À quoi attribuez-vous cet intérêt retrouvé pour les métiers d’art, les savoir-faire manuels et, plus généralement, les arts décoratifs ?
À un changement d’époque, tout simplement. Nous sommes aujourd’hui sortis d’un design parfois un peu trop orthodoxe, pour ne pas dire sectaire, qui considérait que la recherche formelle devait tendre à un minimalisme absolu. Historiquement, la France est un pays d’art décoratif. Elle a brillé depuis des siècles par ses grands ensembliers qui travaillaient main dans la main avec ébénistes, doreurs et ferronniers. Au xxsiècle, le mouvement moderniste, mené par de formidables talents comme Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret ou Le Corbusier, a, en quelque sorte, voulu balayer cette tradition afin de promouvoir un mobilier fonctionnel, aux lignes droites et pures, tout en structures d’acier tubulaire, qui se voulait adapté aux processus de fabrication industrielle. Le souci, c’est que leurs successeurs ont interprété leur message d’une façon un peu trop systématique et que tout objet dont la forme n’évoquait pas l’usage était à bannir. Il y eut donc une réduction des champs stylistiques, des matériaux employés également, qui fit que tout ce qui relevait des métiers d’art était traité avec mépris.
