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Panorama de l'archivistique contemporaine: évolution de la discipline et de la profession: Mélanges offerts à Carol Couture
Panorama de l'archivistique contemporaine: évolution de la discipline et de la profession: Mélanges offerts à Carol Couture
Panorama de l'archivistique contemporaine: évolution de la discipline et de la profession: Mélanges offerts à Carol Couture
Livre électronique609 pages6 heures

Panorama de l'archivistique contemporaine: évolution de la discipline et de la profession: Mélanges offerts à Carol Couture

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À propos de ce livre électronique

Les archives et l’archivistique se sont transformées au cours des dernières années, notamment sous l’influence des nouvelles technologies de l’information et de la communication. C’est ainsi qu’ont émergé de nouvelles problématiques exigeant une adaptation des bases théoriques de la discipline et une révision de ses pratiques. La profession d’archiviste s’est développée au rythme de ces changements, tant par l’institutionnalisation de la formation que par le renforcement de liens à travers la mise en place et la vitalité des associations d’archivistes.

S’inspirant de leurs recherches, de leurs pratiques et de leurs réflexions, une vingtaine de spécialistes, dont plusieurs archivistes, provenant du Québec, du Canada et de l’étranger, font le point sur diverses thématiques liées aux archives elles-mêmes, à la discipline archivistique et à la profession d’archiviste. Les professionnels de l’archivistique, les étudiants en sciences de l’information et toute personne s’intéressant à ce domaine y trouveront une synthèse des problématiques qui jalonnent la discipline.

Cet ouvrage constitue un hommage à la carrière de Carol Couture qui, à la fois comme archiviste, administrateur et professeur, a consacré sa vie professionnelle à la reconnaissance des archives, au développement de l’archivistique et à la promotion de la profession d’archiviste.
LangueFrançais
Date de sortie23 sept. 2015
ISBN9782760543393
Panorama de l'archivistique contemporaine: évolution de la discipline et de la profession: Mélanges offerts à Carol Couture

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    Aperçu du livre

    Panorama de l'archivistique contemporaine - Louise Gagnon-Arguin

    LES TÉMOIGNAGES

    Archivistique et amitié

    Jacques Boucher

    Université de Montréal

    Ce n’est pas tous les jours que l’on voit naître une nouvelle discipline.

    Ce n’est pas tous les jours que l’on assiste en direct à la réussite d’un collègue, d’un ami, qui transforme son champ d’activité professionnelle en une discipline reconnue d’enseignement et de recherche, qui transforme un département, qui donne naissance à un certificat, qui élargit le programme de maîtrise et enfin celui de doctorat, qui donne à cette nouvelle discipline sa reconnaissance québécoise, canadienne et internationale, qui devient un spécialiste reconnu à l’échelle mondiale, qui influence les législateurs et fait modifier de fond en comble la Loi sur les archives du Québec, qui devient, en 2006, le premier directeur général des archives dans le cadre novateur de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, aux côtés de sa présidente-directrice générale, Lise Bissonnette.

    Ses activités au Service des archives de l’Université de Montréal, il ne les pas accomplies seul. Il doit la réussite de son travail à la collaboration constante et fidèle de ses collègues avec lesquels il a fait équipe, Jean-Yves Rousseau, Jacques Ducharme, Denys Chouinard.

    Tout un parcours marqué par la vision, l’acharnement, l’humanisme, l’enthousiasme et l’humour!

    J’ai eu le privilège d’entamer une extraordinaire collaboration avec Carol Couture en 1980. Dès ma première journée comme Secrétaire général de l’Université de Montréal, responsable, entre autres services, de celui des archives, j’ai été assailli, investi… par Carol et son équipe qui m’ont fait comprendre que ma conception des archives exigeait une sérieuse mise à jour. Comme historien du droit, j’avais passé des centaines, des milliers d’heures passionnantes à consulter les archives historiques à Montréal, Québec, Ottawa, Paris. Plus les documents étaient jaunis, rares, parfois illisibles, signés notamment par Jean Talon, Colbert, Louis XIV, Murray, Carleton, George-Étienne Cartier, plus j’avais l’impression d’entrer dans une confrérie de privilégiés qui faisaient la «vraie» histoire. Et c’était vrai… en partie du moins.

