable du master d’histoire – relations internationales, et directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques, où il s’occupe du pôle Asie-Pacifique. Il est corédacteur en chef d’Asia Focus.
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Aperçu du livre
L' Asie du Sud-Est contemporaine - Barthélémy Courmont
Sud-Est.
LISTE DES ENCADRÉS,
DES FIGURES ET DES TABLEAUX
LISTE DES SIGLES
INTRODUCTION
Les dynamiques de l’Asie du Sud-Est¹ – démographique, économique, sociale ou encore (géo)politique – attirent l’attention sur la place grandissante de cette région, longtemps perçue comme un « coin du monde » sur la scène internationale. Tandis que l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) a récemment célébré ses 50 ans (2017), et représente, avec dix États membres, la quasi-intégralité de la zone géographique (Timor-Leste exclu), et tandis que les synergies avec les grandes puissances asiatiques – Chine, Japon, Corée du Sud, Inde et, dans une certaine mesure, Taïwan – ont fortement crû au cours des deux dernières décennies, l’Asie du Sud-Est reste cependant peu étudiée et mal maîtrisée. Car, au-delà de l’attractivité de l’ASEAN pour les puissances asiatiques, c’est le monde entier qui ne reste plus aujourd’hui indifférent aux développements d’une région dont l’importance ne fera que croître dans les prochaines décennies.
Alors que les organisations régionales intègrent généralement des pays plus ou moins homogènes dans les domaines géographiques, politiques, culturels et économiques, ce n’est pas le cas de l’Asie du Sud-Est, qui est un concept géographique mis au point par l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale². L’Asie du Sud-Est est, sur plusieurs plans, partagée en deux sous-groupes. L’un qui s’attache au continent et qui en porte les marques (entre Chine et Inde), l’autre qui s’en éloigne, qui s’éparpille dans le domaine maritime. D’une part, le sous-groupe continental (Cambodge, Laos, Myanmar, Thaïlande et Vietnam) est peuplé par des ethnies issues de la Chine alors que l’Inde a influencé la religion dominante (bouddhisme) ainsi que les organisations politiques à l’exception du Vietnam, gouverné par la Chine jusqu’au Xe siècle. D’autre part, le sous-groupe de l’archipel (Brunei, Malaisie, Indonésie et Philippines) appartient au monde malais peuplé par des ethnies venant du Pacifique et influencé par la culture indienne. Traditionnellement hindouistes, les commerçants indiens y ont introduit l’islam à partir du XVe siècle pour en faire la religion dominante, sauf aux Philippines, qui restent très majoritairement catholiques.
À partir du XVIe siècle, les pays d’Asie du Sud-Est ont été progressivement absorbés par les grandes puissances européennes. Après les Portugais (Timor), les Néerlandais (Indonésie) et les Espagnols (Philippines), les Britanniques arrivent en Birmanie et en Malaisie à la fin du XVIIIe siècle, en 1819 à Singapour (comptoir de la East India Company), suivis, dans la seconde moitié du XIXe siècle, par les Français en Indochine (Cambodge, Laos et Vietnam). Occupant un espace pivot entre les colonies britanniques et françaises, le Siam (Thaïlande) a maintenu son indépendance grâce à un subtil jeu diplomatique d’équilibrage des forces (Chaponnière et Lautier, 2016).
Ces transformations ont modifié la géographie des flux commerciaux régionaux. Historiquement, la Chine et l’Inde contrôlaient les routes commerciales maritimes (et également terrestres à travers un réseau de routes caravanières) sillonnant l’Asie du Sud-Est ; leur importance a diminué progressivement avec le temps et la réorientation des flux commerciaux en direction de l’Europe, ce qui a eu pour résultat de renforcer considérablement le rôle et l’importance de Singapour, cité-État (740 km²) occupant une position de contrôle et de commandement des routes maritimes entre l’Europe, l’Inde et la Chine (De Koninck, 2006). À la fin du XIXe siècle, le Japon a intensifié ses liens avec l’Asie du Sud-Est, à travers les échanges commerciaux intraasiatiques (Inde, Asie du Sud-Est, Asie du Nord-Est).
