L'assassin aime l'Art déco: Un polar avec Bruxelles et l'Art Déco pour toile de fond !
Par Kate Milie
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À propos de ce livre électronique
Le premier a eu lieu dans la basilique de Koekelberg, le deuxième dans une maison de passe (l'Espérance, située à deux pas de la rue Neuve) et le troisième au Palais des Beaux-Arts. A chaque fois, le meurtrier dépose une carte de jeu représentant un As.
Lien entre les meurtres ? Aucun. Sinon qu'ils ont pour cadre un lieu datant des années 20-30.
Profil du meurtrier ? Impossible à cerner. Sinon qu'il aime tuer dans des lieux Art Déco.
Afin de sauver « l’As de cœur », un flic, un journaliste, une guide vont se livrer à une véritable course contre la montre.
Leur plongée dans l'entre-deux-guerres, cette période mythique qui englobe l’exubérance des années vingt et l’effondrement des années trente, les renverra à leurs propres fêlures...
Enfin un polar qui met Bruxelles et son patrimoine Art Déco en scène !
EXTRAIT
Le réveil était programmé pour 6h. Cinq minutes plus tôt, Marie se réveilla, sortit une main maladroite du lit, ouvrit péniblement un oeil, vérifia l’heure. Vite, éviter l’agression. Elle coupa la sonnerie et se réfugia sous les draps. « Je ne peux pas me rendormir, je ne peux pas me rendormir, je ne peux pas… » La visite de la Basilique était prévue pour 9h. D’habitude, elle ne guidait pas avant 10h, mais là, exception, elle commencerait à 9h. Le temps de passer au bureau, relever son courrier, répondre aux courriels, donner quelques coups de fil, elle arriverait tranquille avant l’arrivée du groupe. « Je ne maîtrise pas mon sujet, je n’aime pas le lieu, je ne l’aime pas, je ne l’aime pas… »
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
- « Un roman pour le plaisir d’en apprendre davantage sur l’Art Déco » - Christine Pinchart
- « Le plus surprenant dans ce polar, c’est la fin. Le roman est extrêmement bien construit. L’histoire est très ingénieuse, et jamais, le lecteur ne se doute du nom de l’assassin. Comme dans tout bon policier, on nous emmène sur de fausses pistes crédibles, pour en arriver au dénouement final qui se révèle ici une véritable surprise. » - Critiques Libres
À PROPOS DE L'AUTEUR
Kate Milie n’est pas une inconnue dans le petit monde des romancières belges. Elle a effectivement publié en 2009 son premier roman Une belle époque. En 2012, la voici revenue avec un polar passionnant qui se déroule de nos jours mais dans des endroits du passé emblématique de Bruxelles : des lieux uniquement Art Déco, où le lecteur se mettra à la poursuite d’un mystérieux et dangereux meurtrier…
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Avis sur L'assassin aime l'Art déco
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Aperçu du livre
L'assassin aime l'Art déco - Kate Milie
1
La guide
Jeudi 7 août 06h00
Le réveil était programmé pour 6h. Cinq minutes plus tôt, Marie se réveilla, sortit une main maladroite du lit, ouvrit péniblement un œil, vérifia l’heure. Vite, éviter l’agression. Elle coupa la sonnerie et se réfugia sous les draps. « Je ne peux pas me rendormir, je ne peux pas me rendormir, je ne peux pas… » La visite de la Basilique était prévue pour 9h. D’habitude, elle ne guidait pas avant 10h, mais là, exception, elle commencerait à 9h. Le temps de passer au bureau, relever son courrier, répondre aux courriels, donner quelques coups de fil, elle arriverait tranquille avant l’arrivée du groupe. « Je ne maîtrise pas mon sujet, je n’aime pas le lieu, je ne l’aime pas, je ne l’aime pas… » 6h30, elle se leva d’un bond, se jeta sous la douche, s’aspergea d’une eau de fraîcheur, sortit de la garde-robe sa jolie petite robe blanche à pois bleu marine, prépara du café et but une première tasse en révisant ses notes. Le groupe était inscrit pour une journée complète « Bruxelles Art Déco ». Une guide stagiaire le piloterait à travers la ville et assumerait les présentations générales. Des guides chevronnés accueilleraient dans des lieux bien spécifiques. Nerveusement, elle mit trop de confiture sur un bout de pain. « Il faut être barjo pour se payer une journée à ne faire que ça… Moi, j’aime pas l’Art Déco… Foutu boulot… Tout ça à cause de cette histoire avec ce type… »
Elle se plongea dans les dossiers déposés sur la table de la cuisine et en retira une note rédigée par une collègue :