    Mais «mon» directeur des archives me faisait comprendre que ma vision tirée du monde prestigieux de l’École nationale des chartes était partielle, dépassée, en tout cas n’était pas adaptée aux réalités nordaméricaines. Carol m’a alors donné un cours accéléré sur l’autre volet de la nouvelle archivistique, celle du records management, moins érudite, moins romantique, mais qui allait révolutionner ce domaine certes prestigieux, mais légèrement empoussiéré. L’archivistique allait entrer dans le monde pragmatique de la gestion et, quelques années plus tard, dans celui de l’informatisation galopante.

    Carol planifiait, il voyait loin, toujours en avant. Pas de regrets ni de nostalgie. Je fus bientôt saisi d’un projet de publication en collaboration avec Jean-Yves Rousseau. Ce manuscrit allait devenir Les archives au

    xxe siècle, une réponse aux besoins de l’administration et de la recherche. Plutôt modeste à l’origine, le projet devait d’abord n’être qu’un texte polycopié, à circulation très restreinte. Publié à l’interne par le Secrétariat général de l’Université en 1982, il fut ensuite traduit en anglais et en espagnol. Il s’en est vendu plus de 13 000 exemplaires. C’est indéniablement un rare best-seller en archivistique.

    Pourquoi ne pas devenir enseignant de cette nouvelle discipline, d’abord comme chargé de cours, ensuite comme professeur de carrière dans cette équipe qui formait alors l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information? Bien sûr, il fallait concilier tout cela. Aucune inquiétude, car Carol faisait déjà preuve d’une exceptionnelle capacité de concentration et de travail. C’est un honneur pour moi d’avoir été son «patron» et d’avoir été associé à ses premiers pas dans le monde de l’enseignement, de la recherche et de la publication.

    Devrais-je résister à la tentation d’ajouter des commentaires beaucoup plus personnels?

    Passons sur les parties de pêche désopilantes dans l’attente des «grosses truites» dans les petites baies tranquilles. Passons sur nos heures de patience et de silence dans une chaloupe encore trop bruyante qui faisait fuir l’orignal se livrant devant nous à un sublime ballet d’éclaboussures et d’émerveillement.

    Je veux surtout parler de la famille de Carol, de ses parents, de ses enfants, Cynthia et Guillaume. J’ignore si les lois du genre «mélanges» me le permettent. Voici tout de même, car après plus de trente années d’amitié je n’ai pas eu l’occasion de le faire. Lors de ces repas qui sentaient bon le cipaille du Lac-Saint-Jean, partagés avec les membres de la tribu des Couture, j’ai assisté à d’inoubliables manifestations presque silencieuses, et pourtant tellement éloquentes, de ferveur, de fierté et d’amour réciproques.

    Carol a eu le plaisir de voir sa fille Cynthia faire sa maîtrise en archivistique à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information et de la voir marcher dans ses pas. À l’instar de son père durant la première partie de sa carrière, Cynthia pratique la profession d’archiviste dans un service d’archives d’une université montréalaise. Carol est heureux d’avoir fait école, même dans sa famille immédiate.

    Sur une note plus tragique, j’avoue que je n’ai jamais senti la guerre aussi proche, aussi menaçante que pendant ces années où Guillaume, son fils, a «servi» dans les Forces armées canadiennes en Afghanistan. Des mois, des années d’incertitude, de peur et d’espoir. Avec Guillaume et à travers l’amitié de Carol, la guerre sortait du monde de la politique, des récits d’horreur, des souvenirs d’enfance, de la légende pour s’installer insidieusement dans le quotidien. La peur, la peur de mon enfance dans le Bas-du-Fleuve pendant la Deuxième Guerre mondiale, mais avec un visage.

    Rien à voir avec l’archivistique. Tout à voir avec l’amitié.

    Carol Couture et l’EBSI

    Marcel Lajeunesse

    Université de Montréal

    Les liens de Carol Couture avec l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI) remontent au milieu de la décennie 1970. En effet, Couture, jeune directeur du Service des archives de l’Université, fut invité à donner pendant l’année universitaire 1977-1978 le cours Archives du Québec et du Canada, cours au choix inscrit au programme de l’École depuis l’instauration du programme de maîtrise en 1970.

    La décennie 1980 à donné lieu à un développement considérable de l’archivistique à l’EBSI, et Carol Couture en a été l’artisan principal. Il faut dire que la conjoncture s’y prêtait bien en raison du vote par l’Assemblée nationale du Québec de deux lois, la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et la protection des renseignements personnels (1982) et la Loi sur les archives (1983). Le besoin d’archivistes professionnels formés dans des programmes universitaires était alors perceptible. De son côté, l’École de bibliothéconomie est devenue, en 1984, l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information pour refléter la nouvelle réalité de son enseignement.