L’Asie du Sud-Est constitue également un ensemble géographique et politique de plus en plus stratégique. À ce titre, plusieurs puissances tentent de renforcer leur présence dans cette région. Que ce soit par le multilatéralisme de l’ASEAN ou par des discussions bilatérales, les pays de l’Asie du Sud-Est n’ont jamais eu autant de choix pour établir leurs partenaires stratégiques. Ces choix ont des conséquences sur l’ordre international autant dans sa dimension sécuritaire, comme les tensions en mer de Chine méridionale, que dans sa dimension économique, comme la concurrence au sein de la constitution des grands accords multilatéraux. Également, ces choix stratégiques ont des incidences sur les politiques de développement propres à chaque pays et ses populations. Avec plusieurs centaines de millions d’habitants et des diasporas établies aux quatre coins du monde, le Sud-Est asiatique devient un acteur international de plus en plus incontournable.
Enfin, l’Asie du Sud-Est, par ses contrastes économiques et sociaux singuliers, voire ses déséquilibres, voit se multiplier les défis liés à l’intégration, à la lutte contre la pauvreté, ou encore au développement des infrastructures, tandis que certains États de la région sont particulièrement performants. Les écarts grandissants entre les sociétés d’Asie du Sud-Est invitent à un traitement de ces enjeux économiques et sociaux par les structures transnationales, mais interpellent dans le même temps sur les différences d’appréciation et de réponses apportées par les gouvernements des pays de l’ASEAN. À ces questions viennent s’ajouter les enjeux liés aux catastrophes naturelles et à la gestion des questions environnementales, qui offrent là encore des décalages parfois considérables.
L’objectif de cet ouvrage est de dresser un état des lieux des différentes dynamiques en Asie du Sud-Est, sans être exhaustif, en prenant appui sur les trajectoires suivies depuis un demi-siècle et en apportant des clés de compréhension des enjeux actuels. Il s’agit donc d’une analyse de l’Asie du Sud-Est contemporaine, dans sa globalité, et de manière pluridisciplinaire. Si chaque problématique ou thème abordé offre l’occasion de se pencher plus précisément sur un des pays de la zone, comme une étude de cas, c’est l’approche régionale et transversale qui reste privilégiée, afin de mettre en relief les réalités qui sont celles de l’ASEAN, en dépit des différences parfois importantes qui subsistent entre ses États membres.
1 Précisons que, dans ce livre, nous entendrons par Asie du Sud-Est les dix pays de l’ASEAN (Association des nations d’Asie du Sud-Est [ANASE] ou ASEAN en anglais) – Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam – ainsi que le Timor-Leste.
2 En 1943, la Conférence anglo-américaine de Québec a décidé de créer un commandement unifié appelé South-East Asia Command ou SEAC.
1
CHAPITRE
L’Asie du Sud-Est : entre intégration et désintégration
Fondée en 1967, l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) regroupe désormais dix États dans la région (le Timor-Leste pourrait prochainement devenir le onzième membre) et près de 10 % de la population mondiale. Il s’agit d’un projet ambitieux qui n’a pas vocation à se réduire aux échanges économiques et commerciaux, mais à implanter durablement la stabilité en Asie du Sud-Est.
Sa vocation première et officielle était de devenir une organisation culturelle, politique et économique. Lors de la déclaration de fondation de l’association, les pays fondateurs avaient officiellement pour objectif de mettre au point un cadre et un mécanisme de coopération régionale. Les trois premiers objectifs de l’ASEAN furent ainsi définis comme suit :
Accélérer la croissance économique, le progrès social et le développement culturel de la région par des efforts conjoints menés dans un esprit d’égalité et de partenariat, afin de raffermir les fondations d’une communauté de nations d’Asie du Sud-Est prospère et pacifique ;
Promouvoir la paix et la stabilité dans la région par le respect de la justice et de la règle de loi dans les relations entre les pays de la région et en adhérant aux principes de la charte des Nations unies ;
Promouvoir une collaboration active et une assistance mutuelle sur les sujets d’intérêts communs dans les domaines économique, social, culturel, technique, scientifique et administratif.
FIGURE | 1.1
L’Asie du Sud-Est
Source : Mourad Djabellah, technicien en cartographie, Département de géographie, Université du Québec à Montréal, 2018.
La naissance de l’ASEAN ayant eu lieu dans un contexte peu pacifique et peu stable (notamment marqué par la guerre du Vietnam, mais aussi l’affirmation du pouvoir de la junte militaire en Birmanie¹ ou encore l’arrivée au pouvoir de Suharto en Indonésie), l’Association a cependant dès le départ fixé pour objectif de réunir les pays de la région d’Asie du Sud-Est. En dépit des objectifs stratégiques, les États de la région ne faisant pas alors partie de l’ASEAN étaient acceptés : « L’Association est ouverte à la participation de tous les États de la région du Sud-Est asiatique souscrivant aux objectifs, principes et buts précédemment mentionnés² ». C’est ainsi qu’aux cinq pays membres fondateurs de 1967 (Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Singapour), cinq autres pays se sont ajoutés : le Brunei en 1984 ; le Vietnam en 1995 ; le Myanmar et le Laos en 1997 ; et enfin le Cambodge en 1999. À part le Timor-Leste, tous les pays d’Asie du Sud-Est géographique sont donc membres de l’association, ce qui en fait une base incontournable pour analyser les dynamiques dans cette région au cours des deux dernières décennies.