« Chère Marie, je sais que c’est dur de passer sans transition du XVIe siècle de Charles Quint aux années 1920-1940. La vie est faite de haut et de bas. Tu te remettras de cette histoire qui n’en valait pas la peine. Bon, revenons à nos moutons, attention à ton public… Il y aura des passionnés à ne pas décevoir, mais aussi des participants qui auront confondu Art Déco et Art Nouveau. Clarifie tout de suite les différences. L’Art Nouveau date de 1893, périclite vers 1908 et s’éteint définitivement en 1914. L’Art Nouveau se décline à travers les volutes, les arabesques, le fer, le verre, la lumière, le style coup de fouet, les allégories aux allures de femmes sensuelles. Les lignes géométriques de la Sécession viennoise annonceront l’Art Déco. Celui-ci prendra ses marques dans une veine décorative plus simplifiée, plus pratique, moins « kitsch ». L’Art Déco est né après la Première Guerre mondiale. Le pays est dévasté. A la boue des tranchées va succéder la boue des chantiers. On reconstruit dans un style « autre ». Des façades élancées avec des décorations géométriques vont jaillir des ruines. Il faut rendre l’habitat conforme aux exigences de la vie moderne et la vitesse devient une source de fascination. Pense aux premières liaisons aériennes, aux luxueux transatlantiques, aux automobiles de plus en plus puissantes. La ligne zigzag symbole de l’éclair et de cette vitesse tant adulée apparaît un peu partout. Insiste aussi sur le côté mondial de l’Art Déco, de Paris à Berlin, de New York à Rio, ce style qui fut une manière d’être et de penser a embrasé tous les continents. On le retrouve aussi bien dans les habitations particulières que dans les collectivités, les usines ou les bureaux. L’Art Déco, Marie, a accompagné la folle exubérance des années vingt et l’effondrement des années trente. »
Quelques heures plus tard, la jeune femme accueillait son groupe par ces mots :
– Bonjour, bienvenue dans l’un des plus imposants bâtiments Art Déco d’Europe.
Pendant qu’elle leur parlait, elle les compta rapidement, ils étaient quinze. Elle repéra directement « les-à-risque », ceux qui lui poseraient des questions saugrenues, ceux qui la contrediraient, ceux qui répondraient à sa place et ceux qui quitteraient le lieu en claironnant : « J’aurais pu guider moi-même. »
Bon, Marie, tu respires, tu restes souriante, tu prends un air dégagé. Et tu oublies toute cette misère qui t’a jetée là.
– La Basilique nationale du Sacré-Cœur de Koekelberg est le sixième plus grand édifice religieux au monde. Le roi Léopold II, impressionné par le Sacré-Cœur à Paris, voulut quelque chose de semblable pour sa capitale. Mais si la première pierre fut posée en 1905, ce n’est qu’en 1970 qu’elle fut terminée. C’est une des raisons pour laquelle cette église est une mal aimée, les travaux ont traîné, traîne, traîné… Et puis, ces concepts sortis tout droit du XIXe siècle, la dévotion au Sacré-Cœur, l’exaltation de la patrie, la gloire des soldats morts au combat étaient complètement dépassés en 1970 !
Une grosse dame se mit à protester bruyamment :
– Mademoiselle, l’édification des cathédrales s’est étalée sur des siècles et des siècles. Des tas de problèmes ont toujours entravé ce genre de constructions…
Je dois rester souriante et je resterai souriante.
– Oui, Madame, ici, les travaux ont été interrompus lors du décès du roi et pendant les guerres. La Basilique avait été pensée en néo-gothique, mais en 1920, par manque de moyens elle fut décidée dans le style de l’époque, l’Art Déco qui utilisait le béton. On y trouve des influences romanes, byzantines. Même le Bauhaus y est représenté !
La grosse dame l’écouta à peine et enchaîna :
– Toutes nos grandes églises sont composées de styles différents, le roman, le gothique, le baroque…
Qu’est-ce qu’elle est moche avec sa coupe trop au carré cette bonne femme qui n’arrête pas de m’interrompre.
– Vous avez parfaitement raison, Madame, merci pour votre intervention qui me permet d’aborder l’éclectisme. Une des particularités de l’Art Déco est justement l’éclectisme.
Hum… Je suis sûre qu’elle ne sait pas que ça signifie : « mélange d’éléments empruntés à divers styles d’époques différentes. »
– Je suppose que vous connaissez les différences entre l’Art Nouveau et l’Art Déco ?