    À la suite d’une réforme du programme de maîtrise, le cours d’archivistique fut, en 1980, scindé en deux cours, l’un intitulé Archivistique et l’autre, Gestion de l’information (gestion des documents). Ce nouveau programme qui avait instauré le stage obligatoire permettait aux étudiants qui avaient suivi les deux cours de faire un stage dans un service d’archives.

    À l’hiver 1982, une journée d’étude sur la place de l’archivistique à l’École et sur la situation de la discipline au Canada et dans le monde a conduit à deux décisions. Dorénavant, les cours d’archivistique et le stage allaient former une concentration au sein du programme de maîtrise. De plus, un programme de certificat de premier cycle en archivistique comprenant dix cours était crée. Ce nouveau programme visait à former du personnel apte à appliquer les principes et les méthodes propres à l’archivistique. De plus, il offrait à des étudiants la possibilité d’acquérir une formation en ce domaine comme partie de leur baccalauréat.

    Nouveau changement en 1986: un cours d’archivistique s’ajoute aux cours obligatoires que doivent suivre tous les étudiants de la première année de maîtrise en bibliothéconomie et en sciences de l’information (nouvelle appellation depuis 1984).

    En 1989, une autre réforme de programme permet une nouvelle avancée de l’archivistique à l’EBSI. Les trois cours, le séminaire de recherche et le stage font de l’archivistique une spécialisation dans le programme de maîtrise, accordant ainsi à l’archivistique le statut de composante distinctive des sciences de l’information. Carol Couture a donné seul les cours d’archivistique jusqu’à cette réforme de 1989. Au cours de la décennie 1990, il fera équipe avec Louise Gagnon-Arguin qui y enseigne alors l’archivistique.

    Ce long récit événementiel concernant l’introduction au fil des années des cours d’archivistique dans le programme de l’EBSI avait comme objectif de démontrer que Carol Couture fut incontestablement le promoteur de ces changements successifs en vue de former des archivistes professionnels à l’EBSI. Durant ces années, il n’a jamais cessé de tenter de convaincre ses collègues professeurs de l’EBSI de l’intérêt de l’archivistique dans les programmes de l’École. Il avait l’art de se faire des alliés pour la promotion de ses objectifs. Ses qualités personnelles de diplomatie et de conviction l’ont servi. De chargé de cours qu’il était depuis 1977, il est devenu en 1985 professeur agrégé à mi-temps en archivistique et, trois ans plus tard, le 1er juin 1988, il quittait la direction du Service des archives pour devenir professeur de carrière à plein temps.

    La recherche a occupé une place importante dans la carrière universitaire de Carol Couture. Pour lui, un professeur d’université devait être un professeur-chercheur. Il a notamment mis en place, en 1988, un vaste programme de recherche couvrant trois volets de la discipline. Le premier portait sur les législations et les politiques nationales d’archives dans le monde, le deuxième, sur les principes et les fonctions archivistiques, et le troisième, sur la formation et la recherche en archivistique. Ce programme, auquel j’ai été associé pour les deux premiers volets, a donné lieu, au cours de la décennie 1990, à de nombreuses publications et, en 2014, à un ouvrage de synthèse actualisée, L’archivistique à l’ère du numérique. Les éléments fondamentaux de la discipline.

    La contribution de Carol Couture aux revues scientifiques et professionnelles québécoises, canadiennes et internationales a été continue et remarquable. Il est l’auteur, alors qu’il était professeur à l’EBSI, de deux ouvrages importants, Les fondements de la discipline archivistique (avec Jean-Yves Rousseau), en 1994, et Les fonctions de l’archivistique contemporaine en 1999. Ces deux ouvrages ont assuré la diffusion de la pensée archivistique de Couture, basée sur une conception intégrée de l’archivistique, allant de la création du document jusqu’à son utilisation par un chercheur. Ils ont surtout valu à son auteur une reconnaissance nationale et internationale comme chercheur dans le domaine. D’ailleurs, l’État québécois a reconnu l’apport capital et original de Couture au développement du domaine des archives au Québec en lui décernant, en 1981, l’un des Grands Prix culturels du Québec, le prix Gérard-Morisset, consacré au patrimoine.