Progressivement, et en marge de cet élargissement réussi, le mouvement de la régionalisation s’est confirmé avec la mise en place d’une triple communauté :
la coopération économique (Communauté économique au sein de l’ASEAN [AEC]) ;
la coopération sécuritaire (ASEAN Security Community) ;
la coopération culturelle et sociale (ASEAN Socio Cultural Community).
Les dirigeants de l’ASEAN ont par ailleurs décidé de renforcer et d’accélérer leur connectivité (20e sommet de l’Association à Phnom Penh en mars 2012) afin de favoriser les liens et l’homogénéité d’un groupe marqué par de grandes différences, en matière de régimes politiques, mais aussi de niveaux de développement. Cette croissance plus endogène est indispensable pour mieux résister aux assauts et à la concurrence des voisins indiens et chinois. Il s’agit donc d’une organisation destinée à aplanir les différends politiques, à lutter contre les conflits larvés, à assurer une croissance économique maintenue et à offrir aux pays qui la composent une compétitivité accrue sur la scène internationale. En ce sens, et bien qu’elle soit essentiellement à vocation économique, l’ASEAN a également une mission politique, et le symbole fort de la présidence offerte en 2014 au Myanmar, alors en pleine transition politique, n’a fait que l’illustrer.
1 | Qu’est-ce que l’Asie du Sud-Est ?
Si l’ASEAN symbolise l’Asie du Sud-Est dans sa capacité d’intégration politique et économique, elle ne rend pas toujours bien compte des différences considérables entre les sociétés la composant. Des écarts économiques, culturels, politiques ou religieux sur lesquels nous reviendrons, mais aussi des trajectoires très différentes et singulières. À ce titre, si plusieurs civilisations d’Asie du Sud-Est furent en contact régulier, soit par le biais de la coopération, soit au contraire en tant que rivales, de nombreux ensembles n’entretiennent de relations que depuis quelques décennies, pour certaines depuis la période coloniale, pour d’autres depuis l’indépendance des pays formant aujourd’hui l’ASEAN. Ainsi, si l’histoire de l’Asie du Sud-Est est très ancienne, les interactions entre les peuples du Sud-Est asiatique sont parfois très récentes, et nous ramènent donc à l’histoire contemporaine, la fin de l’occupation japonaise en 1945 ou la création de l’ASEAN en 1967 étant les repères les plus évidents à l’échelle régionale.
Le caractère récent de cette histoire au niveau régional explique non seulement les difficultés de l’intégration – d’autant que le décollage économique de certains des membres de l’ASEAN ne date que des années 1990 et 2000, et parfois même après dans le cas du Myanmar, et dans une moindre mesure du Cambodge et du Laos –, mais aussi les limites de cette intégration. Écarts de développement, manque de recul historique sur les questions d’identité nationale ou de diplomatie, et interactions encore limitées à l’exception des membres fondateurs de l’ASEAN, plus intégrés : l’espace Sud-Est asiatique est en construction, et si les perspectives sont excellentes, les défis n’en demeurent pas moins multiples.
1.1 | Une région aux ressources halieutiques et naturelles abondantes
En plus du dynamisme global de son économie, qui ne laisse pas indifférents les partenaires extérieurs (voir chapitre 5), l’Asie du Sud-Est est un territoire très riche en ressources. Les espaces maritimes sud-est asiatiques sont, en effet, particulièrement bien dotés en richesses halieutiques, grâce à la convergence de trois facteurs : la présence d’une vaste plateforme continentale ; de grandes quantités d’eaux chargées de matières nutritives déversées par les grands fleuves de la région, en partie ceux de la péninsule (Irrawaddy, Salouen, Mékong, Rouge, Chao Phraya) ; et enfin, des eaux uniformément chaudes tout au long de l’année. Ces conditions favorables permettent d’entretenir, en quantité, de multiples variétés de crustacés et de poissons, lesquelles font l’objet de la convoitise des flottes locales tout comme celle des chalutiers étrangers.