Ils firent tous oui de la tête.
Mon œil… Mon œil…
– Parfait, alors vous savez que l’Art Nouveau se démarqua de tous les styles néo ceci, néo cela dont usa à volonté le XIXe siècle ? Eh bien, l’Art Déco fit le contraire. Tout en gardant les lignes pures, sobres et droites qui lui sont propres, il s’inspira d’éléments d’ornementation très diversifiés. Dans les bâtiments que vous visiterez aujourd’hui, vous découvrirez de nombreuses références à l’Orient, à l’Afrique, aux Arts précolombiens…
Bon, maintenant, j’enchaîne avec quoi ? Ah oui, avec la Brave Little Belgium.
– Reprenons l’histoire de la Basilique. En 1920, vous pensez bien, on le veut ce bâtiment national. Des concours d’architecture sont organisés. Personne ne gagne. Van Huffel qui avait construit un casino à la mer du Nord se voit confier le projet, certains se méfient et lui demandent une maquette.
Une autre dame l’interrompit avec enthousiasme :
– Oh ! Elle est visible à l’étage, n’est-ce pas ? Oh, on pourra la voir ?
Marie continua rapidement :
– Face aux réticences, Van Huffel a donc produit une maquette qui fut présentée à la grande Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes qui se tint à Paris en 1925 et… il remporta le Grand prix d’architecture. Après, bien entendu, il reçut le feu vert pour la Basilique. Oui, Madame, elle est exposée à l’étage. Tout à l’heure, quand nous monterons admirer le panorama sur Bruxelles, nous aurons l’occasion de la découvrir.
C’est épouvantable, je m’ennuie à mourir, je dois absolument garder le contact avec le groupe. Oh, quelle punition…
– A tout hasard, quelqu’un dans le groupe connaît-il l’origine de l’appellation Art Déco ?
Une jeune femme style jeans-baskets, coiffée d’une queue de cheval et qui n’arrêtait pas de prendre des notes releva soudainement la tête :
– Vous venez de mentionner l’Expo de 1925…
– Oui, c’est dans les années soixante, en référence à cette expo que l’on a utilisé le terme Art Déco pour évoquer le style et l’architecture de l’entre-deux-guerres.
Zut, je lui ai coupé la parole. J’aurais dû la laisser finir. Qu’est-ce qui me prend d’être aussi expéditive ?
D’une voix qu’elle voulut neutre, Marie reprit :
– Il est vrai que ce lieu est d’une extrême froideur, le vide qui y règne est saisissant. Son côté triste et désolé ne le rend pas très populaire auprès de la population…
Marie sentit sur elle le poids de quinze regards indignés. Le groupe murmura sa désapprobation. Elle essaya de détourner l’attention en montrant de la main un bénitier.
– Elle n’est pas froide du tout cette église, s’écria la grosse dame mal coiffée, au contraire, la terracotta lui donne une ambiance très chaleureuse…
Oh, pourvu que personne ne me demande ce qu’est la terracotta, je n’ai jamais compris ce que c’est.
Marie se dirigea d’un pas rapide vers l’autel et les entendit s’exclamer :
– C’est un ensemble unique dans l’histoire de l’architecture… Ce jeu monumental de lignes et de courbes est fascinant… Quelle remarquable cohérence… Ce lieu est une merveille… Tout de même, chez « Iris », ils pourraient prendre des guides plus…
Marie ne comprit pas le dernier mot et fit semblant de n’avoir rien entendu.
Moi, si ça continue, je vais être mutée aux archives du troisième sous-sol, dernier local avant les poubelles.
La jeune femme qui prenait des notes s’approcha et lui sourit :
– Pourriez-vous expliquer ce qu’est la terracotta s’il vous plaît ?
2
L’As de carreau
Jeudi 7 août 09h00
L’homme fut contrarié de voir le groupe pénétrer dans la Basilique en même temps que lui. Il avait fixé ce rendez-vous, tôt, à l’ouverture pour être tranquille. Bon, de toute façon, ce qu’il avait à faire serait vite accompli. Le temps que la guide fasse le tour de l’immense édifice, lui, serait déjà parti. Le problème, c’est que si le groupe montait sur la terrasse – ce qui était plus que probable- tout serait découvert très vite et lui aurait été vu. Il faillit remettre son projet à plus tard mais se ressaisit. Le groupe paraissait très absorbé par les explications de la guide et n’aurait pour souvenir que celui d’avoir croisé un homme entre deux âges, vêtu d’un costume clair