    Nous devons souligner l’important rayonnement national et international de Carol Couture, corollaire de son enseignement et de ses recherches. Le nombre d’invitations qu’il a reçues pour des conférences, des communications et des consultations à l’étranger est considérable, témoigna de l’audience acquise de notre collègue.

    Professeur titulaire à l’EBSI à partir de 1995, Carol Couture en est devenu le directeur en 2001 pour un mandat de quatre ans, qui s’est terminé le 1er juin 2005. Il a pris sa retraite de l’Université le 31 décembre 2005. Il est indéniable que Carol Couture excelle dans les tâches liées à l’administration et il a démontré au cours de son mandat de directeur ses grands talents d’administrateur. Sa nomination comme directeur confirme également que sa vision de l’harmonisation de l’archivistique au sein des sciences de l’information était devenue une réalité acceptée et reconnue à l’EBSI.

    Si l’archivistique s’est développée dans les programmes de l’EBSI, formant des étudiants aux trois cycles, le mérite en revient à Carol Couture qui y a consacré sa carrière de professeur-chercheur. Pour Carol Couture, former des archivistes, publier les résultats de ses recherches et les diffuser aux plans national et international, c’est contribuer au développement de la mémoire collective et à l’enrichissement de la vie culturelle du Québec.

    Carol Couture à BAnQ aux moments charnières

    Lise Bissonnette

    Ex-présidente-directrice générale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Il y a deux façons de recruter des dirigeants d’organisation, et je les ai pratiquées toutes les deux durant mon passage à la tête de quelques institutions. L’une, qui semble la plus sûre, requiert les bons offices de chasseurs de têtes. L’autre repose sur l’intuition nourrie par la raison, méthode répudiée par les sciences de la gestion qui la croient aussi arbitraire que périlleuse. En rétrospective, tel est pourtant le moyen qui m’a le mieux réussi, mon parcours avec Carol Couture en étant la preuve entre toutes.

    On comprendra que ce texte d’hommage soit d’un ton personnel. Ceux qui cherchent des informations plus factuelles sur sa contribution à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) sont priés de consulter la belle archive de l’histoire mouvementée de l’institution, publiée en 2009, où nous avons refusé la froideur officielle mais où nous ne pouvions rendre compte des interstices de notre quotidien¹.

    Tout a commencé, comme souvent, par une demande d’aide lors d’une traversée difficile. Nous étions en 2004, moment de grande promesse de réinvention du Québec par la «réingénierie» pilotée à partir du Conseil du trésor, sur un air désormais connu. La ministre de la Culture de l’époque, Line Beauchamp, tenait à faire sa part et j’avais été convoquée dans le plus grand secret pour discuter de l’hypothèse d’une fusion entre la Bibliothèque nationale du Québec (BNQ), dont j’étais la présidente-directrice générale, et les Archives nationales du Québec (ANQ), organisme intégré au ministère. Quoi qu’on puisse tenter d’en dire aujourd’hui en remodelant le récit, le gouvernement ne cherchait que des économies d’échelle et ne me posait de questions d’aucun autre ordre. Sauf politique: il faut se souvenir que la ministre, alors qu’elle siégeait au sein de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale, avait été entre 2000 et 2002 le fer de lance de la résistance, pendant plus d’un an, à la fusion de la Grande Bibliothèque du Québec (GBQ) et de la Bibliothèque nationale du Québec. Ainsi craignait-elle avant tout que lui revienne, étayé par ses propres arguments, un débat public sur un amalgame auquel le milieu documentaire paraissait hostile, par certains de ses plus éminents porte-parole en bibliothèques et en archives. Pour ma part, la perspective m’enchantait, elle correspondait à l’idée même que j’avais défendue au Devoir pour la Grande Bibliothèque, idée trop prudemment tronquée par sa loi initiale de 1998.