L’exploitation des ressources fossiles (pétrole, gaz, minerais) occupe une place sans cesse grandissante dans l’économie des pays de la région. Les pays exportateurs d’hydrocarbures, c’est-à-dire l’Indonésie, la Malaisie et le Brunei, retirent des profits substantiels de leurs ventes d’hydrocarbures, mais voient ceux-ci se réduire du fait d’une augmentation rapide des besoins en énergie. Principalement enfouies dans les fonds marins (marges continentales), ces ressources renforcent l’intérêt que les pays peuvent nourrir à l’égard de gisements en mer.
À l’échelle internationale, au cours des dix dernières années, on observe une véritable ruée minière, que ce soit sur l’or, l’argent, le cuivre ou les métaux plus rares et spécifiques, dont les prix ne cessent de monter (ou de fluctuer) sur les marchés internationaux. Dans cet environnement concurrentiel, les ressources minières dont disposent les États d’Asie du Sud-Est sont, dans un contexte de régionalisation et de mondialisation, devenues un atout stratégique important. Par exemple, les gisements d’or du Cambodge excitent les convoitises des groupes miniers australiens, chinois, sud-coréens ou vietnamiens. Au Laos, la Chine, la Thaïlande et le Vietnam se disputent le contrôle des ressources minières (or, cuivre), et une petite dizaine de pays se mêle à cette lutte, dont l’Australie. Les ressources minières du Vietnam (bauxite) et de l’Indonésie (étain, charbon, nickel, cuivre, or, fer, bauxite) font également l’objet de manœuvres géopolitiques préoccupantes.
La géopolitique des ressources halieutiques et naturelles de l’Asie du Sud-Est est loin d’être un bloc monolithique. Les trajectoires nationales de ces secteurs d’activités ne sont pas écrites d’avance. Néanmoins, la présence d’acteurs transnationaux au cœur des territoires nationaux riches en ressources atteste des nouvelles interactions qui provoquent, dans certains cas, des tensions, des conflits entre les différents niveaux d’échelle au sein des pays du Sud-Est asiatique. Dans tous les cas, l’exploitation des ressources halieutiques et naturelles cristallise les enjeux géopolitiques nationaux, régionaux et internationaux.
1.2 | Une région intégrée à l’hypermondialisation de l’économie mondiale
Depuis la création de l’ASEAN, le développement économique est au cœur des objectifs de l’association, étant donné que les retombées internes de la croissance économique doivent contribuer à la stabilité politique des membres, des États pour la plupart fragiles, tout en donnant de la crédibilité aux pays de la région. À ce titre, l’essor économique de l’Asie du Sud-Est a été plus rapide que celui des autres régions du monde au cours des dernières décennies, à l’exception de la Chine. Cette progression est d’autant plus étonnante qu’au sortir de la période coloniale, les pays d’Asie du Sud-Est avaient un niveau de revenu proche de celui de l’Afrique subsaharienne. En dépit de cette situation, la croissance a été vigoureuse dans l’ensemble de la région au cours des années 1960 et 1970, portée qu’elle était par une spécialisation dans les ressources naturelles, tout en étant grandement différenciée entre pays, ce qui est encore le cas aujourd’hui (Chaponnière et Lautier, 2018).
À partir des années 1980, portée par la dynamique de l’hypermondialisation de l’économie mondiale, l’Asie du Sud-Est s’insère progressivement dans les chaînes globales de valeurs³. Abandonnant partiellement sa spécialisation dans les ressources naturelles, l’Asie du Sud-Est devient exportatrice de produits manufacturés comme le textile-habillement, l’électronique et l’automobile. Entre 1986 et 1996, les investissements directs étrangers (IDE) affluent massivement. L’Asie du Sud-Est est perçue comme un eldorado pour les investissements et les sociétés financières attirées par une épargne élevée. La surchauffe des systèmes économiques et le creusement des déficits commerciaux provoquent la crise asiatique de 1997. Dix ans plus tard (2008), tirée par la croissance chinoise (et quelques réformes), l’Asie du Sud-Est échappe à la crise économique mondiale.
Plus précisément, si la plupart des économies de la région ont su s’affranchir de leur spécialisation initiale basée sur les produits agricoles et l’exploitation des ressources naturelles, l’engagement dans l’industrie manufacturière s’est limité pour certains pays au démarrage du secteur textile-habillement (Cambodge et, dans une moindre mesure, l’Indonésie et le Vietnam) qui permet d’absorber une main-d’œuvre rurale sans qualification. Malgré la concurrence du voisin chinois, notamment depuis