Ceux qui ont grandi dans le Paris des seventies se souviennent de la façade de l’immeuble Rochas, rue François-Ier, faite d’un entrelacs de tubes PVC thermoformés. Geste hautement avant-gardiste en ces quartiers bourgeois. Pierre Sabatier (1923-2003) réalise alors des compositions monumentales. Il emboutit, cisèle, martèle,”, explique son fils Damien Sabatier. Formé après-guerre aux Arts décoratifs puis à l’École des beaux-arts de Paris, le sculpteur adhère en 1966 au mouvement Mur vivant, militant pour l’intégration des arts dans l’architecture. On retrouve donc ses productions dans des chantiers d’immeubles de bureaux, d’habitations ou d’églises, comme la cathédrale d’Angoulême. Un ouvrage avait déjà été consacré, il y a une quinzaine d’années, à l’œuvre de cet artiste français, mais son fils souhaitait revenir plus en détail, approfondir toute la richesse de son œuvre, à travers différents regards d’auteurs et des gros plans photographiques. “.” Le très conséquent ouvrage de 400 pages, doté de pas moins de 305 créations, publié ce printemps par Les Éditions de l’Amateur, invite à une découverte intimiste de l’univers de Pierre Sabatier. Il s’ouvre sur un reportage réalisé dans son atelier situé dans l’Allier, à Aurouër, demeuré en l’état après sa mort en 2003. Le photographe François Halard a saisi dans le détail, de son œil délicat, la poésie propre à ce spectaculaire lieu de travail, abritant four à céramique, salle de composition des fresques, espace de présentation des œuvres, et cela face à la forêt et à un potager. Tout aussi belles, les autres images illustrant le livre sont signées Pierre Sabatier, prises avec son Rolleiflex, afin de documenter son travail. Vues architecturales de halls de tours à la Défense comme détails d’oxydations réalisées à l’acide révèlent toute la force de sa production. Le métal vibre, bouillonne, se plisse, ondule, semble même fondre. “action painting .” Un ouvrage d’art.