    Mon seul vrai principe de prudence fut d’appeler Carol Couture, qui était alors directeur de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI) de l’Université de Montréal. Ce que je savais de lui? Il avait dégelé nos relations avec l’EBSI, qui avait figuré dans les rangs des sceptiques lors de la création de la GBQ. Il avait obtenu en 2001 le prix Gérard-Morisset, prix du Québec pour une carrière consacrée au patrimoine. Il avait été un des rarissimes professionnels connus à avoir accueilli avec intérêt les anciennes tentatives de rapprochement BNQ-ANQ. On lui devait largement le travail qui avait abouti à la Loi sur les archives de 1983. Autrement dit, il était connaisseur, il était professeur, il était entrepreneur, et je le devinais convivial. Il le fut entièrement. Je me revois dans une gare de Québec, avant une réunion délicate au ministère, griffonnant près d’un téléphone public – je n’en étais pas encore à la vie sur cellulaire – des notes de nos ententes à distance sur les conditions de réussite du projet, notamment: respect entier de la discipline archivistique au sein de la future institution (autrement dit pas de modèle à la canadienne), garantie de développement (le budget des ANQ était stagnant donc décroissant depuis une décennie), direction confiée à un archiviste (comme ce n’était plus le cas aux ANQ). Solidement préparée, j’ai pu mettre à profit la conjoncture politique évoquée plus haut pour piloter la fusion, adoptée en 2004, cette fois à l’unanimité par l’Assemblée nationale.

    Carol Couture avait été mon conseiller tout au long et il le demeura tandis que nous préparions la mise en vigueur de la loi, effective en 2006. Lors d’un déjeuner où il alignait des noms de titulaires possibles pour le futur conservateur des archives, mon intuition nourrie de raison interrompit soudain l’échange. «Et vous?» Il m’a semblé prendre sa décision sur-le-champ, malgré une brève réflexion. Le reste, comme le veut le cliché, est de l’histoire, ou plutôt de l’archive, puisque nous avons tous deux pris notre retraite quelques années plus tard. Nous lui devons non seulement la transition harmonieuse auprès des milieux d’archives, vite ralliés à la nouvelle et vaste institution, mais aussi un apport décisif à la construction d’un lien avec nos grandes directions en bibliothéconomie issues de l’ancienne GBQ et de l’ancienne BNQ. Sa formidable connaissance de ces deux aires de travail, je l’ai vue à l’œuvre lors de nos tournées des régions où les antennes régionales des Archives nationales, si modestes jusque-là qu’elles auraient pu craindre leur rattachement à la plus importante institution culturelle du Québec, ont adopté avec enthousiasme un avenir dont il dessinait les contours sur leur terrain. La promesse de croissance, nous l’avons tenue.

    Partout au Québec, d’anciens étudiants de Carol Couture venaient nous rencontrer et je m’amusais beaucoup de son approche professorale, y compris auprès du grand public qu’il tenait intensément à instruire. Sous sa gouverne, les archives ont d’ailleurs produit un bel éventail d’instruments didactiques. Mais du plus simple des restaurants-minute d’un village jusqu’aux grands-messes pancanadiennes sur les archives, je n’ai jamais rencontré un autre Carol Couture que celui, d’abord et avant tout généreux, de nos premiers échanges. On dit de ce type de dirigeants qu’ils sont des rassembleurs. En pensant à Carol Couture, je préfère lui donner le titre beaucoup plus précieux, selon moi, de pédagogue, alliant la science à la transmission, en sus de la responsabilité personnelle d’inscrire le progrès parmi ses tâches et celles de son entourage. Je lui en sais gré, et plus.

    1.Denis Goulet, Bibliothèque et Archives nationales du Québec: un siècle d’histoire, Montréal, Fides et BAnQ, 2009.

    Carol Couture et l’engagement associatif

    Louise Gagnon-Arguin

    Université de Montréal

    Aborder la carrière de Carol Couture sans témoigner de son engagement associatif, ce serait passer sous silence tout un volet de ses activités professionnelles. C’est pourquoi nous avons voulu rappeler, à l’occasion de ces mélanges, les principales organisations auxquelles Carol Couture a collaboré soit en tant que membre ou en tant qu’administrateur, et ce, aux niveaux national et international, souligner ses principales réalisations à ce titre et rappeler la confirmation de la reconnaissance de tous ces engagements par l’obtention du Prix du Québec en 2001.

    Carol Couture a œuvré dans divers organismes sur le plan national. C’est ainsi qu’il a été très actif au sein de l’Association des archivistes du Québec, au Conseil canadien des archives, à la Commission canadienne de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et, plus récemment, comme membre du Comité consultatif de la Société royale du Canada.

    À trois reprises, Carol Couture a présidé l’Association des archivistes du Québec (AAQ), soit en 1979-1980, en 1988-1989 et en 2012-2013. S’il s’y est engagé, c’est qu’il croyait à l’importance d’une telle association dans la promotion et la reconnaissance de la profession. Au cours de ses mandats, il s’est donné des objectifs, avec la collaboration des différents conseils, pour garantir la vitalité et l’avenir de l’AAQ.

    D’entrée de jeu, soulignons quelques actions concernant l’Association, comme l’engagement d’un directeur général (1988), la rationalisation des ressources financières et la mise en place de procédures pour sa gestion courante. Les membres des différents conseils qu’il a présidés se rappelleront sa rigueur dans la gestion des réunions… Ses rapports de président font état de son souci de la relève au sein des différents comités de l’AAQ, de la vitalité des sections régionales, de la présence étudiante au sein de l’Association et de la présence de l’AAQ dans les différents dossiers gouvernementaux concernant les archives ou les archivistes ainsi que, plus récemment, de son engagement dans l’utilisation des technologies de l’information, tant dans les relations avec les membres que dans la gestion de l’Association. Face à des situations délicates ou des sujets problématiques, lui et son conseil se sont appuyés sur la collaboration de membres de l’Association par la mise sur pied de comités ad hoc chargés de faire des recommandations, par exemple, sur l’orientation de l’AAQ, sur le nom de l’Association et sur les relations avec les autres associations du monde de la documentation.

    Carol est intervenu à des moments où l’Association vivait des situations difficiles. Il s’est attaqué à ses problèmes et a réussi à en sauver la crédibilité et même à la remettre en marche.

    L’AAQ l’a reconnu comme membre émérite en 1991. De plus, elle a présenté et soutenu sa candidature au prestigieux Prix du Québec qu’il a obtenu en 2001.

    Carol Couture a siégé au comité exécutif du Conseil canadien des archives de 1988 à 1990. C’est ainsi qu’il sera appelé à travailler à l’élaboration des grandes orientations de ce conseil et à définir les priorités nationales lors de la mise en place du Programme national du développement des archives (PNDA) visant à soutenir financièrement les institutions dans le traitement de leurs fonds d’archives.

    La Commission canadienne de l’UNESCO a pour mission de contribuer à une société dans laquelle les Canadiens échangent des connaissances et apprennent les uns des autres, à l’échelle locale et mondiale, en vue de construire un avenir caractérisé par la paix, l’équité et la durabilité. Carol Couture est membre du comité exécutif de cette Commission depuis 2012. Sa principale préoccupation est de favoriser le positionnement des archives dans le registre Mémoire du monde de l’Unesco. Rappelons que cette commission était déjà intervenue pour la reconnaissance des archives du Séminaire de Québec.

    L’une des réalisations les plus récentes de Carol Couture est sa participation en tant qu’expert au Comité consultatif de la Société royale du Canada dont le mandat portait sur l’état et l’avenir des bibliothèques et des centres d’archives au Canada. Ce comité a remis son rapport en novembre 2014 après avoir tenu des consultations un peu partout au Canada. Il s’agit, dans le cadre des activités de Carol Couture, d’une contribution majeure à la définition de la place des archives dans le contexte de l’utilisation généralisée des technologies de l’information et par rapport aux autres institutions qui œuvrent dans le domaine documentaire et de la recherche.

    Depuis 1978, Carol Couture est membre du Conseil international des archives (CIA). Il en est même un membre actif tant par sa présence à ses différents comités qu’en participant à l’une ou l’autre de ses activités. Ainsi, il a assisté à tous les congrès organisés par le CIA tous les quatre ans, de 1976 à Washington à Séville en 2004, et il a participé activement à l’organisation du congrès de 1992 tenu à Montréal. Il a été aussi présent à différentes conférences internationales de la Table ronde des archives (CITRA) et a été membre de l’organisation de celle qui s’est tenue à Québec en 2007. Membre du comité de formation du CIA depuis 1986, il devient, en 1992, président fondateur de la Section pour l’enseignement de l’archivistique et de la formation des archivistes (SAE) qui, dorénavant, ne regroupe que les professeurs d’archivistique. Sous son mandat, la Section organise des activités annuelles dans différentes villes du monde: Montréal, en 1992; Athènes (Grèce), en 1993; Ljubljana (Slovénie), en 1994; Austin (Texas), en 1995; et Beijing (Chine), en 1996. Depuis 2012, il est membre du conseil d’administration du Fonds international du développement des

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